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02 février — Présentation au Temple

Mes yeux ont vu le salut -



Présentation de Jésus au Temple,

Anonyme,

Portail sud de la façade, XIIIe siècle,

Cathédrale Notre-Dame d'Amiens (France)


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 2, 22-32)

Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes. Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »


La cathédrale d’Amiens

L'existence d'une communauté chrétienne à Amiens n'est pas attestée avant le IVème siècle. Lors des incursions barbares sur la Picardie en 407, on sait qu'un premier temple a été détruit. L'évangélisation de la Gaule allant grand train dès le Vème siècle, les sources historiques indiquent qu'un deuxième monument - bâti à l'emplacement de l'actuelle cathédrale - remplaça le premier. À la suite d'un incendie dévastateur, une cathédrale romane est érigée entre 1137 et 1152. C'est dans ses murs que Philippe Auguste épouse la princesse danoise Ingeburge en 1193. En 1206, le chef de saint Jean-Baptiste, pris à Constantinople, prend place dans la cathédrale et accroît notablement son prestige. Il s'en suit l'institution de l'un des plus importants pèlerinages du nord de la France au Moyen Âge et une source de revenus pour le chapitre.


L'édifice étant détruit par le feu en 1218, les plans d'une gigantesque cathédrale gothique sont dressés aussitôt. Le chantier démarre dès 1220. Il sera terminé cinquante ans plus tard. On commença par le transept, puis la nef (1240), et enfin le chevet (vers 1269). Un bâtiment de cette taille ne pouvait s'en tirer sans dommages : incendies, tempêtes, explosion d'un moulin à poudre en 1675, ou simplement remaniements en modifièrent certaines parties au cours des âges. Après le Concile de Trente, le sanctuaire est aménagé, le jubé est remplacé par une grille.


La Révolution amène son lot de vandalismes, notamment sur la statuaire de la façade. En 1810, l'architecte Godde est chargé de la restauration, remplacé par Cheussey en 1821. La restauration de la statuaire mutilée crée la polémique au sein des érudits amienois, ce qui entraîne la démission de Cheussey en 1848. Il est remplacé par Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) qui va s'emparer du projet à bras-le-corps. Il restaurera la cathédrale d'Amiens, qui incarne pour lui l'église gothique par excellence, selon ses vues personnelles. La façade occidentale porte son empreinte. Au XXème siècle, les guerres épargneront à peu près le monument, inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO en 1981.


Le portail sud, ou portail de la Vierge Marie



Le portail de la Vierge dit «de la Mère Dieu» présente une programme iconographique à la gloire de Marie. Traditionnellement, le Moyen Âge a représenté Marie de deux manières : soit en tant que Mère de Dieu, soit en tant que symbole de l'Église, épouse du Christ. Dans le premier cas, on fait cohabiter les scènes de l'Annonciation, de la Visitation, de la Nativité et de l'Adoration des mages. Dans l'autre cas, c'est le Couronnement de Marie, précédé de la Dormition et de l'Assomption, auxquels on adjoint les prophètes et l'Arbre de Jessé. Ces deux thèmes distincts étaient jusque-là bien séparés. On ne mélangeait pas les deux. Mais à Amiens, dans le portail sud de la façade, ils sont réunis pour la première fois. Le thème de l'Incarnation et de la Mère de Dieu est traité dans les statues-colonnes de la partie basse du portail, (voir photo du bas avec Annonciation, Visitation et Présentation au Temple). Le thème de la Vierge-Église apparaît dans le tympan et les voussures de l'archivolte. La photo ci-dessus montre trois voussures intéressantes : celle de gauche est peuplée d'anges portant des cierges ou des encensoirs ; les deux autres font référence aux ancêtres de la Vierge dans l'Arbre de Jessé. Celle du milieu est sculptée de rois de Juda, celle de droite d'ancêtres non couronnés.


Ce que je vois

Restituons d’abord la scène parmi les autres statues du portail. De gauche à droite nous voyons :

  • l’ange annonçant à Marie la naissance de Jésus,

  • Puis Marie rencontrant sa cousine Élisabeth,

  • Marie tenant l’Enfant-Jésus devant Syméon.

Au premier plan, un apôtre ou un prophète non identifié tenant un phylactère et une bourse (peut-être l’évangéliste Matthieu, la bourse étant un de ses attributs comme collecteur d’impôts).


Sur notre scène de la présentation, Marie à gauche porte l’Enfant-Jésus dans les bras. Ce dernier la regarde. Notons son visage qui n’est pas celui d’un bambin mais plutôt d’un adulte, pour souligner la maturité de son humanité. Marie est hiératique, telle une statue grecques, portant un manteau aux plis nombreux. La statuaire commence à perdre l’expressivité qu’on lui connaissait quelques année plus tôt (comme le style rémois), comme à Amiens, marquée par ce « nouveau style parisien » qui vient de faire son apparition (vers 1230) et se caractérise par des représentations sévères. Est-ce l’annonce ou l’influence des écoles théologiques de Paris, à l’instar de l’enseignement d’un saint Thomas d’Aquin ?


Syméon est tout aussi raide et ne rend aucune expression dans son regard sévère. Les mains tendues, il porte le voile qui va accueillir l’enfant. Nulle question de le toucher. Ce geste est un signe de respect que l’on retrouvera dans les représentations du baptême du Christ : les anges se voilent aussi les mains (contrairement à ce qui est souvent écrit : les anges porteraient les linges pour essuyer le Christ !) On l’a gardé dans la liturgie puisque les acolytes de l’évêque se voilent les mains pour tenir la crosse et la mitre, comme le prêtre se voile les mains (avec le voile huméral) pour tenir le Saint-Sacrement. Et ici, Syméon reçoit bien le Saint-Sacrement : le Corps du Christ... Notons qu’il porte sur la tête ce petit bonnet que l’on commençait à imposer aux Juifs : le pileus cornutus (calotte à cornes). Il fut imposé aux hommes juifs quelques années après le concile de Latran qui exigeait en 1215 que les Juifs soient reconnaissables par leurs vêtements afin de pouvoir les distinguer des Chrétiens.


Le contexte biblique

La loi de Moïse prescrivait, après la naissance d’un enfant, deux cérémonies rituelles. Ainsi, si le nouveau-né était de sexe masculin, il devait être circoncis huit jours après la naissance. La mère, quant à elle, était tenue de se purifier dans les quarante jours (Lévitique 12, 1-8) et devait présenter son enfant au Temple pour le racheter par une offrande (Exode 13, 2) en souvenir de la sortie d’Égypte. La date des quarante jours est expliquée dans le livre du Lévitique. Toute femme qui venait d’accoucher était réputée impure pendant sept jours après la naissance (de par la perte de sang) puis était exclue trente-trois jours du Sanctuaire. On pourrait presque s’étonner que Marie se soit pliée à cette règle, ayant gardée sa virginité et donc exempte de toute souillure. Pourtant, Marie et Joseph se plient de bonne grâce à cette obligation mosaïque, donnant ainsi l’exemple de leur humilité et de leur obéissance à la Loi.


Au verset 21 du même évangile, il nous est dit : « Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception. » La scène ici représentée n’est donc pas celle de la circoncision, déjà effectuée, mais celle de la présentation au Temple, quarante jours après la naissance de Jésus.


Syméon

L’évangile ne nous précise pas que Syméon fut grand prêtre au Temple. Pourtant, dans la tradition iconographique, on le revêt toujours de quelque attribut sacerdotal, ainsi cette sorte de bonnet qu’il semble avoir sur la tête. Ses mains sont couvertes d’un voile marquant son respect pour la sainteté de l’enfant qu’il porte. Son regard est celui de l’émerveillement, de la contemplation. Sûrement vient-il de prononcer son Nunc Dimittis. Oui, ses yeux voient le Sauveur, et il est maintenant prêt à partir en paix vers la mort. Il tend ses mains couvertes vers Marie, s’apprêtant à accueillir l’enfant.


Comme lui, avons-nous su voir cet enfant à Noël ? Portons-nous en nous celui qui chaque jour nous porte ? Comme Syméon, soyons assurés de partir en paix. Soyons rassurés pour nos vies. Le Salut est venu parmi nous. Et ce Sauveur s’offre à nous aujourd’hui, maintenant, hic et nunc ! Veille, Syméon, sur tous les enfants de la terre.


Marie

Marie s’apprête à offrir l’enfant dans ses bras, cet enfant qu’elle a porté neuf mois, cet enfant qui va aujourd’hui la porter dans la foi, avant qu’elle ne le dépose au tombeau. Et son sourire est déjà ombragé de la destinée de son Fils. Un glaive semble déjà lui percer le cœur, comme l’a annoncé Syméon.


Comme Marie, nous nous réjouissons de nos enfants. Comme Marie, nous les avons portés. Comme pour Marie, ils seront aussi source de douleurs. Mais de douleurs souvent rédemptrices. Même si un glaive nous perce le flanc, de cette même plaie peut couler un fleuve d’amour, comme il coulera du côté percé de Jésus. Veille Marie, sur toutes les mères de la terre.


Mais une lumière

Mais une lumière, discrètement, apparaît. C’est celle de l’espérance. Celle que le Psaume annonçait (Ps 118, 166) :

Depuis si longtemps j’attendais ton Salut !

Ce sont les Justes qui attendent, ceux qui malgré les ténèbres croient encore en la venue de la Lumière rédemptrice. Ce sont ceux qui attendent, comme le dit l’évangile, la consolation. Car (Is 49, 13) :

Le Seigneur console son peuple.

Cette consolation approche. Il le sent. Ou plutôt, l’Esprit le pousse. L’expression est belle. Ce n’est pas son corps qui se meut, ni même son intelligence qui le met en mouvement, même pas son cœur, c’est l’Esprit, comme un ange qui le pousserait par derrière à rejoindre le Temple. Alors, cette lumière se révèle à ses yeux avec cette superbe déclaration :

νῦν ἀπολύεις τὸν δοῦλόν σου, δέσποτα, κατὰ τὸ ῥῆμά σου ἐν εἰρήνῃ, ὅτι εἶδον οἱ ὀφθαλμοί μου τὸ σωτήριόν σου, ὃ ἡτοίμασας κατὰ πρόσωπον πάντων τῶν λαῶν, φῶς εἰς ἀποκάλυψιν ἐθνῶν καὶ δόξαν λαοῦ σου Ἰσραήλ.
« Nunc dimittis servum tuum, Domine, secundum verbum tuum in pace. Quia viderunt oculi mei salutare tuum, quod parasti ante faciem omnium populorum. Lumen ad revelationem gentium et gloriam plebis tuae Israel.»
« Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, Salut que tu as préparé devant tous les peuples, Lumière pour éclairer les nations, et gloire d’Israël, ton peuple. »

Nunc dimittis

Que retenir de cette hymne ?

  • Que Dieu nous offre la paix, et ce, aujourd’hui !

  • Que la véritable consolation est de rejoindre cette paix promise, le ciel. Comme le dira Thérèse de Lisieux : « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie ».

  • Que nos yeux contemplent le Salut à chaque fois que nous regardons le Corps du Christ en eucharistie : c’est Lui qui nous sauve.

  • Et ce salut, Dieu le prépare. Il le prépare en laissant nos cœurs le rejoindre librement. « Dis-leur: je suis vivant! dit le Seigneur, l’Éternel, ce que je désire, ce n’est pas que le méchant meure, c’est qu’il change de conduite et qu’il vive » Ezéchiel 33, 11. Et Pierre de nous expliquer (2 P 3, 8-9) : « Bien-aimés, il est une chose qui ne doit pas vous échapper : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour. Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard. Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion. » Ce que Dieu prépare, ce sont nos cœurs et notre désir !

  • Demandons donc à cette Lumière, le Christ, de venir dans sa Gloire parmi nous, comme le dira le livre de l’Apocalypse (Ap 22, 20-21) :

Et celui qui donne ce témoignage déclare : « Oui, je viens sans tarder. » – Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous !



L'Origine de la Chandeleur

La Chandeleur, dans l'esprit de tout le monde, c'est la fête de la crêpe. Mais qui aujourd'hui connaît l'origine de cette fête bien sympathique?


CHANDELEUR, ÇA VIENT DE CHANDELIER ?

Oui, ou plutôt de chandelle. Une fois de plus, - rattachée maintenant aux festivités qui entourent la Nativité - la fête de la Chandeleur est liée à la LUMIERE. Mais aussi à la PURIFICATION, la FECONDITE, la PROSPERITE, toujours très proches dans les croyances et traditions.


D'ABORD LES ROMAINS

A l'époque romaine, on fêtait à cette date, vers le 15 février, le dieu de la FECONDITE Lupercus au cours des Lupercales, Lupercalia, jours de la fertilité, car c'était le début de la saison des amours chez les oiseaux ! et nous verrons par ailleurs qu'un certain Valentin, opposé aux romains, a son mot à dire le 14 février…


ENCORE LES CELTES !

Ensuite, il faut rappeler que l'on trouvait un rite lié à la PURIFICATION chez les Celtes, encore eux, ceux qui craignaient tant le noir et le froid au soir de la grande nuit d'Halloween. A l'inverse, l'hiver tirait à sa fin en février : la fête d'Imbolc le 1er février (à noter qu'ils avaient à nouveau un jour d'avance sur la fête catholique !) était fête de la purification de l'eau, pour s'assurer fertilité et fécondité avec le retour de la vie en cette fin d'hiver


ENSUITE LA NAISSANCE DE JÉSUS

Là tout se complique et beaucoup de catholiques ne savent plus trop de quoi il s'agit. Car le 2 février est officiellement aujourd'hui la "Purification de la Vierge". Mais Dieu a préservé Marie du péché originel, alors pourquoi cette purification?


En fait Marie se sait simple mère et elle est juive. Elle se conforme donc tout simplement à la loi de Moïse, car selon les rites hébraïques, la mère doit se présenter au temple avec son enfant nouveau-né. Jésus, enfant juif, est présenté au Seigneur au temple par ses parents 40 jours après sa naissance. On fait le sacrifice de tourterelles ou de petits pigeons. Quoi qu'il en soit, Marie rencontre Saint Siméon qui prophétise devant elle le destin tragique de son fils. Lui qui jusque là n'était que la lumière du monde, le messie tant attendu.


ENFIN L'ÉGLISE CATHOLIQUE

L'église avait entrepris dès la fin de l'empire romain un vaste chantier de remplacement des rites païens par des fêtes religieuses. On l'a vu au sujet de Noël. Ainsi le pape Gélase Ier au Vème siècle (que nous retrouverons au sujet de Saint Valentin) remplaça le vieux rite païen des lupercales, rite de la lumière hérité des romains par une fête religieuse, la fête de la Chandeleur, où l'on commémore 40 jours après Noël un rite…hébraïque. En orient, c'était jour chômé. En occident, on portait des torches en procession, signe de lumière. Cette fête devînt du même coup en 1372 en Avignon fête de la Purification de la Vierge.


DE TORCHE EN CHANDELLE

Mais Chandeleur vient précisément de candela - la chandelle - reprise dans l'expression Festa candelarum, fête des chandelles. Car dans les églises, les torches sont remplacées par des chandelles bénies que l'on conserve allumées, autant pour signifier la lumière que pour éloigner le malin, les orages, la mort, etc… et invoquer les bons augures à veiller sur les semailles d'hiver qui produiront les bonnes moissons de l'été prochain. Les cierges bénis sont emportés dans les foyers pour le protéger. Aujourd'hui, on bénit les cierges pour rappeler que Jésus est lumière du monde.


C'est pourquoi de nombreux dictons sont nés de ce jour de février, sur le même thème : "Rosée à la Chandeleur, Hiver à sa dernière heure.", "A la Chandeleur, L'hiver s'apaise ou reprend vigueur", "A la Chandeleur le jour croît de deux heures. Car les jours allongent sérieusement, la végétation du blé en herbe prend de l'importance, et une offensive de l'hiver serait alors particulièrement cruelle.


LES CRÊPES

Tous ces symboles se retrouvent aujourd'hui dans cet emblème de la Chandeleur qu'est la crêpe. Ce disque doré rappelle lui aussi le soleil, dont le retour commençait enfin à se préciser pour les peuplades du Nord de l'Europe et pour les Celtes. On dit aussi que notre pape Gélase retapait avec des crêpes les pèlerins arrivés à Rome en pèlerinage. La crêpe est faite à base du froment de la moisson précédente, que l'on utilise ainsi en quantité car les futures moissons ne sont plus très loin ! Voilà sans doute pourquoi la crêpe est si populaire en Bretagne. Même si sa variante au sarrasin est moins dorée mais permet des mariages salés. Avec une bolée de cidre, la fête est complète. On fait sauter la première crêpe sur l'armoire, car elle ne moisira jamais. L'intérêt de cette pratique peut paraître limité, sauf si elle préserve de la moisissure l'ensemble de la future récolte ! De plus il faut les faire sauter avec une pièce dans la main (un € bien sûr maintenant…) afin de s'assurer prospérité toute l'année. Le tout aux lueurs des chandelles, qui par ailleurs éviteront à la cuisine de rester enfumée pendant 3 jours !



Homélie d'Origène (+ 253), Homélies sur l'évangile de Luc, 15, 3-4, SC 87, 234-236

Considérez comment tout a été disposé à l'avance pour que Syméon mérite de tenir le Fils de Dieu dans ses bras. D'abord, il avait été averti par l'Esprit Saint qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. Ensuite, ce n'est pas par hasard ni sans raison qu'il est entré dans le Temple, mais il est venu au Temple poussé par l'Esprit (Lc 2,26-27). En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l'Esprit sont fils de Dieu (Rm 8,14).


Toi aussi, si tu veux tenir Jésus et le serrer dans tes mains, fais tous tes efforts pour te laisser guider par l'Esprit et pour venir au temple de Dieu. Voici que tu te tiens maintenant dans le temple du Seigneur Jésus, c'est-à-dire dans son Église, temple construit de pierres vivantes (1P 2,5). Or tu te tiens dans le temple du Seigneur quand ta vie et ta conduite méritent vraiment d'être appelées d'Église.


Si tu es venu au Temple, poussé par l'Esprit, tu trouveras l'enfant Jésus, tu relèveras dans tes bras, et tu diras : Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix selon ta parole (Lc 2,29). Remarque en même temps que la paix est associée à la mort et au départ, car lorsque Syméon a dit : "Je veux m'en aller", il n'a pas manqué d'ajouter : dans la paix.


Or, le bienheureux Abraham a reçu aussi la même promesse : Toi, tu t'en iras en paix vers tes pères après avoir vécu une heureuse vieillesse (Gn 15,15).


Qui meurt dans la paix ? Celui-là seul à qui appartient la paix de Dieu qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer, et garde le coeur (Ph 4,7) de celui qui la possède. Qui part de ce monde dans la paix ? Celui-là seul qui comprend que Dieu est dans le Christ se réconciliant le monde (2Co 5,19). C'est celui qui n'entretient aucune inimitié ni opposition à l'égard de Dieu, celui qui a atteint la plénitude de la paix et de la concorde par ses bonnes oeuvres, et à qui il est ainsi permis d'aller retrouver les saints patriarches qu'Abraham aussi a rejoints.


Mais pourquoi parler des patriarches ? Il s'agit plutôt d'aller rejoindre Jésus lui-même, le prince et le Seigneur des patriarches, qui a fait dire à saint Paul : Je voudrais bien partir pour être avec le Christ, car c'est bien cela le meilleur (Ph 1,23). Il possède Jésus, celui qui ose dire : Je vis, mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi (Ga 2,20).


Alors que, debout dans le Temple, nous tenons le Fils de Dieu et l'embrassons, prions donc le Seigneur tout-puissant et l'enfant Jésus lui-même pour mériter d'être délivrés et de partir vers des réalités meilleures, nous qui aspirons à lui parler en le tenant dans nos bras. A lui appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen (1P 4,11).



Discours de Timothée de Jérusalem (+ après 400), Discours sur Syméon, PG 86/1, 240-241.

Les justes vivent pour toujours; leur récompense est dans le Seigneur et le Très-Haut prend soin d'eux (Sg 5,15). <> Le temps me manque pour pouvoir rappeler les vertus de tous les saints. Je traiterai donc du dernier des justes de l'Ancien Testament. Et qui est-il ? Syméon, dont l'évangile de Luc nous rapporte le nom. Il est à la fois le premier et le dernier. Le dernier à avoir vécu sous le régime de la Loi, le premier sous celui de la grâce. Juif soumis aux observances, il était chrétien par son action de grâce. Sa formation en avait fait un légiste, sa connaissance de Dieu en fit son messager.


Syméon, dont l'histoire nous a été lue récemment, avait été retiré de l'impiété pharisaïque, comme une rosé cueillie parmi les épines. Pour avoir été favorisé du don de la grâce, il avait acquis la réputation d'être le premier. Syméon était parvenu à un si haut degré de justice que, pendant sa vie corporelle, Dieu lui fit cette révélation : "Il n'achèverait pas cette vie temporelle avant d'avoir serré dans ses bras de chair la Vie éternelle, Jésus Christ notre Seigneur."


Le juste Syméon, qui dès avant l'Incarnation aspirait à voir le Seigneur, l'a donc vu dans son Incarnation, il l'a reconnu et l'a pris dans ses bras. Et il a supplié le Maître de l'univers, devenu enfant en la condition de serviteur, d'être délivré de la prison de son corps, en disant à haute voix ces paroles que tu as entendues récemment : Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix, selon ta parole, car mes yeux ont vu ton salut (Lc 2,29-30).


Je l'ai vu, laisse-moi m'en aller, ne me garde pas ici ; permets-moi de m'en aller dans la paix, ne me laisse pas dans la tristesse. Je l'ai vu, permets-moi de partir. J'ai vu ta gloire, les anges danser, les archanges te glorifier, la création exulter. J'ai vu le passage unique reliant le ciel à la terre. Maintenant, permets-moi de m'en aller, ne me garde pas ici.


Ne me laisse pas voir l'insolence de mes compagnons juifs envers toi, la couronne d'épines que l'on tresse, l'esclave qui te gifle, la lance qui s'approche de toi. Ne me laisse pas voir le soleil s'obscurcir, la lune décroître, les éléments s'altérer. Ne me laisse pas te voir brisé sur la croix. Ne me laisse pas voir les rochers se fendre, le voile du Temple se déchirer. Car les éléments mêmes ne seront pas capables de supporter ce défi et ils prendront part aux souffrances du Seigneur.


Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé à la face de tous les peuples (Lc 2,29-31).


Homélie du bienheureux Guerric d'Igny (+ 1157), Sermon pour la fête de la purification de la bienheureuse Vierge Marie, 2.3 5, PL 185, 64-65.

Tenant aujourd'hui en main un cierge allumé, qui donc ne se rappellerait le vénérable vieillard qui reçut aujourd'hui dans ses bras le Verbe demeurant dans la chair comme la lumière sur la cire ? Il a déclaré que Jésus était la lumière venue pour éclairer les nations païennes (Lc 2,32).


Syméon, c'est certain, était aussi une lampe allumée et brillante qui rendait témoignage à la lumière. Rempli de l'Esprit et poussé par l'Esprit, il était venu au Temple pour accueillir ton amour, ô mon Dieu, au milieu de ton Temple (cf. Ps 47,10), pour proclamer que Jésus est cet amour et la lumière de ton peuple. <>

Voici donc, mes frères, entre les mains de Syméon, le cierge allumé. Vous aussi, allumez à ce luminaire vos cierges, je veux dire ces lampes que le Seigneur vous ordonne de tenir dans vos mains (cf. Lc 12,35). Approchez-vous de lui et soyez illuminés, de manière à être vous-mêmes plus que des porteurs de lampe, des lumières qui brillent au-dedans et au-dehors pour vous et pour votre prochain.


Qu'il y ait donc une lampe dans votre coeur, une dans votre main, une dans votre bouche ! Que la lampe dans votre coeur brille pour vous-même, que la lampe dans votre main et dans votre bouche brille pour votre prochain ! La lampe dans votre coeur est la dévotion inspirée par la foi ; la lampe dans votre main, l'exemple des bonnes oeuvres ; la lampe dans votre bouche, la parole qui édifie. Car nous ne devons pas nous contenter d'être des lumières aux yeux des hommes grâce à nos actes et nos paroles, mais il nous faut encore briller devant les anges par notre prière et devant Dieu par notre intention. Notre lampe devant les anges, c'est la pure piété qui nous fait chanter avec recueillement ou prier avec ferveur en leur présence. Notre lampe devant Dieu, c'est la résolution sincère de plaire uniquement à celui devant qui nous avons trouvé grâce. <>


Afin donc d'allumer toutes ces lampes pour vous, laissez-vous illuminer, mes frères, en vous approchant de la source de la lumière, je veux dire Jésus qui brille entre les mains de Syméon. Il veut, assurément, éclairer votre foi, faire resplendir vos oeuvres, vous inspirer les mots à dire aux hommes, remplir de ferveur votre prière et purifier votre intention. <>


En vérité, quand la lampe de cette vie s'éteindra, vous qui aviez tant de lampes allumées au-dedans, vous verrez la lumière de la vie qui ne s'éteindra pas se lever et monter, le soir, comme la splendeur de midi. Et tandis que vous croirez que tout est fini pour vous, vous vous lèverez, comme l'étoile du matin, et votre obscurité sera comme la lumière de midi (Is 58,10). Le soleil, il est vrai, ne sera plus là pour vous éclairer durant le jour, ni la lune éclatante pour vous envoyer sa lumière, mais le Seigneur sera votre lumière éternelle. Car le luminaire de la nouvelle Jérusalem, c'est l'Agneau. A lui louange et gloire pour les siècles des siècles. Amen.


Prière

Dieu éternel et tout-puissant, nous t'adressons cette humble prière: puisque ton Fils unique, ayant revêtu notre chair, fut en ce jour présenté dans le Temple, fais que nous puissions aussi, avec une âme purifiée, nous présenter devant toi. Par Jésus Christ.

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