Le sanctuaire de son corps -

Jésus chasse les changeurs du Temple,
Giotto di Bondone (Florence, c. 1267 - Florence, 1337),
Scènes de la vie du Christ n°27, Fresque, vers 1305,
Chapelle Scrovegni, Padoue (Italie)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 2, 13-22)
Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment. Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.
Méditation
Ce qui est intéressant dans cette fresque de Giotto est la superposition des deux sanctuaires : le sanctuaire à l’architecture gracile de la Renaissance, et le sanctuaire vigoureux qu’est le Corps du Christ. Mais ce qui est encore plus surprenant est cette ré-apparition de repentirs : une cage à oiseaux qui vole et cet enfant tenant une colombe qui donne l’impression de faire partie du manteau de saint Pierre. Deux sanctuaires s’affrontent dans une attitude identique : Jésus et l’homme en face de lui ont des gestes similaires. Le temple de l’homme en gris, symbole de l’ancienne alliance, se caractérise par la peur, devant le nouveau sanctuaire, Jésus, symbole de la témérité.
Malheureusement, la peur ne fait pas que figer ce Temple, elle l’empêche de vivre, de réfléchir. Et cet homme en gris ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Il ne comprend pas l’allusion du Christ : ce nouveau Temple, c’est son Corps. Nous pourrions en rester là, mais il faut, nous aussi, voir plus loin que le texte. Et c’est saint Paul qui nous en donne la clé (1 Co 3, 16-17) : « Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le sanctuaire de Dieu, cet homme, Dieu le détruira, car le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous. » Oui, le Christ est le nouveau Temple. Mais son Corps, c’est-à-dire nous, son Église dont il est la tête, sommes le Temple où réside l’Esprit. Et chacun de nous, chaque entité chrétienne, fait à la fois partie de ce Temple, mais est, en lui-même, un Temple vivant où toute la Trinité vient faire sa demeure. Pour cela, il ne nous faut pas avoir peur et nous laisser relever, ressusciter, par le Christ.