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15 septembre — Notre-Dame des Douleurs

Transportée de souffrances



Notre-Dame des sept douleurs

Maître des demi-figures (actif dernier quart du XVIe siècle)

Huile sur panneau de bois, 75 x 56,7 cm, fin XVIe siècle

Musée national d’art de Catalogne, Barcelone (Espagne)


Stabat Mater

Stabat Mater dolorosa,

Juxta crucem lacrimosa,

Dum pendebat Filius.

Debout, la Mère douloureuse

sur le Calvaire était en larmes

devant son Fils crucifié.

Cuius animam gementem,

contristatam et dolentem

pertransivit gladius.

Dans son âme qui gémissait,

toute brisée, endolorie,

le glaive était enfoncé.

O quam tristis et afflicta

fuit illa benedicta

Mater Unigeniti !

Qu’elle était triste et affligée,

la Mère entre toutes bénie,

la Mère du Fils unique !

Quae maerebat et dolebat

pia Mater, cum videbat

Nati poenas incliti.

Qu’elle avait mal, qu’elle souffrait,

la tendre Mère, en contemplant

son divin Fils tourmenté !

Quis est homo qui non fleret,

Matrem Christi si videret

in tanto supplicio ?

Quel est celui qui sans pleurer

pourrait voir la Mère du Christ

dans un supplice pareil ?

Quis non posset constristari,

piam Matrem contemplari,

dolentem cum Filio ?

Qui pourrait, sans souffrir comme elle,

contempler la Mère du Christ

douloureuse avec son Fils ?

Pro peccatis suae gentis

vidit Iesum in tormentis

et flagellis subditum.

Pour les péchés de tout son peuple,

elle le vit dans ses tourments,

subissant les coups de fouet.


Vidit suum dulcem Natum

morientem desolatum,

cum emisit spiritum.

Elle vit son enfant très cher

mourir dans la désolation,

alors qu’il rendait l’esprit.


Eia, Mater, fons amoris,

me sentíre vim doloris

fac, ut tecum lugeam.

Daigne, ô Mère, source d’amour,

me faire éprouver tes souffrances

pour que je pleure avec toi.


Fac ut ardeat cor meum

in amando Christum Deum,

ut sibi complaceam.

Fais qu’en mon cœur brûle un grand feu

pour mieux aimer le Christ mon Dieu

et que je puisse lui plaire.


Sancta Mater, istud agas,

Crucifixi fige plagas

cordi meo valide.

Ô sainte Mère, daigne donc

graver les plaies du Crucifié

profondément dans mon cœur.


Tui Nati vulnerati,

tam dignati pro me pati

poenas mecum divide.

Ton enfant n’était que blessures,

lui qui daigna souffrir pour moi ;

donne-moi part à ses peines.


Fac me vere tecum flere,

Crucifixo condolére,

donec ego vixero.

Qu’en bon fils je pleure avec toi,

qu’avec le Christ en croix je souffre,

chacun des jours de ma vie !


Iuxta crucem tecum stare

ac me tibi sociare

in planctu desidero.

Être avec toi près de la croix

et ne faire qu’un avec toi,

c’est le vœu de ma douleur.


Quando corpus morietur,

fac ut animae donétur

paradísi gloria.

Au moment où mon corps mourra,

fais qu’à mon âme soit donnée

la gloire du Paradis.

Méditation

Pour beaucoup, le simple nom de cette fête sent « la grand-mère » ! Il est vrai qu’il fut une époque où l’on donnait beaucoup d’importance et de sens à la souffrance. C’était certainement exagéré et teinté d’un dolorisme janséniste. Mais aujourd’hui, nous aurions tendance à basculer sur l’autre versant et nier tout sens à la souffrance. Bien sûr, il ne s’agit pas de réclamer à Dieu de souffrir. Ainis, dans l’église, il est un voeu qu’on ne choisit pas mais que les circonstances peuvent nous imposer : le martyr. Chercher la souffrance est un grand péché, mais la nier, voire la refuser, en est un autre ! Ce serait nier notre condition humaine qui est faite aussi de douleurs. Il ne s’agit pas pour autant de dire : qu’importe la douleur, même pour Dieu (rappelons-nous que le Christ avait peur au Jardin des oliviers devant les événements à venir). Il ne s’agit pas non plus de chercher seulement à la supporter — même si elle nous apprend la patience. Il s’agit de se laisser transporter par elle, transfigurer. De telles propos peuvent paraître indécents à notre époque… cependant, la souffrance qui nous tombe dessus peut nous aider à nous transfigurer, à changer notre appréhension de la vie, nos relations aux autres et à Dieu. Comme le dit le psaume de ce jour (Ps 30) : « En tes mains je remets mon esprit ; tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité. Moi, je suis sûr de toi, Seigneur, je dis : « Tu es mon Dieu ! » Mes jours sont dans ta main : délivre-moi des mains hostiles qui s’acharnent. » Oui, notre Dieu peut nous aider à nous délivrer de l’hostilité de la souffrance, nous aider à remettre entre ses mains notre esprit, toute notre vie. Car, qu’est-ce qui est le plus important dans notre vie, sinon la présence de Dieu. Rappelons-nous cette parabole (Lc 12, 16-21) : « Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont le domaine avait bien rapporté. Il se demandait : “Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.” Puis il se dit : “Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.” Mais Dieu lui dit : “Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »


Puissent les difficultés de la vie auxquelles nous sommes confrontés nous aider à ouvrir notre coeur intérieur sur la présence divine, ouvrir nos yeux extérieurs sur la souffrance des autres. Et que Marie nous aide et nous console par sa présence maternelle.

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