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20 août — Saint Bernard de Clairvaux

Quel commandement ?



Saint Bernard prêchant la deuxième Croisade en présence du roi Louis VII et de la reine Aliénor en 1146,

Émile Signol (Paris, 1804 - Montmorency, 1892),

Huile sur toile, 314 x 234, 1843,

Musée National des châteaux de Versailles et du Trianon, Versailles (France)


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 22, 34-40)

En ce temps-là, les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »


Méditation

7. Quant à votre prochain, qu'il faut que vous aimiez véritablement comme vous-même; vous le goûterez aussi tel qu'il est, s'il ne vous paraît point autre que vous ne vous paraissiez à vous-même, car il est ce que vous êtes; il est homme comme vous. Puisque vous ne vous aimez vous-même, que parce que vous aimez Dieu, il s'en suit que vous aimerez comme vous-même tous ceux qui aiment Dieu comme vous l'aimez. Quant à votre ennemi qui n'est qu'un néant, s'il n'aime point Dieu, vous ne pouvez pas l'aimer comme vous-même, qui aimez Dieu, mais vous l'aimerez pour qu'il l'aime. Or, ce n'est pas la même chose, de l'aimer afin qu'il aime Dieu, et de l'aimer parce qu'il l'aime déjà, afin donc que vous le goûtiez tel qu'il est, vous ne considèrerez pas ce qu'il est, car il n'est rien, mais ce qu'il sera peut-être un jour, et qui n'est presque rien, attendu que cela est encore douteux. Car celui pour qui, infailliblement, il n'y a plus de retour à Dieu, il faut le regarder, non comme presque rien, mais comme rien du tout, attendu qu'il ne sera rien dans toute l'éternité. Exceptez donc celui-là, que non seulement on ne doit point aimer, mais que l'on doit même haïr, selon cette parole . " Est-ce que je ne hais pas, Seigneur, ceux qui vous haïssent, et ne suis-je pas animé de zèle contre vos ennemis (Psal. CXXXVIII, 31) ? " Pour tout le reste, quelque inimitié qu'un homme ait contre vous, la charité, qui est jalouse à cet égard, ne saurait souffrir que vous n'ayez pas toujours pour lui quelque peu d'affection. Celui qui est sage comprendra ce que je dis.


8. Donnez-moi un homme qui, avant tout, aime Dieu de toute son âme, qui aime ensuite soi et son prochain autant . que tous deux ils aiment Dieu, et qui aime son ennemi, parce que peut-être un jour cet ennemi l'aimera aussi lui-même ; qui aime ses parents, selon la chair, plus tendrement à cause de la nature ; ses parents selon l'esprit, c'est-à-dire, ceux qui l'ont instruit, plus abondamment à cause de la grâce; et que son amour pour toutes les autres choses soit ainsi réglé par l'amour de Dieu; qu'il méprise la terre, soupire après le ciel, use des biens du monde comme n'en usant pas, et sache faire le discernement par le goût spirituel et intérieur, des choses dont il faut user, et de celles dont il faut jouir, afin que, de celles qui passent,:il n'en prenne soin qu'en passant, et seulement autant qu'il est besoin pour arriver à la fin qu'il se propose, et qu'il embrasse d'un désir éternel celles qui sont éternelles. Donnez-moi, dis-je, un homme de cette sorte, et je dirai hardiment qu'il est sage, puisqu'il goûte les choses vraiment telles qu'elles sont, et il peut avec vérité et avec confiance se glorifier et dire : " Dieu a ordonné en moi la charité. " Mais où en est-il, et quand en sera-t-il ainsi? Je le dis en pleurant, jusque à quand ne ferons-nous que flairer, au lieu de goûter, regarderons-nous notre patrie sans y arriver, soupirerons-nous après elle, et la saluerons-nous de loin? O vérité, patrie des exilés, et fin de leur exil! Je vous vois, mais je ne puis entrer où vous êtes, j'en suis empêché par ma chair mortelle; et d'ailleurs je m’en sais pas digne, étant tout souillé de péchés comme je le suis. O sagesse, qui atteignez depuis une extrémité jusqu'à l'autre, avec une force invincible, en créant et en contenant toutes choses, et qui disposez tout avec une douceur admirable en réglant les affections, et en les rendant bienheureuses ! Conduisez nos actions, selon que les nécessités temporelles le demandent, et ordonnez les mouvements de notre amour, selon que votre vérité éternelle le désire, afin que chacun de nous puisse se glorifier en vous avec assurance, et dire : " Il a ordonné en moi la charité. " Car vous êtes la vertu de Dieu, et la sagesse de Dieu, Jésus-Christ notre Seigneur, l'époux de l'Église, Dieu au dessus de tout et béni dans tous les siècles. Ainsi soit-il.

Saint Bernard de Clairvaux, extrait du Sermon 50 sur le Cantique des Cantiques

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