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29 juin — Saints Pierre et Paul

Tu es Petrus -



Les apôtres Pierre et Paul,

Antonio Allegri da Correggio, dit Il Correggio (Correggio, 1489 - Correggio, 1534),

Fresque, détail de la coupole, 1520-1524,

Église San Giovanni Evangelista, Parme (Italie)


Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 16, 13-19

En ce temps-là, Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe, demandait à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »


Le peintre

Antonio Allegri est né à Correggio, petite bourgade située près de Parme dans la région actuelle d'Émilie-Romagne. Aussi fut-il appelé Il Correggio (en français Le Corrège ou tout simplement Corrège). Sa date de naissance n'est pas connue et on ne possède que quelques contrats et documents d'archives pour reconstituer son parcours. Il est le fils de Pelegrino Allegri, marchand de drap de Correggio, et de Bernardina Piazzoli Aramani. La famille vivait dans une aisance relative qui permit à Antonio de recevoir une éducation très supérieure à la moyenne de l'époque. C'est au contact de son oncle, le peintre Lorenzo Allegri, mort en 1527, qu'il prit goût à la peinture. Il fut probablement, vers 1500, l'élève d'Antonio Bartolotti, peintre de la région de Correggio, puis de Francesco Bianchi Ferrari, peintre de Modène.


En 1511, il quitte Correggio pour Mantoue où il travaille peut-être avec Lorenzo Costa (1460-1535) qui était au service d'Isabelle d'Este (1474-1539), épouse du marquis François II de Mantoue (1466-1519) et importante mécène de la Renaissance. Vers 1517-1519, il fait probablement un voyage à Rome.


A partir de 1519, Corrège travaille à Parme tout en retournant régulièrement à Correggio. Il commence par réaliser un programme de fresques pour décorer le salon de Giovanna da Piacenza, l'abbesse du couvent bénédictin San Paolo : manteau de la cheminée, voûte. Il s'inspire du style d'Andrea Mantegna qu'il avait pu admirer à Mantoue.


Il poursuit avec des fresques dans l'église San Giovanni Evangelista (abside et coupole) puis, de 1526 à 1530, sur le Duomo (coupole) octogonal de la cathédrale de Parme. Simultanément, il peint un grand nombre de tableaux à caractère mythologique ou religieux permettant d'apprécier son évolution stylistique.


Voici comment Giorgio Vasari raconte la mort de Corrège. La véracité du propos est loin d'être garantie, mais les légendes ont aussi leur valeur. « On raconte qu'après avoir reçu à Parme un payement de soixante écus en quadrins, il voulut porter à Correggio cet argent dont il avait besoin, et partit à pied avec cette charge par un soleil brûlant. A son arrivée, harassé de fatigue et de chaleur, il but de l'eau fraîche, et se mit au lit avec une fièvre très violente qui termina ses jours. Il avait environ quarante ans. »


L’église

L’église fut détruite par un incendie vers la fin du XVe siècle. Elle fut ensuite reconstruite entre 1490 et 1519 en style Renaissance. Ce lieu religieux était le point de rencontre culturel des intellectuels de la ville et sa construction fut continuellement mise à jour. La façade n’a été terminée qu’en 1604 ; elle est de style baroque ; sa partie inférieure est composée de trois portails : celui du milieu est entouré par trois statues dans des niches. Les deux latéraux ont deux grandes rosaces. Sur la partie supérieure, on peut voir un aigle royal, symbole de Saint Jean.. L’église est bâtie en forme de croix latine avec trois nefs. On y voit deux beaux bénitiers en marbre. La nef centrale est décorée par Michelangelo Anselmi. Les fresques de la coupole sont peintes par le Corrège et datent du XVIe siècle.


Ce que je vois

Ce n’est ici qu’une partie de la voûte de l’Église. Dans un nuage blanc, environné de putti pris dans la lumière divine, apparaît les deux colonnes de l’Église : Pierre et Paul. Ils sont tous les deux nus, assis sur le nuage. Seul Pierre, à droite, est discrètement vêtu d’un manteau jaune d’or. La main dressée vers le ciel, il tient de l’autre les clés que Jésus lui a confiées (Mt 16, 18-19) :

Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux

À sa droite, Paul, plus jeune, semble contempler avec un regard bienheureux la scène qui se déroule devant lui.


Les deux colonnes de l’Église

On a souvent appelé Pierre et Paul, les deux colonnes de l’Église. Mais d’où vient cette expression ? Yakîn et Boaz sont les deux colonnes du temple de Jérusalem. La première signifie "fonder", la seconde, "à lui la force", comme si elles nous renvoyaient aux apôtres Pierre et Paul. Pierre est celui qui a des oreilles pour entendre, il deviendra la pierre sur laquelle Christ a bâti son Eglise. Trois fois, il a renié cet homme qu'il dit ne pas connaître. Pourtant, il lui fut révélé être le Messie.Que nous disent les larmes amères de Pierre quand Jésus le regarde après qu'il l'eut renié ? Comment deviendra-t'il le berger de ses brebis ? Paul, lui, persécutait les chrétiens. Mais sur le chemin de Damas, il fut renversé : « Pourquoi me persécutes-tu ? » lui demande Jésus que Paul n'a pas connu. Comment Paul va répondre au Christ et par quelle force va-t'il se relever, lui qui désormais se laissera guider par l'Esprit Saint ?


Pierre, le fondateur

C’est bien sur lui que le Christ s’appuiera pour en faire la pierre de fondation de son Église. Non pour en faire une Église sclérosée, tellement organisée qu’elle en perdrait toute humanité, mais au contraire, pour en faire une Église édifiée sur la miséricorde, sur le pardon, sur l’annonce du salut. Ce n’est pas pour rien que Jésus a choisi cet homme pécheur (et pêcheur !), qui l‘a pourtant renié. Ainsi, Jésus nous montrait que cette Église sera fondée sur le pardon. Il choisit Pierre qui va confesser sa foi, non simplement à Césarée (ce n’est que l’anticipation de cette confession de foi qui se developpera après Pâques). mais ensuite avec encore beaucoup plus de conviction lorsqu’il sera investi de la force de l’Esprit à la Pentecôte. Alors, il aura le courage de soutenir devant tous que Jésus est ressuscité et qu’il a été établi Christ et Seigneur par le Roi du Ciel, Dieu en personne (Ac 2, 36). Paul le présentera alors comme un des piliers de cette Église naissante (Ga 2, 9) :

Ayant reconnu la grâce qui m’a été donnée, Jacques, Pierre et Jean, qui sont considérés comme les colonnes de l’Église, nous ont tendu la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion, montrant par là que nous sommes, nous, envoyés aux nations, et eux, aux circoncis.

Pierre deviendra donc l’apôtre des circoncis, c’est-à-dire des juifs. Il importe de souligner que le pouvoir donné à Pierre est fonction de sa foi et de son esprit de service. Appelé à rassembler ses frères et sœurs et à les raffermir dans l’unité de la foi, Pierre s’offre comme point de rassemblement des croyants et comme point d’appui à la foi chancelante des autres. C’est dire qu’il supporte toute l’Église au-dessus de lui, grâce à la force que lui confère sa foi dans le Seigneur. Saint Pierre n’est donc pas au-dessus de tout le monde, mais à la base de tout le monde en Église ! Il ne faudrait pas non plus s’imaginer saint Pierre comme le gardien farouche des portes du Ciel, grand scrutateur des œuvres méritantes de chacun et de chacune… Les clefs du Royaume des cieux lui ont été confiées afin qu’il veille à ce que la porte reste grande ouverte pour tous.


Un homme de charité et de foi, image de ce que l’on attend de chacun de nos papes...


Paul, la force

Paul, cette seconde colonne, incarne la force. La force de la conviction, comme n’importe quel converti ! Les convertis sont entiers et absolus, et refusent souvent la compromission, de peur de voir leur vin se dénaturer si l’on y ajoute de l’eau. Une force qui sauve l’Église car Paul n’a peur de rien. Il ose. Et « oser, c’est la sainteté ». Même s’il ne devait pas être facile à vivre. Les Actes des apôtres relatent de nombreuses dissensions entre Paul et ses disciples. Renversé sur le chemin de Damas, Paul veut renverser les nations, les conduire au salut, les convertir.


Il deviendra le numéro deux efficace dont Pierre avait besoin : un véritable théologien, même si parfois cela se solde par un échec (comme à Athènes), un organisateur hors-pair des communautés qui dès le début s’inquiète des questions matérielles. Un homme qui connaît la loi et se défend devant les pouvoirs juifs et romains. Un homme qui n’a pas peur de repousser le plus loin possible les frontières de l’évangile. Mais aussi un homme au « sale caractère », qui sait ce qu’il veut, et qui ira jusqu’au bout envers et contre tout. Un intellectuel qui a bâti notre foi d’aujourd’hui. Le patron de tous les théologiens ?


Un homme d’espérance et de foi, image de ce que l’on attend de chacun de nos évêques...


Puissent ces deux colonnes nous permettent de solidifier notre vie sur l’unique pierre angulaire : le Christ. Que Pierre intercède pour nous à fin de nous obtenir la charité et la miséricorde. Que Paul intercède pour nous afin de nous obtenir l’espérance et la foi.



Traité de Théodoret de Cyr (+ 466), Traité sur la charité 31, 12-13, SC 257, 288-292

Saint Pierre fut consolé en entendant Jésus lui prédire sa mort comme un témoignage de charité. Les Apôtres présents apprirent que son reniement relevait de l'économie de Dieu et de sa miséricorde, non de l'intention profonde de Pierre. Notre Sauveur et Seigneur avait lui-même suggéré cette interprétation quand il avait dit : Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment. Mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne sombre pas. Mais toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères (Lc 22,31-32).


De même, veut-il dire, que je te soutiens quand tu es secoué en tous sens, de même toi, deviens aussi un soutien pour ceux de tes frères qui sont troublés, et accorde-leur un peu de la protection dont tu bénéficies. Ne pousse pas ceux qui sont en train de glisser, mais redresse-les dans le danger. Je permets que tu butes, mais je t'empêcherai de tomber, afin que tu m'aides à maintenir debout ceux qui sont secoués.


Ainsi, cette grande colonne qu'était saint Pierre a soutenu le monde agité et n'a pas permis qu'il s'effondre complètement, mais il l'a redressé, il l'a rendu plus solide. Chargé de paître les brebis de Dieu, il a supporté d'être injurié pour elles, et sous les coups il était rempli de joie. En sortant du Grand Conseil hostile, il se réjouissait avec ses compagnons d'avoir été digne de subir ces humiliations pour le nom du Maître (Ac 5,41).


Jeté en prison, il était content et tout heureux. Lorsque, sous Néron, il fut condamné à mourir en croix pour le Crucifié, il priait les bourreaux de ne pas le clouer sur la croix de la même façon que le Maître, mais en sens inverse, par crainte, semble-t-il, que l'identité de la Passion lui valût, chez les ignorants, une vénération égale.


C'est pourquoi il supplia qu'on le clouât les mains en bas et les pieds en haut. Il avait appris, en effet, à choisir la dernière place non seulement dans l'honneur, mais aussi dans la honte. Et s'il avait pu mourir ainsi dix fois, cinquante fois, il l'eût accepté avec grande joie, parce qu'il brûlait du désir de Dieu. C'est ainsi que saint Paul s'écriait parfois : Tous les jours je suis exposé à la mort, aussi vrai, frères, que vous êtes mon orgueil dans le Christ Jésus (1Co 15,31). Et parfois: Je suis crucifié avec le Christ; je vis, mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi (Ga 2,20).



Traité de saint Hilaire (+ 367) sur la Trinité, La Trinité, livre 6, 36-37; CCL 62, 239-242.

Croire que Jésus est Fils de Dieu de nom et pas de nature, n'est pas la foi évangélique et apostolique. Car si ce nom désignait l'adoption sans que pour autant le Christ soit le Fils venu de Dieu, je me pose cette question : "Pourquoi le bienheureux Simon, fils de Yonas, a-t-il proclamé : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant (Mt 16,16) ? Est-ce parce qu'il a pu, comme tout le monde, naître fils de Dieu par le sacrement qui nous régénère ?"


Si le Christ était fils de Dieu en fonction du nom qu'on lui attribue, je demande : "Qu'est-ce qui a été révélé à Pierre, non par la chair et le sang, mais par le Père qui est aux cieux ? Une croyance partagée par tous a-t-elle quelque mérite ? Et faut-il glorifier la révélation d'une chose que tout le monde connaît ? Si le Christ était fils par adoption, pourquoi la confession de Pierre lui vaudrait-elle d'être appelé bienheureux, alors qu'il n'aurait reconnu au Fils qu'une qualité commune à tous les saints ?"


Or, la foi de l'Apôtre s'est avancée au-delà des limites de l'intelligence humaine. Nul doute qu'il eût souvent entendu cette parole : Qui vous accueille m'accueille; et qui m'accueille accueille celui qui m'a envoyé (Mt 10,40). Ainsi, Pierre savait déjà que le Christ était envoyé. Et celui qu'il savait être envoyé, il l'avait entendu déclarer : Tout m'a été confié par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils (Mt 11,27). Qu'est-ce que le Père a révélé alors à Pierre, et qui lui valut la gloire de voir sa confession appelée bienheureuse ? Est-ce qu'il ne connaissait pas les noms du Père et du Fils ? Il les avait entendus fréquemment.


Mais il dit une parole qu'aucune voix humaine n'avait encore prononcée : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant (Mt 16,16). En vérité, alors même que le Christ demeurant dans la chair s'était déjà déclaré Fils de Dieu, l'Apôtre fut alors le premier à reconnaître dans la foi que la nature divine est en lui. Si Jésus, en effet, a loué Pierre, ce n'est pas uniquement pour l'avoir honoré par sa profession de foi, mais aussi pour avoir reconnu son mystère, car l'Apôtre n'a pas seulement confessé le Christ, mais il l'a aussi proclamé Fils de Dieu. Pour l'honorer, il lui eût certainement suffi de confesser : Tu es le Christ. Il eût pourtant été inutile de l'appeler Christ sans le proclamer Fils de Dieu. De fait, en disant : Tu es, Pierre a clairement déclaré la perfection et le caractère unique de la vraie nature du Fils. Et en disant : Celui-ci est mon Fils (Mt 17,5), le Père a révélé à Pierre qu'il devait proclamer : Tu es le Fils de Dieu. Car la parole Celui-ci est est l'indication donnée par celui qui révèle, tandis que l'adhésion donnée par celui qui confesse sa foi s'exprime par la réponse : Tu es.


L'Église est donc bâtie sur la pierre de cette confession. Mais un esprit de chair et de sang ne peut découvrir le sens de cette profession de foi. Appeler le Christ Fils de Dieu et, de plus, croire qu'il l'est, est un mystère qui ne peut être révélé que par Dieu. Ou alors, serait-ce le nom divin qui aurait été révélé à Pierre plutôt que la filiation de nature ? Pour ce qui est du nom, Pierre avait déjà souvent entendu le Seigneur se proclamer Fils de Dieu. Sur quoi porte donc cette glorieuse révélation ? Elle concerne certainement la nature et pas le nom, qui avait déjà été souvent proclamé.


Cette foi est le fondement de l'Église. Grâce à cette foi, la puissance de la Mort (Mt 16,18) ne pourra rien contre l'Eglise. Cette foi possède les clefs du Royaume des cieux et ce qui a été délié ou lié par elle sur la terre, est délié et lié dans les cieux. Cette foi est le don de la révélation du Père. Elle ne déclare pas mensongèrement que le Christ a été créé de rien, mais elle le proclame Fils de Dieu selon la nature qui lui est propre.

O délire impie d'un esprit qui s'égare misérablement ! Il ne reconnaît pas en Pierre, vieillard proclamé bienheureux, le témoin de la foi, le témoin pour qui le Christ a prié le Père afin que sa foi ne défaille pas (cf. Lc 22,32) dans la tentation.


Au Christ qui le lui demandait, Pierre a réaffirmé son amour pour Dieu, et il s'est affligé de se voir encore mis à l'épreuve comme quelqu'un qui doute et qui hésite, et d'être interrogé une troisième fois. Et ainsi purifié de ses trois tentations, il a mérité de s'entendre dire trois fois par le Seigneur : Sois le berger de mes brebis (Jn 21,17). Alors que tous les Apôtres gardaient le silence, il a reconnu, grâce à une révélation du Père, que le Christ est le Fils de Dieu. Et sa bienheureuse confession de foi lui a valu une gloire suréminente, au-delà de ce que peut concevoir la faible nature humaine.



Homélie de Théophane Cérameus (9e ou 12e siècle), Homélie 55; PG 132, 960-965.

Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? (Mt 16,15). Il est vrai, dit Jésus, que l'opinion de la foule à mon sujet est très divisée et changeante, mais vous qui me connaissez depuis si longtemps, quelle idée vous êtes-vous formée en voyant mes oeuvres ?


Déconcertés, les disciples ne savent alors que répondre ; certains, peut-être, ne sont pas sûrs de ce qu'ils pensent, d'autres craignent de paraître irréfléchis. Mais Pierre, le plus éminent des disciples, se fait l'interprète de tous ses compagnons. <> Instruit par le Père de la haute origine du Fils unique, il prononce ces paroles pleines de sens divin : Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant (Mt 16,16).


Cette révélation vient vraiment du Père céleste, non de la chair et du sang. Considère, en effet, combien la doctrine théologique cachée dans cette seule phrase est profonde. Car le Seigneur avait demandé : Le Fils de l'homme, qui est-il, d'après ce que disent les hommes ? (Mt 16,13). Il avait fait mention du Fils de l'homme pour montrer sa nature humaine. Mais Pierre, sachant qu'il était à la fois fils d'homme et Fils de Dieu, une personne unique formée de deux natures sans confusion, s'est élancé en esprit vers la nature divine. <>


Considère encore l'exactitude de cette doctrine théologique. Car il peut se trouver de nombreux messies, de nombreux fils et de nombreux dieux, mais il n'y a qu'un Messie, Fils de Dieu, par nature et véritable. C'est la raison pour laquelle il n'a pas dit : "Tu es messie, fils d'un dieu", mais : Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! Il a, en effet, joint l'article à chaque terme pour montrer d'une manière plus éclatante le caractère exceptionnel de cette essence bienheureuse et de cette nature simple. Voilà pourquoi il a mérité d'être appelé bienheureux par le Seigneur.


Que lui dit donc le Sauveur ? Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas (Mt 16,17). Pour quelle raison, en le déclarant bienheureux, fait-il mention de son père et le nomme-t-il fils de Yonas? Il veut dire à peu près : "De même que, par ta nature, tu es fils de Yonas, ton père, de même, de par ma nature et selon mon essence, je suis le Fils de Dieu le Père." Ou plutôt il l'appelle ainsi, parce que, comme il va le dire, cette révélation ne lui vient pas de la chair et du sang, mais de son Père qui est aux cieux. Elle lui vient aussi par l'Esprit Saint, ce qui fait qu'il le nomme Fils de l'Esprit, car Yonas signifie "colombe". <>


Et moi, je te déclare: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église (Mt 16,18). Toi, qui es Pierre, tu deviendras le rocher de la foi du Verbe, et l'assise sur laquelle l'Église sera établie, et l'origine première de la construction spirituelle. Car sur cette proclamation par laquelle tu m'as reconnu à la fois Fils de Dieu et fils d'homme, se dresseront les fondations de l'Église. Oui, sur la base ainsi posée, s'élèvera en toute sûreté l'édifice de toutes les autres vérités de la foi. <>


Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux (Mt 16,19). Jésus ne dit pas : "Je te donne en ce moment", mais : Je te donnerai. Il prédit ainsi le temps qui suivra la résurrection, quand il lui donnera aussi la grâce de l'Esprit Saint, et le pouvoir de lier et de délier, et quand il le placera à la tête du troupeau des brebis douées de raison.

Mais de quelles clefs parle-t-il ? Et de quelles portes nomme-t-il Pierre le gardien ? Le Christ lui-même est la porte, car il a dit : Moi, je suis la porte (Jn 10,9). Et la clef de cette porte est la foi que le Christ confie au chef des Apôtres. <>


Il donne donc les clefs à Pierre et à ceux qui viendront après lui, pour que les hérétiques ne puissent franchir la porte du Royaume des cieux ni entrer par elle, mais pour que les fidèles la franchissent facilement. Ainsi sera confirmée la parole du Seigneur : Personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume des cieux (Jn 3,5).


Prière

Que la prière des saints Apôtres Pierre et Paul vienne à notre aide, Seigneur: c'est par eux que ton Église a reçu les premiers bienfaits de ta grâce; qu'ils nous obtiennent maintenant les secours nécessaires à notre salut. Par Jésus Christ.

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