Heureuse celle qui a cru -

Visitation en bleu,
Maurice Denis (Granville, 1870 - Paris, 1943),
Huile sur toile, 29 x 33 cm, 1894,
Collection privée
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 1, 39-56)
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Méditation
Imaginez cette rencontre de ces deux mères ! Deux mères aussi improbables l’une que l’autre : une femme stérile, et une autre vierge. Pourtant, aucune parole sur leur situation personnelle, ni sur la rencontre avec l’ange ou la prophétie reçue par Zacharie. Rien... Elles se rencontrent simplement avec un regard empli de lumière et de grâce. Elles ne s’inquiètent pas du comment. Elles ne se posent même pas la question du pourquoi. Elles sont simplement « accueil ». Accueil de l’enfant à venir, accueil de la volonté de Dieu, accueil de la grâce qui fructifie en leur coeur et leur corps.
Cependant, même si elles ne sont pas des théologiennes, et des expertes en Écriture Sainte, elles connaissent la Parole de Dieu. Et ce d’autant plus que la Parole croît en l’une d’elle et, son messager en l’autre. Connaissance de l’Écriture qui fera reprendre le cantique d’Anne par Marie (1 Sam 2, 1-10). Anne qui était, elle aussi stérile, et qui donnera naissance au prophète Samuel. Marie qui reprend ses mots, elle qui porte en elle celui qui la portera, elle qui va donner naissance à celui qui est de tout temps, elle qui, dans tous les sens du terme accueille la Parole de Dieu. Nos plus anciens connaissaient par coeur ce cantique de Marie (que l’on reprend tous les soirs à Vêpres) : chant d’action de grâces que nous devrions reprendre chaque jour pour remercier Dieu de toutes ses merveilles. Ne serait-ce pas l’occasion de détourner notre regard de nous-mêmes, de nos continuelles plaintes et regrets et de nous ouvrir à la grâce de le joie en Dieu ?
Quant à Élizabeth, la maison de Dieu, elle accueille le cousin de Jésus, Jean. Et déjà dans les entrailles de sa mère, l’enfant se réjouit de cette « première rencontre » avec Jésus. Il tressaille, il danse comme dansera David devant l’Arche d’Alliance (2 Sam 6). Marie n’est-elle pas l’Arche d’Alliance qui porte en elle la nouvelle Loi ?
Vivre la louange avec Jean le Baptiste, être dans l’allégresse avec Élizabeth, chanter les grâces de Dieu avec Marie : voilà le programme du jour !