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Baptême de Jésus (A)

Laisse faire maintenant !



Le baptême du Christ

Anonyme

Médaille en nacre sculptée, diamètre : 13 cm, XIXème siècle

Collection particulière


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 3, 13-17

Alors paraît Jésus. Il était venu de Galilée jusqu’au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui. Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » Mais Jésus lui répondit : « Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice. » Alors Jean le laisse faire. Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau, et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie. »


Description

Ce travail de nacre est somptueux. Il représente la baptême du Christ par Saint Jean Baptiste dans le Jourdain, entouré par un angelot. Vous noterez la représentation de la Vierge Marie sur le dessous. Le travail est finement réalisé et exécuté avec une grande précision : c'est une véritable prouesse artistique. Sur l’étiquette au dos est indiqué que cet objet a été offert en souvenir d’un baptême par Monseigneur Étienne-Isidore Potron (1836-1905), évêque de Jéricho à la fin du XIXème siècle.


Ce que je vois

Le décor de la pièce est assez simple : un double cordeau entoure la médaille.

Dans la partie basse, un tondo où est représentée la Vierge Marie présentant son Cœur Immaculé. C’est saint Jean-Eudes et Louis-Marie Grignon de Montfort qui en feront la promotion au XVIIème siècle. Le 27 novembre 1830, la Vierge Marie aurait demandé, au cours d'une apparition à sainte Catherine Labouré, de faire frapper une médaille avec les Cœurs de Jésus et de Marie. Il devait être marqué sur le contour cette petite prière : "Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous" (prémices du dogme de l'Immaculée conception, qui ne sera proclamée par le pape Pie IX qu'en 1854.) Autour du tondo, deux marguerites stylisées.


La scène du baptême est insérée dans une sorte d’architecture voûtée. Sur les côtés sont sculptées des marguerites accompagnées, me semble-t-il, d’épis de blé. À l’intérieur, on distingue l’eau du Jourdain, symbolisée par des traits, et le sol avec deux sortes de prédelles où se tiennent debout l’ange et Jean-Baptiste. Le Christ a les pieds dans l’eau, couvert d’un voile, les mains jointes. Jean-Baptiste, à droite, verse de l’eau, de sa main, sur la tête du Christ. Le torse nu, il est couvert d’un manteau (en plis de chameau ?) et tient de la main gauche son traditionnel bâton. À droite, l’ange, ailes déployées, tient le tissu qui couvrira Jésus au sortir de l’eau. Au-dessus de la tête du Christ, dans des rayons, descend la Colombie de l’Esprit.


La représentation est très classique et sans grande surprise. La pièce a surtout de l’intérêt de par sa rareté et son exécution de grande qualité.


Une curieuse remarque

Le baptême de Jésus est raconté par les quatre évangiles de façon presque similaire. Ça se passe au Jourdain ; Jean refuse de prime abord de baptiser le Maître ; une colombe descendu du ciel et une voix se fait entendre signifiant l’élection de Jésus. Mais chez Matthieu, il y a cette curieuse réplique de Jésus aux hésitations du Baptiste : Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice.


Pour le moment

Pour le moment, car les choses ne vont pas durer. Tu baptises, Jean. Mais tu le sais, après ce sera moi qui baptiserai. Pas un simple baptême de rémission, pas une simple plongée dans les eaux lustrales, mais un baptême dans l’Esprit. Et même un baptême dans le sang et l’eau, comme sur la Croix. Mais au préalable, mon Heure n’est pas encore venue. C’est la tienne. « Il y a un moment pour tout » disait Qohélet (3, 1-8) Pour le moment, c’est le prélude, prélude du baptême dans l’eau avant qu’il ne soit dans le sang :

Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! Luc 12, 50

Première étape, Jésus descend dans les eaux du Jourdain avant de descendre dans celle de la Mort, symbole du mystère pascal à venir, cet abaissement dans les eaux ira jusqu’à l’abaissement dans la mort, source de résurrection et de vie éternelle, pour Lui, comme pour tous ceux qui par la suite, recevront le baptême chrétien.


Il nous convient...

Il convient, et non il faut. Ce n’est pas impératif. Ce n’est même pas une obligation, c’est un choix. Un choix pour donner du sens à cette oeuvre divine. Une convenance pour l’harmonie symbolique de ce qui va après se dérouler. Sans cette convenance, le baptême perdrait de sa symbolique, de son sens le plus profond, le plus emblématique. Et il convient de mettre ce baptême au départ, pour que tous les événements qui vont ensuite se dérouler convergent vers le symbole de la mort et de la résurrection. On pourrait presque dire qu’ici se dresse la première pierre de l’édifice chrétien, de l’Église que le Christ inaugure dans les eaux baptismales. Il convient de la bâtir, ici, par le geste de Jean.


Accomplir

Ce verbe a un sens profond. Jésus le reprendra quelques chapitres plus loin, évoquant la substance qu’il donne à la nouvelle Loi :

Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Mt 5, 17

Accomplir, c’est mener à son terme, à son achèvement. Terme qui permettra alors de comprendre, comme la dernière pièce du puzzle qu’il faut insérer pour discerner enfin ce qu’il représente. Jésus vient accomplir, mener à son terme toutes les préfigurations vétéro-testamentaires de ce geste :

  • le passage de la Mer Rouge,

  • La descente dans le puits de Joseph,

  • Le séjour de Jérémie dans la citerne,

  • La guérison d’Élisée,

  • Etc.

Il suffirait de relire les merveilleuses « Hymnes sur l’Épiphanie, Ch 14 » d’Éphrem le Syrien. Tous ces événements n’étaient que la préfiguration du baptême johannique que le Christ mènera à son accomplissement dans son baptême pascal.


Toute justice

La justice n’est rien d’autre que de répondre juste, avec justesse, au dessein et à la vocation de Dieu, action concrétisée dans la Loi et l’histoire du Salut. Jean, par le baptême qu’il dispense, entre dans le plan divin. Il en rend témoignage aux yeux du monde entier. Et ainsi, il permettra aux hommes, par le baptême, de s’ajuster au dessin divin. Pour nous aussi, il convient d’entrer dans cette justice.


Bénédiction de l’eau baptismale lors de la Vigile Pascale

Dieu dont la puissance invisible accomplit des merveilles dans les sacrements, tu as voulu, au cours des temps, que l’eau, ta créature, révèle ce que serait la grâce du baptême.

Dès les commencements du monde, c’est ton Esprit qui planait sur les eaux pour qu’elles reçoivent en germe la force de sanctifier.

Par les flots du déluge, tu annonçais le baptême qui fait renaître, puisque l’eau y préfigurait à la fois la fin de tout péché et le début de toute justice.

Aux enfants d’Abraham, tu as fait passer la mer Rouge à pied sec, pour que le peuple d’Israël, libéré de la servitude, préfigure le peuple des baptisés.

Ton Fils bien-aimé, baptisé par Jean dans les eaux du Jourdain, consacré par l’onction de ton Esprit, suspendu au bois de la croix, laissa couler de son côté ouvert du sang et de l’eau ; et quand il fut ressuscité, il dit à ses disciples : « Allez, enseignez toutes les nations, et baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. »

Maintenant, Seigneur notre Dieu, regarde avec amour ton Église et fais jaillir en elle la source du baptême.

Que cette eau reçoive de l’Esprit Saint, la grâce de ton Fils unique, afin que l’homme, créé à ta ressemblance et lavé par le baptême des souillures qui déforment cette image, puisse renaître de l’eau et de l’Esprit pour la vie nouvelle d’enfant de Dieu.

Nous t’en prions, Seigneur notre Dieu : Par la grâce de ton Fils, que vienne sur cette eau la puissance de l’Esprit Saint, afin que tout homme qui sera baptisé, enseveli dans la mort avec le Christ, ressuscite avec lui pour la vie, car il est vivant pour les siècles des siècles.

Amen.


Prière de l’onction au baptême

Par le baptême, le Dieu tout-puissant, Père de notre Seigneur Jésus Christ t'a libéré(e) du péché et t'a fait renaître de l'eau et de l'Esprit.

Toi qui fais maintenant partie de son peuple, il te marque de l'huile sainte pour que tu demeures éternellement membre de Jésus Christ, prêtre, prophète et roi.

Homélie attribuée à saint Grégoire le Thaumaturge (+ 270), Homélies sur la sainte Théophanie, 4, PG 10, 1181-1183

En ta présence, Seigneur Jésus, je ne puis me taire, car je suis la voix, et la voix de celui qui crie à travers le désert: préparez le chemin du Seigneur (cf. Mt 3,3). C'est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c'est toi qui viens à moi (Mt 3,14)!

Moi, quand je suis né, j'ai effacé la stérilité de celle qui m'enfantait; et comme j'étais un tout nouveau-né, j'ai porté remède au mutisme de mon père en recevant de toi la grâce de ce miracle.

Mais toi, né de la Vierge Marie de la manière que tu as voulue et que tu es seul à connaître, tu n'as pas effacé sa virginité, tu l'as protégée en lui ajoutant le titre de mère; et ni sa virginité n'a empêché ton enfantement, ni ton enfantement n'a souillé sa virginité. Ces deux réalités incompatibles, l'enfantement et la virginité, se sont rejointes en une harmonie unique, ce qui est à la portée du Créateur de la nature.

Moi, qui suis un homme, je ne fais que participer à la grâce divine; mais toi, tu es à la fois Dieu et homme, parce que tu es par nature l'ami des hommes.

C'est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c'est toi qui viens à moi? Toi, tu étais au commencement, tu étais auprès de Dieu, et tu étais Dieu (cf. Jn 1,1); toi qui es le reflet resplendissant de la gloire du Père, toi qui es l'expression du Père (cf. He 1,3) parfait; toi qui es la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde (Jn 1,9); toi qui, lorsque tu étais dans le monde, es venu là où tu étais déjà; toi qui t'es fait chair, mais qui habites en nous (Jn 1,14), et qui t'es fait voir de tes serviteurs dans la condition de serviteur (Ph 2,8); toi qui as uni la terre et le ciel par ton saint nom comme par un pont: c'est toi qui viens à moi! Toi, qui es si grand, vers le pauvre que je suis? Le roi vers le précurseur, le Seigneur vers le serviteur.

Mais tu as beau ne pas rougir de naître selon l'humble manière des hommes: moi, je ne puis franchir les limites de la nature. Je sais quel est l'abîme qui sépare la terre et le Créateur. Je sais quelle est la différence entre le limon de la terre et celui qui l'a modelé. Je sais combien ton soleil de justice l'emporte sur moi qui ne suis que la lampe de ta grâce. Et, bien que tu sois revêtu par la nuée très pure de ton corps, moi, pourtant, je reconnais ma condition servile, je proclame ta magnificence. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de tes sandales (Mc 1,7). Et comment oserai-je toucher le sommet immaculé de ta tête? Comment étendrai-je la main sur toi qui as déployé les cieux comme une tenture (Ps 103,2) et qui as affermi la terre sur les eaux (Ps 135,6)? Comment éclairerai-je celui qui est la lumière en personne? Quelle prière vais-je faire sur toi, qui accueilles même les prières de ceux qui t'ignorent?


Homélie de saint Chromace d'Aquilée (+ 407), Sermons sur l'Epiphanie, 34; CCL 9A, 156-157

En ce jour, comme nous venons de l'entendre par la lecture de l'Évangile, notre Seigneur et Sauveur a été baptisé par Jean dans le Jourdain, et c'est pourquoi cette solennité n'est pas petite, mais grande, et même très grande. Car, lorsque notre Seigneur a daigné se faire baptiser, l'Esprit Saint vint sur lui sous la forme d'une colombe, et l'on entendit la voix du Père qui disait: Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour (Mt 3,17).

Quel grand mystère dans ce baptême céleste! Le Père se fait entendre du haut du ciel, le Fils est vu sur la terre, l'Esprit Saint se montre sous la forme d'une colombe. Car il.n'y a pas de vrai baptême ni de vraie rémission des péchés là où il n'y a pas la vérité de la Trinité; et la "rémission des péchés ne peut être donnée là où la foi en la Trinité n'est pas parfaite ;

Le baptême que donne l'Église est unique et véritable: il n'est donné qu'une fois et, en y étant plongé une seule fois, on est purifié et renouvelé. Purifié, parce qu'on a déposé la souillure des péchés; renouvelé, parce qu'on ressuscite pour une vie nouvelle après avoir dépouillé la vieillerie du péché. Car ce bain du baptême rend l'homme plus blanc que neige, non quant à la peau de son corps, mais par la splendeur de son esprit et la pureté de son âme.

Donc les cieux se sont ouverts, au baptême du Seigneur, afin que, par le bain de la nouvelle naissance, on découvre que les royaumes des cieux sont ouverts aux croyants, selon cette sentence du Seigneur: Personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu (Jn 3,5). Il est donc entré, celui qui renaît et qui n'a pas négligé de préserver son baptême; et, semblablement, il n'est pas entré celui qui n'est pas rené.

Donc, parce que notre Seigneur était venu donner le baptême nouveau pour le salut du genre humain et la rémission de tous les péchés, lui-même a voulu être baptisé le premier, non pour dépouiller le péché, puisqu'il n'avait pas commis de péché, mais pour sanctifier les eaux du baptême afin de détruire les péchés de tous les croyants renés par le baptême. Lui, le Seigneur, fut donc baptisé dans l'eau pour que, par le baptême, nous soyons lavés de tous nos péchés.


Prière

Dieu éternel et tout-puissant, quand le Christ fut baptisé dans le Jourdain, et que l'Esprit Saint reposa sur lui, tu l'as désigné comme ton Fils bien-aimé; accorde à tes fils adoptifs, nés de l'eau et de l'Esprit, de se garder toujours dans ta sainte volonté. Par Jésus Christ.

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