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IIe dimanche du Carême (B)

Écoutez-le !



La Transfiguration,

William BLAKE (Londres, 1757 - Londres, 1827),

Aquarelle sur papier, 37,5 x 31,7 cm, date inconnue,

Victoria & Albert Museum (Londres, Royaume-Uni)


Évangile selon saint Marc 9, 2-10

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette parole tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».


L’auteur

Artiste anglais, dessinateur, graveur, philosophe et poète, William Blake est l’une des figures les plus remarquables de la période romantique. Dès son enfance, il possédait des pouvoirs visionnaires, et la gravure de Joseph d’Arimathie, faite à l’âge de 16 ans, le montre déjà utilisant un symbolisme personnel pour exprimer sa philosophie mystique. Son apprentissage (1772-1779) auprès du graveur James Basire (1730-1802), pour lequel il fit des dessins des monuments de l’abbaye de Westminster et d’autres églises de Londres, le conduisit à une étude approfondie de l’art gothique et intensifia son amour du dessin linéaire et du motif formel. En 1779, il entra dans les écoles de l’Académie royale, mais ses relations avec Reynolds étaient douloureuses ; plus tard, il devait trouver des esprits plus sympathiques à Stothard, Flaxman, Fuseli, et Barry.


Au cours des années 1780, Blake travailla comme graveur commercial, mais, à partir de 1787 environ, il fut absorbé par une nouvelle méthode d’impression de ses propres poèmes illustrés en couleur, qu’il prétendit lui avoir été révélé dans une vision de son frère Robert, alors décédé récemment. Le premier de ces grands travaux de 'l’impression enluminée', dans lequel le texte écrit à la main et l’illustration ont été gravés ensemble pour former une unité décorative, a été Songs of Innocence (1789). En 1793, avec sa femme, Catherine Boutcher, il s’installe à Lambeth. où il grave sa principale prose, Le mariage du ciel et de l’enfer. Il a eu peu de succès matériel et en 1800, à la suggestion de William Hayley, poète et homme de lettres, il a quitté Londres pour s’installer pendant trois ans à Felpham sur la côte du Sussex. Il y continua une série d’aquarelles illustrant des sujets bibliques pour son premier et plus généreux patron, Thomas Butts, et commença aussi à graver Jérusalem, le dernier et le plus long de ses écrits mystiques.


À son retour à Londres, Blake fit une série de dessins pour le poème de Robert Blair, The Grave, et, en 1809, il organisa une petite exposition individuelle pour laquelle il publia A Descriptive Catalogue, qui résumait avec éloquence ses objectifs et ses convictions en matière d’art. En 1818, il rencontre John Linnell, dont le favoritisme sympathique lui assure une subsistance pour le reste de sa vie. Pour Linnell, il réalise ses gravures pour The Book of Job et ses magnifiques dessins pour The Divine Comedy, sur lesquels il travaille jusqu’à sa mort. Linnell lui présenta un groupe de jeunes artistes, dont Varley, Calvert et Samuel Palmer, qui furent inspirés et stimulés par le pouvoir imaginatif de Blake. Il passa ainsi ses dernières années entouré d’un groupe de disciples admirateurs, qui se transformèrent en une sorte de fraternité appelée les Anciens.


Dans l’art comme dans la vie, Blake était un individualiste qui en a fait un principe de non-conformité. Il avait un préjugé contre la peinture à l’huile sur toile et a expérimenté une variété de techniques dans l’impression couleur, l’illustration, et le tempera. Son travail d’artiste est presque impossible à dissocier de la philosophie complexe exprimée également à travers sa poésie. Il croyait que le monde visible des sens est une enveloppe irréelle derrière laquelle se cache la réalité spirituelle et se donne la tâche impossible de créer un symbolisme visuel pour l’expression de ses visions spirituelles. Il a refusé la voie facile de l’imprécision et la suggestion brumeuse, restant contenu avec rien de moins que le maximum de clarté et de précision.


Pour la plupart de ses contemporains Blake semblait simplement un excentrique, et son génie n’a pas été généralement reconnu jusqu’à la deuxième moitié du XIXème siècle. (Rossetti - un autre peintre-poète avec des penchants mystiques - en était le champion). Sa production était énorme ; il y a d’importantes collections au British Museum, à la Tate Gallery, au Fitzwilliam Museum, à Cambridge et dans plusieurs musées américains.


Ce que je vois

Deux tons dominent cette aquarelle : le jaune pâle et le gris clair. On est d’abord surpris par l’émergence du Christ telle une Tour Eiffel. Sa longue tunique vaporeuse et translucide s’évase vers les pieds en racines. On ne peut que penser aux quatre fleuves qui sortent de l’arbre de vie dans la mosaïque (1er quart du XIIe siècle) du triomphe de la Croix de la Basilique Saint-Clément de Rome.



De Jésus vont couler des fleuves d’eau vive qui vont abreuver toute l’Église, en commençant par les trois apôtres, Pierre, Jacques et Jean, aux pieds du Christ.

Un fleuve sortait d’Éden pour irriguer le jardin ; puis il se divisait en quatre bras : le premier s’appelle le Pishone, il contourne tout le pays de Havila où l’on trouve de l’or – et l’or de ce pays est bon – ainsi que de l’ambre jaune et de la cornaline ; le deuxième fleuve s’appelle le Guihone, il contourne tout le pays de Koush ; le troisième fleuve s’appelle le Tigre, il coule à l’est d’Assour ; le quatrième fleuve est l’Euphrate. (Gn 1, 10-14)

Jésus paraît jeune, le visage souriant, et baignant dans un halo lumineux. Ses deux mains semblent rassurer, non seulement ses interlocuteurs, mais ceux qui regardent cette aquarelle.


Des derniers plis de sa robe paraissent naître Moïse, à gauche, et Élie à droite. Les deux sont en prière, mains jointes et le regard tourné vers le Messie. Moïse se reconnaît à ses deux traditionnelles cornes. Rappelons simplement que dans le texte hébraïque, lorsque Moïse descend de la montagne après avoir vu Dieu, il rayonnait. La traduction de saint Jérôme, en latin, la Vulgate, a par erreur écrit « avec des cornes » au lieu de « rayonnait ». Simple erreur de transcription mais qui laissa des traces dans l’iconographie. En fait, par sa traduction, saint Jérôme a activé une signification latente moins usitée du verbe hébreu qaran (rayonner) en faisant jouer sa racine qèrèn, qui signifie, en effet, « corne ».


Derrière eux apparaissent timidement deux figures ailées. Deux anges dont on distingue les pennes des ailes, et dont le visage rayonne de flammes. Pourtant, ils ne sont pas nommés dans le texte évangélique.


À leurs pieds, les trois apôtres, Pierre, Jacques et Jean. Au centre, Jean certainement, est encore assoupi. Alors que les deux autres viennent de se réveiller et contemplent cette théophanie. Leur visage semble effrayé, ou du moins inquiet. Ce qui est ici intéressant est la correspondance entre deux mondes. En haut, le ciel, en bas la terre.


Et trois personnages du ciel qui trouvent leur réponse sur terre. Sous Jésus, Jean le disciple bien-aimé. Sous Moïse, Pierre. Moïse fut la pierre sur laquelle Yahweh a bâti son peuple. Pierre sera la pierre sur laquelle Jésus bâtira son Église. Élie fut le prophète par excellence. Jacques, premier évêque de Jérusalem fut un des premiers à écrire des lettres apostoliques. pourtant, Eusèbe de Césarée contestait déjà cette attribution :

« On dit qu'il [Jacques, frère du Seigneur] est l'auteur de la première des épîtres appelées catholiques. Mais il faut savoir qu'elle n'est pas authentique : en tout cas peu des anciens en ont fait mention... Cependant nous savons que ces lettres sont lues publiquement avec les autres, dans un très grand nombre d'églises. » (Histoire ecclésiastique, II, 23, 24).
« Parmi les livres contestés, mais reçus pourtant par le plus grand nombre, il y a l'épître attribuée à Jacques... » (Ibid., III, 25, 3).

Notons enfin que nous retrouvons ces trois figures primitives de l’art : le carré, le triangle et le cercle. J’ai déjà commenté cela le jour de la Transfiguration. Le triangle formé par Jésus et les deux prophètes est très net. De même, ce cercle, ou plutôt cette ellipse que forme la mandorle (l’amande) qui entoure le Christ. Cette mandorle, comme l’expliquera avec verve Henri Vincenot (Les étoiles de Compostelle, 1982) dessine l’appareil matriciel de Dieu puisque Jésus fut engendré et non créé.


Concis

L’évangile de Marc est toujours plus concis que les autres synoptiques. Il est vrai qu’il a été souvent considéré comme le plus proche du texte originel des évangiles synoptiques, la Source, Quelle en allemand : le texte Q. Il est est très proche d’un script théâtral avec des dialogues et des didascalies.


Certains ont douté que cette scène soit relatée au bon endroit. Fait-elle vraiment partie de la vie publique de Jésus ante mortem ? Peut-être se trouvait-elle à l’origine placée dans parmi les apparitions du Christ après sa résurrection. Elle paraît être, en effet, une sorte d’anticipation, ou d’ébauche à l’Ascension.


Toujours est-il que cette Transfiguration fait partie des textes qui unissent le plus le Premier et le Nouveau Testament. Il est empli de références vétérotestamentaires.


La Bible hébraïque

Bien sûr, il y a d’abord cette montagne. On ne peut que penser à la révélation de Dieu qu’eut Moïse sur la montagne du Sinaï (Ex 24, 9 et Ex 34, 29) :

Et Moïse gravit la montagne avec Aaron, Nadab et Abihou, et soixante-dix des anciens d’Israël. Ils virent le Dieu d’Israël : il avait sous les pieds comme un pavement de saphir, limpide comme le fond du ciel.
Lorsque Moïse descendit de la montagne du Sinaï, ayant en mains les deux tables du Témoignage, il ne savait pas que son visage rayonnait de lumière depuis qu’il avait parlé avec le Seigneur.

Dieu se montre toujours sur les hauteurs, plus proche du ciel où il réside. Ce n’est certes pas la montagne où Jésus a affronté Satan (Mt 4, 8) mais plutôt celle où il a aussi convoqué ses apôtres après la résurrection (Mt 28, 16-20). Et il y va pour prier. Tous les grands événements de la vie publique naissent de la prière. Le Père Sevin, jésuite, disait :

Toute activité quelconque se prépare dans la prière.

Mais en plus, ici, c’est toute la Bible, toute la Parole de Dieu qui se donne à voir. La Bible hébraïque était composée de trois parties : la Loi, les Prophètes et les autres Écrits (que l’on appelle aussi la Sagesse). Moïse est la figure emblématique de la Loi. N’est-ce pas lui, comme on vient de le lire, qui descendit de la montagne avec les Tables de la Loi ? N’est-ce pas lui qui fut considéré comme le « rédacteur » de la Torah, les cinq premiers livres bibliques. Et en plus, nul ne sait où il est enterré...


Et puis, il y a Élie. Lui aussi est une figure emblématique. Celle des prophètes. D’abord, il est celui qui annoncera le retour du Messie. Jésus refera même un certain nombre de miracles à l’identique de ceux d’Élie. Enfin, il ne mourut pas puisqu’il fut emmené au ciel dans un char de feu sous les yeux médusés de son disciple Élisée (2 R 2, 10-12) :

Élie reprit : « Tu demandes quelque chose de difficile : tu l’obtiendras si tu me vois lorsque je serai enlevé loin de toi. Sinon, tu ne l’obtiendras pas. » Ils étaient en train de marcher tout en parlant lorsqu’un char de feu, avec des chevaux de feu, les sépara. Alors, Élie monta au ciel dans un ouragan. Élisée le vit et se mit à crier : « Mon père !... Mon père !... Char d’Israël et ses cavaliers ! » Puis il cessa de le voir. Il saisit ses vêtements et les déchira en deux.

La Loi et les Prophètes sont bien représentés. La Sagesse ? Qui d’autre que le Christ ? Et je vous rappelle qu’à la suite des consignes d’Alcuin, liturgiste de Charlemagne au début du IXe siècle, le prêtre, lorsqu’il proclame l’évangile, est accompagné de deux cierges. L’un est Élie, l’autre Moïse, quant au prêtre, il est le Christ, Sagesse incarnée.

Pierre de Blois ira jusqu’à écrire (Sermon 66, De la Transfiguration, Pl 202,846) :

Moïse est apparu comme le type de la miséricorde et Elie comme celui de la justice et de la sévérité

Les trois tentes

Les disciples dorment. Peut-être ont-ils sombré dans la même torpeur angoissante qui prit Adam avant la naissance d’Ève (Gn 1, 21) :

Alors le Seigneur Dieu fit tomber sur lui un sommeil mystérieux, et l’homme s’endormit. Le Seigneur Dieu prit une de ses côtes, puis il referma la chair à sa place.) Comme à Gethsémani...

Pierre, effrayé, se propose de monter trois tentes. Il ne s’agit pas de tentes de feutre, comme celles des Bédouins. Mais de huttes de branchages, comme celles que les Juifs dressaient au moment de la vendange. Comment le peuple hébreu aurait-il pu oublier les quarante ans qu’il a passé dans le désert, ce temps de l’Exode avant de rejoindre la Terre Promise ? Cet événement fut tellement majeur qu’ils instituèrent une fête, la fête des tentes, pour leur rappeler (Lv 23, 33-36) :

Le Seigneur parla à Moïse et dit : « Parle aux fils d’Israël. Tu leur diras : À partir du quinzième jour de ce septième mois, ce sera pendant sept jours la fête des Tentes en l’honneur du Seigneur. Le premier jour, celui de l’assemblée sainte, vous ne ferez aucun travail, aucun ouvrage. Pendant sept jours, vous présenterez de la nourriture offerte pour le Seigneur. Le huitième jour, vous tiendrez une assemblée sainte, vous présenterez de la nourriture offerte pour le Seigneur : ce sera la clôture de la fête. Vous ne ferez aucun travail, aucun ouvrage.

Mais la véritable tente n’est-elle pas Jésus, celui qui protège son peuple (Is 4, 4-6) ? :

Quand le Seigneur aura lavé la souillure des filles de Sion, purifié Jérusalem du sang répandu, en y faisant passer le souffle du jugement, un souffle d’incendie, alors, sur toute la montagne de Sion, sur les assemblées qui s’y tiennent, le Seigneur créera une nuée pendant le jour et, pendant la nuit, une fumée avec un feu de flammes éclatantes. Et au-dessus de tout, comme un dais, la gloire du Seigneur : elle sera, contre la chaleur du jour, l’ombre d’une hutte, un refuge, un abri contre l’orage et la pluie.

N’est-ce pas cette même nuée qui va les couvrir peu après (verset 7). Ce même Jésus, ce verbe qui a « planté sa tente parmi nous » (Jn 1, 14) :

Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous (grec : καὶ ἐσκήνωσεν ἐν ἡμῖν - il a planté sa tente parmi nous), et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.

Effrayante nuée

Car, lorsque les deux prophètes disparaissent aux yeux des apôtres, Jésus reste seul. Eux sont saisis de frayeur, et même de terreur (verset 6). Et la nuée les couvre de son ombre. Cette même nuée, mélange de ténèbres et de feu, cette nuée qui guidera le peuple quarante années dans le désert de l’Exode, cette nuée qui arrêtera les Égyptiens, cette nuée qui repose sur la tente de la rencontre. Thomas d’Aquin verra en elle le signe de l’Esprit-Saint (Spiritus fuit nubes lucida in die Transfigurationis). L’Esprit fut révélé dans la nuée au jour de la Transfiguration).


Et il y a de quoi être effrayé, terrifié. Même si l’on sait que l’on est devant la Présence de Dieu, la Shekinah... Encore plus si on en est conscient... Qui voit Dieu meurt. Mais cette nuée sera la nouvelle tente qui nous protégera. Elle apparaîtra aux temps messianiques, inaugurant la venue du Sauveur, comme le décrit le Targum « Neofiti » :

Tous les citoyens d'Israël habiteront dans des huttes afin que vos descendants sachent que [moi, le Seigneur,] j'ai fait habiter les enfants d'Israël dans les nuées glorieuses de ma Shékinah sous l'image des huttes, au moment de leur sortie de la terre d'Égypte.

Jésus seul

Après avoir entendu cette voix, la même qui a retenti le jour du baptême, ils ne voient plus que Jésus, seul. Il me semble que ce verset est la bonne conclusion de l’expérience qu’ils viennent de faire : une expérience de rencontre de toute la Parole de Dieu dans la prière. Ils virent toute la Bible sous leurs yeux. Ils furent aidés par l’Esprit de Dieu. Ils furent protégés par cet Esprit. Et là, il ne voient plus que l’essentiel : Jésus. Car comme le disait Thérèse d’Avila... Dieu seul suffit !



Dieu seul suffit. Prière de Thérèse d’Avila (1515-1582)

Que rien ne te trouble, que rien ne t'effraie, tout passe, Dieu seul demeure, la patience tout obtient ; qui possède Dieu, rien ne lui manque : Dieu seul suffit.


Élève ta pensée, monte au ciel, ne t'angoisse de rien, que rien ne te trouble.


Suis Jésus-Christ d'un grand cœur, et quoi qu'il arrive, que rien ne t'épouvante.


Tu vois la gloire du monde ? C’est une vaine gloire ; il n'a rien de stable, tout passe.


Aspire au céleste, qui dure toujours ; fidèle et riche en promesses, Dieu ne change pas.


Aime-Le comme Il le mérite, Bonté immense ; mais il n'y a pas d'amour de qualité sans la patience.


Que confiance et vive foi maintiennent l'âme, celui qui croit et espère obtient tout.


Même s'il se voit assailli par l'enfer, il déjouera ses faveurs, celui qui possède Dieu.


Même si lui viennent abandons, croix, malheurs, si Dieu est son trésor, il ne manque de rien.


Allez-vous-en donc, biens du monde ; allez-vous-en, vains bonheurs : même si l'on vient à tout perdre, Dieu seul suffit. Amen.



Homélie d’Ambroise de Milan (+ 397) Sur le psaume 45, 2, CSEL 64, 6, 330-331

Le Seigneur Jésus a voulu que Moïse gravît seul la montagne, mais il fut rejoint par Josué. Dans l'Évangile aussi, c'est à Pierre, Jacques et Jean, seuls de tous les disciples, qu'il révéla la gloire de sa résurrection. Ainsi voulut-il que son mystère demeurât caché, et il les avertissait fréquemment de ne pas annoncer facilement ce qu'ils avaient vu à n'importe qui, pour qu'un auditeur trop faible ne trouvât là un obstacle qui empêcherait son esprit inconstant de recevoir les mystères dans toute leur force. Car enfin Pierre lui-même ne savait pas ce qu'il disait (Lc 9,33), puisqu'il croyait qu'il fallait dresser trois tentes pour le Seigneur et ses acolytes. Ensuite, il n'a pas pu supporter l'éclat de gloire du Seigneur qui se transfigurait, mais il tomba sur le sol, comme tombèrent aussi les fils du tonnerre, Jacques et Jean, quand la nuée les recouvrit, et ils ne purent se relever que lorsque Jésus s'approcha et les toucha, leur ordonna de se lever et de calmer leur crainte.


Ils entrèrent donc dans la nuée pour connaître ce qui est secret et caché, et c'est là qu'ils entendirent la voix de Dieu disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour : écoutez-le (Mt 17,5). Que signifie : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ? Cela veut dire - Simon, ne t'y trompe pas ! - que tu ne dois pas placer le Fils de Dieu sur le même rang que les serviteurs. "Celui-ci est mon Fils : Moïse n'est pas mon Fils, Élie n'est pas mon Fils, bien que l'un ait ouvert le ciel, et que l'autre ait fermé le ciel." L'un et l'autre, en effet, à la parole du Seigneur, ont vaincu un élément, mais ils n'ont fait que prêter leur ministère à celui qui a affermi les eaux et fermé par la sécheresse le ciel, qu'il a fait fondre en pluie dès qu'il l'a voulu.


Là où le témoignage sur la résurrection est invoqué, on fait appel au ministère des serviteurs, mais là où se montre la gloire du Seigneur qui ressuscite, la gloire des serviteurs tombe dans l'obscurité. Car, en se levant, le soleil obscurcit jusqu'aux globes des étoiles, et toutes leurs lumières disparaissent devant l'éclat du soleil de ce monde. Comment donc, devant l'éternel soleil de justice, pourrait-on voir encore des étoiles de chair ? Où sont donc ces lumières qui brillaient à nos yeux par quelque miracle ? Toutes sont ténèbres en comparaison de la lumière éternelle. D'autres s'empressent de plaire à Dieu par leurs services, lui seul est la lumière éternelle, en qui le Père se complaît ou en qui, dit-il, "je me suis complu, afin que l'on croie que tout ce qu'il a fait est à moi, et que tout ce que j'ai fait, on croie à bon droit que c'est l'oeuvre du Fils."


Écoutez celui-ci dire de lui-même : Le Père et moi, nous sommes un (Jn 10,30). Il n'a pas dit : "Moïse et moi, nous sommes un." Il n'a pas dit qu'il y a une quelconque communion dans la gloire éternelle entre Élie et lui. Pourquoi préparez-vous trois tentes ? Celui-ci n'a pas sa tente sur la terre, mais au ciel.


Prière

Tu nous a dit, Seigneur, d'écouter ton Fils bien-aimé ; fais-nous trouver dans ta parole les vivres dont notre foi a besoin : et nous aurons le regard assez pur pour discerner ta gloire. Par Jésus Christ.

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