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IIIème Dimanche de Pâques (A)

La première messe…



Les Pèlerins d’Emmaüs

Maurice Denis (Granville 1870 – Paris, 1943)

Huile sur toile, 1895

Signée du monogramme vertical et daté en bas à gauche : MAVD1895

177 x 278 cm

Musée départemental « Maurice Denis – Le Prieuré »

Saint-Germain-en-Laye (Yvelines, France)


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 24, 13-35

Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. » Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.


L’artiste

Présentation du Musée « Maurice Denis » de Saint-Germain-en-Laye

Maurice Denis habite et travaille durant presque toute sa vie à Saint-Germain-en-Laye, tout en faisant de fréquents séjours en Bretagne et en Italie. Dès sa jeunesse et ses études d’art à l’académie Julian, il fait la connaissance de Paul Sérusier qui est comme lui à la recherche de nouvelles solutions esthétiques. Après la leçon de peinture donnée par Paul Gauguin à Sérusier en 1888 à Pont-Aven, le groupe des Nabis se forme et Maurice Denis en fait partie. Surnommé le « Nabi aux belles icônes », il est aussi le théoricien du groupe.


D’abord synthétique et symbolique, un temps proche de l’Art nouveau, sa peinture s’oriente ensuite vers un classicisme renouvelé. Les scènes intimes et familiales, les thèmes religieux, les paysages d’Italie et de Bretagne sont très présents dans son œuvre. Outre des tableaux de chevalet, Maurice Denis réalise en France et à l’étranger de grands décors profanes (salon de musique d’Ivan Morosov à Moscou, coupole du théâtre des Champs-Élysées à Paris…) et religieux (églises Sainte-Marguerite du Vésinet, Saint-Paul de Genève, Saint-Louis de Vincennes…). En 1919, il fonde avec Georges Desvallières les Ateliers d’Art sacré, dans une perspective de renouveau de l’art chrétien. Chercheur et travailleur infatigable, il laisse à sa mort une œuvre considérable.


Le tableau

« Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ». Maurice Denis

Sensible à l’appel de la foi dès ses premières œuvres, un voyage en Italie à la découverte des primitifs et le choc de Fra Angelico au milieu des années 1890 feront évoluer son style vers moins d’audace formelle et de grandes compositions plus religieuses au charme archaïque. Les Pèlerins d’Emmaüs est un tableau fondamental de cette évolution : peint en 1895, il est à cheval entre les deux tendances. Conservé au Musée Maurice Denis de Saint-Germain-en-Laye, plusieurs réductions sont connues de ce grand format de près de trois mètres. Elles ont souvent un côté un peu rigide, comme si le peintre les avait reproduites mécaniquement.


De fait, lorsqu’il peint Les Pèlerins d’Emmaüs en 1895, Maurice Denis est encore très jeune mais déjà connu par ses œuvres et ses écrits sur l’art. Profondément chrétien, il représente une scène tirée de l’Evangile selon saint Luc où Jésus ressuscité célèbre l’Eucharistie devant deux disciples rencontrés sur la route d’Emmaüs, qui vont dès lors le reconnaître. Ce thème, traité à de nombreuses reprises par le peintre, a donné lieu à toute une série de tableaux, celui conservé au musée étant le plus grand. Denis se souvient ici de la leçon de Gauguin et applique des formules fondatrices du mouvement nabi : peindre de mémoire, simplifier, recomposer, unifier. L’économie de moyens vient renforcer l’impact du message. En montrant simultanément deux scènes consécutives – la rencontre avec les pèlerins sur le chemin et le repas partagé dans l’auberge – le peintre insère dans son œuvre une nouvelle dimension de l’espace-temps.


La sobriété des tons, la stabilité de la composition, la présence de personnages et d’éléments familiers de l’artiste (son épouse Marthe et sa sœur, l’abbé Vallet, son père spirituel, le peintre lui-même, le Prieuré à l’arrière-plan…) participent à l’intimité de la scène, à son caractère paisible et recueilli, tout en donnant à penser que quelque chose d’essentiel va se produire.


Ce que je vois

Une pièce sombre, ouverte sur l’extérieur par une porte et une grande baie vitrée. Par la fenêtre, on distingue un bourg bâti sur une colline boisée. Par la porte, un groupe de personnages parle, près du seuil. Derrière eux, deux chevaux harnachés.


L’intérieur est occupé principalement par une grande table couverte d’une nappe blanche et centrée sur un tapis du même ton, posé sur un carrelage en damier noir. Sur la table, deux bougeoirs, trois verres et un pain. Trois personnes sont assises sur de modestes chaises autour de la table. À droite, deux hommes semblent prier, les mains jointes sous le menton. L’homme au second plan est debout, légèrement penché et semble porter une soutane noire. En face d’eux, un homme jeune, revêtu d’une longue tunique blanchâtre, bénit le pain de la main droite, d’un geste typiquement sacerdotal. Une ombre de barbe marque son menton. Derrière lui, deux femmes d’âge différent, portant de longues robes noires, apportent deux plats, l’un telle une patène contient l’hostie, et sur l’autre les burettes nécessaires pour la messe.


Une messe ?

De fait, tout est prêt pour célébrer la messe : les fidèles en prière, le célébrant, l’autel et la nappe, le pain et le vin, les assistants. Jésus, ayant revêtu l’aube, célèbre sa première messe de Ressuscité ! N’avait-il pas été invité par les deux pèlerins à partager le repas pascal avec eux, comme on les voit le faire à la porte ? Et il est vrai que tout le récit d’Emmaüs s’appuie sur le déroulé liturgique de l’eucharistie. Les quatre temps y sont marqués :

  1. L’accueil,

  2. L’écoute de la Parole,

  3. La communion,

  4. L’envoi.

Et lorsqu’on relit le récit avec ce prisme, on retrouve clairement les étapes :

  • L’accueil

Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.

Comme pour la messe, nous devons nous approcher du Seigneur. Et souvent nos yeux sont clos par le péché, nous ne reconnaissons pas le Seigneur présent dans nos vies… À vrai dire, venant à l’église, notre esprit est tellement occupé par nos soucis, obnubilé par des sujets sans importance que nous ne sommes pas prêts… La tristesse nous envahit. Le temps pénitentiel n’est-il pas ce moment où nous pouvons nous « vider » de nous-même, de nos interrogations, de nos lectures obtuses, ou absconses sur le passé qui nous hante. Afin d’ouvrir nos yeux non pas sur le futur, mais sur un avenir, sur ce qui va advenir : la présence mystique du Christ.

L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
  • La Parole

Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.

C’est vrai qu’il nous manque l’intelligence des Écritures. Ou alors, nous ne voulons les entendre que dans un sens, dans celui qui nous arrange ou qui nous plaît, qui nous flatte. C’est une vraie question pour nous… Ne sommes-nous pas fermés à ce qui ne rentre pas dans nos schèmes, dans nos conceptions ? Ne voulons-nous pas entendre la Parole du Christ que sur les aspects qui ne nous dérangent pas ?

  • Moi, j’ai une tendance charismatique… Ne me parlez que du Christ joyeux du lendemain de Pâques !

    • Au risque d’oublier qu’il est passé par la Croix et qu’il nous invite à la nouveauté (« Je viens faire toute chose nouvelle… » Ap. 21, 5)

  • Moi je suis tendance Jean-Paul II, et pas le Pape d’aujourd’hui !

    • Au risque d’oublier que c’est l’Esprit-Saint qui nous envoie un signe en nous donnant tel ou tel Pape.

  • Moi je suis pour la réforme ! Ras-le-bol des choses surannées qui sentent le vieux, des Écritures poussiéreuses.

    • Au risque d’oublier que l’Église c’est aussi toute la Tradition qui la bâtit et la fait vivre.

  • Moi je n’aime pas telle parabole de l’Évangile…

    • Au risque d’oublier qu’on ne peut dépecer la Parole du Christ. Elle est un corpus. Ou alors, je vais faire ma bouillabaisse spirituelle de ce qui me plaît là ou ici.

  • Moi je crois que le seul évêque valable et la seule pastorale digne c’est celle du diocèse de Pétaouchnok.

    • Au risque d’oublier que l’Église est un corps mystique, parfois vieux et lent certes, mais il y a plusieurs demeures dans la Maison du Père. Le tout est de rester dans la maison et d’accepter que d’autres y vivent aussi…

Et je pourrais continuer cette liste ! En fait, le risque commun à tous serait d’extraire de toute la Parole de Dieu que ce qui me plaît. Mais cela, ce n’est pas vivre de la Parole de Dieu, ça, c’est faire de la politique ! Rassurez-vous, les disciples d’Emmaüs, eux aussi, ont fait la même chose. Ils attendaient un prophète puissant, un chef qui allait bouter l’envahisseur romain du pays, le dictateur dont le pays avait besoin pendant ses heures sombres. Et ils n’avaient pas compris, ou ne voulaient pas voir qu’il fallait passer par la Passion et la Croix. Rien n’a changé… Nous voudrions, nous aussi, la Résurrection sans passer par la Croix. Le beurre, l’argent du beurre, et la crémière, sans aller traire les vaches, ni suer pour baratter le lait caillé. Parfois, je me dis aussi que c’est ce que l’on demande implicitement à l’Église, et à nos paroisses et communauté : des tas d’activités, de propositions, mais sans que je sois obligé d’y participer et encore moins de m’investir à les préparer…


Et Jésus vient remettre les choses en place… Vous ne pouvez pas prendre ma Parole, mon Évangile, sans lire avant Moïse et tous les prophètes, sinon vous ne comprendrez rien ou vous tordrez la Parole pour n’en extraire que le suc qui vous sied. La semaine Sainte, c’est un tout : des Rameaux à la Résurrection, en passant par la Cène, la Croix et le silence. Ne choisissez pas, ne sélectionnez pas, mais embrassez ! Embrassez toute la Croix, toute la Vie, toute la Parole, et même toute la mort. Embrassez jusqu’à votre péché : c’est l’unique façon de l’étouffer ! un peu de courage, que diable !

  • La communion

Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.

Oui, un peu de courage… Il en faut pour oser vivre de sa foi dans tous les aspects de sa vie. il en faut pour oser croire en la conversion. Il en faut pour passer du statut de l’écoute passive (comme à l’homélie) au statut de l’action spirituelle. Il en faut pour oser demander au Christ de rester avec nous, et pas simplement de le laisser sur le bord de la route après une heure de messe. Où le trouver ce courage, cette vertu de force ? Dans l’eucharistie ! C’est elle qui va leur ouvrir les yeux sur Dieu et sur eux-mêmes. Et soyons attentifs. Ils ne le reconnurent pas exactement à la fraction du pain, mais quand il le leur donna. C’est en communiant au Corps du Christ qu’ils le reconnaissent. C’est en devenant eux-mêmes le Corps du Christ. « Si le Christ n’est pas ressuscité, ma foi est vaine » disait saint Paul (1 Cor 15, 14). Permettez-moi de le plagier : si ma communion n’est pas sincère, si elle ne peut agir en moi, si je ne veux me convertir, ma foi est vaine, mon statut de chrétien est faux ! Oui, comme le rappelle l’Apocalypse (3, 14-16) :

À l’ange de l’Église qui est à Laodicée, écris : Ainsi parle celui qui est l’Amen, le témoin fidèle et vrai, le principe de la création de Dieu : Je connais tes actions, je sais que tu n’es ni froid ni brûlant – mieux vaudrait que tu sois ou froid ou brûlant. Aussi, puisque tu es tiède – ni brûlant ni froid – je vais te vomir de ma bouche.

Quand nous communions, soyons brûlants du Christ. Laissons-nous brûler. Rassurez-vous, cela ne vous consumera pas, comme pour le buisson ardent (Ex 3, 2) :

L’ange du Seigneur lui apparut dans la flamme d’un buisson en feu. Moïse regarda : le buisson brûlait sans se consumer.

Et quand le Christ brûle en nous, quand la flamme est là, plus besoin de le voir, plus besoin de la lumière comme le dit l’Apocalypse (22, 3-5) :

Toute malédiction aura disparu. Le trône de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville, et les serviteurs de Dieu lui rendront un culte ; ils verront sa face, et son nom sera sur leur front. La nuit aura disparu, ils n’auront plus besoin de la lumière d’une lampe ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les illuminera ; ils régneront pour les siècles des siècles.

Il disparaît en nos regards, car il est notre lumière, car nous devenons son regard, son visage. Nous sommes en-theos, enthousiastes, nous avons Dieu en nous.

  • L’envoi

Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

Alors, et seulement alors, nous pouvons sortir de l’auberge. Et j’ai comme l’impression que les deux ouvertures sur le tableau sont les deux sorties possibles pour nos compagnons :

  • Par la porte pour rejoindre les chevaux et aller au plus vite annoncer la Bonne Nouvelle.

  • Par la fenêtre, pour aller l’annoncer à tous ceux qui résident dans ce village.

Cela me rappelle ce que j’avais déjà écrit sur le monastère Saint-Marc de Florence et ses fresques de Fra Angelico qui ornent chaque cellule monastique :

  • Dans chaque cellule du Couvent Saint-Marc de Florence, Fra Angelico a peint une scène biblique sous la forme d’une fenêtre. Trois ouvertures symbolisaient l’attention du moine : une sur sa communauté (la porte qui donnait sur le cloître), une sur le monde (la fenêtre qui donne sur les toits de la ville), une sur Dieu (la fenêtre peinte par Fra Angelico).



La troisième fenêtre qui vient de s’ouvrir est dans leur cœur, au tréfonds d’eux-mêmes.


Alors, aujourd’hui, laissons-nous transformer par le Christ. Laissons-nous retourner par l’eucharistie. Quittons le tiède de nos vies, pour brûler du Christ Ressuscité.


Homélie de saint Augustin (+ 430), Sermon 234, 1-2, éd des Mauristes 5, 987-988.

Ces jours-ci on lit la résurrection du Seigneur selon chacun des quatre évangiles. Car il est nécessaire de les lire tous, parce que chacun n'a pas tout dit. Mais ce que l'un a omis, un autre l'a dit, et d'une certaine façon, tous ont laissé de la place aux autres, si bien qu'ils étaient tous nécessaires.

L'évangéliste Marc a dit brièvement ce que Luc a développé avec plus de détails au sujet des deux hommes, qui n'appartenaient pas aux Douze, mais qui étaient pourtant des disciples: tandis qu'ils faisaient route, le Seigneur leur apparut et les accompagna. Marc dit seulement, en effet, qu'il apparut à deux voyageurs, tandis que l'évangéliste Luc nous rapporte ce qu'il leur a demandé, ce qu'il leur a répondu, jusqu'où il les a accompagnés, et comment ils le reconnurent quand il partagea le pain. Luc a dit tout cela, nous l'avons entendu.

Quelle est donc, mes frères, la question qui nous intéresse ici? Nous sommes encouragés à croire que le Seigneur est ressuscité., Nous le croyions déjà quand nous avons entendu lire l'Évangile, et nous sommes entrés aujourd'hui dans cette église en y croyant. Pourtant, je ne sais comment cela se fait, mais on entend avec joie ce qui rafraîchit notre souvenir. Cela vient de ce que notre coeur se réjouit quand nous découvrons que nous valons mieux que ces hommes, eux qui marchaient sur la route et à qui le Seigneur apparut.

Car nous croyons ce qu'ils ne croyaient pas encore. Ils avaient perdu l'espérance, et là où ils doutaient, nous-mêmes n'avons aucun doute. Ils avaient perdu l'espérance au Seigneur crucifié; on le voit à leurs paroles. Quand Jésus leur demande: De quoi causiez-vous donc, tout en marchant, et pourquoi êtes-vous tristes?, ils répondent: Tu es bien le seul de tous ceux qui étaient à Jérusalem, à ignorer les événements de ces jours-ci. - Quels événements! répliqua Jésus. Lui qui sait tout, il les questionne lui-même, parce qu'il désire être dans leur coeur. Ils reprennent: Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth: cet homme était un prophète puissant par ses actes et par ses paroles... Et comment les chefs des prêtres l'ont crucifié... Et voilà le troisième jour que cela est arrivé... Alors que nous espérions... <>

Vous espériez, et maintenant vous n'espérez plus? C'est ainsi que vous êtes ses disciples? Le malfaiteur crucifié avec Jésus vous a surpassés! Vous avez oublié celui qui vous instruisait, tandis que le bandit a reconnu son compagnon de supplice: Seigneur, souviens-toi de moi, quand tu viendras inaugurer ton règne (Lc 23,42). Oui, parce que c'est lui qui devait racheter Israël. Cette croix était une école où le maître instruisait le bandit. Le bois où Jésus était cloué devint la chaire de son enseignement. Celui qui vous a rejoints, puisse-t-il vous rendre l'espérance! Et c'est ce qui est arrivé.

Rappelez-vous cependant, frères très chers, comment le Seigneur Jésus, alors que les yeux de ses disciples étaient empêchés de le reconnaître, voulut être reconnu au partage du pain. Les fidèles comprennent ce que je veux dire: eux aussi reconnaissent le Christ au partage du pain, mais de celui qui, recevant la bénédiction du Christ, devient le corps du Christ.


Prière

Garde à ton peuple sa joie, Seigneur, toi qui refais ses forces et sa jeunesse; tu nous a rendu la dignité de fils de Dieu, affermis-nous dans l'espérance de la résurrection. Par Jésus Christ.




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