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IVe Dimanche de Carême (C) - Laetare

De l’icône à la prière -



Le fils prodigue,

Anonyme,

Icône sur bois, XVIe siècle, dimensions inconnues,

Khilandari Monastery, République monastique du Mont Athos (Grèce)


Lecture du livre de Josué (Jos 5, 9a.10-12)

En ces jours-là, le Seigneur dit à Josué : « Aujourd’hui, j’ai enlevé de vous le déshonneur de l’Égypte. » Les fils d’Israël campèrent à Guilgal et célébrèrent la Pâque le quatorzième jour du mois, vers le soir, dans la plaine de Jéricho. Le lendemain de la Pâque, en ce jour même, ils mangèrent les produits de cette terre : des pains sans levain et des épis grillés. À partir de ce jour, la manne cessa de tomber, puisqu’ils mangeaient des produits de la terre. Il n’y avait plus de manne pour les fils d’Israël, qui mangèrent cette année-là ce qu’ils récoltèrent sur la terre de Canaan.


Psaume 33

Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres. Je me glorifierai dans le Seigneur : que les pauvres m’entendent et soient en fête !


Magnifiez avec moi le Seigneur, exaltons tous ensemble son nom. Je cherche le Seigneur, il me répond : de toutes mes frayeurs, il me délivre.


Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage. Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses.


Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (2 Co 5, 17-21)

Frères, si quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. Tout cela vient de Dieu : il nous a réconciliés avec lui par le Christ, et il nous a donné le ministère de la réconciliation. Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui : il n’a pas tenu compte des fautes, et il a déposé en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 15, 1-3.11-32)

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.” Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.” Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer. Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.” Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu 0ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !” Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »


Description de l’icône

En bas à droite, nous voyons le fils appuyé sur son bâton. Il réfléchit, devant les porcs, à ce qu’il va faire. Puis, en, bas à gauche, il est accueilli par son père à qui le peintre a donné les traits du Christ. Au-dessus, les anges chantent la joie du pardon reçu, comme le dit l’évangile quelques versets avant (Lc 15, 10) : « Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. » Ces anges sont appelés, dans les dénominations angéliques, des trônes. Selon le Pseudo-Denys l'Aréopagite (vers 490), les neuf chœurs sont regroupés en trois hiérarchies. La première hiérarchie est constituée par les Séraphins, les Chérubins et les Trônes ; viennent ensuite les Dominations, les Vertus, les Puissances ; puis les Anges, les Archanges et les Principautés. Aux pieds de ces anges, que l’on voit sur cette icône, se trouve le trône de Dieu (d’où leur nom), symbolisé par un coussin impérial. Ce trône est aussi appelé Étimasie et symbolise l’attente de la venue du Christ dans sa Gloire.


Le monastère de Khilandari sur Athos a été fondé pour les moines serbes, il n'est donc pas surprenant de constater que l'inscription sur cette icône est en slave plutôt qu'en grec : IC XC ПРИЕМЛЕ И СПАСЕННА « Jésus-Christ reçoit et sauve... ». Des lettres manquent pour comprendre, mais on peut aisément imaginer que le texte fait allusion à l’accueil et au salut offerts à l’enfant prodigue.


Dans la liturgie orthodoxe, le Carême est toujours précédé par cinq dimanches préparatoires. Le troisième est consacré au Fils prodigue, préparant les coeurs au repentir et au pardon accordé par Dieu. Les Russes appellent ce dimanche du Fils Prodigue Неделя о блудном сыне — Nedelya o bludnom suine, et les Grecs κυριακ τοű σώτου — He Kyriake tou asotou (prononcé ee kiriaki too asotoo en grec moderne). À chacun de ces dimanches correspond une icône qui est mise en avant de l’iconostase pour la dévotion des fidèles.


Vous trouverez en annexe l’homélie écrite au sujet de ce texte évangélique proclamé aussi le XXIVe dimanche de l’année C.


Théologie de l’icône

Pour aider notre prière, nous avons souvent besoin d’un support, que ce soit la musique ou le chant, ou un texte biblique, ou une image, une icône. Cela est important, mais peut aussi être risqué. Car le support peut devenir tellement essentiel que l’on en oublie l’objectif : rencontrer le Christ et chercher la plénitude de l’Esprit. Arrêtons-nous aujourd’hui au sens de l’icône tel qu’en parle l’église orthodoxe. En effet, son sens est profondément théologique, alors que nous, occidentaux, nous voyons plus l’icône comme une décoration (cf. l’homélie du 1er dimanche de Carême), un embellissement.


Je ne vais pas revenir sur la complexe controverse entre iconodules et iconoclastes qui marqua les VIIIe et IXe siècle de l’Église, non seulement orientale mais aussi occidentale (Charlemagne en fut un des acteurs). Pour plus d’explications, je vous invite à lire le livre d’Emanuel Fogliadini : L’image contestée, Cerf, 2017. Toujours est-il que la dévotion accordée aux icônes a triomphé le 11 mars 843 lorsque fut proclamée la restauration de la vénération des icônes, devenue la fête du Dimanche de l'Orthodoxie, que l'Église grecque continue à célébrer chaque année.


Cependant, ce ne fut pas une simple « bataille » sur le droit ou non à représenter Dieu, la Trinité ou les saints. Ce fut aussi, et surtout, l’élaboration d’une véritable théologie de l’icône, comme la décrit Léonide Ouspensky, dans son livre La théologie de l'icône dans l'Église orthodoxe, cerf, 2003. Pour le comprendre, permettez-moi de reprendre les mots d’Olivier Clément (L’Église orthodoxe, PUF, 1961) :

La valeur de l'icône n'est pas seulement pédagogique, elle est mystérique. La grâce divine repose dans l’icône. C'est là le point le plus essentiel, le plus mystérieux de sa théologie: la « ressemblance » au prototype et son « nom » font la sainteté objective de l'image. « L'icône est sanctifiée par le nom de Dieu et par le nom des amis de Dieu, c'est-à-dire les saints et c'est pourquoi elle reçoit la grâce de l'Esprit divin » (saint Jean Damascène, PG 94. 1300). Il faut se rappeler ici toute la conception biblique du Nom comme évocation d'une présence personnelle. L'icône nomme par la forme et par les couleurs, elle est un nom représenté : c'est pourquoi elle nous rend présent son prototype dont la sainteté est communion. Elle est, comme le nom, le moyen d'une rencontre, qui nous fait participer à la sainteté de celui que nous rencontrons. Ainsi, les conclusions du 7e Concile : « ... les saintes et précieuses icônes… doivent être placées dans les églises..., les maisons, sur les routes, que ce soit des icônes de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ ou de notre Souveraine immaculée, la sainte Mère de Dieu, ou des saints anges et des hommes saints et vénérables. Car chaque fois qu'on voit leur représentation par l'image, chaque fois on est incité en les contemplant à se rappeler les prototypes, on acquiert plus d'amour pour eux et on est davantage incité à leur rendre hommage en les embrassant et en témoignant sa vénération, non la vraie adoration qui, selon notre foi, convient à la seule nature divine... Car l'honneur rendu à l'image va à son prototype, et celui qui vénère l’icône vénère la personne qui s’y trouve représentée. »

Ainsi, contempler une icône n’est pas la même chose que regarder un tableau, même représentant un sujet religieux, si beau soit-il. Le tableau me montre une scène évangélique (comme celui en annexe de Baccio Maria Bacci). Il peut parfois faire preuve d’interprétation de la part de l’artiste, avec plus ou moins d’audace (pensez au L’Ascension du Christ de Salvador Dali, par exemple), ou alors d’un « cliché » d’un moment particulier du récit évangélique ou biblique. Mais depuis le XIIIe siècle, il fait rarement preuve d’un souffle spirituel qui peut me faire passer à la prière et à la rencontre avec le divin. En fait, il s’adresse à mon intelligence, voire à ma culture, mais il reste toujours une sorte de barrière presque infranchissable qui m’empêchera de tomber dans le coeur de Dieu, dans la prière intime, dans l’écoute du Christ. L’œuvre picturale occidentale est souvent une représentation, sans être pour autant un appel.


L’icône — comme les fresques dans les églises byzantines, au demeurant — ne sont pas de simples représentations, mais sont surtout des présentations. Le mot est intéressant. On représente une pièce théâtrale, mais on présente un ami. Quand on représente, le sujet concerné n’est pas là : où il est fictif, ou il est absent. Quand on présente, le sujet est, comme son nom l’indique, présent. L’icône n’est pas une représentation, elle est la présentation, comme l’indique le texte d’Olivier Clément, de celui qui est figuré.


Prenons quelques exemples pour le comprendre. D’abord, la question de la perspective. Dans nos tableaux, nous pouvons assez facilement repérer le point de fuite (ce point vers lequel toutes les lignes sont orientées pour donner cette impression de perspective). Quand vous regardez une icône, la perspective est inversée ou inexistante. Inversée car le point de fuite n’est pas dans le fond de l’oeuvre, mais vers nous. C’est ce qui explique cette curieuse géométrie, par exemple, des monuments représentés ou des livres. Ou inexistante car en regardant l’icône, on peut avoir cette impression que les sujets sont superposés sans être mis en perspective. En fait, ce n’est pas nous qui regardons l’icône, comme un tableau en perspective, c’est l’icône — ou plus exactement son sujet — qui nous regarde, et pour reprendre un terme à la mode des années 80, qui nous interpelle.


Un deuxième exemple est celui du paysage. Dans notre peinture occidentale, le paysage a pris une place majeure depuis la Renaissance. À tel point que les scènes bibliques sont parfois « noyées » dans une profusion d’arbres, de villages, de montagnes ou de ciels orageux. Les trois petits personnages d’un centimètre de haut que l’on vous montre sur une toile de deux mètres sont les disciples d’Emmaüs marchant avec le Christ ! L’icône, elle, va faire preuve d’une sobriété qui frise la pauvreté ! Seuls les éléments essentiels à la compréhension du sujet seront représentés : une porte derrière Abraham lorsqu’il rencontre les trois anges, une montagne escarpée symbolisant le Thabor, ou une grotte pour la Nativité. Nul besoin d’en dire trop. Car elle ne doit pas nous distraire. Ce verbe est amusant : distraire, c’est traire en divers sens… Ainsi, distraits, nous ne sommes pas nourris du lait essentiel pour notre vie spirituelle (1 P 2, 2) : « comme des enfants nouveau-nés, soyez avides du lait non dénaturé de la Parole qui vous fera grandir pour arriver au salut ».


Troisième exemple : le canon représentatif. Un orthodoxe n’écrira pas (écrire et non peindre — comment ne pas se rappeler ce que dit le livre des Proverbes (Pr 3, 3) : « Que fidélité et loyauté ne te quittent pas, attache-les à ton cou, écris-les sur les tablettes de ton cœur ! ») une icône n’importe comment. Il va devoir respecter un certain nombre des règles, que ce soit dans la réalisation de l’icône, dans les techniques employés, que dans les canons de représentations. Ceux-ci ont même été condensés dans un livre de Denys de Fourna (1670-1745) : Manuel d'iconographie chrétienne grecque et latine (appelé à l’origine Herminia). Ainsi, toutes les icônes sont creusées dans la planche pour nous faire comprendre qu’en la contemplant, nous entrons dans une autre dimension. Mais une dimension qui ne peut se contenir, qui est plus grande que notre monde. Ainsi, l’auréole, signe de l’Esprit-Saint, empiètera toujours sur les bords : on ne peut enfermer ni tenir l’Esprit (Noli me tangere dira Jésus à Marie-Madeleine : ne me tiens pas).


Vers la prière

Donc l’icône nous invite à changer de dimension, à passer de l’intelligence au coeur. Et c’est en ce sens, pour reprendre le mot d’Olivier Clément, qu’elle est mystérique : elle nous fait entrer dans le mystère. Peut-être même en est-elle la première marche. Mais il ne faudrait pas y demeurer ! Une première marche vers la porte des cieux. Et sur le chemin qu’elle ouvre en versant nos perspectives, elle nous appelle à la prière.


J’en viens donc à mon deuxième point, que je ne ferai qu’initier afin de ne pas vous « saouler » comme on dit aujourd'hui ! La semaine prochaine, j’aborderai la célèbre prière de Jésus. Mais aujourd’hui, à la suite de cette méditation sur le sens de l’icône, je voudrais vous parler de cette prière liturgique en laquelle l’icône à toute sa place.


Le mot liturgie, pour rappel, veut dire « oeuvre publique ». C’est donc une prière, une communion avec Dieu, qui se vit dans un rite particulier et défini (c’est le sens du mot ‘oeuvre’), au sein d’une communauté (c’est le sens de ‘publique’). L’icône va y avoir une place essentielle à plusieurs niveaux.


D’abord par sa simple présence qui est présence divine, mystérique. Pour reprendre un mot déjà donné les deux derniers dimanches, elle est poïétique : elle rend visible l’invisible, elle est à la croisée du visible et de l’invisible. Ainsi, elle va orner l’iconostase, que ce soit par la deisis, ou les douze grandes fêtes, les prophètes et les patriarches. Toutes rendent présentes les figures qui participent ainsi à notre liturgie terrestre, la rapprochant, ou en faisant l’image voilée de la future liturgie céleste. Elles prient avec nous, elles nous inspirent, voire nous expirent les énergies divines. L’iconostase devient la porte du ciel.



Très souvent, devant ce plus ou moins imposant mobilier, des pupitres sont disposées où reposent les icônes du jour : le saint fêté, ou la fête liturgique. Ainsi, l’icône présentée aujourd’hui devait être mise devant l’iconostase le troisième dimanche de préparation au Carême. Le fidèle, en entrant, vient se prosterner devant l’icône (ce que l’on appelle la proskynèse qui veut dire : envoyer un baiser vers) puis l’embrasse en signe de dévotion. Déposer un baiser sur une icône n’est pas neutre : on n’embrasse pas une simple image, mais celui qu’elle figure. On embrasse le saint (ou le Christ, ou la Vierge) pour lui dire notre amour et lui demander son aide.


Lors de la liturgie, que ce soient les offices de la liturgie des heures (appelé Horologion), les célébrations des sacrements, ou la Divine Liturgie (notre messe occidentale), l’icône est mystiquement mise en lumière. Non par un spot ! Mais par les chants et paroles prononcées, car c’est entre autres à elles, comme média, que s’adressent ces mots, afin qu’elles les fassent résonner au Royaume des Cieux.


Ces textes liturgiques sont d’une très grande richesse. Ils sont de véritables appels à Dieu, mêlant l’Ancien et le Nouveau Testament dans une interprétation spirituelle profonde. Prenons par exemple quelques prières chantées lors de ce troisième dimanche du Fils prodigue. Je ne peux que vous inviter à les lire, à les prier en contemplant l’icône de ce jour.


Stichères au Lucernaire des vêpres

J'étais dans le vivant pays de l'innocence - mais j'ai semé le péché sur la terre - J'ai récolté sous la faucille les épis de la négligence - J'ai fait des meules avec les gerbes de mes actes - et ne les ai pas étendues sur l'aire du repentir - Mais je Te prie, notre Dieu qui es avant les siècles et cultives le monde - vanne au vent de ta miséricorde la paille de mes œuvres - verse dans mon âme le blé de l'absolution - porte moi dans les greniers du ciel et sauve moi. Reconnaissons frères la puissance du mystère - Du péché le fils prodigue revient vers le foyer paternel - Toute bonté, le Père part à sa rencontre et l'embrasse - Il lui rend les signes de sa gloire - et comble de joie mystique ceux qui sont en haut en immolant le veau gras - pour que notre vie soit digne d'être au Père qui sacrifia en son amour de l'homme - et à la victime glorieuse, le Sauveur le nos âmes.


Kontakion

Quittant follement ta gloire paternelle dans le mal j'ai dispersé la richesse que Tu m'avais donnée Et je Te dis les paroles du fils prodigue J'ai péché contre Toi, Père compatissant Reçois-moi qui me repens Et fais de moi l'un de tes serviteurs.


Ikos

Chaque jour le Sauveur nous enseigne de sa voix. Écoutons les Écritures, l'histoire du fils prodigue qui revint à la sagesse. Dans la foi imitons son bon repentir. Dans l'humilité du cœur disons à Celui qui voit tous les secrets : Nous avons péché contre Toi, Père compatissant et nous ne sommes plus dignes d'être appelés tes enfants. Mais par nature Tu aimes l'homme. Reçois-moi - Et fais de moi l'un de tes serviteurs.


Apostiches

Mon créateur et mon libérateur, le Seigneur Jésus Christ, * Vierge pure, en sortant de ton sein, * de tout mon être s'est revêtu * pour délivrer Adam de l'antique malédiction; * c'est pourquoi, Vierge Mère de Dieu, * nous ne cessons de t'adresser l'angélique salutation: * Souveraine, réjouis-toi * qui nous protèges et nous défends pour que nos âmes soient sauvées.


Odes

Ode 1

« Chante, 0 mon âme, le cantique de Moïse: * Le Seigneur est mon secours, ma protection, * c'est lui qui m'a sauvé, * il est mon Dieu et je veux le glorifier. »

O Jésus, reçois à présent mon repentir: * comme le Fils prodigue j'ai péché, * comme lui j'ai passé dans l'insouciance toute ma vie, * provoquant ainsi le courroux de mon Dieu.

De l'héritage que jadis tu m'as donné * j'ai sottement dilapidé le divin trésor: * par ma folle vie je me suis éloigné de toi: * accueille-moi, Père très bon, puisque je reviens aussi vers toi.

Gloire: Comme autrefois le Prodigue, accueille-moi, * maintenant, Seigneur, ouvrant pour moi * tes bras paternels, et dans l'action de grâces* je chanterai ta gloire et ta bonté.

Maintenant: Par l'intercession de la Mère de Dieu, * Seigneur, montre-moi ta faveur * et multiplie les signes de ta bonté * en effaçant la multitude de mes péchés. -


Ode 3

« Le stérile désert de mon esprit, * Seigneur, rends-le fertile et fécond,* toi qui veilles à la croissance de tout bien, * dans ta divine bonté.

Ayant perdu la droite raison, * j'ai suivi l'élan de mes passions, * mais comme le Fils prodigue, * daigne, Seigneur, me recevoir.

A l'instar du Fils prodigue * je te crie: Père, j'ai péché; * embrasse-moi, comme tu fis pour lui, * ne me repousse pas loin de toi.

Gloire: O Christ, ouvre larges tes bras * et, dans ta compassion, accueille moi, * car je reviens d'un pays lointain, * celui des passions et du péché.

Maintenant: Belle entre toutes, ô Vierge immaculée, * enrichis mon coeur appauvri par le péché, * donne-lui de contempler ce qui est beau, * afin que je puisse te glorifier.


Cathisme

Seigneur, hâte-toi de m'ouvrir tes bras paternels, * car j'ai follement dépensé toute ma vie; * considère le trésor inépuisable de ta pitié, * Sauveur, ne méprise pas la pauvreté de mon coeur; * vers toi, Seigneur, je crie plein de componction: * Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi.

Gloire au Père .... Maintenant ....

O Vierge inépousée, sainte Mère de Dieu * qui seule nous protèges et nous défends, * délivre le peuple des fidèles qui espère en toi, * de toute menace et de tout danger qui pèse sur lui; * ô Vierge, intercède auprès de Dieu * pour le salut de nos âmes.


Ode 4

« Le Prophète, voyant la Vierge t'enfanter * proclama hautement: Seigneur, j'ai entendu ta voix * et je suis rempli de crainte, * car tu es venu de Théman, * ô Christ, de la sainte montagne ombragée. »

Père céleste, j'ai dépensé honteusement * le trésor des biens que tu m'as donnés, * en devenant esclave chez des étrangers, * et comme le Prodigue je m'écrie: * j'ai péché contre toi, mais accueille-moi comme lui * en me serrant dans tes bras.

Je me suis fait l'esclave des passions; misérable, j'ai servi les artisans d'iniquité; * ma négligence m'a fait perdre la raison; * pardonne-moi, céleste Père et mon Sauveur * en ta riche tendresse je trouve mon abri.

Gloire: Tout rempli de la honte de mes péchés, * je n'ose lever mon regard vers le ciel; * j'ai follement servi l'iniquité, * mais je reviens à toi et, dans ma componction, je m'écrie: * j'ai péché, mais accueille-moi, ô mon Roi.

Maintenant: Auxiliatrice des humains et sûr espoir des chrétiens, * refuge immaculé de ceux qui trouvent le salut, * 0 Vierge, par ton intercession * procure-moi le salut et la vie du siècle à venir.


Ode 5

« La nuit s'écoule, et bientôt paraît le jour, * qui sur le monde fera luire sa clarté; et c'est pourquoi les Anges * tous en choeur font retentir leur chant * pour te giorifier, 0 Christ notre Dieu. »

Comme esclave j'ai servi des étrangers, * je m'en suis allé au pays de corruption, * et je suis rempli de honte, * mais à présent je reviens à toi * et je te crie: Dieu de tendresse, j'ai péché.

Ouvre-moi ton coeur de Père, maintenant, * car je renonce au mal pour revenir auprès de toi; ô Père céleste, * il n'est point de mesure à ta pitié, * ne me repousse pas.

Gloire: Vers le ciel, 0 Christ, je n'ose plus lever les yeux, * puisque j'ai causé, sans mesure, ton courroux; * mais je connais ta clémence, * c'est pourquoi je me permets de crier: * J'ai péché, pardonne-moi et sauve-moi.

Maintenant: Vierge sainte, qui sans peine as enfanté * l'universelle propitiation de nos péchés, * ô Pleine de grâce, * allège le poids trop pesant de mes passions * par tes saintes intercessions.


Ode 6

« Dieu Sauveur, j'enfonce dans l'abîme du péché, * je suis plongé dans l'océan de cette vie, * mais comme Jonas sortit du poisson, * retire-moi du gouffre des passions * et sauve-moi, Seigneur.

Sans cesse m'encercle l'abîme des péchés * et j'enfonce sous la rage de leurs flots; * ô Christ notre Dieu, * conduis-moi jusqu'au havre de la vie; Roi de gloire, sauve-moi.

Le trésor de mon Père, je l'ai dilapidé * et maintenant j 'ai honte de ma pauvreté; * de stériles pensées je me suis fait l'esclave; * c'est pourquoi, Seigneur ami des hommes, je te crie: * Dieu de tendresse, sauve-moi.

Gloire: Affaibli par la privation de tous les biens * pour m'être détourné de toi, Source de bonté, * c'est vers toi que je retourne; * fais-moi grâce, 0 Christ, et sauve-moi, * afin que je chante ton amour pour les hommes.

Maintenant: Vierge pure qui as enfanté * le Christ notre Sauveur et notre Dieu, * regarde ma misère, * rends-moi le bonheur et le salut, * afin que je chante toutes tes merveilles.


En annexe : la méditation du XXIVe dimanche du temps ordinaire (année C)

La part de substance



Le fils prodigue (Il figliol prodigo),

Baccio Maria Bacci (Florence, 1888 - Fiesole, 1974),

Huile sur toile, 1925, 70,5 x 60 cm,

Civico Museo d’Arte Contemporanea, Milan (Italie)


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 15, 1-32)

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : ‘Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !’ Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion. Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ? Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : ‘Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !’ Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. » Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : ‘Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.’ Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il rentra en lui-même et se dit : ‘Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.’ Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : ‘Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.’ Mais le père dit à ses serviteurs : ‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.’ Et ils commencèrent à festoyer. Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : ‘Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.’ Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : ‘Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !’ Le père répondit : ‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »


Le peintre

Baccio Maria Bacci, peintre italien de nus, fit ses études à Florence, Paris, Monaco et en Allemagne. Depuis 1921, il a participé à toutes les grandes expositions de groupe, entre autres à l’Exposition d’Art italien de 1935 à Paris. Il obtint une médaille d’argent de l’Éducation Nationale à Rome en 1931. Dans un style linéaire, il peint des œuvres plus psychologiques que lyriques.


L’œuvre


Extrait du catalogue de l’Exposition au Palazzo Strozzi de Florence en 2015


Bacci décrit le moment de la parabole dans laquelle le jeune homme, tombé dans la pauvreté, devenu gardien de porc et contraint de se nourrir, décide de retourner chez son père. Malgré les citations du XVIIe siècle et du Caravage, pour la lumière et sa valeur symbolique, le tableau conserve une force du XXe siècle dans les choix chromatiques et dans la conduite picturale.


Ce que je vois

Dans un paysage désertique, de collines arides et de marécages, un jeune homme, simplement couvert d’un pagne en poils de mouton et d’une cape jaunâtre, la tête ceinte d’un foulard blanc, est accroupi sur la terre. Son visage tourné contemple, dubitatif, le cochon qui fouille la terre à ses côtés. Aux pieds du garçon, une écuelle vide et un bâton. Son corps est joliment modelé et paraît musclé et souple malgré sa maigreur. On ne peut que penser aux œuvres sculptées par l’artiste préféré du Duce Mussolini, à cette même époque, Aldo Buttini (Aula, 1898 - Carrara, 1957) qui a réalisé les statues athlétiques du Stade des Marbres du Foro Italico de Rome.


Nous sommes devant une œuvre emprunte de tristesse, de mélancolie, et presque d’abandon. Ce jeune homme perdu dans cette nature hostile semble s’interroger sur sa vie, conscient de son dénuement. Peut-être se demande-t-il si le cochon n’est pas plus heureux que lui, inconscient de sa condition et se contentant de ce qu’il trouve au sol. La beauté perdue et abandonnée face à la laideur inconsciente... Aura-t-il le ressort suffisant pour se lever ? Comme le dit l’évangile, il rentre en lui-même... Il espère la miséricorde...


Les paraboles de miséricorde

Luc regroupe trois paraboles appelées les paraboles de la miséricorde. Une seule se retrouvera dans Matthieu (18, 12-14), celle de la brebis perdue. Cet évangile se situe dans la partie que l’on nomme « la montée à Jérusalem », comme si l’évangéliste voulait nous suggérer que la vraie mission du Christ était de nous enseigner la miséricorde, corde principale de son arc pour que la flèche de l’amour nous touche. Je ne peux que vous reporter au sens du mot miséricorde dans le commentaire du VIIe dimanche du Temps Ordinaire, année C (voir plus bas). Mais ici, Jésus va plus loin, car il répond à une contestation.


Le contexte

Regardons bien les premiers versets :

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole...

Jésus va répondre à ces récriminations de la bien-pensance, non pas en interpellant directement ses accusateurs, mais en racontant à la foule ces trois paraboles, réponses discrètes à leurs attaques. Et il va jouer sur les mots et les images. Il mange avec les pécheurs ? C’est vrai. Comme l’enfant prodigue va manger avec les cochons. Il fait bon accueil aux gens de mauvaise réputation. Rappelez-vous Brassens... :


Pas besoin d'être Jérémie
Pour d'viner l'sort qui m'est promis
S'ils trouv'nt une corde à leur goût
Ils me la passeront au cou
Je ne fais pourtant de tort à personne
En suivant les ch'mins qui n'mènent pas à Rome
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux
Tout l'mond' viendra me voir pendu
Sauf les aveugles, bien entendu!

C’est vrai. Mais ce sont des brebis perdues qui attendent qu’on les retrouve. Et des brebis qui ont plus de valeur qu’une simple drachme, qui méritent donc qu’on fasse la fête pour elles.


Charles Péguy le chantait aussi dans Le Mystère du Porche de la Deuxième Vertu (p. 569) :

Par cette brebis égarée, Jésus a connu la crainte dans l’amour.
Et ce que la divine espérance met de tremblement dans la charité même.
Et Dieu a eu peur d’avoir à la condamner...

Se réjouir

De fait, Jésus ne va pas, par ces trois paraboles, exalter tant la miséricorde et la grâce prévenante de Dieu, que exhorter ses auditeurs à la pénitence de la joie. Il faut se réjouir avec Dieu de ce qu’est retrouvé ce qui était perdu. Ce qui importe n’est pas le péché, la mauvaise réputation ou le jugement moral de certains, ce qui importe est que le pécheur peut retrouver le bon chemin, se convertir, se laisser envahir par la grâce du pardon et de l’amour. Et c’est cela que n’entendent pas scribes et pharisiens. Ils en restent à leur morale corsetée, à leur opinion indétrônable, au jugement qu’ils portent du haut de leur superbe. Car c’est bien là le débat, pour ne pas dire le combat : la superbe contre l’humilité ; le jugement contre la miséricorde ; la condamnation contre le pardon ; la haine contre contre l’amour ; la loi contre la grâce... Ou dit en d’autres termes : ce qui est mort face à ce qui vit, ce qui est figé face à ce qui se meut... Comme l’écrivait Pierre de Lagarde, c’est Le grand duel entre culture sédentaire et esprit nomade (Buchet/Chastel, 1997) ! Et au milieu de ce combat : la capacité à se réjouir, la foi en la conversion possible. Et parfois, écoutant quelques remarques au sein de l’Église, je me dis que les deux groupes se révèlent avec clarté lorsque l’on aborde la question de la sainteté possible de Jacques Fesch (1930-1957)... Mais aujourd’hui, arrêtons simplement sur la troisième parabole, celle du fils prodigue.


Une lecture personnelle

J’ai déjà abordé à plusieurs reprises la question des quatre sens de l’Écriture, résumée en cette sentence en vers par Augustin de Dacie (mort en 1282) :

« Littera gesta docet,
quid credas allegoria,
Moralis quid agas,
quo tendas anagogia. »

ce qui signifie :

« La lettre instruit des faits qui se sont déroulés,
L’allégorie apprend ce que l’on a à croire,
Le sens moral apprend ce que l’on a à faire,
L’anagogie apprend ce vers quoi il faut tendre. »

J’aimerais aujourd’hui reprendre cette méthode pour sortir d’une lecture de cette parabole souvent moralisante. Ces quatre sens sont comme des marches. En sauter une, c’est risquer de se fouler la cheville. Ne pas les prendre toutes, c’est risquer de ne pas atteindre le sommet, la « substantifique moelle » de l’Écriture, pour reprendre l’expression de Rabelais (Gargantua, 1534). Bien sûr, c’est mon interprétation. Je ne la prétends pas unique. À chacun de voir ce que Dieu lui dit...


Lecture littérale

Le mieux est de plonger dans le texte original en grec. Et de se rendre ainsi compte que nos traductions liturgiques ont parfois appauvri le sens profond du texte. J’en veux pour exemple :

  • Verset 12 : la part d’héritage. Mais le mot grec est « ousia » (ουσία) et peut avoir plusieurs significations comme « avoir » ou « substance ». Et le Père, suivant le texte grec, va partager « ses moyens de vie ».

  • Verset 13 : Le fils dilapide-t-il tout dans une vie de désordre ? Le texte dit plutôt qu’il dilapide son avoir en vivant immodérément. C’est bien là le sens de la parabole : le fils prodigue. Il fait preuve de prodigalité. C’est-à-dire qu’il donne avec largesse, avec libéralité, dépensant sans compter. Sans modération, peut-être même sans prudence. Mais il n’est nullement écrit que ce fut dans une vie de débauche, avec des prostituées comme l’affirme plus tard le fils aîné (verset 30).

  • Verset 14 : sa privation vient de la famine qui survint, non de l’abandon des autres.

  • Verset 15 : mais un « ami » va l’aider en lui procurant un travail, faire paître des cochons. Rappelons-nous que c’est l’animal impur par excellence. Seuls les païens élèvent des cochons (Mac 5, 11). Il est donc au milieu des pécheurs.

  • Verset 16 : Ce verset est très curieux. Qu’est-ce qui l’empêche de se rassasier de ces caroubes (fruit de l’arbre, le caroubier. Rappelons que c’est ce mot qui donne le terme « carat » qui correspond au poids d’une graine de caroube, 0,20 gramme) ?

  • Verset 17 : « Il rentre en lui-même », sorte de réflexion introspective. Mais qu’est-ce qui la déclenche ? Sa faim ! Il a mal au ventre. Et il calcule... Même s’il devenait, à son retour, ouvrier de son père, il mangerait mieux ! Sa libéralité se transforme petit à petit en désir de satiété. Comme si de fils prodigue, il devenait homme affamé.

  • Versets 18 et 19 : Le verset commence par ce mot grec « anastas » qui peut aussi se traduire « ressuscité »... Notons bien ce petit discours « attendrissant » (dans le sens exact du terme) qu’il se propose de déclamer à son père espérant au moins retrouver une place d’ouvrier. Trois parties : il fait l’aveu de son péché / il reconnaît son indignité, sa contrition / il demande la dernière place. De fait, l’attrition (détestation et regret du péché pour le mal qu’il nous fait, et donc pas pour le plaisir reçu) se transforme rarement chez l’homme en contrition (détestation et regret du péché pour le mal qu’il fait à la personne aimée)...

  • Verset 20 : « Et s’étant levé », même verbe : anastaisno (ανασταίνω) que l’on peut traduire par ressusciter. Quant au Père, il est ému aux entrailles. Rappelons-nous le sens du mot miséricorde... Et même, oubliant le péché, il rejoint le pécheur en courant vers lui. Il sort, comme le berger qui va chercher la centième brebis.

  • Verset 21 : Le fils ne dit pas tout ce qu’il avait prévu. La dernière demande est tronquée. Il semble même que le Père l’empêche de le dire, le coupant.

  • Verset 22 : Le père s’adresse aux serviteurs. Mais qui sont-ils, en vérité ? Et il demande trois choses pour son fils : « la première robe » (et non la plus belle), « l’anneau à la main » (et non l’alliance) et « les sandales aux pieds » (et non des chaussures).

  • Verset 23 : Puis le sacrifice du veau gras et de manger en faisant bombance (et non de festoyer).

  • Verset 24 : Et pourquoi ? Car le fils 1. Était mort, 2. Revit (ressuscite), 3. Était perdu (comme la brebis ou la drachme), 4. Fut retrouvé (comme la brebis et la drachme).

  • Verset 25 : l’aîné (πρεσβύτερος, prêtre...) est aux champs. En s’approchant, il entend orchestre et choeur (et non musique et danse). Cela rappelle la rivalité d’Ésaü et de Jacob...

  • Verset 26 : Il appelle un des « garçons » (et non pas un serviteur).

  • Verset 27 : C’est la bonne santé du fils qui réjouit le Père.

  • Verset 28 : « Il se mit en colère ». Il est intéressant de noter que le mot en grec se dit « orgueil ». Pourquoi refuse-t-il d’entrer ? Ne veut-il pas se compromettre ? Comme les scribes et les pharisiens qui restent à la porte et ne veulent être des commensaux ?

  • Verset 29 : « Jamais je n’ai passé outre à un commandement »... vocabulaire typiquement religieux, pour ne pas dire pharisien ! Ainsi, ils peuvent comprendre que Jésus souligne leur mérite. Mais leur tort ne serait-il pas de penser seulement que Dieu se conduit premièrement d’après notre conduite, alors que tout vient de son Amour, qui demeure quelle que soit notre conduite ?

  • Verset 30 : Et ce fils aîné marque sa distance avec son frère, l’appelant « ton fils ». Le Père rétablit la situation le désignant comme « ton frère » (verset 32). Notons le mensonge, ou du moins l’interprétation jalouse (ou envieuse pour être plus juste) du fils aîné, attribuant à son frère une vie de débauche avec les prostituées. Comment pourrait-il le savoir ? Ou bien est-ce une façon de reprocher à son frère ce que lui-même se reproche ? Et ce qu’il l’accuse d’avoir dilapidé n’est pas sa part d’héritage, de substance (ουσία) mais « le moyen de vie » (βιον).

  • Verset 31 : le Père lui répond parlant non des moyens de vie, mais de son bien, ce qui est à lui, qui lui appartient. On pourrait presque dire « son être ».

  • Verset 32 : il ne nous est pas précisé si le fils aîné rentre dans la maison...

Nous pouvons maintenant que nous avons lu dans le détail la parabole, voir quelle signification allégorique elle contient.


Lecture allégorique

Je commencerai par un extrait de Tertullien (De Paenitentia, ch. 8) :

Et que nous veulent les paraboles du Seigneur ? que signifie cette femme « qui perd sa drachme, la cherche, la retrouve, et invite ses amis à se réjouir avec elle ? » n'est-elle pas un symbole du pécheur rendu à la grâce ? « Une brebis vient à s'égarer; toutefois le troupeau tout entier n'est plus cher au pasteur ; c'est après elle seule qu'il court, c'est elle seule qui lui fait oublier toutes les autres ; et quand enfin il la trouve, il la rapporte sur ses épaules, » car elle s'est beaucoup travaillée en errant çà et là. Passerai-je sous silence ce père miséricordieux « qui rappelle l'enfant prodigue, l'accueille avec tant de joie lorsque l'indigence l'a conduit au repentir, immole le veau gras, et célèbre son bonheur par un banquet de réjouissance ? » Et pourquoi non ? il a recouvré le fils qu'il avait perdu ; le fils qu'il a gagné de la sorte lui est devenu plus cher encore. De quel père s'agit-il sous cet emblème ? De Dieu. Personne n'est aussi père que lui, personne n'est aussi miséricordieux. Tu es son fils : tu as beau avoir dissipé ce que tu as reçu de lui, tu as beau revenir pauvre et nu, il te recevra, par là même que tu es revenu à lui. Que dis-je ? ton retour lui donnera plus de joie que toute la fidélité des autres ; mais à quelle condition ? Si tu te repens du fond de l'âme ; si tu compares ta faim avec l'abondance des serviteurs de ton père ; si tu abandonnes les pourceaux, troupe immonde; si tu retournes vers ton père, quelque courroucé qu'il soit ; si tu lui dis : « Mon père, j'ai péché ; je ne mérite plus d'être appelé votre fils ! » On se soulage du poids de ses péchés en les confessant, autant qu'on les aggrave en les dissimulant. La confession est un commencement de satisfaction ; la dissimulation un acte de révolte.

Il nous donne ici une clé de lecture. C’est une parabole, et donc les personnages sont « paraboliques », ils sont des images. Une parabole (du grec παραϐολή, « rapprochement, comparaison ») est une des variétés de l’allégorie. Présente dans la Bible où elle joue le rôle de l’apologue et de la fable, surtout les Évangiles, qui l'ont empruntée au midrash hébreu. Le midrash (une méthode herméneutique d’exégèse biblique opérant principalement par comparaison entre différents passages bibliques) a pour racine le verbe darash qui veut dire « chercher ». Le Dictionnaire International des termes littéraires précise :

Nom hébreu masculin singulier formé sur la racine d-r-sh, plus précisément sur le verbe darash : exiger, interroger, examiner, d'où interpréter en profondeur

Nous sommes appelés à chercher, à nous interroger pour comprendre...

  1. Première interrogation : qui est le Père ? Tertullien nous a donné la réponse : le Père des cieux !

  2. Deuxième interrogation : alors, qui sont les fils ? Le plus jeune ne pourrait-il pas être Jésus, qui vient prendre sa part de « substance » (de même substance que le Père : consubstantiálem Patri). Qui part loin (il y a un bout entre le ciel et la terre...). Il dilapide toute cette substance auprès des païens : amour, pardon, miséricorde, parole, beauté, etc. Il se retrouve avec les cochons : n’est-ce pas le cas quand il mange avec les pécheurs, ce que lui reprochent les pharisiens comme introduction des trois paraboles. Et ce n’est pas la parole de ceux qui se croient les gardiens du troupeau (pharisiens et scribes) qui va le nourrir. Leurs caroubes sont sèches, comme le figuier de la loi qui ne donne plus de fruits mais seulement des feuilles, des articles (Mt 21, 19). N’a-t-il pas, lui aussi, faim de l’amour des hommes ? Ne s’est-il pas dépouillé de tout, jusqu’à ne plus rien avoir que sa vie sur la croix (Ph 2) ? Ne va-t-il pas « se lever », ressusciter, pour rejoindre son Père ? Et lorsqu’il remonte, n’est-ce pas avec toute son humanité, NOTRE humanité ? Nous y reviendrons.

  3. Troisième interrogation : le Père a deux fils ? Et si le plus jeune représente Jésus, qui est le premier ? Peut-être Adam, le premier qu’il a façonné de ses mains... Celui à qui il a tout donné au Paradis, mais qui n’a pas su en profiter... Celui qui a été expulsé de la maison de Dieu et qui doit travailler la terre. Celui que le Père veut faire revenir, par le plus jeune fils, au Paradis, mais qui reste au seuil.

  4. Quatrième interrogation : et qui sont les autres personnages ? Les cochons... les pécheurs ! Les serviteurs qui vont revêtir le fils ? Peut-être les prêtres au service de la Parole du Père. Le garçon qui parle au fils aîné ? Peut-être, un jeune saint qui partage la table du Père. Table où résonne, comme promis dans l’Apocalypse, musique et chœurs célestes.

  5. Cinquième interrogation : que veut dire ce retour à la Maison du Père ? Quand le fils remonte, quand Jésus ressuscite, n’est-ce pas avec son corps d’homme ? N’est-ce pas une part de nous-mêmes qui remonte au ciel ? Et c’est là où nous basculons dans la lecture morale...

Lecture tropologique ou morale

Si ce fils est l’image de l’homme pécheur, par son humanité qu’il a revêtu, alors c’est aussi, à partir de ce moment-là qu’il devient un peu chacun de nous. Et qu’est-ce qui nous fait retourner vers Dieu ? Souvent notre mal au bide ! Le péché nous retourne les entrailles, nos erreurs nous nouent les intestins... Ce ventre qui aurait dû porter celui qui nous porte est torturé, broyé. Tant de psaumes le disent... Alors, souvent par attrition plus que par contrition, nous désirons retourner au Père, retrouver le Paradis perdu, de paix, de bien-être, d’hésychasme...

L'hésychasme (du grec ἡσυχασμός, hesychasmos, de ἡσυχία, hesychia, « l'immobilité, le repos, calme, le silence ») est une pratique spirituelle mystique enracinée dans la tradition de l'Église orthodoxe et observée par l'hésychaste (en grec ἡσυχάζω, hesychadzo, « être en paix, garder le silence »).

Alors, nous rentrons en nous-mêmes. Rappelons-nous ce que disait saint Augustin du tréfonds de nous-mêmes (Confessions, III, 6, 11) :

Bien tard je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard je t’ai aimée ! Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors et c’est là que je te cherchais, et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me ruais ! Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ; elles me retenaient loin de toi, ces choses qui pourtant, si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas !

Et se crée en nous le désir de rejoindre le Père. À tout prix... même au prix de notre esclavage. Nous sommes prêts à nous dénigrer, à nous dévaluer pour retrouver Dieu. Alors que, comme le disait Isaïe (43, 4) :

Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime...

Et le chemin est long jusqu’à Dieu. Long chemin de Carême pour avoir le temps de mesurer notre péché, retrouver confiance en nous, pécheurs. Long chemin à la fin duquel Dieu nous attend, et depuis longtemps, pour ne pas dire depuis toute éternité.


Et quand nous arrivons, quand il nous embrasse, il ne nous laisse pas nous humilier. Dieu aime l’humilité mais pas l’humiliation... Jamais il ne nous laissera quémander une place d’esclave, car celle qu’il nous réserve est à ses côtés. Alors, dans la confession de notre péché devant ses serviteurs, les prêtres, il nous fait cadeau :

  • de la première robe, celle du baptême. Il nous rend la pureté que nous avons reçu ce jour-là. Peut-être même celle que reçurent Adam et Ève des mains de Dieu (Gn 3, 21) ? Ou de celles de Joseph, reçue de Jacob (Gn 37, 3) ou de Pharaon (Gn 41, 41-42) :

Pharaon dit à Joseph : « Vois ! Je t’établis sur tout le pays d’Égypte. » Il ôta l’anneau de son doigt et le passa au doigt de Joseph ; il le revêtit d’habits de lin fin et lui mit autour du cou le collier d’or.

  • Cet anneau que Joseph a aussi reçu de Pharaon, anneau qui donne la possibilité d’attester du sceau divin tous les actes. Sceau que nous avons reçu à notre baptême et à notre confirmation : celui de l’Esprit-Saint. Mais aussi anneau des grâces que nous avons dilapidées et que Dieu nous rend, intactes ! Sceau qui nous donne l’autorité du souverain lui-même (Est 3, 10-13), marque distinctive des élus (Ez 9, 4) :

« Passe à travers la ville, à travers Jérusalem, et marque d’une croix au front ceux qui gémissent et qui se lamentent sur toutes les abominations qu’on y commet. »

  • Les sandales, de la liberté. C’est la tenue de l’homme libre, par opposition à l’esclave. Mais c’est aussi la tenue nécessaire pour le repas de la première Pâques (Ex 12, 11). C’est donc bien un retour en grâce qui nous est offert, transformant notre être de fils repenti afin de restaurer l’Alliance que va sceller le repas sacrificiel (Gn 18, 7) :

Puis Abraham courut au troupeau, il prit un veau gras et tendre, et le donna à un serviteur, qui se hâta de le préparer.

  • Car c’est bien le sacrifice. Sacrifice du veau gras, sacrifice de l’Alliance, sacrifice de l’Agneau, du repas Pascal, du banquet du Royaume des Cieux, de chaque eucharistie.

Et c’est bien vers ce repas que nous montons, vers cette allégresse anagogique.


Lecture anagogique ou mystique

De fait, que nous dit cette parabole ? Que pouvons-nous en tirer pour notre vie spirituelle ? Plusieurs choses, plusieurs caroubes dont chacun pourra se nourrir :

  • D’abord qu’il nous faut lire les paraboles avec les yeux de la morale, celle qui nous fait grandir, celle qui condamne le péché mais aime le pécheur, et non avec les yeux moralisateurs de la bien-pensance pharisienne.

  • Qu’il nous faut chercher la présence de Dieu, non en dehors de la maison, mais au tréfonds de nous-mêmes. N’ayons pas peur de nos « maux de ventre » !

  • Que si nous retournons vers lui, alors il nous accueille, nous embrasse. Qu’il nous rendra notre pureté baptismale, qu’il nous redonnera grâce sur grâce, dans la liberté, et que le festin que nous partageons à chaque eucharistie sera encore plus merveilleux au Royaume.

  • Je n’en dirai pas trop car c’est de l’ordre du mystère intime que Dieu entretient avec chacun de nous. Mais, pour terminer, simplement qu’il nous faut convertir le vieil Adam en nous, en fils prodigue, prêt à tout donner aux autres, jusqu’à notre vie (« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » Jn 15, 13) 1 Cor 15, 45-58 :

L’Écriture dit : Le premier homme, Adam, devint un être vivant ; le dernier Adam – le Christ – est devenu l’être spirituel qui donne la vie. Ce qui vient d’abord, ce n’est pas le spirituel, mais le physique ; ensuite seulement vient le spirituel. Pétri d’argile, le premier homme vient de la terre ; le deuxième homme, lui, vient du ciel. Comme Adam est fait d’argile, ainsi les hommes sont faits d’argile ; comme le Christ est du ciel, ainsi les hommes seront du ciel. Et de même que nous aurons été à l’image de celui qui est fait d’argile, de même nous serons à l’image de celui qui vient du ciel. Je le déclare, frères : la chair et le sang sont incapables de recevoir en héritage le royaume de Dieu, et ce qui est périssable ne reçoit pas en héritage ce qui est impérissable. C’est un mystère que je vous annonce : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés, et cela en un instant, en un clin d’œil, quand, à la fin, la trompette retentira. Car elle retentira, et les morts ressusciteront, impérissables, et nous, nous serons transformés. Il faut en effet que cet être périssable que nous sommes revête ce qui est impérissable ; il faut que cet être mortel revête l’immortalité. Et quand cet être périssable aura revêtu ce qui est impérissable, quand cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors se réalisera la parole de l’Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire. Ô Mort, où est ta victoire ? Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; ce qui donne force au péché, c’est la Loi. Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ. Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, car vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez n’est pas perdue.


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