Nos offenses ou nos dettes ?

Arrestation pour dette
William Hogarth (Londres, 1697 - Londres, 1764)
Panneau n°5 du recueil « A Rake's Progress », Gravure, 1735
Collection privée
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 6, 7-15)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé. Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs. Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. »
Méditation
Vous devez être surpris, comme moi, de la traduction liturgique du Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses » alors que le texte d’évangile parle de dettes. Bien sûr, toute offense est une dette envers l’offensé, une dette qui demande paiement ou réparation. Mais il me semble intéressant d’envisager aussi cette notion d’offense sous cet angle de la rétribution nécessaire. Très souvent, nous l’envisageons sous l’angle de la blessure faite à l’autre qui appelle à la guérison. Mais il est tellement difficile d’évaluer la douleur infligée. Comme à l’hôpital où l’on vous demande la gradation de votre souffrance sur une échelle de un à dix. Toute souffrance est suffisamment douloureuse pour qu’elle soit à 10 ! Ou alors, ce n’est qu’une gêne...
Ainsi, parler de dette laisse entendre que la blessure que nous avons infligé peut être évaluer, mesurer et donc rétribuer. mais certainement pas en quantité car notre échelle de valeur est bien injuste : rappelez-vous le roi qui remet ses dettes à un homme qui, lui, refuse d’en remettre une tellement petite à son ami. Parlons plutôt de dette, comme quand nous disons que nous sommes débiteur de quelqu’un. Ce n’est pas de l’ordre de la quantité, mais de la qualité relationnelle. Nous nous mettons au service de l’autre. J’aime cette expression du XVIIIème siècle où l’on reconnaissait sa dette envers l’autre en lui disant : « Serviteur, Monsieur. »
Se reconnaître débiteur, c’est désirer apaiser la douleur de l’autre par un baume qui s’appelle le respect, la charité, le dévouement, l’abnégation complète. Celui qui se met au service rachète toutes ses dettes. « Avant tout, ayez entre vous une charité intense, car la charité couvre une multitude de péchés. » (1 P 4, 8)