Prends ta civière

Jésus guérissant le paralytique
Giovanni Antonio Pellegrini (Venise, 1675 - Venise, 1741)
Huile sur toile, 95 x 50 cm, 1730-1731
Musée des Beaux-Arts, Budapest (Hongrie)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 9, 1-8)
En ce temps-là, Jésus monta en barque, refit la traversée, et alla dans sa ville de Capharnaüm. Et voici qu’on lui présenta un paralysé, couché sur une civière. Voyant leur foi Jésus dit au paralysé : « Confiance, mon enfant, tes péchés sont pardonnés. » Et voici que certains parmi les scribes se disaient : « Celui-là blasphème. » Mais Jésus, connaissant leurs pensées, demanda : « Pourquoi avez-vous des pensées mauvaises ? En effet, qu’est-ce qui est le plus facile ? Dire : “Tes péchés sont pardonnés”, ou bien dire : “Lève-toi et marche” ? Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir, sur la terre, de pardonner les péchés… – Jésus s’adressa alors au paralysé – lève-toi, prends ta civière, et rentre dans ta maison. » Il se leva et rentra dans sa maison. Voyant cela, les foules furent saisies de crainte, et rendirent gloire à Dieu qui a donné un tel pouvoir aux hommes.
Méditation
Et voilà Jésus confronté, encore une fois, à la bêtise humaine. Thérèse d’Avila disait : « Faut-il vous étonner, Seigneur, d’avoir si peu d’amis vu comment vous les traitez ». Jésus pourrait dire : « Faut-il vous étonner, pauvre peuple, de voir si peu de miracles vu comment vous me traitez ! » En fait, c’est toujours le même obstacle dressé devant le Christ : celui de la Loi et de la bien-pensance. La Loi dit que pardonner les péchés est interdit, alors on condamne cet homme. C’est come ça, c’est écrit. Pas question de se demander si c’est bien ou non, c’est comme ça. Et nous, scribes, pharisiens et autres « bons » juifs, nous pensons ainsi et sommes sûrs d’être autant dans notre bon droit, que dans la bonne morale : nous sommes des « bons juifs ».
Mais ils n’ont rien compris. D’abord, vaut-il mieux être un bon juif ou un juif bon, un bon chrétien ou un chrétien bon ? Plaçant au mauvais endroit l’épithète, c’est leur pensée qu’ils estimaient bonne qui, en fait, est un pensée mauvaise. Il pensaient être des bien-pensants et sont des mauvais pensants, leur dit Jésus. Et, mettant la loi au-dessus de tout, ils ont oublié que c’est la vie qui est au-dessus de tout ! Ce qui est le plus important, ce qui est essentiel (dans le sens étymologique du terme) c’est l’existence de cet homme. Pour le remettre debout, Jésus lui pardonne ses péchés, lui redonne confiance, lui rend son âme, sa vie. Cela aurait même suffi. Mais face à leur manque de sainteté, Jésus va lui rendre aussi son corps, tou son être, corps, âme et esprit.
Ah, si ces bien-pensants avaient compris que la sainteté n’est pas de chercher en premier lieu la vertu protectrice mais d’accepter ses faiblesses comme portes d’entrée à la grâce, ce seraient eux qui seraient guéris !