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Jeudi, 23e semaine du T.O. — année impaire

Vivez dans l’action de grâce



Le jeune choriste

Georges de La Tour (Vic-sur-Seille, 1593 - Lunéville, 1652)

Huile sur toile, 66,7 x 50,2 cm, vers 1645

New Walk Museum ans Art Gallery, Leicester (Royaume-Uni)


Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens (Col 3, 12-17)

Frères, puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonné : faites de même. Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait. Et que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés, vous qui formez un seul corps. Vivez dans l’action de grâce. Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres en toute sagesse ; par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés, chantez à Dieu, dans vos cœurs, votre reconnaissance. Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père.


Méditation

Saint Paul commence par nous affirmer que nous avons été choisis par Dieu. N’est-ce pas ce que le Christ dit à ses apôtres lors de son dernier repas (Jn 15, 15-16) : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera » ? Dieu nous a choisis, délibérément, nous faisant confiance, et, pourrait-on dire, croyant plus en nous que nous ne croyions en Lui ! Première grande nouvelle.


Deuxième grande nouvelle : nous sommes sanctifiés. Sanctifiés de par notre nature humaine : nous sommes les créatures de Dieu, nous portons en nous celui qui nous porte. Mais aussi sanctifiés à chaque fois que nous écoutons sa Parole et que nous la mettons en pratique. Sanctifiés quand nous participons à la vie de son Église, de son Corps, en recevant les sacrements. Sanctifiés enfin, tout simplement parce que le Christ veut nous sauver, et même plus, nous sanctifier, nous diviniser. Ô Seigneur, comme nous oublions souvent que tu veux nous diviniser ! Nous devrions nous rappeler cette sentence d’Irénée de Lyon : « Si Dieu s’est fait homme, c’est pour que l’homme se fasse Dieu. » Olivier Clément l’expliquera ainsi (Olivier Clément, « Orthodoxie : le mystère de la personne » in Clé Magazine) :


« (En tant que croyant), je crois à la résurrection de la chair. C’est le credo des apôtres. Qu’est-ce qu’une personne, sinon un visage donné à la matière du monde ? Je pense que viendra un moment où l’Esprit soufflera si fort que toutes les haines, les bêtises, les séparations, les cruautés seront balayées et le monde apparaîtra transfiguré. Chacun de nous s’inscrira dans cette matière du monde transfiguré, et ce sera la résurrection de la chair — chaque personne, dans ce qu’elle a d’unique, assumant le monde transfiguré. Nous avons un pressentiment de cela dans ce que disent les Évangiles, d’une manière balbutiante, sur la condition du Christ entre sa résurrection et son ascension. Quand il échappe aux modalités du temps et de l’espace déchus, qui séparent et isolent. Il est, par exemple, présent dans plusieurs endroits à la fois. Le corps de gloire et le corps de résurrection sont une seule et même chose. La “personne” puise dans le monde glorifié un corps de gloire. Et c’est le monde glorifié qui sera son corps de gloire. L’âme, le corps, l’esprit sont tous les trois appelés à l’éternité par la médiation de la personne en Dieu et à travers le cosmos transfiguré. Tout sera transfiguré, notre corps et notre intelligence. Évidemment, on ne peut exprimer cela qu’au travers de petits récits ayant l’air naïf, sinon idiot. Je pense par exemple à un très beau passage de Mereskovski dans un de ses livres. Il parle d’un vieil homme qui dit : “Pour moi, le royaume de Dieu, c’est très simple. J’aimais beaucoup ma femme, alors je pense qu’elle sera là et tout sera comme c’était dans les moments les plus beaux. Et il n’y aura pas de mort, pas de séparation. Voilà”. C’est ce que nous pressentons tous dans certains moments de joie et de plénitude. Mais ils s’effacent et finalement vient la mort. Imaginez que ces instants ne s’effacent pas, qu’il n’y ait plus de mort ! »


Troisième bonne nouvelle : nous sommes aimés de Dieu. Comment ne pas penser à ce célèbre verset du prophète Isaïe (Is 43, 4) : « Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime » ; et plus loin (Is 49, 15-16) : « Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas. Car je t’ai gravée sur les paumes de mes mains, j’ai toujours tes remparts devant les yeux. »


Une fois intégrées ces trois bonnes nouvelles, comment ne pas changer de vie, se convertir ? Comment ne pas chanter, comme ce garçon sur notre peinture (et avec une telle bouche lippue, il ne doit pas hésiter !), les louanges de Dieu, de jour à la lumière du soleil, de nuit à la lueur du cierge ? Et saint Paul est pragmatique. Il ne nous laisse pas simplement dans la joie de cet évangile (le mot veut dire bonne nouvelle en grec). Non, il sait, lui aussi, de quoi nous sommes faits… Alors, il nous donne une règle simple à mettre en ouvre, là encore, de jour comme de nuit. Laquelle ? Il suffit de relire les versets qui suivent : « revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonné : faites de même. Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait. Et que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés, vous qui formez un seul corps. Vivez dans l’action de grâce. Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres en toute sagesse ; par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés, chantez à Dieu, dans vos cœurs, votre reconnaissance. Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père » !


Alors, en route ! Ne perdons pas un instant.

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