Vanitas Vanitatum

Vanitas vanitatum, et omnia vanitas
Daniel Lebarbé (Québécois)
Photographie contemporaine
Lecture du livre de Qohèleth (Qo 1, 2-11)
Vanité des vanités, disait Qohèleth. Vanité des vanités, tout est vanité ! Quel profit l’homme retire-t-il de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ? Une génération s’en va, une génération s’en vient, et la terre subsiste toujours. Le soleil se lève, le soleil se couche ; il se hâte de retourner à sa place, et de nouveau il se lèvera. Le vent part vers le sud, il tourne vers le nord ; il tourne et il tourne, et recommence à tournoyer. Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’est pas remplie ; dans le sens où vont les fleuves, les fleuves continuent de couler. Tout discours est fatigant, on ne peut jamais tout dire. L’œil n’a jamais fini de voir, ni l’oreille d’entendre. Ce qui a existé, c’est cela qui existera ; ce qui s’est fait, c’est cela qui se fera ; rien de nouveau sous le soleil. Y a-t-il une seule chose dont on dise : « Voilà enfin du nouveau ! » – Non, cela existait déjà dans les siècles passés. Mais, il ne reste pas de souvenir d’autrefois ; de même, les événements futurs ne laisseront pas de souvenir après eux.
Méditation
Qui ne connaît pas cette fameuse locution : Vanitas vanitatum, et omnia vanitas ? Mais peu savent que c’est le premier verset du livre de l’Ecclésiaste (appelé aussi Qohèleth). Mais donnons-nous le sens exact à ce mot ? Le dictionnaire en donne quatre sens :
Caractère de ce qui est frivole, insignifiant ; chose futile, illusoire.
Caractère de ce qui est vain inefficace.
Défaut d'une personne vaine, satisfaite d'elle-même et étalant cette satisfaction.
Image, tableau évoquant la vanité des choses humaines et la mort.
Les deux premiers sens sont très liés et correspondent plus à des choses ou des dates : futilité et inefficacité. Les deux suivant concernent plus la personne et l’image qu’elle en donne (même dans le sens pictural des Vanités). Pourtant, le vaniteux est lui aussi frivole et inefficace ! Mais le sens le plus proche de notre texte est bien celui que l’on voit sur la photographie : la vanité picturale.
Cette vanité résume notre vie : passagère, éphémère ! Ces Vanités nous enseignent la fragilité du temps. Et méditer sur cette illusion, c’est connaître l’Éternel dans la fugacité de l’instant, un instant droit, bien orienté. C’est fleurir le temps qu’il nous est donné de fleurir, aimer le temps qu’il nous est donné d’aimer, gratuitement, sans pourquoi. De fait, nous sommes des fleurs qui fleurissons dans le temps de notre monde, avant de faner pour rejoindre l’Éternel. « La rose fleurit parce qu’elle fleurit, sans pourquoi » disait Angelus Silesius.
Ne soyons pas frivoles et insignifiant, mais laissons fleurir notre vie en recevant la pluie de grâces que Dieu nous envoie chaque jour.