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Jeudi, 33e semaine du T.O. — Année Paire

Pleurs



Les larmes de saint Jean

Cartons de Hennequin de Bruges (Bruges, 1368 - Burges, 1381) et du lissier Niclas Bataille (Paris, 1330 - Parsi, 1405)

Tenture de l’Apocalypse n°6

Chateau d’Angers, Angers (France)


Lecture de l’Apocalypse de saint Jean (Ap 5, 1-10)

Moi, Jean, j’ai vu, dans la main droite de celui qui siège sur le Trône, un livre en forme de rouleau, écrit au-dedans et à l’extérieur, scellé de sept sceaux. Puis j’ai vu un ange plein de force, qui proclamait d’une voix puissante : « Qui donc est digne d’ouvrir le Livre et d’en briser les sceaux ? » Mais personne, au ciel, sur terre ou sous la terre, ne pouvait ouvrir le Livre et regarder. Je pleurais beaucoup, parce que personne n’avait été trouvé digne d’ouvrir le Livre et de regarder. Mais l’un des Anciens me dit : « Ne pleure pas. Voilà qu’il a remporté la victoire, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David : il ouvrira le Livre aux sept sceaux. » Et j’ai vu, entre le Trône, les quatre Vivants et les Anciens, un Agneau debout, comme égorgé ; ses cornes étaient au nombre de sept, ainsi que ses yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés sur toute la terre. Il s’avança et prit le Livre dans la main droite de celui qui siégeait sur le Trône. Quand l’Agneau eut pris le Livre, les quatre Vivants et les vingt-quatre Anciens se jetèrent à ses pieds. Ils tenaient chacun une cithare et des coupes d’or pleines de parfums qui sont les prières des saints. Ils chantaient ce cantique nouveau : « Tu es digne de prendre le Livre et d’en ouvrir les sceaux, car tu fus immolé, rachetant pour Dieu, par ton sang, des gens de toute tribu, langue, peuple et nation. Pour notre Dieu, tu en as fait un royaume et des prêtres : ils régneront sur la terre. »


Méditation

Voilà notre pauvre Jean qui commence à se désespérer. Non pour ce qui va arriver, mais pour ce qui pourrait ne pas arriver. Quelqu’un pourra-t-il ouvrir ce livre où sont inscrits les noms des élus ? Il ne voit personne qui en soit digne, et l’on comprend ses pleurs. Rappelons-nous d’abord que les larmes sauvent. Non seulement parce qu’elles émeuvent le coeur de Dieu (et des autres), mais aussi parce qu’elles ravivent notre âme, elles abreuvent notre coeur. Dans L’imposture de Georges Bernanos, l’abbé Cénabre perd la foi, mais il refuse d’en pleurer : « Il ne voulait pas de ces larmes, elles n’avaient pour lui aucun sens. Elles étaient le signe purement sensible, indéchiffrable, d’une présence contre laquelle il se sentait soulevé d’horreur. C’étaient comme des larmes versées en vain. La simple acceptation, l’abandon de la lutte inutile, le geste qui avoue la défaite, s’offre au vainqueur, cela seul eût ouvert la vraie source des pleurs, et il redoutait plus cette délivrance qu’aucun supplice. Il se méprisait, se haïssait dans sa détresse et dans sa honte, mais il ne pouvait, non ! il ne pouvait se prendre en pitié. » N’ayons pas peur de nos larmes, elles irriguent notre âme, ne serait-ce que par l’humiliation qu’elles représentent. Elles sont la source vive qui peut couler en nos coeurs et nous permettre, telles les eaux du baptême, de nous laver de notre péché. Elles sont surtout que nous avons un coeur, un coeur où réside notre Sauveur ! Car alors nous pouvons entendre nous aussi le vieillard nous dire : « Ne pleure pas. Voilà qu’il a remporté la victoire, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David : il ouvrira le Livre aux sept sceaux. » Oui, l’Agneau de Dieu obtiendra aussi la victoire par nos larmes et ouvrira, tel le Livre de Vie, notre coeur au salut.

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