Promesse et observance -

La vision d’Abraham,
John Linnell (Londres, 1792 - Redhilln 1882),
Huile sur toile, 71 x 91,5 cm, 1853,
Museum & Art Gallery, Wednesbury (Royaume-Uni)
Lecture du livre de la Genèse (Gn 17, 3-9)
En ces jours-là, Abram tomba face contre terre et Dieu lui parla ainsi : « Moi, voici l’alliance que je fais avec toi : tu deviendras le père d’une multitude de nations. Tu ne seras plus appelé du nom d’Abram, ton nom sera Abraham, car je fais de toi le père d’une multitude de nations. Je te ferai porter des fruits à l’infini, de toi je ferai des nations, et des rois sortiront de toi. J’établirai mon alliance entre moi et toi, et après toi avec ta descendance, de génération en génération ; ce sera une alliance éternelle ; ainsi je serai ton Dieu et le Dieu de ta descendance après toi. À toi et à ta descendance après toi je donnerai le pays où tu résides, tout le pays de Canaan en propriété perpétuelle, et je serai leur Dieu. » Dieu dit à Abraham : « Toi, tu observeras mon alliance, toi et ta descendance après toi, de génération en génération. »
Méditation du Frère Pascal Martin, Dominicain au Couvent de la Tourette
Marche en ma présence et tu seras parfait !
Abram a maintenant fait ses preuves. Dieu l’adopte. En signe de cette adoption, il lui donne un nom nouveau, Abraham. Pas de quoi marquer une grande rupture avec le nom d’avant. D’Abram à Abraham, qu’est-ce qui a changé ? Peu de choses d’un point de vue phonétique. Un petit « ah » en plus. Ce « ah ! » qui en français dit la surprise. Toutefois, en hébreu le sens n’est plus le même, nous disent les biblistes. Un Abram, « père des hauteurs » devient alors un Abraham, « père des multitudes ». C’est une promesse de grande fécondité, ce nom nouveau. Le nom d’Abraham venant de Dieu, il sanctifie ce que fut Abram, le marcheur de Dieu. Et Dieu ne lui donne alors qu’une consigne : « Marche en ma présence et sois parfait. » Être parfait, n’est-elle pas écrasante, la demande ? Pas à la mesure de ce que peut un homme, fût-il bon comme Abram, et donc vouée à l’échec ? Car si Abram n’a pas été parfait, de la perfection où Dieu l’entend, Abraham ne le sera pas non plus.
Mais il faut bien comprendre ce que Dieu demande à son élu au moment où il l’adopte en lui donnant un nom. Il ne lui dit pas : marche en ma présence et en plus, « sois parfait », telle une condition. Et si elle n’était pas respectée, elle viendrait invalider l’adoption et la promesse d’une immense fécondité spirituelle. Dieu dit à Abraham : « Continue sur la voie d’Abram, marche en ma présence et ainsi tu seras parfait. Je serai ta perfection. Si tu marches avec moi, la Sainteté du seul Saint sera avec toi. Si tu erres, je te remettrai sur la route. Si tu tombes, je te relèverai. Si tu pèches, tu seras pardonné. »