On n’enchaîne pas la Parole de Dieu !
Reliquaire des neuf maillons de la chaîne de saint Paul
Giulio Paolini, Artiste italien contemporain (né à Gênes en 1940)
Bronze doré et cristal de roche
Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, Rome (Italie)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée (2 Tim 2, 8-15)
Bien-aimé, souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, le descendant de David : voilà mon Évangile. C’est pour lui que j’endure la souffrance, jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais on n’enchaîne pas la parole de Dieu ! C’est pourquoi je supporte tout pour ceux que Dieu a choisis, afin qu’ils obtiennent, eux aussi, le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle. Voici une parole digne de foi : Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons. Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera. Si nous manquons de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même. Voilà ce que tu dois rappeler, en déclarant solennellement devant Dieu qu’il faut bannir les querelles de mots : elles ne servent à rien, sinon à perturber ceux qui les écoutent. Toi-même, efforce-toi de te présenter devant Dieu comme quelqu’un qui a fait ses preuves, un ouvrier qui n’a pas à rougir de ce qu’il a fait et qui trace tout droit le chemin de la parole de vérité.
Méditation
Les chaînes de Paul, ses chaînes de prisonniers. Mais ce ne sont pas ses vraies chaînes, enfin si pour les chaînes physiques ! Mais ses vraies chaînes, ce sont celles de la Parole de Dieu : il s’est laissé enchaîné par le Verbe. La Parole de Dieu peut, en effet, nous enchaîner au point qu’elle reste vive en notre mémoire. Quand on prend l’habitude de lire la Bible, à de nombreuses reprises dans la journée, des versets reviennent à notre mémoire. Elle nous tient cette Parole ! Non pour faire de nous des esclaves, mais pour nous insuffler la vie divine. Mais, comme le dit Paul, nous ne pouvons enchaîner la Parole. Que veut-il dire ? Que la Parole restera toujours libre et vivante. Déjà Pierre, premier Pape, hésitait à laisser mettre par écrit le récit des évangiles. Il avait peur que la Parole soit figée. C’est parfois le cas lorsqu’on la lit à la lettre, refusons de bouger une virgule. C’est aussi le cas lorsqu’on en extrait le verset qui nous convient, sorti de son contexte, pour appuyer notre argumentation, au risque de dire le contraire du message divin. Non, la Parole ne se laisse pas enchaîner. Elle est un corps. Comment pourrions-nous empêcher se corps de grandir, de se développer en le figeant dans une posture, une interprétation ? La Parole ne se laisse pas non plus enchaîner lorsque nous voudrions en supprimer les passages qui nous gênent.
L’essentiel est de comprendre qu’elle est un corps vivant. Mais un corps a besoin de sang et de souffle. Le souffle, c’est celui de l’Esprit-Saint, le seul qui peut nous permettre de recevoir cette Parole, la comprendre et l’interpréter avec justesse. Nous devrions toujours faire appel à l’Esprit avant de nous plonger dans la Bible. Le sang, c’est nous, c’est toute la communauté de l’Église. C’est là où elle circule, en nos corps, nos cœurs, nos âmes. Si nous la laissons circuler en nous, elle règnera, même si nous passons par la mort. Si nous la rejetons, elle nous rejettera ! Et si nous manquons de foi en ce qu’elle nous proclame, rassurons-nous, elle restera fidèle.
Alors, plongeons dans la Parole de Dieu, laissons-nous enchaîner par le Christ.