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La Sainte Famille (B)

Veillez sur nous !




Présentation au Temple de Jésus,

Sculptures de Cales Mani (1866-1911) et Joan Matamala i Flotats (1893-1977),

Façade de la Sagrada Famiglia,

Partie supérieure de la Porte de la Foi, façade de la Nativité. 1926,

de Gaudi (1852-1926) à Barcelone (à partir de 1882)

Sagrada Famiglia, Barcelone (Espagne)


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2, 22-40.

Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi présenter en offrande le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes. Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C'était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d'Israël, et l'Esprit Saint était sur lui. L'Esprit lui avait révélé qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Messie du Seigneur. Poussé par l'Esprit, Syméon vint au Temple. Les parents y entraient avec l'enfant Jésus pour accomplir les rites de la Loi qui le concernaient. Syméon prit l'enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d'Israël ton peuple. » Le père et la mère de l'enfant s'étonnaient de ce qu'on disait de lui. Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. - Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée. - Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d'un grand nombre. » Il y avait là une femme qui était prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. Demeurée veuve après sept ans de mariage, elle avait atteint l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s'éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. S'approchant d'eux à ce moment, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. Lorsqu'ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L'enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

La Basilique

La Basilique de la Sagrada Famiglia de Barcelone (de son nom exact : Temple expiatoire de la Sainte Famille) fait partie du corpus des nombreuses œuvres d’Antoni Gaudi, célèbre architecte espagnol. Le monument, toujours en chantier depuis 1882, est une figure emblématique de la capitale catalane.


La façade, dite de la Nativité, est rythmée par trois portails dédiés aux vertus théologales : foi, espérance et charité. Couronnant la porte droite de la foi, un groupe statuaire représente la présentation au Temple de Jésus par Marie et Joseph. Elle est l’illustration de l’évangile de ce Dimanche.


Le contexte biblique

La loi de Moïse prescrivait, après la naissance d’un enfant, deux cérémonies rituelles. Ainsi, si le nouveau-né était de sexe masculin, il devait être circoncis huit jours après la naissance. La mère, quant à elle, était tenue de se purifier dans les quarante jours (Lévitique 12, 1-8) et devait présenter son enfant au Temple pour le racheter par une offrande (Exode 13, 2) en souvenir de la sortie d’Égypte. La date des quarante jours est expliquée dans le livre du Lévitique. Toute femme qui venait d’accoucher était réputée impure pendant sept jours après la naissance (de par la perte de sang) puis était exclue trente-trois jours du Sanctuaire. On pourrait presque s’étonner que Marie se soit pliée à cette règle, ayant gardée sa virginité et donc exempte de toute souillure. Pourtant, Marie et Joseph se plient de bonne grâce à cette obligation mosaïque, donnant ainsi l’exemple de leur humilité et de leur obéissance à la Loi.


Au verset 21 du même évangile, il nous est dit : « Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception. » La scène ici représentée n’est donc pas celle de la circoncision, déjà effectuée, mais celle de la présentation au Temple, quarante jours après la naissance de Jésus.


Ce que je vois

Dans cette niche de pierre, quatre grands personnages s’avancent. Le plus grand, Syméon, enturbanné et portant sur le front les tefillines (phylactères juifs), porte l’enfant-Jésus dans ses bras. À ses pieds, une corbeille avec deux colombes. À sa gauche, une jeune femme, la Vierge Marie, est à genoux et tend sa main droite vers l’enfant. À sa droite, une vieille femme, la prophétesse Anne, se penche vers l’enfant. Un peu plus bas, un homme, Joseph, tend tout son corps vers la scène, la main gauche sur le cœur.


Syméon

L’évangile ne nous précise pas que Syméon fut grand prêtre au Temple. Pourtant, dans la tradition iconographique, on le revêt toujours de quelque attribut sacerdotal, ainsi cette sorte de bonnet qu’il semble avoir sur la tête. Ses mains sont couvertes d’un voile marquant son respect pour la sainteté de l’enfant qu’il porte. Son regard est celui de l’émerveillement, de la contemplation. Sûrement vient-il de prononcer son Nunc Dimittis. Oui, ses yeux voient le Sauveur, et il est maintenant prêt à partir en paix vers la mort. Il tend l’enfant vers Marie qui s’apprête à l’accueillir.


Comme lui, avons-nous su voir cet enfant à Noël ? Portons-nous en nous celui qui chaque jour nous porte ? Comme Syméon, sois assuré de partir en paix. Soyons rassuré pour nos vies. Le Salut est venu parmi nous. Et ce Sauveur s’offre à nous aujourd’hui, maintenant, hic et nunc ! Veille, Syméon, sur tous les enfants de la terre.


Marie

À genoux, elle s’apprête à recevoir l’enfant dans ses bras, cet enfant qu’elle a porté neuf mois, cet enfant qui va aujourd’hui la porter dans la foi, avant qu’elle ne le dépose au tombeau. Et son sourire est déjà ombragé de la destinée de son Fils. Un glaive semble déjà lui percer le cœur, comme l’a annoncé Syméon. Et la main de Marie se porte à son côté.


Comme Marie, nous nous réjouissons de nos enfants. Comme Marie, nous les avons portés. Comme pour Marie, ils seront aussi source de douleurs. Mais de douleurs souvent rédemptrices. Même si un glaive nous perce le flanc, de cette même plaie peut couler un fleuve d’amour, comme il coulera du côté percé de Jésus. Veille Marie, sur toutes les mères de la terre.


Joseph

En réponse à Marie se trouve Joseph de l’autre côté. Il n’est pas à genoux, mais tout tendu vers son Fils. Humblement, il ne se hisse pas à sa hauteur, il reste un peu en retrait. Quelle humilité que ce père ! Même les colombes qu’il a apportées en offrande lustrale sont plus hautes que lui. Il est humble, et il est pauvre. Ces pauvres animaux en sont le signe, il ne peut se permettre d’acheter l’agneau prescrit par la Loi.

Puisses-tu, Joseph, nous aider à être humbles. Puisses-tu, Joseph, nous aider à nous retirer pour faire grandir notre famille. Puisses-tu, Joseph, nous aider à nous contenter de ce que nous avons, à considérer notre pauvreté, quelle qu’elle soit, comme une richesse et non comme une misère. Puisses-tu, Joseph, nous aider à garder les mains vides pour recevoir Jésus. Veille, Joseph, sur tous les pères de la terre.


Anne, fille de Phanuel

Elle est vieille, ridée, squelettique, le menton en galoche, elle est penchée sur Jésus. De sa main droite, elle esquisse comme un geste de bénédiction. En la voyant, je ne peux m’empêcher de penser à toutes ses grands-mères qui accompagnent leurs petits-enfants, qui leur apprennent à prier, qui veillent sur eux, et sont toujours émerveillées. Anne, puisses-tu veiller sur tous les grands-parents. En la voyant, je ne peux m’empêcher de penser aussi à… l’Église ! Jean-Paul II, dans un de ses discours, rappelait cette citation du jésuite Karl Rahner (1904-1984) : « L'Église est une vieille femme pleine de rides et de plis. Mais elle est ma mère. Et une mère, on ne la frappe pas. » Puisses-tu, Anne, en cette fête de la sainte Famille, nous aider à voir l’Église comme notre Mère, comme notre famille. Veille, Anne, sur toutes les familles de la terre.




Homélie de saint Cyrille d'Alexandrie (+ 444), Homélie 12, PG 77, 1041 1048 1049

Nous avons vu récemment le petit Emmanuel couché dans une mangeoire, emmailloté comme on fait chez les hommes, mais chanté comme Dieu par l'armée des saints anges. Car Dieu le Père avait conféré aux habitants du ciel cet honneur insigne d'être les premiers à proclamer le Christ.


En outre, nous avons vu aujourd'hui celui-ci obéir aux lois de Moïse, c'est-à-dire que Dieu, le législateur, se soumettait, comme un homme, à ses propres lois. C'est ce que nous enseigne saint Paul : Nous, de même, quand nous étions des enfants nous étions soumis aux éléments du monde. Mais, lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils ; il est né d'une femme, il a été sujet de la Loi juive, pour racheter ceux qui étaient sujets de la Loi (Ga 4, 3-5). Donc, le Christ a racheté de la malédiction de la Loi ceux qui en étaient les sujets, mais qui ne l'observaient pas. De quelle manière les a-t-il rachetés ? En accomplissant cette loi ; autrement dit, afin d'effacer la transgression dont Adam s'était rendu coupable, il s'est montré obéissant et docile, à notre place, envers Dieu le Père. Car il est écrit : De même que tous sont devenus pécheurs parce qu'un seul homme a désobéi, de même tous deviendront justes parce qu'un seul homme a obéi (Rm 5, 18). Avec nous il a courbé la tête devant la loi, et il l'a fait selon le plan divin de l'incarnation. En effet, il devait accomplir parfaitement ce qui est juste (cf. Mt 3, 15).


Après avoir pris pleinement la forme de serviteur, précisément parce que sa condition humaine le rangeait au nombre de ceux qui portent le joug, il a payé aux percepteurs, comme tout le monde, le montant de l'impôt, alors que par nature, et en tant que Fils, il en était dispensé (cf. Mt 18, 23-26). Donc, lorsque tu le vois observer la loi, ne sois pas choqué, ne mets pas au rang des serviteurs celui qui est libre, mais mesure par la pensée la profondeur d'une telle économie.


Donc, lorsque fut venu le huitième jour, où l'on obéissait à la loi en accomplissant la circoncision, il reçut son nom, celui de Jésus, qui se traduit par "Salut du peuple." Car c'est ainsi que Dieu le Père voulut que son Fils fut nommé après être né de la femme, selon la chair. C'est alors, certes, que le salut s'est surtout réalisé, non pour un seul peuple, mais pour beaucoup, pour toutes les nations, pour la terre entière. <>


Il est donc devenu lumière pour éclairer les nations païennes mais gloire d'Israël (Lc 2, 32). Car si, dans cette nation, certains sont devenus violents, rebelles et butés, un reste a été sauvé (Rm 9, 27) et glorifié par le Christ. Ses disciples en ont été les prémices, eux dont la gloire illumine le monde. De toute façon, c'est la gloire d'Israël, puisqu'il en est issu selon la chair, même s'il est Dieu, établi au-dessus de tous les hommes, et béni dans les siècles. <>


L'évangéliste a donc la sagesse de nous aider en nous enseignant tout ce que le Fils incarné a fait à cause de nous et pour nous, lui qui n'a pas dédaigné d'assumer notre pauvreté. Nous devons donc le glorifier comme notre Rédempteur, notre Sauveur et notre Dieu : à lui, et avec lui, à Dieu le Père, gloire et puissance, ainsi qu'à l'Esprit Saint, pour les siècles des siècles. Amen.



Homélie de saint Grégoire de Nysse (+ 395) sur le Cantique des Cantiques, Homélies sur le Cantique, 3; éd. Jaeger 6, 96-99.

Le petit enfant qui nous est né, Jésus, grandit de façon différente, en sagesse, en âge et en grâce, chez ceux qui l'ont reçu. Il n'est pas le même chez tous mais il se conforme à la capacité de celui en lequel il vit. Il se montre ainsi comme un petit enfant, comme un adolescent ou un homme parfait, selon la nature de la grappe. Car celle-ci, sur la vigne, ne montre pas toujours la même forme, elle change avec le temps : elle fleurit, elle bourgeonne, elle est achevée, puis, parfaitement mûre, elle va se transformer en vin.


La vigne promet donc par son fruit: celui-ci n'est pas encore mûr et à point pour donner du vin, mais il attend la plénitude des temps. Toutefois, il n'est pas absolument incapable de nous réjouir. En effet, il charme l'odorat, avant le goût, dans l'attente des biens futurs, et il séduit les sens de l'âme par les effluves de l'espérance. Car l'assurance ferme de la grâce que l'on espère délecte déjà ceux qui attendent avec constance. Il en est ainsi du raisin de Chypre qui promet du vin avant de l'être devenu: par sa fleur - c'est l'espérance qui est sa fleur - il nous donne l'assurance de la grâce future. <>


Celui dont la volonté s'harmonise à celle du Seigneur parce qu'il la médite jour et nuit, devient un arbre planté près d'un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt (cf. Ps 1, 3). C'est pourquoi la vigne de l'Époux, qui a pris racine dans la terre fertile de Gaddi (cf. Ct 1, 14 Vg.), c'est-à-dire dans le fond de l'âme, qui est arrosée et enrichie par les enseignements divins, produit cette grappe fleurissante et épanouie dans la quelle elle peut contempler son planteur et son vigneron.


Bienheureuse cette culture dont la fleur reproduit la beauté de l'Époux ! Puisque celui-ci est la lumière véritable, la vraie vie et la vraie justice, comme dit la

Sagesse, et bien d'autres vertus encore, lorsqu'un homme, par ses oeuvres, devient pareil à l'Époux, lorsqu'il regarde la grappe de sa propre conscience, il y voit l'Époux lui-même, car il reflète la lumière de la vérité dans une vie lumineuse et sans tache.

C'est pourquoi cette vigne féconde affirme : C'est ma grappe qui fleurit et bourgeonne (cf. Ct 7, 7-8 Ct 7, 13). L'Époux est en personne cette vraie grappe qui se montre attachée au bois, dont le sang devient, pour ceux qui se sauvent dans la joie, une boisson de salut, dans le Christ Jésus notre Seigneur, à qui soient la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen.


Prière

Tu as voulu, Seigneur, que la Sainte Famille nous soit donnée en exemple ; accorde-nous de pratiquer, comme elle, les vertus familiales et d'être unis par les liens de ton amour, avant de nous retrouver pour l'éternité dans la joie de ta maison. Par Jésus Christ.

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