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Lundi, 14ème semaine du T. O. — Année Paire

Je ferai de toi mon épouse



Le prophète Osée et la Sybille de Delphes

Bernardino di Betto dit Pinturicchio (Pérouse, 1454 – Sienne, 1513)

Fresque, de 1492 à 1494

Appartement Borgia, Salle des Sybilles (Cité du Vatican)


Lecture du livre du prophète Osée (Os 2, 16.17b-18.21-22)

Ainsi parle le Seigneur : Mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur. Là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse, au jour où elle est sortie du pays d’Égypte. En ce jour-là – oracle du Seigneur –, voici ce qui arrivera : Tu m’appelleras : « Mon époux » et non plus : « Mon Baal » (c’est-à-dire « mon maître »). Je ferai de toi mon épouse pour toujours, je ferai de toi mon épouse dans la justice et le droit, dans la fidélité et la tendresse ; je ferai de toi mon épouse dans la loyauté, et tu connaîtras le Seigneur.


Méditation

Le livre d’Osée est un des grands oubliés de nos lectures bibliques, pourtant c’est un ouvrage essentiel pour la vie spirituelle. Il montre et démontre les démarches difficiles de l’homme pour épouser son Dieu. Nous sommes l’épouse, du moins notre âme. Et cette âme a bien du mal à s’accorder au Seigneur. Elle tergiverse, elle se prostitue à des idoles, elle fait des efforts mais ne les tient pas longtemps... bref, elle est dans l’impossibilité d’accorder ses désirs les plus profonds, l’union avec Dieu, avec ses désirs superficiels, son plaisir. Alors, Dieu l’emmène au désert...


Pourquoi le désert ? D’abord parce que toutes les tentations extérieures s’éloignent. Seules restent les tentations intérieures. Ensuite, parce que le désert étant, par nature, désert... on y retrouve l’essentiel. Dans le désert, pas de bruit, pas de distraction. Et au bout d’un certain temps, on entend enfin son coeur. Ou plus précisément, on entend Dieu parler à notre coeur. C’est au désert, dépouillés de tous les oripeaux que la vie nous a fait revêtir, que, nus, nous retrouvons notre coeur, notre âme d’enfant. Alors là, et seulement là, Dieu peut parler à ce coeur qu’il aime tant, à qui il veut se donner. Et parce que plus rien ne nous encombre, nous redevenons capable de répondre comme au temps de notre jeunesse, avec enthousiasme. Alors, notre coeur ne voit plus en Dieu une fausse idole, un dieu dont nous devrions avoir peur, un maître implacable assoiffé de justice. Nous retrouvons les yeux du coeur et redécouvrons celui qui veut épouser notre âme, toute notre vie.


C’est dans ce désert, dans ce temps de retraite — ce qui nous manque le plus dans un monde agité où l’arrêt est considéré comme une mort, et non comme le temps de l’attente de la maturation — c’est donc en ce temps de retraite que Dieu nous épouse. Et pas n’importe comment. Il nous protège de la vraie justice, il nous comble de tendresse, il nous appelle à une fidélité commune dans la loyauté. Alors, redevenu comme des petits enfants, tel le proclamera le Christ, nous connaîtrons le Seigneur, ou plus exactement, nous co-naîtrons au Seigneur : nous naîtrons ensemble.


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