Je ne suis pas venu apporter la paix...

Vitrail de l’apocalypse
Anonyme
Registre inférieur, figure centrale, XIIIème siècle
Cathédrale Saint-Étienne, Bourges (France)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 10, 34 - 11, 1)
En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la trouvera. Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. » Lorsque Jésus eut terminé les instructions qu’il donnait à ses douze disciples, il partit de là pour enseigner et proclamer la Parole dans les villes du pays.
Méditation
Voilà vraiment un texte apocalyptique ! Mais ne nous trompons pas : apocalypse veut dire révélation. Et Jésus vient nous révéler l’attitude que nous devons avoir pour être de vrais frères pour lui. Ne prenons pas ces propos au pied de la lettre : Jésus ne nous demande pas de nous disputer avec tous les membres de notre famille. Mais plutôt, il vient nous dire d’abord que la paix que nous pourrions imaginer pour chaque jour n’est pas celle qu’il nous propose. Non pas une paix comparable à un étang endormi, sans mouvement et donc sans vie. La paix du Christ c’est une paix d’harmonie, qui bouge, mais qui bouge en accord entre tous les membres. Bref, une paix symphonique. Mais pour cela, il faut accepter de faire des choix, de se positionner, voire de se séparer si nécessaire. C’est bien le sens du glaive : celui qui sépare. Séparer non pour détruire, mais pour remettre chaque chose à sa place, dans une juste hiérarchie, c’est-à-dire en ordre sacré. Et en haut de cette pyramide, il y a le Christ qui nous mène à son Père, qui en est l’image. En fait, Jésus nous demande d’éviter les consensus mous, les reculades pour éviter de froisser quiconque, voire les dénis afin de ne pas se mettre en position délicate. Le chrétien est celui qui a des convictions et qui les vit envers et contre tout. Non pas des convictions qu’il veut imposer à coup de glaive (ça c’est l’affaire du Christ), mais des convictions qu’il essaye de transmettre dans une paix symphonique. Non pas vaincre pour convaincre, mais convaincre pour vaincre !