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Lundi, 17ème semaine du T.O. — année impaire

Danse avec… le veau !



Danse autour du veau d’or

Emil Nolde (Nolde, 1867 - Neukirchen, 1956)

Huile sur toile, 88 x 105,5 cm, 1910

Staastsgalerie Moderner Kunst, Munich (Allemagne)


Lecture du livre de l’Exode (Ex 32, 15-24.30-34)

En ces jours-là, Moïse redescendit de la montagne. Il portait les deux tables du Témoignage ; ces tables étaient écrites sur les deux faces ; elles étaient l’œuvre de Dieu, et l’écriture, c’était l’écriture de Dieu, gravée sur ces tables. Josué entendit le bruit et le tumulte du peuple et dit à Moïse : « Bruit de bataille dans le camp. » Moïse répliqua : « Ces bruits, ce ne sont pas des chants de victoire ni de défaite ; ce que j’entends, ce sont des cantiques qui se répondent. » Comme il approchait du camp, il aperçut le veau et les danses. Il s’enflamma de colère, il jeta les tables qu’il portait, et les brisa au bas de la montagne. Il se saisit du veau qu’ils avaient fait, le brûla, le réduisit en poussière, qu’il répandit à la surface de l’eau. Et cette eau, il la fit boire aux fils d’Israël. Moïse dit à Aaron : « Qu’est-ce que ce peuple t’avait donc fait, pour que tu l’aies entraîné dans un si grand péché ? » Aaron répondit : « Que mon seigneur ne s’enflamme pas de colère ! Tu sais bien que ce peuple est porté au mal ! C’est eux qui m’ont dit : “Fais-nous des dieux qui marchent devant nous. Car ce Moïse, l’homme qui nous a fait monter du pays d’Égypte, nous ne savons pas ce qui lui est arrivé.” Je leur ai dit : “Ceux d’entre vous qui ont de l’or, qu’ils s’en dépouillent.” Ils me l’ont donné, je l’ai jeté au feu, et il en est sorti ce veau. » Le lendemain, Moïse dit au peuple : « Vous avez commis un grand péché. Maintenant, je vais monter vers le Seigneur. Peut-être obtiendrai-je la rémission de votre péché. » Moïse retourna vers le Seigneur et lui dit : « Hélas ! Ce peuple a commis un grand péché : ils se sont fait des dieux en or. Ah, si tu voulais enlever leur péché ! Ou alors, efface-moi de ton livre, celui que tu as écrit. » Le Seigneur répondit à Moïse : « Celui que j’effacerai de mon livre, c’est celui qui a péché contre moi. Va donc, conduis le peuple vers le lieu que je t’ai indiqué, et mon ange ira devant toi. Le jour où j’interviendrai, je les punirai de leur péché. »


Méditation

Emil Nolde a une renommée quelque peu entachée par ses relations avec les nazis, cherchant à éviter la destruction de ses œuvres (1024 furent malgré tout brûlées). Il n’en reste pas moins le chef de fil des expressionnistes allemands du début du XXe siècle. Expressionnisme est le bon mot lorsqu’on regarde ce tableau ! Ces femmes dansent dénudées devant le veau d’or que l’on aperçoit dans le fond. Les hommes, plus timides, restent sur le côté, se régalant d’une telle vision ! Le tableau donne une impression de folie désordonnée.


Car là est peut-être la clé : la folie ! Il y a d’abord cette folie de Moïse. Une folie d’amour pour Dieu, folie de suivre le chemin que Dieu avait tracé pour lui, malgré la conscience de sa faiblesse : « Je suis un homme qui ne sait pas parler » dit-il au buisson ardent. Folie de partir dans la montagne, de laisser seul son peuple aux mains d’Aaron, folie peut-être de lui avoir fait confiance. Folie de ne jamais renoncer, malgré ses colères et ses désespoirs. En fait, folie de l’amour de Dieu, folie reçue de la rencontre avec Dieu qui lui montre sa grandeur. Moïse est le premier « fol en Christ ».

Et puis en face, folie de la démesure. Non une démesure devant la grandeur de Dieu qui appelle à l’adoration véritable. Mais une folie démesurée parce que, justement, on ne se donne plus de mesures. Ou plus exactement, parce que l’on n’accepte plus la mesure que Dieu nous donne : celle du respect, de la crainte de Dieu. Alors, le peuple, même guidé momentanément par Aaron, sombre dans cette folie qui devient hystérie.


Il est peut-être une leçon à tirer de cet épisode biblique : être foi, oui, mais fou de Dieu. Fou d’amour pour Lui, fou d’adoration devant sa grandeur. Fou de croire que malgré notre faiblesse, notre petitesse et notre manque d’humilité, Il nous aime, non pas malgré tout, mais totalement. Seule cette prise de conscience de notre faiblesse, cette compréhension de son amour incommensurable pour chacun des hommes peut nous éviter de tomber dans les pièges des fausses adorations, ou des tentations. Seule la prise de conscience de la grandeur de Dieu nous fera voir notre faiblesse, pour non pas nous en lamenter, mais pour dire avec saint Paul : c’est quand je suis faible que je suis fort.


Détournons-nous de tous les veaux d’or de notre temps, même s’ils brillent d’un éclat qui peut attirer comme des phalènes la nuit. Ne soyons pas des veaux, comme disait de Gaulle ! Mais tournons-nous vers l’Unique, Celui qui brille d’un vrai éclat, celui de l’Amour et la sa Grandeur divine.


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