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Lundi, 1ère semaine du T.O. — année paire

Pourquoi ton coeur est-il triste ? -



Elcana et ses deux femmes au Temple de Silo,

Anonyme,

Enluminure, folio 054 du manuscrit BM-0035 de Reims, vers 1220,

Bibliothèque municipale, Reims (France)


Lecture du premier livre de Samuel (1 Sam 1, 1-8)

Il y avait un homme de la ville de Rama, dans la montagne d’Éphraïm ; il s’appelait Elcana, c’était un Éphratéen. Cet homme avait deux femmes. L’une s’appelait Anne, l’autre Peninna. Peninna avait des enfants, mais Anne n’en avait pas. Chaque année, Elcana montait de sa ville au sanctuaire de Silo pour se prosterner devant le Seigneur de l’univers et lui offrir un sacrifice. C’est à Silo que résidaient, comme prêtres du Seigneur, les deux fils d’Éli, Hofni et Pinhas. Un jour, Elcana offrait le sacrifice ; il distribua des parts de la victime à sa femme Peninna, à tous ses fils et à toutes ses filles. Mais à Anne, il donna une part de choix car il aimait Anne, que pourtant le Seigneur avait rendue stérile. Sa rivale cherchait, par des paroles blessantes, à la mettre en colère parce que le Seigneur l’avait rendue stérile. Cela recommençait tous les ans, quand Anne montait au sanctuaire du Seigneur : Peninna cherchait à la mettre en colère. Anne pleura et ne voulut rien manger. Son mari Elcana lui dit : « Anne, pourquoi pleures-tu ? Pourquoi ne manges-tu pas ? Pourquoi ton cœur est-il triste ? Et moi, est-ce que je ne compte pas à tes yeux plus que dix fils ? »


Méditation

Nous commençons aujourd’hui l’histoire du prophète Samuel à partir de ses origines : Anne étant sa mère. Elle est la seconde épouse d’Elcana, mais elle n’a malheureusement pas donné d’enfants à son mari. Rappelons-nous que la fertilité féminine est essentielle car elle correspond à la mission que Dieu a donné à Ève ; et c’est bien pourquoi Adam la nommera « Ève », la vivante (Gn 3, 20 : « L’homme appela sa femme Ève (c’est-à-dire : la vivante), parce qu’elle fut la mère de tous les vivants »).


Malgré tout, cette famille suit les règles du culte et va annuellement offrir un sacrifice au temple de Silo. Le Temple de Jérusalem n’est pas encore construit et la ville est, à cette époque, le lieu de culte et de gouvernement le plus important du Royaume d’Israël, à tel point que l’on y déposera l’Arche d’Alliance durant 369 ans (jusqu’à la mort d’Éli). Cet Éli (à ne pas confondre avec le prophète Élie) est le dernier juge d’Israël avant que ne soit instituée àla monarchie. C’est un homme vertueux mais dont les deux fils, Hofni et Pinhas, ne furent pas les parangons des qualités de leur père.


Voilà donc Elcana, Peninna et Anne au Temple, offrant leur sacrifice, comme on le voit sur cette enluminure. Mais Peninna est jalouse d’Anne : regardez sa main sur l’enluminure. Elle semble en colère et s’opposer à la décision de son mari. Une nouvelle fois, le péché de la jalousie s’empare du coeur des hommes. On peut facilement imaginer ce que pense Peninna : comment cette femme pourrait-elle être la préférée alors qu’elle n’est même pas capable de donner naissance à un enfant ? Alors, sa jalousie de ne pas être la préférée se mue en méchanceté, et en un flot de paroles blessantes pour Anne. Et tous les ans, Peninna recommence, sans se décourager, à insulter sa « soeur ». Comment ne pas être désespérée quand on est continuellement moquée et insultée ?


Pourtant, ses larmes seront son salut… Elle aurait pu, elle aussi, se mettre en colère, insulter Peninna, la dénigrer auprès d’Elcana, jusqu’à se crêper le chignon ! Rien de tout cela. Elle pleure. Mais elle ne pleure pas seule. Elle pleure devant Dieu, dans le Temple de Silo, et donc devant l’Arche d’Alliance. Ce sont des larmes de la foi. Alors que Peninna ne tient pas compte de la présence de Dieu, et se condamne elle-même devant le Seigneur.


Quant à Elcana, il semble bien naïf ! Ne comprend-il pas la jalousie de sa femme ? Ne voit-il pas que c’est elle qui provoque les larmes d’Anne ? Comme beaucoup d’hommes, tout tourne autour de lui et pense donc que ces larmes sont le signe d’un désamour de sa femme à son égard. Son égotisme lui clôt les yeux sur la vérité…


Que retenir de cette histoire ? D’abord, que la prière insistante auprès de Dieu avec un coeur contrit, porte toujours ses fruits. Le psaume 50 (versets 12 à19) :

Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton esprit saint.
Rends-moi la joie d'être sauvé ; que l'esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j'enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés.
Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur, et ma langue acclamera ta justice.
Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange.
Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas, tu n'acceptes pas d'holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé.

Et que la jalousie et l’envie nous rendent toujours aveugles : sur nous-mêmes, sur les autres, et sur Dieu. Le Pape François explique ainsi les choses (Sainte-Marthe, 24 janvier 2020) :


« Faisons attention, parce que c’est un ver qui entre dans notre coeur à tous, à tous ! Et qui nous pousse à mal juger les gens, parce qu’à l’intérieur, il y a une compétition : il a une chose que je n’ai pas. Et la compétition commence comme cela. Elle nous pousse à écarter les gens, elle nous pousse à la guerre : une guerre domestique, une guerre de quartier, une guerre sur le lieu de travail. Mais c’est justement à l’origine, c’est une semence de guerre : l’envie et la jalousie. » (…) « Demandons au Seigneur la grâce d’avoir un coeur transparent comme celui de David. Un coeur transparent qui ne recherche que la justice, qui recherche la paix. Un coeur amical, un coeur qui ne veut tuer personne, parce que la jalousie et l’envie tuent. »

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