Pourtant tu écoutais ma prière

Le roi David en prière
Pieter de Grebber (Haarlem, 1600 - Haarlem, 1653)
Huile sur toile, 94 x 84 cm, 1635-1640
Musée du couvent Sainte-Catherine, Utrecht (Pays-Bas)
Psaume 30
Qu’ils sont grands, tes bienfaits !
Tu les réserves à ceux qui te craignent.
Tu combles, à la face du monde,
ceux qui ont en toi leur refuge.
Tu les caches au plus secret de ta face,
loin des intrigues des hommes.
Tu leur réserves un lieu sûr,
loin des langues méchantes.
Béni soit le Seigneur :
son amour a fait pour moi des merveilles !
Et moi, dans mon trouble, je disais :
« Je ne suis plus devant tes yeux. »
Pourtant, tu écoutais ma prière
quand je criais vers toi.
Aimez le Seigneur, vous, ses fidèles :
le Seigneur veille sur les siens ;
mais il rétribue avec rigueur
qui se montre arrogant.
Méditation
Je radote… mais nous ne prions pas assez avec les psaumes ! Ils sont pourtant l’expression la plus humaine de nos sentiments intérieurs, qu’ils soient troubles ou allègres. Ainsi, aujourd’hui le psalmiste, en l’occurence le roi David, partage notre inquiétude lorsque nous prions et demandons une grâce à Dieu. Nous pensons qu’il s’est éloigné de nous, qu’il ne nous écoute plus, qu’il ne porte même plus le regard sur la créature méprisable que nous estimons être. Mais non ! Il écoute notre prière, malgré notre aveuglement sur sa présence. Présence discrète bien sûr, car Dieu ne veut pas s’imposer ni provoquer notre foi et notre amour. Que serait un couple où l’un des deux aurait donné un philtre d’amour ? Pourrait-on parler d’amour entre eux quand il n’est pas libre ? Dieu veut de nous un amour sans contrainte et une foi qui vient du coeur. Pour cela, il faut non pas le chercher à l’extérieur — nous ne le trouverions pas — mais en nous où il s’est réfugié et où il nous attend pour que lui-même devienne notre propre refuge. C’est là, comme le dit le psaume, qu’il nous comble, c’est là qu’il distribue ses grâces et bienfaits. C’est aux tréfonds de nous-mêmes que nous pouvons voir sa face : tu me caches au plus secret de ta face, tu me réserves un lieu sûr, loin des langues méchantes. Thérèse d’Avila traduisait ce désir avec ces mots retrouvés dans son bréviaire : « Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie, tout passe, Dieu seul demeure, la patience tout obtient ; qui possède Dieu, rien ne lui manque : Dieu seul suffit. (…) Que confiance et vive foi maintienne l’âme, celui qui croit et espère obtient tout. Même s’il se voit assailli par l’enfer, il déjouera ses faveurs, celui qui possède Dieu. (…) Dieu seul suffit… »