Lève-toi et viens ! -

R
Il se tient derrière le mur,
James Tissot (Nantes, 1836 - Chenecey-Buillon, 1902),
Illustration pour « La vie du Christ », Gouache sur papier, 14,4 x 17,6 cm, 1894,
Brooklyn Museum of Art, Brooklyn New-York (U.S.A.).
Lecture du Cantique des Cantiques (Ct 2, 8-14)
La voix de mon bien-aimé ! C’est lui, il vient… Il bondit sur les montagnes, il court sur les collines, mon bien-aimé, pareil à la gazelle, au faon de la biche. Le voici, c’est lui qui se tient derrière notre mur : il regarde aux fenêtres, guette par le treillage. Il parle, mon bien-aimé, il me dit : Lève-toi, mon amie, ma toute belle, et viens… Vois, l’hiver s’en est allé, les pluies ont cessé, elles se sont enfuies. Sur la terre apparaissent les fleurs, le temps des chansons est venu et la voix de la tourterelle s’entend sur notre terre. Le figuier a formé ses premiers fruits, la vigne fleurie exhale sa bonne odeur. Lève-toi, mon amie, ma toute belle, et viens… Ma colombe, dans les fentes du rocher, dans les retraites escarpées, que je voie ton visage, que j’entende ta voix ! Ta voix est douce et ton visage, charmant.
Méditation
Voici un texte que certains qualifieront d’érotique ! En fait, voyons plutôt le jeu d’amour entre Dieu et l’âme. Notre bien-aimé nous cherche, il veut rendre notre âme toute belle. Mais il ne se donne pas sans que nous ne fassions quelque effort. Le voyez-vous derrière le grillage, il nous regarde, il nous guette, il nous attend. C’est pour moi une des plus belles gouaches de James Tissot, ce Christ que l’on ne distingue pas au premier coup d’œil mais qui apparaît délicatement si nous sommes attentifs. Dans un murmure, il appelle notre âme et il veut lui rendre sa joie, sa gaieté, nous aider à nous tourner vers lui, notre soleil, à l’instar de ces tournesols.
Il nous faut maintenant nous lever, ne pas nous endormir et approcher du mur pour le voir et le regarder avec les yeux de l’amour. Notre âme est la colombe de Jésus, blanche et pure à ses yeux, même si pour nous elle est tachée. Pour lui, elle sera toujours sa création, et comme pour tout amoureux, il ne voit pas les défauts de son aimée. Comme le père de l’enfant prodigue, c’est lui qui court au devant de nous, qui bondit pour nous rejoindre. Mais il a peur de nous effrayer, alors il préfère se cacher discrètement derrière la grille et nous désirer amoureusement, espérant que nous fassions le premier pas pour le rejoindre.
N’est-ce pas toute l’histoire de Noël, d’un Dieu qui vient jusqu’à nous sur terre, qui ne s’impose pas et naît discrètement, comme un pauvre, dans une étable. Et pendant trente ans, il se cachera derrière le mur de la menuiserie. Mais aujourd’hui, il est là, il veut venir épouser nos âmes, les faire refleurir. À notre tour, courons vers lui, regardons-le à travers le moucharabieh, laissons-nous séduire par le regard de Jésus. Il nous cherche, il nous désire, il nous attend...