Aimez vos ennemis

La gifle
Arcabas (Trémery, 1926 - Saint-Pierre de Chartreuse, 2018)
Huile sur toile, dimension inconnue
Musée Arcabas, Église de Saint-Hugues de Chartreuse, Saint-Pierre de Chartreuse (France)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 5, 43-48)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »
Méditation
Voilà quelque chose qui nous est bien difficile : prier pour nos ennemis ! Parfois parce qu’on ne se sent pas d’ennemis, tout simplement. Ou alors, parce que nous avons de la rancune, pour ne pas dire de la haine envers eux. Ils m’ont fait tellement de mal, comment pourrai-je prier pour eux ? Mais il ne faut pas oublier que la haine nous fait plus de mal à nous-mêmes qu’à eux : elle nous ronge de l’intérieur et nous fait sombrer dans l’amertume et l’acrimonie. Rappelez-vous le titre de ce livre dont l’auteur a perdu son épouse lors des attentats : « Vous n’aurez pas ma haine ! »
C’est la première étape de la guérison : refuser de devenir haineux. Car, quand mon ennemi m’a blessé, il pose son arme et s’en va. Et je reste seul avec ma blessure, ma plaie. Si je suis haineux, c’est comme si je passais mon temps à la toucher. Comment en guérir alors ? Seul le pardon et l’amour sont un baume suffisamment efficace pour la cicatriser. Le temps laissera sa trace, mais la plaie ne me fera plus mal.
L’autre étape est de prier pour espérer la conversion, l’ouverture du coeur de chacun. J’aime cette oraison de la « messe pour ceux qui nous font souffrir » : Dieu de miséricorde infinie, tu veux que nous aimions ceux qui nous font souffrir ; apprends-nous à garder ton commandement nouveau en rendant toujours le bien pour le mal, en aidant les autres à porter leur croix.
Car, par notre prière aimante, nous pouvons reconnaître que nous-mêmes sommes des ennemis. Ennemis des autres, parfois. Ennemis de nous-mêmes, souvent. Ennemis de Dieu, trop souvent ! Mais parce que le Christ nous a réconcilié, nous devons prier pour que nos ennemis deviennent aussi des hommes réconciliés avec Dieu, avec eux-mêmes et avec Dieu. Pas de salut sans réconciliation...