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Mardi, 22e semaine du T.O. — année impaire

Tace !



Jésus guérit un démoniaque

Anonyme

Sapin recouvert de plâtre et peint, 90 x 90cm, plafond, entre 1109 et 1114

Église réformée Saint-Martin, Zillis (Suisse)


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 4, 31-37)

En ce temps-là, Jésus descendit à Capharnaüm, ville de Galilée, et il y enseignait, le jour du sabbat. On était frappé par son enseignement car sa parole était pleine d’autorité. Or, il y avait dans la synagogue un homme possédé par l’esprit d’un démon impur, qui se mit à crier d’une voix forte : « Ah ! que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus le menaça : « Silence ! Sors de cet homme. » Alors le démon projeta l’homme en plein milieu et sortit de lui sans lui faire aucun mal. Tous furent saisis d’effroi et ils se disaient entre eux : « Quelle est cette parole ? Il commande avec autorité et puissance aux esprits impurs, et ils sortent ! » Et la réputation de Jésus se propageait dans toute la région.


Méditation

Jésus : Après Nazareth, me voici à Capharnaüm. Recevront-ils ma parole ou se révolteront-ils comme hier à Nazareth ? Pourtant, malgré le désordre qui règne dans leurs cœurs et leurs vies, ils m’écoutent. Ils se sentent débiteurs de tous les péchés qu’ils ont commis devant mon Père ; et ma Parole a du crédit à leurs yeux. Puisse-t-elle combler le vide qu’ils ressentent en eux… Mais quel est ce tintamarre ?


Le possédé : « Est-il possible de croire ? Sérieusement et effectivement ? Tout est là. » (se dira Stavroguine in Les Possédés de F. Dostoïevski). Pourtant, moi qui suis possédé par le démon du doute, par ce diable qui vient mettre la division en mon âme, je me trouve confronté à cette vérité de la foi, à celui qui est, qui était et qui vient ! Le plus grand des combats va commencer. Ce combat intérieur qui me déchire les tripes et l’âme. Avant d’affronter Jésus, me voici d’abord à combattre en moi, comme si j’étais écartelé en deux personnes : l’une qui voudrait tomber dans les bras de ce prophète, me laisser apaiser par sa suave parole, ma laisser consoler dans ses bras, me laisser réconcilier avec lui, retrouver ma vie sereine par son regard. J’en ai tellement envie, tellement besoin. Et un autre moi-même se déchaîne alors. Cette part de moi qui veut se détacher de tout et de tous, qui espère vivre et vaincre seul, par mes propres forces. Mes forces, ou celles d’un autre qui est venu me contaminer, se cacher en moi ? Cet autre qui, malgré son arrogance et son orgueil a peur. Peur de celui qui est en face de moi, peur de la vérité. cet autre, ce Diable qui me possède et qui tremble en ma chair. Car il sait qui il va devoir affronter, car il sait qu’il n’en sortira pas vainqueur. Ce diable qui connaît le Saint de Dieu. Il le connaît même de tout temps puisqu’il fut un de ses anges. Un ange qui refusa de se laisser illuminer par la lumière divine, rêvant plutôt d’être lui-même cette lumière. De porte-Lumière, il est devenu porte-ténèbres. Et il vient diffuser ces ténèbres depuis si longtemps en mon coeur. Ténèbres du doute, de la peur, de la mauvaise folie… Je ne sais comment, je ne sais pourquoi, mais il parle à ma place. Je ne comprends plus rien. « Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas. Si je fais le mal que je ne voudrais pas, alors ce n’est plus moi qui agis ainsi, mais c’est le péché, lui qui habite en moi. » (Rm 7, 19-20). J’ai soif de ce bien, soif d’être guéri, soif de quitter ces ténèbres, malgré ce Malin qui me possède. Jamais il ne pourra totalement éteindre la braise de la vie divine qui brûle en moi, jamais !


Jésus : Encore toi, le Malin ! La triple tentation ne t’a pas suffi ? Ne m’ayant pas vaincu, il faut encore que tu cherches à détruire les âmes plus faibles et fragiles ? Tu es vil ! Vil et fourbe. Incapable de retrouver en toi la moindre énergie, la moindre parcelle de vie divine, tu préfères aller la voler à mes créatures. Et plutôt que de te dérober devant moi, ton Maître, tu as encore le culot de m’affronter. Ta peur te rend encore plus bête que tu n’es. Et tu crois que c’est en rendant une âme, comme celle de ce garçon, aussi bête et bestiale que toi, que tu me désarmeras ? Jamais tu ne possèderas cette âme, même si elle t’a laissé sottement entrer en elle. Jamais, car ce sont mes créatures. Je les aimerai jusqu’au bout car elles ont du prix à mes yeux et j’ai gravé leur Nom dans la paume des mes mains. Alors que toi, tu ne cherches qu’à graver ton chiffre sur leur front pour les damner et les condamner. Oh, tu as beau cracher ton venin, ton fiel, il ne peux rien contre le miel de ma parole. Comme le dit le livre des Proverbes (Pr 27, 7), tu as profité de l’illusion du plaisir pour aveugler cet enfant : « Ventre repu fait fi du miel ; à ventre affamé tout est doux, même le fiel ! » Maintenant, TACE ! Tais-toi ! Fais silence !


Le possédé : Mon Dieu, voilà que le silence envahit mon âme. La fureur du bruit et le bruit de la fureur me quittent. Silence et paix. Paix et lumière. Lumière et amour. Amour et Joie. Je suis épuisé, vidé. Mais en même temps, je sens en moi une grâce me remplir doucement, comme une source qui coule en ma vie.


Jésus : Mon enfant. Ne désespère jamais. Même le plus grand pécheur peut être sauvé s’il laisse entrer un lui, ne serait-ce que le plus infime rayon de lumière. Toute âme peut être sauvée si tu acceptes de souffler, ou de laisser souffler l’Esprit sur les braises d’amour tapies en ton coeur sous les cendres du péché et de la mort. Et si tu te sens trop faible, trop fragile ou trop possédé par le Malin, laisse-toi faire. Offre-moi le rien, le vide qui est en toi, je l’emplirai ; offre-moi tes péchés pour que je les transforme en grâces ; offre-moi ta vie pour que j’en fasse ma vie. Et si, à toute extrémité, tu te sens aspiré par la tentation du désespoir, rappelle-toi simplement ce que l’Ange a dit à ma Mère : « Car rien n’est impossible à Dieu.« (Lc 1, 37). Et moi, je te dis : « Te voilà guéri. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver quelque chose de pire. » (Jn 5, 14) et sache que « apprends à observer tout ce que je t’ai commandé. Et moi, je suis avec toi tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 19-20).


Le possédé : Je te rends grâce pour cette délivrance et je te rendrai gloire par toute ma vie.

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