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Mardi, 23e semaine du T.O. — année impaire

Restez fermes dans la foi


L

La dernière prière des martyrs chrétiens

Jean-Léon Gérôme (Vesoul, 1824 - Paris, 1904)

Huile sur toile, 87,9 x 150,1 cm, 1883

Walter Art Museum, Baltimore (U.S.A.)


Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens (Col 2, 6-15)

Frères, menez votre vie dans le Christ Jésus, le Seigneur, tel que vous l’avez reçu. Soyez enracinés, édifiés en lui, restez fermes dans la foi, comme on vous l’a enseigné ; soyez débordants d’action de grâce. Prenez garde à ceux qui veulent faire de vous leur proie par une philosophie vide et trompeuse, fondée sur la tradition des hommes, sur les forces qui régissent le monde, et non pas sur le Christ. Car en lui, dans son propre corps, habite toute la plénitude de la divinité. En lui, vous êtes pleinement comblés, car il domine toutes les Puissances de l’univers. En lui, vous avez reçu une circoncision qui n’est pas celle que pratiquent les hommes, mais celle qui réalise l’entier dépouillement de votre corps de chair ; telle est la circoncision qui vient du Christ. Dans le baptême, vous avez été mis au tombeau avec lui et vous êtes ressuscités avec lui par la foi en la force de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. Vous étiez des morts, parce que vous aviez commis des fautes et n’aviez pas reçu de circoncision dans votre chair. Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ : il nous a pardonné toutes nos fautes. Il a effacé le billet de la dette qui nous accablait en raison des prescriptions légales pesant sur nous : il l’a annulé en le clouant à la croix. Ainsi, Dieu a dépouillé les Puissances de l’univers ; il les a publiquement données en spectacle et les a traînées dans le cortège triomphal du Christ.


Méditation

Quand on regarde ce tableau de Gérôme, on peut être effrayé. Passons sur l’erreur historique : il n’y eut pas de massacres de chrétiens au Colisée. Néron, après l’incendie de Rome — dont il ne fut nullement responsable, même s’il se réjouissait de pouvoir ainsi reconstruire la ville selon ses désirs — Néron, donc, fit crucifier des chrétiens dans les jardins du Vatican sur des pieux, et la nuit, comme on le distingue sur notre tableau, les fit couvrir de poix et enflammer pour éclairer le chemin de ses jardins. Rare brutalité ! Quoique… pas si rare, lorsqu’on regarde les cent cinquante dernières années jonchées de cadavres, de souffrances inutiles, de bestialité et de domination sans coeur. Plaute avait raison : « Homo homini lupus est - L’homme est un loup pour l’homme » ! Pourtant, au milieu de ce sanglant tableau, un homme reste debout, dressé, et entouré de ses fidèles implorant à genoux. Qu’implorent-ils ? La grâce des bourreaux ? La pitié de l’empereur ?


Non. C’est Dieu qu’ils invoquent. Ils savent que, comme le dit saint Paul : « Prenez garde à ceux qui veulent faire de vous leur proie par une philosophie vide et trompeuse, fondée sur la tradition des hommes, sur les forces qui régissent le monde, et non pas sur le Christ. » Et même en ayant pris garde, ils deviennent la proie de la dent des lions. Ces lions dont parla Pierre dans sa lettre (1 P 5, 8) : « Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. » Ces mêmes lions à qui s’offrira saint Ignace d’Antioche (peut-être est-ce lui représenté sur notre œuvre ?) Aux Romains qui voulaient intervenir pour lui éviter le supplice, il écrivit : « Mieux vaut pour moi mourir pour le Christ Jésus que de régner jusqu’aux extrémités de la terre. C’est lui que je cherche, lui qui est mort pour nous, lui que je veux, lui qui est ressuscité pour nous... ne m’empêchez pas de naître à la vie ; ne cherchez pas ma mort... » (Ignace d’Antioche, Lettre aux Romains 4, 7). Aussi fut-il conduit au Colisée pour y être livré aux animaux féroces, comme il l’avait demandé : « Laissez-moi devenir la pâture des bêtes, car c’est par elles qu’il m’est possible d’atteindre Dieu. Je suis le froment de Dieu, moulu par la dent des bêtes, pour devenir le pain immaculé du Christ. Suppliez le Christ pour moi afin que par la dent des fauves je devienne victime pour Dieu. » (Ignace d’Antioche, Lettre aux Romains 4 ,7). Le martyr ne devait plus sortir de l’arène que par la porte réservée aux Morts, et la parole de ce vieillard explique la force des Martyrs : « Tous mes désirs ont été crucifiés et il n’existe plus en moi de feu pour la matière, mais une eau vive qui murmure au-dedans de moi et qui me dit: ‘Viens vers le Père’ » (Ignace d’Antioche, Lettre aux Romains 4,7).


Est-il plus belle illustration que le début du texte d’aujourd’hui : « Frères, menez votre vie dans le Christ Jésus, le Seigneur, tel que vous l’avez reçu. Soyez enracinés, édifiés en lui, restez fermes dans la foi, comme on vous l’a enseigné ; soyez débordants d’action de grâce. » ? Se donner au Christ est une oeuvre complète, pas de demi-mesure. Soyons donc débordants d’action de grâce, cherchant à voir dans notre vie ce qui est beau avant ce qui est laid ; à chanter les louanges de Dieu à chaque instant ; à garder continuellement devant les yeux la Sainte-Face de notre Rédempteur. Si nous sommes enracinés en Christ, guidés par l’Esprit-Saint, assoiffée de trouver le Père, alors nous passerons toutes les épreuves. La nouvelle traduction du Missel (qui sera effective au 1er dimanche de l’Avent) dit, après le Notre Père : « Délivre-nous de tout mal, Seigneur, et donne la paix à notre temps : soutenus par ta miséricorde, nous serons libérés de tout péché, à l’abri de toute épreuve, nous qui attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus Christ, notre Sauveur. »

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