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Mardi, 4ème semaine du Carême

Prends ton brancard -



La piscine de Bethesda,

Anonyme,

Gravure sur bois extraite de la « Bible de Zurich » éditée par Christoph Froschauer, (1490-1564) entre 1529 et 1531 pour le compte de la réforme de Zwingli.


Évangile selon saint Jean 5, 1-16

À l’occasion d’une fête des Juifs, Jésus monta à Jérusalem. Or, à Jérusalem, près de la Porte des Brebis, il existe une piscine qu’on appelle en hébreu Bézatha. Elle a cinq colonnades, sous lesquelles étaient couchés une foule de malades : aveugles, boiteux et paralysés. Il y en avait un qui était malade depuis trente-huit ans. Jésus, le voyant couché là, et apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps, lui dit: «Est-ce que tu veux retrouver la santé?» Le malade lui répondit: «Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi.» Jésus lui dit: «Lève-toi, prends ton brancard, et marche.» Et aussitôt l’homme retrouva la santé. Il prit son brancard: il marchait! Or, ce jour-là était un jour de sabbat. Les Juifs dirent à cet homme que Jésus avait guéri: «C’est le sabbat! Tu n’as pas le droit de porter ton brancard.» Il leur répliqua: «Celui qui m’a rendu la santé, c’est lui qui m’a dit: “Prends ton brancard, et marche!”» Ils l’interrogèrent: «Quel est l’homme qui t’a dit: “Prends-le, et marche”?» Mais celui qui avait été guéri ne le savait pas; en effet, Jésus s’était éloigné, car il y avait foule à cet endroit. Plus tard, Jésus le retrouva dans le Temple et lui dit: «Te voilà en bonne santé. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver pire encore.» L’homme partit annoncer aux Juifs que c’était Jésus qui lui avait rendu la santé. Et les Juifs se mirent à poursuivre Jésus parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat.


À Jérusalem, près de l’actuelle porte Saint-Étienne, se trouvait une piscine, en fait deux anciens bassins de retenue des eaux, qui servaient à laver les brebis qui étaient emmenées au Temple pour les sacrifices rituels. Cette fonction lui a donné le nom de piscine probatique (ce mot veut dire : petit bétail). Puis, les bassins devinrent des thermes dédiés à Esculape, le dieu grec chargé de guérir les malades. On lui donna alors l’autre nom de Bethzatha (maison de la grâce) ou Bethesda (où jaillit l’eau). Entre les bassins fut construit un portique à cinq arches qui explique l’expression de saint Jean : les cinq colonnades. La tradition, précisée dans quelques manuscrits, raconte qu’un ange faisait bouillonnait l’eau (bouillonnement certainement dû au ruissellement des eaux descendant du Temple) et que le premier qui s’y plongeait était guéri quel que soit son mal. Dans la partie supérieure droite, on distingue Jésus qui s’approche, avec ses disciples, d’un homme allongé sur son lit de fortune. Un peu plus sur la gauche, guéri, il repart sur l’ordre du Christ, portant son grabat. Le fond de la scène nous montre, non les cinq portiques attendus, ni une vue de Jérusalem ou de la porte des Brebis, mais une chaîne de montagnes.


Mais, avant tout acte thaumaturgique, il est une première question que Jésus nous pose, celle de notre liberté, car il ne veut s’imposer à nous : « Veux-tu guérir ? » Peut-être qu’avant de nous demander si Jésus guérit il serait bon de s’interroger : voulons-nous vraiment être guéri ?


Et c’est là que cette gravure nous donne quelques éléments de réponse. D’abord, ce grabat que le paralytique va devoir porter. Si nous répondons « oui » à la question du Christ, il nous guérira. Mais il ne s’agira pas d’oublier ce que fut notre condition précédente, au risque de retomber. Alors, comme une anamnèse (souvenir en grec) de sa grâce, il nous confie notre grabat. Nos cicatrices guéries sont là pour nous rappeler que nous fûmes malades. Peut-être même nous donnent-elles notre vraie beauté…

Le deuxième signe est celui de la forme de ce bassin. Il rappelle curieusement la forme d’un baptistère. N’est-ce pas dans l’eau du baptême que nous sommes définitivement guéris de ce mal implacable qui s’appelle le péché originel, et de la mort éternelle ? La main droite de Jésus semble même l’indiquer au malade comme étant le vrai lieu de notre guérison.


Et il y a cet ange. Il ne descend pas dans la piscine baptismale, il la touche de son bâton. Comme Moïse touchât de son bâton le rocher pour en faire jaillir l’eau qui étanche la soif de guérir (Nb 20, 11), comme Moïse qui jeta son bâton dans l’eau pour la purifier de notre amertume (Ex 15, 25). Est-ce pour cela que la scène se déroule dans une sorte de désert entouré de montagnes ? Ou pour nous rappeler la montagne du Golgotha sur laquelle fut crucifiée le Christ, lorsqu’un soldat de son bâton lui perçât le côté (Jn 19, 34) d’où il jaillit une source de vie ?


Enfin, il y a cette multitude d’infirmes dont parle l’Évangile : un jeune homme allongé au premier plan, un adulte qui descend dans la piscine, un vieillard qui se fait porter. Peut-être sommes nous en présence des trois âges de l’homme, celui qui a passé toute sa vie infirme, et qui maintenant est guéri, relevé, sauvé ? À moins que le personnage au premier plan, allongé, qui semble avoir le ventre gonflé, soit une femme prête à accoucher ? La position de ses bras est similaire à celle du paralytique que Jésus guérit. Un nouveau monde serait-il en train de naître ? La guérison de Jésus serait-elle de nous faire quitter l’homme ancien ? « À moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu. Nicodème lui dit : Comment un homme peut il naître, étant vieux ? Peut il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître ? » Jn 3, 3-4. En nous guérissant, Jésus nous fait re-naître, renaître à un homme nouveau qui n’oubliera pas sa condition, le grabat lui rappellera…


Comme si l’artiste avait voulu nous dire : oui, Jésus peut te guérir, si tu le veux ! Oui, Jésus te guérira de la mort éternelle dans les eaux du baptême ! Oui, Jésus te guérira et te rappellera, par ton grabat, la grâce qui t’a été faite ! Oui, Jésus, dans ton désert peut faire jaillir des sources vivifiantes ! Oui, Jésus peut purifier tes eaux acides ! Oui, c’est maintenant que Jésus guérit, qu’il fait de toi un homme nouveau : « Aujourd'hui cette parole de l'Écriture, que vous venez d'entendre, est accomplie » (Lc 4, 21). Aujourd’hui, tu vas re-naître à la grâce ! Réponds simplement à sa question…

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