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Mardi, 9e semaine du T.O. — Année impaire

Devons-nous payer, oui ou non ?



Le tribut à César

Bernardo Strozzi (Gênes, 1581 - Venise, 1644)

Huile sur toile, 158 x 225 cm, 1630-1635

Museum des Beaux-Arts, Budapest (Hongrie)


Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 12, 13-17)

En ce temps-là, on envoya à Jésus des pharisiens et des partisans d’Hérode pour lui tendre un piège en le faisant parler, et ceux-ci vinrent lui dire : « Maître, nous le savons : tu es toujours vrai ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens, mais tu enseignes le chemin de Dieu selon la vérité. Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? Devons-nous payer, oui ou non ? » Mais lui, sachant leur hypocrisie, leur dit : « Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Faites-moi voir une pièce d’argent. » Ils en apportèrent une, et Jésus leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? – De César », répondent-ils. Jésus leur dit : « Ce qui est à César, rendez-le à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Et ils étaient remplis d’étonnement à son sujet.


Méditation

Je viens de lire le deuxième livre de la saga de Pierre Lemaître, Couleurs de l’incendie. Il y fait référence des diverses lois promulguées dans les années 30 pour que tous payent l’impôt sur le revenu. Comment oublier les affrontements violents de cette époque pour supprimer cet impôt considéré comme inique (de fait, les plus pauvres payaient une part plus importante que les plus riches). Le débat n’est pas nouveau puisque nous voyons déjà Jésus confronté à la question. Avec un aspect encore plus difficile : il ne s’agit pas de payer, par exemple, la taxe pour l’entretien du Temple, mais ici de payer un impôt destiné aux forces occupantes, les Romains. On peut comprendre que la question fasse débat. Il suffit de se rappeler les énormes taxes qu’imposèrent les nazis aux pays occupés.


Mais Jésus ne veut pas rentrer dans un débat stérile. D’abord, il comprend que ce n’est pas une question posée uniquement pour avoir l’avis d’une personne autorisée ; c’est un piège... Piège pour savoir s’il accepte cette occupation romaine, ou s’il appelle à la révolte. Dans les deux cas il sera condamné par les Pharisiens, soit comme collaborateur, soit comme complotiste. Il replace alors le débat sur un socle plus stable et plus intelligent. La monnaie que vous utilisez est frappée de l’effigie de César. Elle doit donc revenir à César. Ce n’est pas plus compliqué que cela !


On a souvent utilisé cette sentence de Jésus pour expliquer la séparation des pouvoirs : le droit divin d’un côté, le droit civil de l’autre. C’est vrai. Mais c’est peut-être aussi une façon clivante non de leur laisser à chacun leur « royaume », mais surtout de les opposer. Ces deux pouvoirs (nous pourrions presque dire, ces deux cités, pour reprendre les mots de saint Augustin) ne s’opposent pas : elles se complètent chacune dans leur domaine de compétence. Ainsi, l’Église n’a certainement pas à s’immiscer dans le domaine politique. L’État, lui, n’a certainement pas à s’immiscer dans le domaine religieux. Mais entre les deux, il y l’homme. Et lui, dépend des deux. L’Église a quelque chose à dire sur l’homme, comme l’État doit aussi (rappelez-vous la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789) préserver les citoyens. Ce qui devient grave, c’est quand l’homme est oublié, soit par l’Église, soit par l’État, ou quand l’un empiète sur le domaine de l’autre : un État qui veut se faire sa propre religion, ou une religion qui veut édicter ses propres lois civiles. Il suffit de lire le journal ou de regarder la télé pour se rendre compte que le débat est d’une grande actualité...

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