Encore quarante jours -

Jonas prêchant au Ninivites,
Anonyme français,
Heures du connétable Anne de Montmorency,
Parchemin, peinture sur papier, 21 x 14 cm, 1549,
Musée Condé, Chantilly (France)
Lecture du livre du prophète Jonas (Jon 3, 1-10)
La parole du Seigneur fut adressée à Jonas : « Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne, proclame le message que je te donne sur elle. » Jonas se leva et partit pour Ninive, selon la parole du Seigneur. Or, Ninive était une ville extraordinairement grande : il fallait trois jours pour la traverser. Jonas la parcourut une journée à peine en proclamant : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! » Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne, et tous, du plus grand au plus petit, se vêtirent de toile à sac. La chose arriva jusqu’au roi de Ninive. Il se leva de son trône, quitta son manteau, se couvrit d’une toile à sac, et s’assit sur la cendre. Puis il fit crier dans Ninive ce décret du roi et de ses grands : « Hommes et bêtes, gros et petit bétail, ne goûteront à rien, ne mangeront pas et ne boiront pas. Hommes et bêtes, on se couvrira de toile à sac, on criera vers Dieu de toute sa force, chacun se détournera de sa conduite mauvaise et de ses actes de violence. Qui sait si Dieu ne se ravisera pas et ne se repentira pas, s’il ne reviendra pas de l’ardeur de sa colère ? Et alors nous ne périrons pas ! » En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés.
Méditation
Nous ne connaissons souvent de l’histoire de Jonas que l’épisode où il est avalé par le monstre marin. Voilà pourtant un petit livre prophétique (quatre chapitres) qui mérite qu’on s’y arrête. Après un périple compliqué, marqué par la peur du prophète, il arrive enfin à Ninive où il doit exhorter les habitants païens à la conversion. « Encore quarante jours », comme un décompte inexorable qui pourrait mener à une mort et une destruction définitives. Jonas ne s’attendait pas à un tel succès, si bien qu’il en sera vexé, ne pouvant justifier devant Dieu d’un véritable combat par la parole et les actes pour les amener à la conversion. Car, aussitôt, dès qu’ils entendent l’appel de Jonas, le peuple suivi de son roi, fera pénitence. Soulignons ce petit mot que l’on retrouve si souvent dans l’évangile (surtout celui de Marc) : aussitôt. Aussitôt, les apôtres suivent Jésus à sa demande... Aussitôt, les habitants se convertissent et changent leur cœur. Aussitôt... Dans un monde où la procrastination est reine, il est assez difficile d’entendre résonner cet adverbe. Nous avons tellement de justifications, d’explications, d’excuses et de circonstances atténuantes pour ne pas nous convertir. Et même, faisant intérieurement le décompte dans notre tête, il nous reste encore plus de 35 jours pour « faire » un bon carême ! Alors que si, aussitôt, nous faisions comme les Ninivites... « En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés. »