Regarde et tends l’oreille

Le couronnement de la Vierge
Joseph Wencker (Strasbourg, 1848 - Paris, 1919)
Chapelle du bras droit du transept, mosaïques, 1907
Basilique du Rosaire, Lourdes (France)
Psaume 44 (45)
Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille :
le roi sera séduit par ta beauté.
Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.
Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.
À la place de tes pères se lèveront tes fils ;
Je ferai vivre ton nom pour les âges des âges :
que les peuples te rendent grâce, toujours, à jamais !
Méditation
Ce psaume semblerait presque plus adapté à la fête de la Nativité de la Vierge qu’à ce jour. Et pourtant, même si on peut le chanter au nom de Marie, rien ne nous empêche de le prendre à notre compte ! Mais relisons-le d’abord avec ce prisme marial.
Oui, Dieu a été séduit par la beauté de sa créature, celle qu’Il a conservé immaculée. Et elle a su tendre l’oreille au message de l’ange, et écouter, méditer en son cœur tous les événements heureux, douloureux ou glorieux qu’elle a rencontrés lors de son existence terrestre. Puis elle fut appelée à rejoindre au ciel son Fils. Comme le représente cette mosaïque, elle fut conduite toute parée, vêtue d’étoffes d’or devant le Roi des Rois. Et ses compagnes lui font cortège.
Ses compagnes lui font cortège ? Mais qui sont-elles ? Les vierges sages de l’évangile ? Ou sont-ce nos âmes qui accompagnent Marie, qui sont guidées par la Vierge pour rejoindre l’époux ? Si nous chantons la gloire de toute la Trinité, nous entrerons aussi au Palais du Roi. Nous aussi entrerons, à la suite de Marie et de la foule innombrable des saints, au Royaume. Ce Royaume où, parées de grâces, nos âmes contempleront le Roi, lui rendront grâces à jamais, où le Nom de Dieu, sanctifié à jamais, continuera de vivre pour tous les hommes.
Mais pour cela, comme Marie, il nous faut écouter, tendre l’oreille. À quoi ? Peut-être pas aux bruits de notre monde : Dieu ne parle jamais dans le bruit. Mais au silence, au silence où Dieu peut murmurer à notre âme le projet qu’il a pour nous en son cœur. Écouter sa Parole, la lire, et comme Marie, la méditer en nos cœurs. Prosternons-nous devant notre Roi, parons nos âmes de la sainteté, de la miséricorde, de la charité, de l’espérance et de la foi. Alors, Dieu sera séduit par notre beauté et nous fera entrer en son Royaume, ce « pays où coule l’amour dont j’avais tellement, tellement soif » (Guy de Larigaudie).