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Mercredi, 27e semaine du T.O. — année impaire

Le pain suressentiel



Le sermon sur la montagne

Guido di Pietro dit Fra Angelico (Vicchio di Mugello, 1400 - Rome, 1455)

Fresque sur le mur d’une cellule monacale

Couvent San Marco, Florence (Italie)


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 11, 1-4)

Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. » Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »


Méditation

« Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour ». Le texte grec, mot à mot, nous donne « Notre pain du jour, donne-le nous jour après jour. » Mais quel est donc ce pain ? Bien sûr, le pain que nous mangeons, ce pain de farine. Nous en avons besoin, même si la consommation en a considérablement diminuée (chaque Français mange aujourd’hui 58 kilogrammes de pain, alors qu’il en consommait 328 en 1900 !). On comprenait tellement son sens majeure pour notre existence, qu’on rendait grâce à Dieu, avant de le briser, en traçant une croix au dos de la miche. Qui le fait encore ? Ainsi, de nourriture de base, il est devenu appoint nutritif. Pour beaucoup, avec un peu d’humour, il faudrait dire : « donne-nous les frites (ou la pizza) » qui font partie des aliments le plus consommé dans le monde. À ce titre, il est dommage que monsieur Parmentier n’ait pas déposé un brevet pour ses pommes-de-terre !


C’est bien ce pain que Jésus va multiplier à plusieurs reprises (avec du poisson. parfois) pour nourrir les foules affamées. C’est bien ce pain azyme qui fut la nourriture du peuple hébreu quittant précipitamment l’esclavage en Égypte. Un pain qu’ils n’eurent pas le temps de faire lever, auquel on n’avait ajouté aucune levure pour qu’il puisse supporter le voyage. C’est ce même pain que Jésus distribuera lors de la dernière Cène. Et c’est là où le basculement se produit… De ce pain de farine, nourriture essentielle, il en fait son Corps, nourriture suressentielle.


Quand Jésus apprend à ses disciples comment prier, il leur donne la clé de toute vie. J’ai déjà mis ce dessin qui résume le Notre Père :



Deux espaces : celui de la vie et celui de la mort. Deux mondes : celui des anges et celui des démons. Au centre : Dieu. Que devons-nous faire ? Sa volonté. Pour y parvenir, il nous faut appeler son règne. Rappelez-vous l’embolisme qui suit le Notre Père lors de la messe — nouvelle traduction : « Délivre nous de tout mal, Seigneur, et donne la paix à notre temps : soutenus par ta miséricorde, nous serons libérés de tout péché, à l’abri de toute épreuve, nous qui attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l’avénement de Jésus Christ, notre Sauveur. » Et ce, en implorant son pardon pour toutes les dettes que nous avons contractées à son égard. Nous avons reçu tant de grâces et nous n’en avons pas profité, voire nous les avons abîmées. Voilà les dettes qu’il doit nous remettre, les péchés pour lesquels nous demandons son pardon. Mais, comme le dit le texte ci-dessus, pleins d’espérance, « soutenus par ta miséricorde, nous serons libérés de tout péché, à l’abri de toute épreuve ».


Nous sommes en éternel combat entre ces deux espaces, entre notre volonté de communier à Dieu, et nos désirs terrestres. Et lorsqu’on regarde ce schéma, on comprend que les barrières sont abolies au centre. Nous rejoignons Dieu en pleine communion, en recevant ce pain quotidien. Et il ne peut plus s’agir du simple pain de farine, même s’il est essentiel à notre vie. Ce pain que nous demandons au Père est un pain encore plus essentiel, un pain suressentiel comme le traduisent les orthodoxes : le Corps de son Fils Jésus. Ce Corps donné, vu, reçu, touché, mangé à l’eucharistie. Ce Corps dont saint Jean disait (1 Jn 1, 1) : « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. » Et le Saint Curé d’Ars d’ajouter : « Quand nous avons communié, si quelqu’un nous disait : “Qu’emportez-vous dans votre maison ?”, nous pourrions répondre : “J’emporte le ciel” »


Oui, c’est ce pain quotidien, celui de l’Eucharistie, qui nous fait entrer dans le Cœur de Dieu. Et en cela, il est plus qu’essentiel, il est suressentiel. Sa volonté est que nous communions au Corps de son Fils, que nous recevions ce pain, pour, comme le dit saint Augustin, que nous devenions ce que nous avons reçu : des Christs !

Si vous en avez le courage, je vous invite à lire ce texte sur le saint Curé d’arts et l’Eucharistie : https://www.arsnet.org/sites/arsnet.org/IMG/pdf/cure_d_ars_eucharistie.pdf

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