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Mercredi, 30e semaine du T.O. — année impaire

La porte étroite -



Tunnel de pierre de la piscine de Salomon près de Bethléem,

William Simpson (Glasgow, 1823 - Willesden, 1899),

Aquarelle et crayon sur papier, dimensions inconnues,, 1872,

Palestine Exploration Fund, Londres (Royaume-Uni)


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 13, 22-30)

En ce temps-là, tandis qu’il faisait route vers Jérusalem, Jésus traversait villes et villages en enseignant. Quelqu’un lui demanda : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » Jésus leur dit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. Lorsque le maître de maison se sera levé pour fermer la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : “Seigneur, ouvre-nous”, il vous répondra : “Je ne sais pas d’où vous êtes.” Alors vous vous mettrez à dire : “Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.” Il vous répondra : “Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice.” Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. »


Méditation

« Être sauvé » ? Voilà bien une vraie question ! Et pourtant, s’il est bien un mot qui a un léger goût suranné, c’est bien celui-là. Nos contemporains se sentent-ils encore le besoin fondamental d’être sauvés ? Pour des choses bien terrestres, oui. J’aimerais être sauvé de mes problèmes financiers, des mes déboires sentimentaux, de l’assiduité des huissiers, ou je ne sais quoi encore ! Parfois, plus gravement, être sauvé de la maladie et de la mort. Mais surtout pour vivre éternellement en ce monde, ou du moins pour échapper à l’angoisse de la mort. En fait, tout se résume à une unique dimension : sauver ma vie terrestre pour vivre heureux, riche et en paix. Je parais encore un peu dur, mais ne faut-il pas parfois lever le voile pudique que notre monde jette sur la vérité ?


Je suis encore plus surpris quand je m’aperçois que le salut ne fait plus véritablement partie de notre vocabulaire chrétien. Rares sont les homélies et les exhortations à ce sujet. On préfèrera parler de l’importance de la solidarité du chrétien avec ce monde en détresse (et Dieu sait que c’est urgent) ou de la fraternité à exercer envers nos frères, quels qu’ils soient. Si je poussais un peu le bouchon, je dirais que nous parlons de l’égalité de tous aux regard de Dieu et de la liberté qu’il nous offre. Et nous voilà revenus à notre bonne devise républicaine : Liberté, égalité, fraternité. Je ne peux m’empêcher de vous transmettre cette « fabuleuse » pétition envoyée voici deux ans au Président de la République :


L'hymne de notre pays est "Liberté, égalité, fraternité"

Cette devise met les femmes à l'écart.

Fraternité concerne directement les hommes, pour les femmes ce serait sororité.

OR la devise française devrait concerner tout le monde, le terme qui réunit la fraternité et la sororité c'est le mot Solidarité !

Nous souhaitons bannir toutes formes de sexismes en France, mais comment réussir lorsque notre propre devise met les femmes à l'écart ?!

CHANGEONS ENSEMBLE !

POUR UNE FRANCE PLUS SOLIDAIRE !


Je ne cache pas mon effroi devant une telle bêtise. Car, les animaux ne sont pas non plus pris en compte, alors qu’ils sont partie intégrante de notre pays. Je propose donc : Liberté, égalité, solidarité et animalité. Et je ne parle même pas des transgenres qui refusent de se définir comme masculin ou féminin. Il va falloir encore changer notre devise et y ajouter : gendrismité ! Encore cinquante ans et la devise fera une trentaine de pages !


J’en reviens à mon propos… Il m’apparaît, et je ne crois pas sans prétention me tromper, que le salut est au centre de notre foi chrétienne. Pourquoi Jésus est-il venu sur notre terre ? Il me semble qu’on peut apporter, à la lecture des Écritures, cinq réponses :

  • Jésus est venu sauver l’homme de ses péchés et de la mort éternelle,

  • Jésus est venu révéler l’amour de Dieu pour les hommes,

  • Jésus est venu réconcilier l’homme avec Dieu,

  • Jésus est venu restaurer l’homme dans sa dimension plénière,

  • Jésus est venu préparer l’homme à sa venue dans la Gloire et au partage de cette même Gloire trinitaire.

« Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle » nous a dit saint Jean (Jn 3, 16). En ce verset se résume tout le salut : il veut nous donner la vie éternelle par notre identification au Christ. En effet, comme l’écrit le Père Paul de Jaeger, il ne s’agit pas d’imiter le Christ (qui le pourrait ?) mais de s’identifier au Christ, de devenir nous-mêmes des Christs. N’est-ce pas ce que priait Élisabeth de la Trinité ? :


Ô mon Christ aimé, crucifié par amour, je voudrais être une épouse pour votre Coeur, je voudrais vous couvrir de gloire, je voudrais vous aimer... jusqu'à en mourir ! Mais je sens mon impuissance et je vous demande de me « revêtir de vous-même », d'identifier mon âme à tous les mouvements de votre âme, de me submerger, de m'envahir, de vous substituer à moi, afin que ma vie ne soit qu'un rayonnement de votre Vie. Venez en moi comme Adorateur, comme Réparateur et comme Sauveur. Ô Verbe éternel, Parole de mon Dieu, je veux passer ma vie à vous écouter, je veux me faire tout enseignable, afin d'apprendre tout de vous. Puis, à travers toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuissances, je veux vous fixer toujours et demeurer sous votre grande lumière ; ô mon Astre aimé, fascinez-moi pour que je ne puisse plus sortir de votre rayonnement.

Ô Feu consumant, Esprit d'amour, « survenez en moi » afin qu'il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe : que je Lui sois une humanité de surcroît en laquelle Il renouvelle tout son Mystère.


Mais ce désir de Dieu de sauver l’homme appelle notre collaboration, notre effort pour passer par la porte étroite, pour nous libérer de ce qui nous encombre, pour nous identifier à lui, et surtout pour ne pas l’entendre nous dire : « Je ne sais pas d’où vous êtes ». Cyprien de Carthage nous a laissé cette fameuse formule : « Extra Ecclesiam nulla salus - Hors de l’Église, point de salut. » C’est dans, avec, et par l’Église, Corps du Christ, que nous obtiendrons le salut. Un salut qui n’est pas que de se sauver pour la vie éternelle, par peur de la mort, mais plutôt d’être le plus totalement uni à notre Dieu.

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