Les leçons du Seigneur !

Et quand as-tu vu ton père pour la dernière fois ?
William Frederick Yeames (Taganrog, 1835 - Teignmouth, 1918)
Huile sur toile, 131 x 251,5 cm, 1878
Walker Art Gallery, Liverpool (Royaume-Uni)
Lecture de la lettre aux Hébreux (He 12, 4-7.11-15)
Frères, vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché, et vous avez oublié cette parole de réconfort, qui vous est adressée comme à des fils : Mon fils, ne néglige pas les leçons du Seigneur, ne te décourage pas quand il te fait des reproches. Quand le Seigneur aime quelqu’un, il lui donne de bonnes leçons ; il corrige tous ceux qu’il accueille comme ses fils. Ce que vous endurez est une leçon. Dieu se comporte envers vous comme envers des fils ; et quel est le fils auquel son père ne donne pas des leçons ? Quand on vient de recevoir une leçon, on n’éprouve pas de la joie mais plutôt de la tristesse. Mais plus tard, quand on s’est repris grâce à la leçon, celle-ci produit un fruit de paix et de justice. C’est pourquoi, redressez les mains inertes et les genoux qui fléchissent, et rendez droits pour vos pieds les sentiers tortueux. Ainsi, celui qui boite ne se fera pas d’entorse ; bien plus, il sera guéri. Recherchez activement la paix avec tous, et la sainteté sans laquelle personne ne verra le Seigneur. Soyez vigilants : que personne ne se dérobe à la grâce de Dieu, qu’il ne pousse chez vous aucune plante aux fruits amers, cela causerait du trouble, et beaucoup en seraient infectés.
Méditation
Ce passage de l’épître aux Hébreux est un véritable traité d’éducation à l’usage des familles, parents et enfants ! D’abord, pour les parents. Ils doivent comprendre que toute correction qu’ils infligent à leur enfant ne doit pas être simplement une punition mais surtout un enseignement dont l’enfant pourra ultérieurement en tirer toutes les leçons. Puis pour les enfants. Ils ne doivent pas s’arrêter sur la peine ou la colère qu’a produite en eux la correction parentale, mais apprendre à se demander si le père avait raison de les tancer et y voir un enseignement pour son avenir, une leçon pour l’aider à grandir droitement.
Mais l’épître, par analogie, nous invite à appliquer cette réflexion à notre vie spirituelle. Dieu est notre Père et nous sommes ses enfants… Et cette vie spirituelle, ce rapprochement vers le Seigneur est loin d’être facile et évident. Le chemin est parsemé d’embûches sur lesquelles nous butons parfois. Et Dieu nous relève. Mais en nous relevant, il nous donne aussi une leçon : regarde où tu marches, évite de buter sur cette pierre dangereuse. Alors, oui, nous sommes tristes. Tristes et vexés… Vexés, humiliés d'avoir encore chuter. Humiliés non pas en premier lieu de ne pas avoir été à la hauteur de ce que Dieu attendait de nous, mais d’abord de ne pas être à nos propres yeux ce que nous estimions de nous-mêmes du haut de notre superbe. Chuter, être à terre, le nez dans l’humus creuse notre humanité et notre humilité ! C’est sûrement là la vraie leçon de la vie que Dieu nous donne.
À force de tomber nous nous faisons des plaies, des blessures parfois mal cicatrisées, et nous boitons… Cela nous rend souvent triste… Mais la seconde leçon n’est-elle pas de comprendre que Dieu nous aime ainsi, avec nos boitements et nos cicatrices ? N’est-ce pas ces blessures de la vie qui, en fait, font notre véritable beauté, non une beauté plastique, policée (ou peau lissée), mais la beauté de la trace de la vie.
Rappelez-vous ces deux sentences : « On n’est pas responsable de la tête que l’on a mais de celle que l’on fait ! »… et « Notre beauté ne vient pas du bois dont on est fait, mais de la trace du sculpteur ». Même si les coups de serpe sont parfois bien durs ! Mais Dieu nous sculpte avec bienveillance, amour et sûreté. À nous d'en tirer la leçon…