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Mercredi, 6e semaine de Pâques

Un bel échec ! -



Saint Paul prêchant à Athènes,

Raffaello Sanzio (Urbino, 1483 - Rome, 1520),

Tempera sur papier transposé sur toile, 390 x 440 cm, 1515,

Victoria & Albert Museum, Londres (Royaume-Uni)


Lecture du livre des Actes des Apôtres (Ac 17, 15.22 – 18, 1)

En ces jours-là, ceux qui escortaient Paul le conduisirent jusqu’à Athènes. Puis ils s’en retournèrent, porteurs d’un message, avec l’ordre, pour Silas et Timothée, de rejoindre Paul le plus tôt possible. Alors Paul, debout au milieu de l’Aréopage, fit ce discours : « Athéniens, je peux observer que vous êtes, en toutes choses, des hommes particulièrement religieux. En effet, en me promenant et en observant vos monuments sacrés, j’ai même trouvé un autel avec cette inscription : “Au dieu inconnu.” Or, ce que vous vénérez sans le connaître, voilà ce que, moi, je viens vous annoncer. Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qu’il contient, lui qui est Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas des sanctuaires faits de main d’homme ; il n’est pas non plus servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, le souffle et tout le nécessaire. (...) En effet, il a fixé le jour où il va juger la terre avec justice, par un homme qu’il a établi pour cela, quand il l’a accrédité auprès de tous en le ressuscitant d’entre les morts. » Quand ils entendirent parler de résurrection des morts, les uns se moquaient, et les autres déclarèrent : « Là-dessus nous t’écouterons une autre fois. » C’est ainsi que Paul, se retirant du milieu d’eux, s’en alla. Cependant quelques hommes s’attachèrent à lui et devinrent croyants. Parmi eux, il y avait Denys, membre de l’Aréopage, et une femme nommée Damaris, ainsi que d’autres avec eux. Après cela, Paul s’éloigna d’Athènes et se rendit à Corinthe.


Méditation

Voici Paul devant l’Aréopage. N’oublions pas qu’à Athènes, c’est une assemblée de juges, de savants, d'hommes de lettres très compétents. Bien sûr, Paul fait partie de cette caste intellectuelle. Mais il compte trop sur la réthorique, son art oratoire ne suffira pas... Il suffit de regarder sur notre tableau les expressions de son auditoire : air dubitatif, écoute circonspecte, geste de contestation et même d’ennui... Paul est un bretteur, mais il a oublié l’essentiel : qui est son auditoire. Son discours aurait peut-être bien fonctionné devant des Juifs, même des Juifs de culture alexandrine. Car la question n’est pas celle de la culture hellénistique, de la Koiné (le dialecte commun) puisque le grec était la langue commerciale de l’époque. La question est celle d’une foi totalement différente.


Les Romains réutiliseront sans vergogne le Panthéon grec, transformant Zeus en Jupiter, Aphrodite en Vénus, etc. À chaque caractère de l’homme, à chaque situation, à chaque événement de la nature, et ainsi de suite, correspond un dieu. Comme me le disait une fois un jeune Indou pour qui les dieux ne manquent pas : « Je veux bien croire à ton Jésus-Christ, ça ne m’en fera qu’un de plus ! ». Les grces avaient tellement peur d’en rater un qu’ils avaient donc une stèle « au Dieu inconnu ».

Donc, jusque là, les athéniens acceptent le discours de Paul, mais l’écoutant du point de vue philosophique plus que spirituel. Ils l’entendent comme une description de ce que serait ce dieu inconnu. Mais si c’est le cas, ils créeront une statue pour lui et garderont la stèle vide pour un autre dieu !


Mais la rupture se fait sur le concept de la résurrection. Là, pas question d’aller plus loin. Pour eux ce ne sont que des balivernes. Cela est en totale contradiction avec tout ce que leurs philosophes majeurs, quelque que soit leur école, ont enseigné. Échec total pour Paul !


L’erreur de Paul aura été de ne pas prendre en compte le phénomène culturel, de ne pas s’être « inculturé », de ne pas avoir modulé son discours en fonction de son auditoire.


Qu'est-ce que l'inculturation ? Ce concept, au croisement de la théologie et de l'anthropologie, désigne l'inscription du message évangélique et de l'organisation ecclésiale dans une culture. Il ne s'agit pas simplement d'une adaptation du christianisme dans une culture : l'inculturation est un processus lent, par lequel le message chrétien s'insère dans une culture particulière donnée, s'y incarne et y prend racine, produisant de nouvelles formes de pensée, d'action et de célébration.

Ainsi, comme je l’ai constaté au Pérou, les processions de la statue de la Vierge Marie sont curieuses. La statue est posée sur une énorme motte de terre, rappel de la Pachamama, la déesse terre, ancêtre de la Gaïa grecque et de nos Venus callipyges. Doucement, la déesse terre laissera place à Marie, notre véritable Mère sur terre ! Cherchez aussi comment la statue d’Alexandre le Grand fut délicatement absorbée au cours des siècles par l’image de Bouddha, et vous verrez ce qu’est l’inculturation, dans un sens ou dans l’autre !

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