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Pentecôte (A)

Veni Sancte Spiritus -



Veni Sancte Spritus,

Adam Kossowski (Nowy Sącz, 1905 - Londres, 1986),

Mosaïque du baptistère, 100 x 200 cm, 1960,

Église St Aloysius in Somers Town, Londres (Royaume-Uni)


Lecture du livre des Actes des Apôtres (Ac 2, 1-11)

Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours après Pâques, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel. Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »


Psaume 103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34)

Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur ! la terre s’emplit de tes biens.


Tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre.

Gloire au Seigneur à tout jamais ! Que Dieu se réjouisse en ses œuvres ! Que mon poème lui soit agréable ; moi, je me réjouis dans le Seigneur.


Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (1 Co 12, 3b-7.12-13)

Frères, personne n’est capable de dire : « Jésus est Seigneur » sinon dans l’Esprit Saint. Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. Prenons une comparaison : le corps ne fait qu’un, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ. C’est dans un unique Esprit, en effet, que nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit.


SÉQUENCE

Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut de ciel un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs.

Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, le repos ; dans la fièvre, la fraîcheur ; dans les pleurs, le réconfort.

Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé.

À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. Amen.


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 20, 19-23)

C’était après la mort de Jésus ; le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »


L’artiste

Adam Kossowski était un artiste polonais, né à Nowy Sącz, remarquable pour ses œuvres pour l'Église catholique en Angleterre, où il est arrivé en 1943 en tant que réfugié des camps de travail soviétiques et a été invité en 1944 à rejoindre la Guilde des artistes et artisans catholiques.


Ce que je vois

Cette mosaïque est assez simple : la traditionnelle colombe de l’Esprit-Saint fond sur le monde à partir d’une mandorle constituée de six cercles, rappelant peut-être les jours de la Création. Au-dessus, dans un ciel bleu, le soleil et la lune. Quatre rayons partent de la colombe vers les eaux primordiales où nagent quelques poissons. Quatre rayons comme les quatre vertus cardinales ? La mosaïque nommée « Veni Sancte Spiritus » (comme inscrit au centre des rayons) rappelle l’Esprit de la Genèse qui planait sur les eaux (Gn 1, 1-2) :

AU COMMENCEMENT, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux.

Le Veni Sancte Spiritus

Le Veni Sancte Spiritus est une séquence, c’est-à-dire un chant liturgique catholique. La liturgie prévoit en effet que celui-ci soit chanté lors de la messe de Pentecôte, au cours de laquelle est fêtée la venue de l’Esprit Saint sur les apôtres cinquante jours après Pâques. Le Veni Sancte Spiritus, ou “Viens Saint-Esprit”, figure ainsi parmi les prières et invocations à l’Esprit Saint les plus connues. Chant de type grégorien, il a été traduit du latin vers le français.


Il existait, auparavant, l'hésitation pour l'origine de composition et d'auteur, faute de manuscrits suffisants.


Toutefois la connaissance fut améliorée. Assez nombreux manuscrits témoignent qu'à partir du XIe siècle, la séquence « Sancti spiritus assit nobis gratia » était en usage tant pour Pâques que pour Pentecôte. Cette séquence était, à l'origine, la composition de Notker le Bègue († 912). Il s'agit de l'une des séquences les plus anciennes et les plus connues de cet auteur. Dans l'ancien rite parisien, celle-ci était encore réservée à la messe du lundi de Pentecôte.


D'ailleurs, le verset de l'Alléluia « Veni Sancte Spiritus, reple tuorum corda fidelium, et tui amoris in eis ignem accende » se trouve également dans des manuscrits anciens. Même, dans le Nouveau paroissien romain publié en 1863 à Tours, ce texte était utilisé entre l'Alléluia et la séquence Veni Sanctus Spiritus. Encore était-il employé dans la messe votive du Saint-Esprit, en tant que verset de l'Alléluia, ou durant le temps pascal, après l'Alléluia, à genoux. Celui-ci aussi, comme la Sancti spiritus assit, se trouve dans plusieurs manuscrits anciens, à partir du XIe siècle, par exemple, celui de la bibliothèque d'État de Bamberg manuscrit lit. 7 (vers 1020), celui de l'abbaye de Saint-Gall manuscrit 376 (vers 1060).


Aussi est-il certain que l'on intégra ces textes dans l'optique de remplacer le chant solennel de Pentecôte Sancti spiritus assit, chanté avant la lecture de la Bible. Déjà dès le milieu du Xe siècle, les séquences des types de Notker étaient, de plus en plus, remplacées par d'autres.


Sans document définitif, l'auteur était affecté au roi de France Robert II le Pieux († 1031), au moine Hermann Contract († 1054), au pape Innocent III († 1216) ou à l'archevêque de Cantorbéry Étienne Langton († 1228). À la suite des études scientifiques, ce dernier fut identifié comme auteur.


Les quatre temps

Si vous vous rappelez la conférence du l’ambon de Klosterneuburg de Nicolas de Verdun (1185), vous avez en core en mémoire la distinction du temps que l’on voyait sur le bord de l’œuvre :

  1. Ante legem : de la loi naturelle de la Création à la révélation de la loi à Moïse,

  2. Sub lege : de la loi mosaïque jusqu’à l’incarnation du Messie,

  3. Sub gratia : du règne de la grâce à partir du Rédempteur.

Elle trouve son origine en saint Augustin. Mais ne pourrions-nous ajouter, en fait, un quatrième temps à partir de l’Ascension ? En effet, le Rédempteur siège maintenant à la droite de son Père et nous envoie son Esprit. N’est-ce pas le quatrième temps : celui de l’Esprit : Sub Spiritu Sancto ? Car le grâce, aujourd’hui, se diffuse par l’énergie de Dieu que l’on appelle le Saint-Esprit. Mais l’Esprit divin n’est pas une création de l’Église. Il suffit de se replonger dans les Écritures. Comme nous l’avons vu, dès les prémices de la création, l’Esprit plane sur les eaux. C’est, pourrions-nous dire à la suite de saint Irénée de Lyon, une des deux mains de Dieu : l’Esprit et le Logos.


Mais c’est aussi l’Esprit qui, tout au long de l’Évangile, petit à petit, se diffuse par l’entremise du Christ. Je ne voudrais pas entrer ici dans la longue dispute entre catholiques et orthodoxes sur la question de la procession de l’Esprit : du Père seul (orthodoxe) et du Père et du Fils (le filioque catholique). Je m’en tiendrai à une position médiane : l’Esprit est diffusé par la médiation du Fils.


Ainsi, dans l’Évangile, Jésus transmet à plusieurs reprises l’Esprit divin, ne serait-ce que par des gestes, entre autres celui de l’imposition des mains qu’il fera à plusieurs malades et grabataires. Ce geste est toujours d’actualité dans chacun des sacrements, signe du don de l’Esprit. Don de l’Esprit qui se fait aussi sur la Croix, la plus grande imposition des mains sur le monde. À tel point que l’évangéliste ne dit pas que Jésus meurt en Croix mais qu’il « remit l’Esprit » (Mt : 27, 50 : « Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit. ») Esprit qu’il continuera de diffuser lorsqu’il souffle sur ses apôtres lors des diverses apparitions (Jn 20, 22-23 : « Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. ») Jusqu’à ce que ce même Esprit descende en langues de feu sur les apôtres comme nous l’avons entendu dans la première lecture.


Mais aujourd’hui ?

Mais aujourd’hui, l’Esprit souffle-t-il encore sur nous ? Et comment ? Bien sûr nous pouvons nous rappeler l’explication qu’en donna Jésus à Nicodème (Jn 3, 8 : « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. ») : nous ne pouvons ni cerner, ni tenir l’Esprit Saint qui, comme son nom l’indique, n’est qu’esprit ! Ainsi, même s’il peut aux yeux des hommes prendre des formes simples pour se révéler (la colombe, le vent, le feu, etc.), il ne s’incarne pas : il suffit de relire le livre de François Boespflug, Dieu dans l'art. Sollicitudini nostrae de Benoît XIV (1745) et l'affaire Crescence de Kaufbeuren.


Il me semble que la meilleure explication, ou plutôt commentaire, sur l’agir spirituel se trouve dans les deux prières médiévales : le Veni Sancte Spiritus et le Veni Creator.


Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut de ciel un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs.

Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, le repos ; dans la fièvre, la fraîcheur ; dans les pleurs, le réconfort.

Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé.

À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. Amen.

Le Veni Creator

1) Viens, Esprit Créateur, Visite l'âme de tes fidèles, Emplis de la grâce d'En-Haut Les cœurs que tu as créés.


2) Toi que l'on nomme le Conseiller, Don du Dieu Très-Haut, Source vive, feu, charité, Invisible consécration.


3) Tu es l'Esprit aux sept dons, Le doigt de la main du Père, L'Esprit de vérité promis par le Père, C'est toi qui inspires nos paroles.


4) Allume en nous ta lumière, Emplis d'amour nos cœurs, Affermis toujours de ta force La faiblesse de notre corps.


5) Repousse l'ennemi loin de nous, Donne-nous ta paix sans retard, Pour que, sous ta conduite et ton conseil, Nous évitions tout mal et toute erreur.


6) Fais-nous connaître le Père, Révèle-nous le Fils, Et toi, leur commun Esprit, Fais-nous toujours croire en toi.


7) Gloire soit à Dieu le Père, au Fils ressuscité des morts, à l'Esprit Saint Consolateur, maintenant et dans tous les siècles. Amen.

Qu’en retenir ?

D’abord, que l’Esprit attend que nous l’appelions : il suffit de relire le commencement : Viens ! Car Dieu nous laisse libre. À nous de demander.


Ensuite que cet Esprit est caractérisé de diverses manières dans les deux prières :

  • Il nous console de sa douceur : notre monde est tellement rude et rugueux !

  • Il rend l’équilibre à nos vies : travail et repos par exemple. Là encore, cet équilibre mériterait d’être médité…

  • Il descend au plus secret, au plus intime de nos vies. Dans un monde qui se veut transparent, n’est-il pas rassurant de garder aux tréfonds de nos âmes un Esprit qui nous comprend et nous éclaire ?

  • Il est celui qui redresse et écarte les dangers de nos vies. Je pense alors à ce qui est dit de Jean le Baptiste (Lc 3, 4b-6) : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu. » Il nous conseille pour que nous évitions les erreurs.

  • Il fortifie notre foi par le don de ses mérites et vertus afin que nous participions à la divinité du Christ.

  • Il est l’Esprit qui nous inspire, qui met les mots justes sur nos lèvres comme l’avait aussi prédit Jésus (Jn 14, 26 : « mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »)

  • Il nous aide à combattre la faiblesse de notre corps, et va jusqu’à repousser le Malin de nos vies.

  • Et surtout, il nous révèle le Père et le Fils : il est le chemin vers la gloire trinitaire.

Alors…

Alors, si nous sommes dans ce temps de l’Esprit, ce temps de la grâce, pourquoi ne faisons-nous pas plus souvent appel à Lui ? Nous prions et implorons Jésus, tournons rapidement (trop rapidement) notre regard vers le Père en le priant comme Notre Père, mais quand prions-nous l’Esprit ? Chaque chrétien devrait connaître par cœur au moins une des deux prières ci-dessus : elles seront le secours dont il aura besoin au moment opportun (Jn 15-26-27) : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement. »



Prière de Saint Éphrem le Syrien

Roi céleste, Consolateur, Esprit de Vérité,

toi qui es partout présent et qui remplis tout,

trésor des biens et donateur de vie,

viens, fais ta demeure en nous,

purifie-nous de toute souillure,

et sauve nos âmes, toi qui es bon.



Homélie de Rupert de Deutz (+ 1129), Sur l'évangile de saint Jean, 2, CCM 9, 61-62


Quand le Christ baptise dans le Saint-Esprit, il donne d'abord la rémission des péchés. Mais il donne aussi, en second lieu, l'ornement de diverses grâces. Car il a parlé de la grâce du pardon des péchés le jour de sa résurrection, quand, en soufflant sur ses disciples, qu'il avait déjà lavés de leurs péchés dans son sang, il a dit : Recevez l'Esprit Saint. Et il affirme qu'il le leur donne pour la rémission des péchés puisqu'il ajoute aussitôt: Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis, et ceux à qui vous les maintiendrez, ils leur seront maintenus (Jn 20,22-23).


Sur cette distribution des dons par laquelle, nous venons de le dire, il confère l'ornement de ses grâces, saint Luc nous rapporte, dans les Actes des Apôtres, cette parole de Jésus : Jean a baptisé avec de l'eau; mais vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés d'ici quelques jours (Ac 1,5).


Le double don de ce baptême est exprimé par saint Jean Baptiste qui dit, chez les évangélistes Matthieu et Luc : Lui qui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu (Mt 3,11 Lc 3,16). Car il nous baptise par l'Esprit Saint quand la grâce invisible de cet Esprit descend dans la fontaine baptismale et remet tous leurs péchés à ceux qui reçoivent le baptême. Il baptise en outre par le feu lorsqu'il les rend embrasés par la ferveur du Saint-Esprit, forts dans l'amour et constants dans la foi, brillants de science et brûlants de zèle.


Dans cette rémission des péchés, on ne trouve aucune division; c'est d'une façon égale et uniforme qu'une seule et même grâce vient sur tous, mais en délivrant de toutes nos iniquités et en jetant au fond de la mer tous nos péchés.


Au contraire, dans les dons de la grâce, tous n'en reçoivent pas autant, lorsque l'un reçoit le don de la foi, l'autre le langage de la connaissance de Dieu ou de la sagesse, un autre le don de parler en langues, un autre le don d'interpréter, et ainsi de suite. Mais celui qui agit en tout cela, c'est le même et unique Esprit : il distribue ses dons à chacun, selon sa volonté (cf. 1Co 12,8-11).


Chez les saints du Nouveau Testament, nous voyons ces charismes donnés par celui qui baptise, nous voyons ces marques éclatantes d'un baptême de gloire que nul d'entre eux, d'après l'Écriture, n'a reçu avant d'avoir été baptisé pour la rémission des péchés. Sauf dans le cas de Corneille et de ses compagnons: comme Pierre était encore en train de les instruire, le Saint-Esprit tomba sur eux, et ils se mirent à parler en langues et à glorifier Dieu.


Or, si quelques Pères de l'Ancien Testament ont reçu le don des miracles, beaucoup reçurent le don de prophétie, alors qu'ils n'avaient pas été baptisés en rémission des péchés. Car il est certain que tous furent baptisés quand le Christ, mort sur la croix, répandit un flot de sang et d'eau de son côté percé par la lance, pour la purification de l'Église universelle. Celle-ci englobe tous les hommes, depuis l'origine du monde, depuis le premier des justes, Abel, jusqu'au bandit crucifié avec le Christ, à l'heure même de sa mort. Car, alors que cette effusion si précieuse et si salutaire n'avait pas encore jailli du côté du Christ, ce bandit reconnut qu'il était le Seigneur en croyant à la venue future de son règne, et il acheta son entrée dans celui-ci par cette confession de foi imprévue.

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