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Psaume 1

Heureux qui sait choisir


Une enluminure



Psaume 1 : Beatus Vir

Anonyme

Psautier, usage de Sarum

Manuscrit enluminé sur vélin, 300 x 216 mm, Angleterre, entre 1400 et 1425

Collection privée


Les diverses traductions


Traduction de la Bible de la Liturgie

01 Heureux est l'homme qui n'entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui ricanent,

02 mais se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit !

03 Il est comme un arbre planté près d'un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt ; tout ce qu'il entreprend réussira,

04 tel n'est pas le sort des méchants. Mais ils sont comme la paille balayée par le vent :

05 au jugement, les méchants ne se lèveront pas, ni les pécheurs au rassemblement des justes.

06 Le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra.


Traduction Oecuménique de la Bible

01 Heureux est l’homme qui ne prend pas le parti des méchants, ne s’arrête pas sur le chemin des pécheurs et ne s’assied pas au banc des moqueurs,

02 mais qui se plaît à la loi du Seigneur, et récite sa loi jour et nuit !

03 il est comme un arbre planté près des ruisseaux : il donne du fruit en sa saison et son feuillage ne se flétrit pas ; il réussit tout ce qu’il fait.

04 Tel n’est pas le sort des méchants : ils sont comme la bale que disperse le vent.

05 Lors du jugement, les méchants ne se relèveront pas, ni les pécheurs au rassemblement des justes.

06 Car le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perd.


Traduction de Mère Élisabeth de Solm (Abbaye Sainte-Cécile de Solesmes)

01 Bienheureux l’homme qui s’est gardé du conseil des impies, ne s’est pas obstiné dans la voie du péché, ne s’est pas mis au rang des rieurs maudits.

02 Dans la Loi du Seigneur, il se plaît, dans sa Loi médite, le jour, la nuit.

03 Il est l’arbre planté au bord des eaux vives, il donnera son fruit en son temps, jamais ne sera dépouillé de ses feuilles. Tout ce qu’il fait réussira.

04 Mais l’impie, malheur à lui ! Comme poussière au vent.

05 Au Jugement, les impies ne se lèveront pas, ni les pécheurs dans l’assemblée des justes.

06 car le Seigneur connaît la voie des justes, mais la voie des impies se perd.


Texte en hébreu et traduction latine


1

א אַשְׁרֵי הָאִישׁ—אֲשֶׁר לֹא הָלַךְ, בַּעֲצַת רְשָׁעִים;וּבְדֶרֶךְ חַטָּאִים, לֹא עָמָד, וּבְמוֹשַׁב לֵצִים, לֹא יָשָׁב

Beatus vir qui non abiit in consilio impiorum et in via peccatorum non stetit et in cathedra pestilentiae non sedit

2

ב כִּי אִם בְּתוֹרַת יְהוָה, חֶפְצוֹ; וּבְתוֹרָתוֹ יֶהְגֶּה, יוֹמָם וָלָיְלָה

Sed in lege Domini voluntas eius et in lege eius meditabitur die ac nocte

3

ג וְהָיָה—כְּעֵץ, שָׁתוּל עַל-פַּלְגֵי-מָיִם:אֲשֶׁר פִּרְיוֹ, יִתֵּן בְּעִתּוֹ—וְעָלֵהוּ לֹא-יִבּוֹל; וְכֹל אֲשֶׁר-יַעֲשֶׂה יַצְלִיחַ

Et erit tamquam lignum quod plantatum est secus decursus aquarum quod fructum suum dabit in tempore suo et folium eius non defluet et omnia quaecumque faciet prosperabuntur

4

ד לֹא-כֵן הָרְשָׁעִים: כִּי אִם-כַּמֹּץ, אֲשֶׁר-תִּדְּפֶנּוּ רוּחַ

Non sic impii non sic; sed tamquam pulvis quem proicit ventus a facie terrae.

5

ה עַל-כֵּן, לֹא-יָקֻמוּ רְשָׁעִים—בַּמִּשְׁפָּט; וְחַטָּאִים, בַּעֲדַת צַדִּיקִים

Ideo non resurgent impii in iudicio neque peccatores in consilio iustorum

6

ו כִּי-יוֹדֵעַ יְהוָה, דֶּרֶךְ צַדִּיקִים; וְדֶרֶךְ רְשָׁעִים תֹּאבֵד

Quoniam novit Dominus viam iustorum et iter impiorum peribit



Le psautier dont est extrait l’enluminure

Ce manuscrit est un livre saisissant et imposant. Le calendrier et le psautier sont deux unités distinctes écrites par deux scribes différents après des modèles d’utilisation différente (Sarum et Romain). Les 150 Psaumes forment le cœur de l’Office divin quotidien. Avec des antiennes et une série d’hymnes inclus, ce livre a été conçu pour être utilisé par un clerc séculier dans une église paroissiale ou une cathédrale.


Le rite de Sarum

Ce qu’on en lit sur internet


Le rite de Sarum (ou usage de Sarum, ou encore usage de Salisbury) est une variante du rite romain, établi au XIe siècle par Saint Osmond, après la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant, par synthèse entre les usages locaux et le rite alors en vogue à Rouen.


Le rite s'étend sur tout le pays à partir du sud de l’Angleterre, puis atteint le Pays de Galles, l'Irlande, enfin l'Écosse, sous le règne de Marie Tudor. Abandonné au XVIe siècle avec la Réforme protestante, son influence reste palpable dans la liturgie anglicane, et tout particulièrement dans le Livre de la prière commune. Aujourd'hui, malgré un certain intérêt tant des catholiques que des anglicans pour ce rite, il reste peu utilisé. Des éléments du rite de Sarum sont toutefois repris dans l'usage anglican, introduit en 1980, pour les paroisses de l'Église catholique regroupant des fidèles issus de l'anglicanisme.


Ce que je vois


La page est particulièrement décorée.

  1. Un premier rinceau de fleurs et de lierre encadre le folio. Sur la partie gauche, au niveau de la lettrine, un personnage joue de la small pipe (la musette française), ancêtre de la cornemuse. En haut de la page, un homme coiffé d’une crête de coq tire la langue à un lapin qu’il tient de la main droite. Plus loin, deux hommes s’enfuient pour éviter la piqûre de gros insectes volants. Puis un autre homme nu semble naître d’une chrysalide d’où s’échappe un papillon bleu. De la main gauche, il tient un rapace blanc qui tente de s’enfuir. Enfin, deux hommes jouent de la musique, l’un sur une cornemuse, l’autre sur un cor anglais (hautbois).

  2. Sous ces deux derniers personnages commence un autre rinceau sous forme d’une frise végétale qui montre en son sein des têtes humaines et des anges musiciens qui jouent de la viole de gambe, ou de la lyre ou une sorte de double flûte.

  3. La lettrine B inaugure le début du verset latin du psaume 1 : « Beatus vir ». Le texte continue ensuite en lettres gothiques sur le côté.

  4. Au-dessus, un grand cartel illustré. Regardons-le de plus près.

Le cartel central



Sur un fond de damier multicolore, la scène se déroule en trois parties.

  • Au centre : on remarque d’abord cette construction qui rappelle un château féodal. Quatre fines colonnes bleutées supportent un toit polygonal encadré de quatre tourelles crénelées surmontées d’une couverture conique. En dessous, trois dômes nervurés et peints d’un enduit rouge protègent le siège en-dessous. Ce siège ressemble à une architecture (mi-romane, mi-gothique) en or, avec ses fenêtres géminées, ses quadrilobes ou cette frise de losanges ouvragés. De chaque côté de ce qui paraît être des accoudoirs, deux longues et fines tourelles se terminent par un gonfalon. Assis sur le trône, le roi David. Vêtu d’un manteau bleu parsemé de dessins d’or sur une tunique rouge, et coiffé d’une couronne, il joue de la harpe, instrument emblématique pour rappeler qu’il fut le concepteur des psaumes. Le décor du manteau est surprenant : bouquet d’herbes, fleur de chardon et M gothique.

  • À gauche : Une haute falaise est surmontée d’un énorme donjon médiéval à côté duquel est planté un arbre. Au bas de la falaise, sur un terrain herbeux, quatre hommes en tenue médiévale. À l’extrême gauche, un homme blond, habillé d’un manteau rouge fendu aux jambes, discute avec son vis-à-vis, un autre blond coiffé d’un chapeau conique violacé. À côté, un homme au manteau vert et aux manches bouffantes rouge, coiffé d’un bonnet du même rouge, tend la main à un chien blanc qui saute vers lui. Derrière, un vieillard encapuchonné et couvert d’une pelisse rose aux manches de fourrure, désigne d’un doigt le trône.

  • À droite : Là encore une haute falaise est surmontée d’une construction grise qui se rapproche plus d’une sorte de petite église, voire d’un ermitage. Un petit arbre s’accroche au bord du vide. Près de l’entrée du bâtiment, un moine, les yeux fermés et couvert du capuchon de sa bure, tient dans ses bras un livre. Il médite. Plus bas, sur un éperon rocheux, deux arbres sont entourés d’une clôture de branches tressées.

Illustration du Psaume

Que reprend l’artiste du texte ? Bien sûr, le roi David à qui la rédaction du psaume est attribuée. Il regarde le groupe de gauche et ses yeux, comme sa bouche, semblent dépités devant ces quatre personnages. Ne peut-on voir dans ce groupe le conseil des impies ? Ils échangent entre eux, tels des comploteurs. Mais que signifie ce chien ? Est-il le signe du péché que cet homme flatte ? Et ces hommes ne retrouvent pas le chemin du donjon car la voie des impies se perd.


De l’autre côté se trouve celui qui médite la Loi du Seigneur. Prenant de la hauteur, il ne s’est pas mis au rang des pécheurs, qui sont en bas, loin du regard de Dieu. Et la Loi du Seigneur le protège, comme cette barricade (cet hortus conclusus — image symbolique du paradis clos qui sera réouvert par le Christ) qui protège les deux arbres. Le ruisseau n’est pas représentée (bien que l’on puisse être surpris de la couleur bleue que l’on voit par la porte de cet ermitage : allusion au ruisseau qui coule de Dieu ?) mais les arbres sont persistants et vont porter du fruit.


Méditation


La comparaison des diverses traductions est assez éloquente ! Et l’on peut être surpris de la faiblesse de la traduction liturgique qui « aplatit » le texte pour le rendre peut-être plus lisible, mais certainement moins subtil.


La tradition juive considère que le psaume 1 n’est que l’introduction du psaume 2 et qu’ils sont donc intimement liés. Tenons-nous en, pour le moment à l’unique Psaume 1. Et j’en retiendrai cinq thèmes :

  • Les deux voies,

  • Les épousailles de l’homme,

  • La méditation de la Loi,

  • L’arbre qui porte du fruit,

  • Les impies et les moqueurs.

Les deux voies


01 Bienheureux l’homme qui s’est gardé du conseil des impies, ne s’est pas obstiné dans la voie du péché, ne s’est pas mis au rang des rieurs maudits.


Il est assez édifiant de découvrir que le livre des psaumes (qui peut se traduire par livre des louanges) commence par une béatitude : « Heureux, bienheureux ». Faut-il comprendre que ce livre qui mêle cris, prières et louanges doit être lu comme une béatitude, un appel de Dieu qui ne veut que le bonheur de l’homme ? Ainsi en parle Origène :

Pour commencer le Livre des Psaumes, peut-on mieux faire que louer et célébrer l’homme qui était, dans le Sauveur, rendu semblable au Fils unique qui était la Sagesse en personne ? Médite vraiment la Loi du Seigneur celui qui, par cette méditation, arrive à ressentir en lui-même ce que commande la Loi. Toujours prêt à lui obéir, jour et nuit : qu’il mange, qu’il boive, et dans le sommeil même, tout ce qu’il fait est pour la gloire de Dieu, si bien que chacun de ses actes est une prière.

Et ce d’autant plus que le dernier des psaumes (150, 6) terminera par ces mots :

Et que tout être vivant chante louange au Seigneur ! Alléluia !

Ce livre des psaumes est un véritable appel à la louange, seule façon d’approcher la béatitude du premier verset du psaume 1. Nous sommes donc tous appelés à la Béatitude ; et si ce n’est pour cette terre où nous devons nous affronter aux impies, Dieu nous donne l’espérance que ce sera dans son Royaume que nous pourrons être pleinement heureux, bienheureux. Mais, c’est un choix que doit faire chacun. Victor Hugo disait que « l’homme libre est celui qui fait des choix ». Ce choix est celui de choisir le bon chemin entre les deux voies : celle du bien (l’homme qui épouse le Seigneur en méditant sa Loi) ou celle du mal (le chemin des impies et des moqueurs).


Il est vrai que nous pourrions avoir tendance, volontairement ou pas, à prendre parfois le parti des méchants, ne serait-ce que par la médisance ou en propageant des rumeurs. En cela, nous devenons des impies : ceux qui n’ont pas de piété, de foi. Pas simplement la foi en Dieu, mais aussi et surtout la foi en l’autre qui est, comme nous, créature de Dieu. En participant à l’hallali et à la moquerie, ce n’est pas simplement l’autre que nous outrageons, mais aussi Celui qui l’a créé.


Les épousailles de l’homme


01 Bienheureux l’homme


Et c’est ici qu’une petite nuance du texte hébraïque prend son sens. Le mot « homme » n’est pas la traduction du mot « Adam » mais du terme « Ish » Et avec son article, le mot prend encore plus de force : il devient « l’époux ». Quel est donc cet homme qui est d’abord l’époux ? Chacun de nous une fois que nous épousons les chemin de Dieu. À chaque fois que nous résistons à la tentation de nous asseoir avec les impies et les moqueurs, tout en reconnaissant notre faiblesse de pécheurs, alors nous épousons le Seigneur, notre âme s’unit à Dieu.


De fait, de nombreux passages de l’Ancien Testament font référence à ces épousailles mystiques de l’homme avec son Dieu. Un Dieu qui nous attend et qui nous cherche, qui comme le dira l’Apocalypse est à notre porte et attend que nous ouvrions (Ap 3, 20) :

Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi.

Oui, Dieu nous cherche, il nous attend et veut s’unir à nous, à notre âme qui deviendra son épouse. Ainsi l’a-t-on ailleurs dans la Bible :

Tu m’appelleras « mon mari » ! (Os 2, 18)
L’Esprit et l’épouse disent : « Viens ! » (Ap 22, 17)
Viens du Liban, ma fiancée couronnée ! (Ct 4, 8)

Dieu nous cherche et veut épouser notre âme, librement. C’est un choix que nous devons faire : accepter ces fiançailles mystiques et refusant de participer au banquet des méchants. Sommes-nous conscients (certainement insuffisamment, et c’est peut-être mieux ainsi tellement une révélation pareille pourrait nous foudroyer) qu’à chaque fois que nous recevons le Corps du Christ, il vient nous épouser, corps, âme et intelligence ? Et à chaque fois que nous communions au Corps du Christ, nous communions aussi à son Corps mystique qu’est l’Église.


Mais, remarquez bien, pour que ces épousailles aient lieu, l’homme se doit de faire un premier pas. Jésus frappe à la porte et attend que nous ouvrions. Comment ne pas vous remettre ce tableau de William Hunt ?



La lumière du monde

William Holman Hunt (Londres, 1827 – Kensington, 1910)

Huile sur toile, 125 x 60 cm, 1853-1854

Chapelle du Keble College, Oxford (Royaume-Uni)


Notez bien que la porte est dépourvue de poignée... Jésus frappe mais seule notre âme peut lui ouvrir. À de nombreuses reprises, il nous dit « Viens ! », il nous appelle, mais c’est notre propre décision qui nous fait nous lever et répondre à notre vocation. Pour cela, trois choses sont nécessaires : l’acceptation de quitter, la volonté et l’espérance.


Tout quitter


05 Lors du jugement, les méchants ne se relèveront pas, ni les pécheurs au rassemblement des justes.

06 Car le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perd.


Inutile de compter le nombre de fois où l’homme est appelé à tout quitter dans la Bible, que ce soit Abraham, les prophètes ou les apôtres ! Dieu nous appelle mais respecte notre liberté (il a même respecté celle de Juda...) Bien sûr, il est difficile de quitter nos biens matériels, notre situation parfois difficilement bâtie, et encore plus notre famille et nos amis. Je ne vais pas vous noyer de citations, il suffit de chercher le mot « viens » ou « suis-moi » dans l’évangile pour se le rappeler.


Mais je repense au texte de l’enfant prodigue (Lc 15, 11-32). Il a d’abord quitté son Père avec sa part de fortune (de substance) et l’a dilapidé, peut-être dans le parti des pécheurs et des méchants, ou sur le banc des moqueurs. Mais il dû à nouveau tout quitter, tout quitter pour retourner vers son Père. Mais n’ayant plus rien, que quitte-t-il vraiment, hormis une terre inhospitalière où il ne peut même pas manger les caroubes des porcs ? Dans son commentaire, saint Ambroise de Milan nous éclaire (Homélies sur Luc, VII, 16, n°213-224) :

Vous voyez que le patrimoine divin se donne à ceux qui demandent. Et ne croyez pas que le père soit en faute pour avoir donné au plus jeune : il n'y a pas de bas-âge pour le Royaume de Dieu, et la foi ne sent pas le poids des ans. En tout cas celui qui a demandé s'est jugé capable ; et plût à Dieu qu'il ne se fût pas éloigné de son père ! il n'aurait pas éprouvé les inconvénients de son âge. Mais une fois parti à l'étranger c'est donc justice que l'on gaspille son patrimoine quand on s'est éloigné de l'Eglise après, dit-Il, qu'ayant quitté la maison paternelle il fut parti à l'étranger, dans un pays lointain... . Qu'y a-t-il de plus éloigné que de se quitter soi-même, que d'être séparé non par les espaces, mais par les murs, de différer par les goûts, non par les pays, et les excès du monde interposant leurs flots, d'être distant par la conduite ? Car quiconque se sépare du Christ s'exile de la patrie, est citoyen du monde. Mais nous autres « nous ne sommes pas étrangers et de passage, mais nous sommes citoyens du sanctuaire, et de la maison de Dieu » (Éphés., II, 19) ; car « éloignés que nous étions, nous avons été rapprochés dans le sang du Christ » (Ib., 13). Ne soyons pas malveillants envers ceux qui reviennent du pays lointain, puisque nous avons été, nous aussi, en pays lointain, comme l'enseigne Isaïe ; vous lisez : « Pour ceux qui résidaient au pays de l'ombre mortelle, la lumière s'est levée » (Is., IX, 2). Le pays lointain est donc celui de l'ombre mortelle ; mais nous, qui avons pour souffle de notre visage le Seigneur Christ (Lam., IV, 20), nous vivons à l'ombre du Christ ; et c'est pourquoi l'Eglise dit : « J'ai désiré son ombre, et je m'y suis assise» (Cant., II, 3). Donc celui-là, vivant dans la débauche, a gaspillé tous les ornements de sa nature : alors vous qui avez reçu l'image de Dieu, qui portez sa ressemblance, gardez-vous de la détruire par une difformité déraisonnable. Vous êtes l'ouvrage de Dieu ; ne dites pas au bois : «Mon père, c'est toi » (Jér., II, 27) ; ne prenez pas la ressemblance du bois, puisqu'il est écrit : « Que ceux qui font les (idoles) leur deviennent semblables » (Ps. 113, 2, 8) !

Peut-on aller plus loin que de se quitter soi-même ? Voilà peut-être le plus difficile : quitter nos illusions, nos rêves, nos projets et même notre nature pécheresse pour pouvoir rejoindre le Père. Et cela demande un peu de volonté...


La volonté


01 Bienheureux l’homme qui s’est gardé du conseil des impies, ne s’est pas obstiné dans la voie du péché, ne s’est pas mis au rang des rieurs maudits.

02 Dans la Loi du Seigneur, il se plaît, dans sa Loi médite, le jour, la nuit.


Ce psaume commence par une béatitude : « Heureux ». Oui, le bonheur, ou plutôt la joie, est à portée de main. Le bonheur, comme son nom l’indique, n’est qu’une heure bonne. Être heureux, dans la joie profonde, est une autre chose. Dieu ne nous appelle pas à une allégresse fugace, mais à une vraie joie, comme il l’a promis à ses apôtres :

Jn 15, 10-11 : Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.
Jn 17, 13-17 : Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité.

Mais pour obtenir cette joie, il faut faire preuve de volonté, faire un choix comme nous le disions plus haut. Ce choix, c’est celui qui s’exerce par notre volonté, notre libre-arbitre. Faire le choix d’être heureux en Dieu, de voir son Visage, n’est-ce pas le choix le plus difficile qui soit ? N’est-ce pas ce choix qui dut être si pénible pour l’enfant prodigue ? Cela demande d’aller puiser au plus profond de nous-mêmes pour oser dire, avec force, avec volonté (Lc 15, 18-20) :

Oui ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.” Il se leva et s’en alla vers son père.

Cette volonté le fait se lever. Et rappelons-nous qu’en grec, le verbe se lever, se traduit aussi par « ressusciter ». Par le premier pas de notre volonté, nous ressuscitons à nous-mêmes en Dieu. le tout est de ne pas avoir peur... Remarquez que l’enfant avait prévu un beau discours, acceptant même de se mettre au plus bas de l’échelle (Fais de moi ton esclave — terme plus juste qu’ouvrier). Mais le Père ne lui laissera pas le temps de prononcer cette dernière partie. Immédiatement, il lui fait revêtir la plus belle des robes nuptiales. C’est cela que nous devons espérer : l’espérance de la miséricorde de Dieu et de son pardon.


L’espérance


03 (...) Tout ce qu’il fait réussira.


Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu, de ses entrailles maternelles (c’est le sens hébraïque du mot « miséricorde ») qui nous pardonne car il nous aime plus que tout, car nous sommes sa création, car nous avons du prix à ses yeux (Is 43, 4) :

Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime...

Alors, munis de cette foi qui nous pousse à tout quitter, forts de notre volonté et emplis de l’espérance en sa miséricorde, nous pourrons ouvrir la porte de nos cœurs à celui qui frappe et rompre avec les méchants, les impies et les moqueurs.


Les impies, méchants et moqueurs


01 Bienheureux l’homme qui s’est gardé du conseil des impies, ne s’est pas obstiné dans la voie du péché, ne s’est pas mis au rang des rieurs maudits.

(...)

04 Mais l’impie, malheur à lui ! Comme poussière au vent.

05 Au Jugement, les impies ne se lèveront pas, ni les pécheurs dans l’assemblée des justes.

06 car le Seigneur connaît la voie des justes, mais la voie des impies se perd.


Désigner quelqu’un du terme « d’impie » en hébreu est la pire des insultes, car le mot « Rasha » est celui du Diable, celui qui vient diviser. Je vous rappelle le sens du mot « diable ». Il est le contraire du mot « symbole ». Le symbole unit, le diable divise. Le symbole de notre foi, par exemple nous unit. L’esprit impur, en nous, empêche cette union, et créé la division intérieure. De fait, seul le Christ peut venir nous unifier, et non nous éclater comme des baudruches. Si vous en avez le temps, lisez, à ce sujet, ce livre surprenant de Fabrice HADJADJ : La foi des démons, ou l’athéisme dépassé. Il montre bien que le Diable est celui veut mettre la division dans nos vies (dia-bole) et qu’il ne supporte pas la vérité qui unifie (sym-bole). Et il est même prêt à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Jusqu’à nous faire croire que la maturité, ce serait de confondre vérité et réalité, de nous faire croire que tout désir est par principe bon. Un peu comme le dit cette fausse sagesse populaire : « Il n’y a pas de mal à se faire du bien… » Rappelez-vous ce que disait le psalmiste (Ps 85, 11) :

Montre-moi ton chemin, Seigneur, que je marche suivant ta vérité ; unifie mon coeur pour qu'il craigne ton nom.

Ce sont eux les impies, ceux qui cherchent à semer le doute et la division en nous pour que nous ne nous unifions pas en Jésus-Christ. Ceux sont eux les moqueurs qui insultèrent le Christ durant sa Passion (Lc 18, 31-33) :

Prenant les Douze auprès de lui, il leur dit : « Voici que nous montons à Jérusalem, et que va s’accomplir tout ce qui a été écrit par les prophètes sur le Fils de l’homme. En effet, il sera livré aux nations païennes, accablé de moqueries, maltraité, couvert de crachats ; après l’avoir flagellé, on le tuera et, le troisième jour, il ressuscitera. »

Et saint Pierre nous prévient pour aujourd’hui (2 P 3, 3-4) :

Sachez d’abord que, dans les derniers jours, des moqueurs viendront avec leurs moqueries, allant au gré de leurs convoitises, et disant : « Où en est la promesse de son avènement ? En effet, depuis que les pères se sont endormis dans la mort, tout reste pareil depuis le début de la création. »

Alors, comment résister à ces impies, ces hommes sans foi ? Comment ne pas céder à la tentation de la méchanceté et de la vengeance, de la rancune ? Comment ne pas tendre l’oreille aux moqueurs ?


Méditer la Loi du Seigneur


02 Dans la Loi du Seigneur, il se plaît, dans sa Loi médite, le jour, la nuit.


La clé nous est donnée dans le psaume : « heureux l’homme qui se plaît à la Loi du Seigneur ». Et si je reprends la distinction faite plus haut : heureux celui qui épouse la Loi du Seigneur. Des épousailles qui sont presque physiques comme le rappelle le livre du Deutéronome (Dt 6, 4-9) :

Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. Tu les rediras à tes fils, tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage, que tu sois couché ou que tu sois levé ; tu les attacheras à ton poignet comme un signe, elles seront un bandeau sur ton front, tu les inscriras à l’entrée de ta maison et aux portes de ta ville.

Une Loi qui ne fait pas que nous plaire, mais que nous voulons vivre au point de l’attacher à notre corps, pour qu’elle pénètre au plus profond de nous-mêmes comme lorsque nous appliquons une pommade sur nos plaies. Elle entre dans le corps et le guérit. La Loi a le même effet. Et comme le dit le texte précédent, cette Loi commence par l’amour : « Tu aimeras le Seigneur » et nous mènera à l’adoration paisible de notre Dieu. Cette loi, qu’est-elle d’autre que l’offrande parfaite que le Christ fait de lui-même ? « En lui, notre amour est parfait », cet amour, cette dilection que le Père proclamera du haut des cieux au baptême de Jésus et lors de la Transfiguration (Lc 9, 35) :

Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »

Écouter le Fils, écouter sa Parole, la méditer et la contempler, telle est notre véritable vocation. Il suffit de relire le psaume 119 qui montre que l’homme pieux aime la Loi et s’en imprègne, comme une pommade de joie. Le psaume 40, 9 dira même : « Ta Loi est au fond de mon cœur ». Comment ne pas penser à ce qu’écrivait saint Augustin dans Les confessions :

« TU ES GRAND, SEIGNEUR, ET TRES DIGNE de louange. Grande est ta force et ta sagesse échappe au calcul. Simple parcelle de ta création, l'homme veut te louer. Portant sur soi de toutes parts sa mortalité, et le témoignage de son péché tout en sachant que tu résistes aux orgueilleux, te louer, voilà ce que veut l’homme, simple parcelle de ta création. C'est toi qui le pousses à prendre plaisir à te louer, car tu nous as faits pour toi (orientés vers toi) et notre cœur est sans repos tant qu'il ne repose en toi. » (Livre I, 1)

Et

« J’ai tardé à t'aimer, Beauté si ancienne et si nouvelle, j'ai tardé à t'aimer ! Alors que tu étais au dedans de moi, et moi au dehors, je te cherchais au dehors où je me ruais sur les belles choses d'ici-bas, tes ouvrages. Tu étais avec moi, et je n’étais pas avec toi ; Elles me retenaient loin de toi ces choses qui pourtant si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas. Tu as appelé, crié, et tu as rompu ma surdité. Tu as brillé par éclairs et par vives lueurs et tu as balayé ma cécité. Tu as exhalé ta bonne odeur, je l'ai respirée, et j’aspire à toi. Je t'ai goûté et j'ai faim et j’ai soif. Tu m'as touché, j'ai pris feu pour la paix que tu donnes. Une fois soudé à toi de tout mon être, il n'y aura plus pour moi douleur et labeur et ma vie sera, toute pleine de toi, la vie. » (Livre X, 27)

Descendre au plus profond de soi-même, comme l’enfant prodigue (Lc 15, 17 : Alors il rentra en lui-même et se dit...), comme l’arbre qui va chercher au plus profond de la terre, grâce à ses racines, la source dont il a besoin.


Un arbre planté près des ruisseaux



Bord de rivière

Henri Harpignies (Valenciennes, 1819 - Saint-Privé, 1916)

Huile sur toile, 19 x 36 cm, 1860

Collection privée


03 Il est l’arbre planté au bord des eaux vives, il donnera son fruit en son temps, jamais ne sera dépouillé de ses feuilles. Tout ce qu’il fait réussira.


Dans la Bible, l’arbre représente souvent l’homme, qu’il soit mauvais ou bon, heureux ou malheureux. Ainsi le psaume 128, 3 : « Tes fils sont comme des plants d’olivier » ! Le psaume 52, 10 continue sur l’olivier : « Pour moi, comme un bel olivier dans la maison de Dieu, je compte sur la fidélité de mon Dieu, sans fin, à jamais ! » Ou le livre de Job (Jb 14, 7) : « Car il y a pour l’arbre un espoir : une fois coupé, il peut verdir encore et les jeunes pousses ne lui feront pas défaut. » jésus, lui-même, fera aussi référence à l’arbre :

Mt 7, 17 : C’est ainsi que tout arbre bon donne de beaux fruits, et que l’arbre qui pourrit donne des fruits mauvais.
Mc 8, 24 : Levant les yeux, l’homme disait : « J’aperçois les gens : ils ressemblent à des arbres que je vois marcher. »

Et enfin l’Apocalypse (pour ne donner que quelques exemples) :

Ap 22, 2 : Au milieu de la place de la ville, entre les deux bras du fleuve, il y a un arbre de vie qui donne des fruits douze fois : chaque mois il produit son fruit ; et les feuilles de cet arbre sont un remède pour les nations.

Rupert de Deutz (1075-1129) , dans ses Œuvres du Saint-Esprit (V, 3) écrit :

« Quand fut planté le paradis terrestre, lisons-nous, une source jaillissait de la terre, arrosant toute la face de la terre. Et plus loin : « Un fleuve prenait sa source dans le lieu de délices pour arroser le paradis : il se divisa en quatre bras ». Mais voici que se plantait le paradis de la nouvelle Créature, par les pousses et les racines d’un seul et unique arbre de vie, c’est-à-dire par la fidélité et les vertus de l’unique Médiateur de Dieu et des hommes, l’homme Jésus-Christ. C’est lui que le psalmiste célèbre quand il dit : « Il sera comme un arbre planté au bord des eaux courantes, qui donnera du fruit en son temps. » cet arbre fut planté au bord des eaux courantes, puisque sur la nature de chair fut greffée le Verbe de Dieu, le Dieu-Verbe, selon la plénitude de toutes les grâces, toujours vivant et tout-puissant. Tel est l’homme qui fut le commencement de la nouvelle plantation, le germe saint, l’arbre de vie. Ses premières pousses furent les apôtres ; sa plantation, le paradis de ses racines, les disciples qui crurent en lui, peu nombreux au début. Quand l’Esprit fut donné, remplit l’intelligence leurs cœurs, et fit naître dans leurs bouches tous les genres d’idiomes, c’est alors qu’en vérité jaillit une source de la terre paradisiaque, c’est alors qu’un fleuve prit sa source dans le paradis pour arroser toute la face de la terre. De même que le fleuve jaillissant du paradis terrestre se divise en quatre bras, c’est-à-dire en quatre principaux fleuves, ainsi dans l’Église apostolique jaillit la science de Dieu qui se divise en quatre évangiles, lesquels sont pour nous les premiers fleuves de la doctrine nécessaire. »

Car cet arbre, l’homme, ne peut pas vivre sans eau. Et non une eau stagnante, non une eau croupie, ni même saumâtre (mélange de grâces et de péchés), mais une eau vive, comme celle que promit Jésus à la Samaritaine (Jn 4, 10) :

Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »

Alors, si notre arbre s’abreuve à l’eau vive qui coule du cœur du Christ, l’eau de la Loi d’amour, nous prenons racines dans le temps de Dieu, et nous portons du fruit car, comme le dit Paul (1 Co 3, 6-9) :

Moi, j’ai planté, Apollos a arrosé ; mais c’est Dieu qui donnait la croissance. Donc celui qui plante n’est pas important, ni celui qui arrose ; seul importe celui qui donne la croissance : Dieu. Celui qui plante et celui qui arrose ne font qu’un, mais chacun recevra son propre salaire suivant la peine qu’il se sera donnée. Nous sommes des collaborateurs de Dieu, et vous êtes un champ que Dieu cultive, une maison que Dieu construit.

Ce fruit qui grandit en nous, c’est la Loi du seigneur. Ce même fruit qui prit vie en la Mère de Dieu, ce fruit béni de ses entrailles. Un fruit que nous attendons encore quand viendra dans sa Gloire notre Sauveur. Il sera l’unique et dernier fruit, l’unique et dernier arbre planté dans le Royaume des Cieux.


Et nous aujourd’hui, nous abreuvant à la Parole de Dieu, recevant la Lumière de l’Esprit, les branches tendues vers le Père, nous devons, non seulement donner un fruit « eschatologique », mais faire pousser nos feuilles, signes de vie et de promesse divine. Car, comme le dit le livre des Proverbes (Pr 11, 28) :

Qui se fie à sa richesse tombera ; comme un arbre verdoyant, le juste fleurira.

Comme la feuille de l’arbre transforme la lumière solaire en chlorophylle, nous-mêmes, greffés sur la vigne, émondés par le vigneron, arrosés par la parole divine, illuminés par l’’Esprit, nous transformerons la lumière du Père en sève de vie pour nos frères.


Quant à ceux qui refuseront ce « processus » vital, ils seront comme paille au vent qui se perd sur le chemin poussiéreux.


Étendons nos branches, poussons nos racines !


Méditation du frère Franck Dubois, dominicain


Heureux !


Ça tombe mal, je me suis levé, du mauvais pied ce matin. J’ai médit hier sur mes collègues, et je ne vois pas bien ce qui m’empêcherait de le faire aujourd’hui.


D’ailleurs j’avais de bonnes raisons. Quant à murmurer la loi du Seigneur jour et nuit, ce n’est pas l’urgence. J’aimerais plutôt trouver le sommeil ! Il ne manquerait plus que je me lève de nuit pour réciter des prières. C’est vraiment mal parti cette affaire. Non, les psaumes, ce n’est pas pour moi. Sitôt ouvert, sitôt refermé : le Psautier c’est pour les pros ; moi je suis un âne, disons, un débutant.


Et pourtant, oui, j’aimerais porter du fruit. J’en porte d’ailleurs, mais à mon rythme. L’important est de tenir la longueur. J’en connais qui flambent, et qui s’écroulent d’un coup, engloutis par le tourbillon de leurs projets, et leurs chimères. Ils perdent pied, faute de racine. Vais-je courir après Dieu comme je cours après le temps ?


Mon urgence, je le vois, c’est d’aller lentement. Ça, je veux bien. Pas à pas, psaume à psaume. Un chemin buissonnier, parcouru à pas d’âne. Méditer, et ne plus médire. Flâner, pour ne pas flétrir !


Un autre avant moi m’a ouvert cette voie : le Juste par excellence. Le Christ, en son temps, a prié dans ce livre. Ces psaumes, il les connaît, je le voudrais comme guide. Ces prières, il les aimait, je le veux comme ami. Ces cris, ce fut sa Paix. Qu’elle descende sur moi et ceux qui aujourd’hui rentreront dans ce livre.


Ce matin, je ne me suis pas levé pour rien : Heureux !


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