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Samedi, 14e semaine du T.O. — année impaire

Rien n’est caché qui ne sera connu



Le secret

Gustave Doré (Strasbourg, 1832 - Paris, 1883)

Gravure pour « Les fables de Jean de La Fontaine »

248 ill. Paru aux éditions Hachette dès novembre 1866


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 10, 24-33)

En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Le disciple n’est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur. Il suffit que le disciple soit comme son maître, et le serviteur, comme son seigneur. Si les gens ont traité de Béelzéboul le maître de maison, ce sera bien pire pour ceux de sa maison. Ne craignez donc pas ces gens-là ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille. Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux. Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. »


Méditation


Texte d’un Dominicain : Frère Cyrille-Marie Richard


Qui donc a encore envie, après avoir entendu cette parole de Jésus, de devenir missionnaire ? Être détesté, être livré à la mort par ses proches, devoir s’enfuir… est-ce bien cela la joie du Royaume promise aux disciples ?


Il faut bien comprendre le sens de ces paroles. Jésus n’est pas en train de donner une liste de toutes les choses à faire, parmi lesquelles on trouverait l’obligation d’être persécuté, voire martyrisé.


Ce qui est affirmé ici, c’est que le témoignage d’un missionnaire repose avant tout sur la ressemblance avec Celui qu’il annonce, en l’occurrence : le Seigneur Jésus. Le Christ ne cherche pas à nous effrayer en dressant la liste de toutes les épreuves désagréables que nous avons à supporter. Il cherche au contraire à nous rassurer en nous affirmant : « tout cela, je l’ai vécu moi-même ».


La vie de disciple, y compris dans sa dimension missionnaire, repose dans l’image du Christ qui transparaît en nous.


C’est dans cette ligne qu’il faut comprendre « ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là, […] c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous ». Cela ne signifie pas que des paroles mystérieuses arriveront comme par miracle sur nos lèvres ! Cela veut dire tout simplement que c’est par nous, par notre témoignage, par le moyen de notre vie, que la Parole de Dieu est annoncée.


De même que Jésus a expliqué sa mission (Évangiles selon saint Matthieu ch 8, v 17 ; saint Jean ch 12, v 38 ; saint Luc ch 24, v 26 ; Actes des Apôtres ch 8, v 32), en recourant aux chants du Serviteur souffrant d’Isaïe (Livre d'Isaïe ch 52, v 13 – ch 53, v 12), le disciple peut témoigner par toute sa vie, même dans ses épreuves, de la fidélité du Seigneur pour son peuple.


À la fin de l’exhortation de Jésus sur la mission ; ce n’est plus d’échec ou de rejet qu’il s’agit, mais du risque du martyre. Il y a des gens qui ont le pouvoir de tuer. Il ne faut pas les craindre, dit Jésus. Comment comprendre une telle injonction ? Cela n’est acceptable que parce que Jésus l’a lui-même vécu. Parler du martyre est risqué : qui sait comment celui qui en parle réagirait s’il était confronté à cette situation extrême ? Jésus, lui qui sait déjà par quelle mort il va passer, est le seul qui ait, à ce sujet, une parole autorisée.


Jésus ne relativise pas les difficultés. Quand il dit de ne pas craindre ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme, il ne dévalorise pas du tout le corps, comme si tout ce qui est corporel – y compris la souffrance infligée aux martyrs – n’était rien du tout ; seule l’âme serait digne de considération.


Au contraire, s’il faut ne pas craindre cette mort du corps, c’est parce qu’elle est un élément fondamental du témoignage des chrétiens. « Nous proclamons un Messie crucifié » (Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens ch 1, v 23), dira saint Paul. Plus généralement, c’est toute notre personne, pas seulement l’âme, mais aussi le corps, qui a de la valeur aux yeux de Dieu. L’annonce de la Parole de Dieu se fait aussi en considération du corps humain. Si les martyrs vont jusqu’à donner leur corps, cela signifie que, pour chacun d’entre nous, la place accordée au corps dans notre discours est capitale. Ce qui blesse le corps – maladie, misère, violence… – ne peut pas être négligé et doit même être combattu pour une authentique annonce de l’Évangile.

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