Car c’est en leur pouvoir

Le prophète Michée devant les rois de Juda et d’Israël
Anonyme
Enluminure sur parchemin, 140 x 120 mm, Zwolse Bijbel (fragment) Hs. 15 C 11, f. 1r., vers 1470
Bibliothèque de l’université, Utrecht (Pays-Bas)
Lecture du livre du prophète Michée (Mi 2, 1-5)
Malheur à ceux qui préparent leur mauvais coup et, du fond de leur lit, élaborent le mal ! Au point du jour, ils l’exécutent car c’est en leur pouvoir. S’ils convoitent des champs, ils s’en emparent ; des maisons, ils les prennent ; ils saisissent le maître et sa maison, l’homme et son héritage. C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur : Moi, je prépare contre cette engeance un malheur où ils enfonceront jusqu’au cou ; vous ne marcherez plus la tête haute, car ce sera un temps de malheur. Ce jour-là, on proférera sur vous une satire, et l’on entonnera une lamentation ; on dira : « Nous sommes entièrement dévastés ! On livre à d’autres la part de mon peuple ! Hélas ! Elle m’échappe ! Nos champs sont partagés entre des infidèles ! » Plus personne, en effet, ne t’assurera une part dans l’assemblée du Seigneur.
Méditation
« Le pouvoir corrompt. Le pouvoir absolu corrompt absolument » : Lord Acton, historien et philosophe anglais du XIXème siècle a eu cette formule saisissante par les temps qui courent. Mais n’est-ce pas le cas de tout temps ? N’est-ce pas ce que dénonce le prophète aujourd’hui ? Car, comme il le décrit, ceux qui ont le pouvoir, sans s’en rendre compte, donnent naissance en leur cœur à trois dérives, trois soifs : soif de plus de pouvoir, soif de plus de possession, soif de plus de gloire. Nous retrouvons évidemment les trois tentations que dut affronter Jésus.
Même dans les démocraties, ce risque existe. Et même, il est encore plus difficilement décelable car masqué par une fausse transparence, voire par des lois. Quand on est en dictature, au moins les choses sont claires. En démocraties, les petites dictatures de certains potentats sont plus discrètes et insidieuses, mais ô combien puissantes parce que masquées. Baudelaire ne disait-il pas que « la plus grande malice du diable est de faire croire qu'il n'existe pas » ?
Mais, nous-mêmes, ne sommes-nous pas parfois des dictateurs en puissance ? Ô bien souvent, à moindre échelle. Mais ces soifs nous habitent aussi. Et alors, nous pouvons leur laisser la bride sur le mors et devenir de petits dictateurs dans notre famille, notre travail ou notre église !
Un seul remède à la dictature des potentats : l’humilité ! Quatre lectures à vous conseiller : Le Prince de Machiavel (le livre de chevet de François Mitterand...), La ferme des animaux de George Orwell, La tactique du Diable de C.S. Lewis, et aussi surprenant que cela paraisse de ma part : Théorie de la dictature de Michel Onfray !