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Samedi, 18ème semaine du T.O. — année impaire

Combien de temps devrai-je vous supporter ?



La guérison d’un jeune épileptique

Giandomenico Tiepolo (Venise, 1727 - Venise, 1804)

Dessin signé, à la plume et encre brune, à gauche : 'Dom° Tiepolo f'., 48,7 x 37,5 cm, 1760

Musée du Louvre, Paris (France)


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 17, 14-20)

En ce temps-là, un homme s’approcha de Jésus, et tombant à ses genoux, il dit : « Seigneur, prends pitié de mon fils. Il est épileptique et il souffre beaucoup. Souvent il tombe dans le feu et, souvent aussi, dans l’eau. Je l’ai amené à tes disciples, mais ils n’ont pas pu le guérir. » Prenant la parole, Jésus dit : « Génération incroyante et dévoyée, combien de temps devrai-je rester avec vous ? Combien de temps devrai-je vous supporter ? Amenez-le-moi. » Jésus menaça le démon, et il sortit de lui. À l’heure même, l’enfant fut guéri. Alors les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent en particulier : « Pour quelle raison est-ce que nous, nous n’avons pas réussi à l’expulser ? » Jésus leur répond : « En raison de votre peu de foi. Amen, je vous le dis : si vous avez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne : “Transporte-toi d’ici jusque là-bas”, et elle se transportera ; rien ne vous sera impossible. »


Méditation

L’épileptique : Seigneur, je sais que tu dois être usé avec moi. Je suis toujours, comme mon Père, à te demander de l’aide, des guérisons, des miracles. Et parfois même des choses ridicules qui tiennent plus à moi qu’à toi… Mais il faut avouer que je suis épileptique : tout est désordonné. Pas seulement mes gestes, mais mon esprit aussi. Dans ma tête, tout se mélange, je mets les priorités là où il ne faut pas. Ou alors, je suis totalement tétanisé, n’arrivant plus à bouger. Pas seulement mon corps. Mais aussi mon esprit qui devant le danger, le risque, est pris de peur. Ou mon âme qui se refuse à prier. Ou ma foi qui se bloque sur une question, voire un doute. Alors plus rien ne bouge, je suis tétanisé, totalement amorphe. Parfois même, j’écume. Pas simplement de salive et de bave. J’écume aussi de rage contre mes ennemis ou mes adversaires. J’écume contre la société, contre la politique, contre l’Église, contre les évêques, les prêtres, les fidèles qui ne sont pas comme moi ! Ou alors (peut-être plus souvent que je ne le crois), j’écume contre moi-même ! En fait, mon père a dû te le dire, je souffre… Je souffre de mon humanité, je souffre de mon péché, je souffre de mes incapacités, je souffre de mes rêves irréalisables, je souffre de n’être qu’un pauvre homme pécheur… Jésus, délivre-moi. Seigneur, sauve-moi. Aie pitié de moi. Maître, guéris-moi. Sauve-moi, sauve-moi de moi-même…


Jésus : Mon ami, mon frère, pardon. Moi aussi, même fils de Dieu, j’assume les colères humaines. Et je me suis mis en colère, peut-être de fatigue. Peut-être parce qu’en venant sur cette terre j’ai découvert avec mes tripes toutes les souffrances endurées par les hommes. Peut-être parce que je suis aussi fatigué de vous entendre réclamer, crier, implorer, supplier. Mais je ne vous en veux pas. Vous êtes perdus… Ce qui me fait souffrir et parfois écumer de colère (sainte colère, bien sûr) est de m’apercevoir que mes paroles restent si peu de temps en votre coeur. Vous les écoutez et elles s’évanouissent en peu de temps. Je vous l’ai déjà expliqué dans la parabole du grain semé. Le Royaume des cieux est tout proche, à portée de mains. Ne désespérez pas, mais convertissez-vous. ?Ne laissez pas vos souffrances humaines voiler le soleil promis. mais laissez plutôt l’enthousiasme de votre foi faire des miracles. Ne sortez pas du chemin que je vous ai montré et que déjà, Jean le Baptiste vous avait désigné. Sinon, vous serez « dévoyés », en dehors de la voie, en dehors de moi, car je suis le chemin, la vérité et la vie. Reprenez-vous mes enfants ! Ne vous laissez pas dominer par le Diable qui ne cherche qu’à vous faire douter, à vous déstabiliser, à vous tenter de désespoir. C’est votre inconstance qui m’est difficile à supporter. D’autant plus que même si je serai avec vous en Esprit tous les jours, je ne serai plus à vos côtés physiquement, du moins avec mon corps d’homme. Mais je reviendrai sous la forme du pain consacré. Ne soyez pas incroyants et dévoyés, sinon vos yeux ne me verront pas. Mais, mon enfant, j’entends tes souffrances et ta faiblesse. Je vais en faire une force en te guérissant.


L’épileptique : Je ne te dis rien Seigneur. Mon regard apaisé devrait suffire pour te rendre grâce.


Un disciple : Pourquoi n’ai-je pas réussi à guérir ce garçon ? C’est désespérant… Je suis vraiment mauvais. Ou alors je manque de technique, de méthode. Quel est son secret ? La jalousie prendrait-elle possession de moi devant le succès des autres ?


Jésus : Mon enfant. Arrête de t’évaluer, de te mesurer aux autres. Comme chacune de mes créatures, tu es Capax Dei, capable de Dieu. Il ne te manque qu’une chose : la foi chevillée au corps ! Il te faut te jeter dans les bras de Dieu, comme cet enfant se jeter à terre ou dans le feu. Jette-toi dans le feu divin ! Alors, tu verras que tu réaliseras bien plus que tu ne l’aurais imaginé. Alors, ce que j’attends de toi resplendira à tes yeux. Alors, tu ne chercheras plus à te mesurer aux yeux des autres, mais tu comprendras que ta place, ta mission est unique. Unique pour les autres et unique à mes yeux. Comme le dira plus tard un de mes scouts : « il est aussi beau de peler des pommes de terre que de construire des cathédrales pour le bon Dieu ». Quelle que soit ta mission, fais-le en mon Nom, dans la foi en mon coeur, et alors, tu déplaceras des montagnes sur terre ou au ciel.

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