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Samedi, 1ère semaine du T.O. — année paire

L’oint du Seigneur -



Onction de Saül par Samuel,

Hans Holbein le jeune (Augsbourg, 1497 - Londres, 1543),

Gravé par Hans Lutzelburger et Veit Rudolph Specklin,

Gravure de bois de fil sur papier vergé, feuille : 9,2 x 10,1 cm, entre 1525 et 1549,

Musée des Beaux-Arts, Orléans (France)


Lecture du premier livre de Samuel (1 S 9, 1-4.10c.17-19 ; 10, 1)

Il y avait dans la tribu de Benjamin un homme appelé Kish. C’était un homme de valeur. Il avait un fils appelé Saül, qui était jeune et beau. Aucun fils d’Israël n’était plus beau que lui, et il dépassait tout le monde de plus d’une tête. Les ânesses appartenant à Kish, père de Saül, s’étaient égarées. Kish dit à son fils Saül : « Prends donc avec toi l’un des serviteurs, et pars à la recherche des ânesses. » Ils traversèrent la montagne d’Éphraïm, ils traversèrent le pays de Shalisha sans les trouver ; ils traversèrent le pays de Shaalim : elles n’y étaient pas ; ils traversèrent le pays de Benjamin sans les trouver. Alors ils allèrent à la ville où se trouvait l’homme de Dieu. Quand Samuel aperçut Saül, le Seigneur l’avertit : « Voilà l’homme dont je t’ai parlé ; c’est lui qui exercera le pouvoir sur mon peuple. » Saül aborda Samuel à l’entrée de la ville et lui dit : « Indique-moi, je t’en prie, où est la maison du voyant. » Samuel répondit à Saül : « C’est moi le voyant. Monte devant moi au lieu sacré. Vous mangerez aujourd’hui avec moi. Demain matin, je te laisserai partir et je te renseignerai sur tout ce qui te préoccupe. » Le lendemain, Samuel prit la fiole d’huile et la répandit sur la tête de Saül ; puis il l’embrassa et lui dit : « N’est-ce pas le Seigneur qui te donne l’onction comme chef sur son héritage ? »


Méditation


MESSE CHRISMALE - HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II

Basilique Saint-Pierre, Jeudi Saint 9 avril 1998


1. « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l’onction » (Lc 4, 18).

Ces paroles du Livre du prophète Isaïe, rapportées par l'évangéliste Luc, reviennent plusieurs fois dans la liturgie chrismale d'aujourd'hui, et en constituent presque le fil conducteur. Elles rappellent un geste rituel qui possède une longue tradition dans l'Ancienne Alliance, car il se répète dans l'histoire du Peuple élu lors de la consécration de prêtres, de prophètes et de rois. A travers le signe de l'onction, Dieu lui-même confie la mission sacerdotale, royale et prophétique aux hommes qu'Il appelle, et il rend sa bénédiction visible pour l'accomplissement de la tâche qui leur est confiée.


Ceux qui ont été oints dans l'Ancienne Alliance, l'ont été en vue d'une seule personne, de celui qui devait venir : le Christ, l'unique et définitif « Consacré », l’« Oint » par excellence. Ce sera l'Incarnation du Verbe qui révélera le mystère de Dieu Créateur et Père qui, à travers l'onction de l'Esprit Saint, envoie son Fils unique dans le monde.


À présent, il se tient dans la synagogue de Nazareth. Nazareth est son village : c'est là qu'Il a vécu et travaillé pendant des années à un humble établi de charpentier. Aujourd'hui, cependant, Il est présent dans la synagogue revêtu d'une qualité nouvelle: sur les rives du Jourdain, après le baptême de Jean, il a reçu l'investiture solennelle de l'Esprit, qui l'a poussé à commencer la mission messianique pour accomplir la volonté salvifique du Père. Et maintenant, il se présente à ses concitoyens en prononçant les paroles d’Isaïe : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4, 18-19). C'est là qu'il conclut sa lecture et, après une pause, il prononce quelques paroles qui coupent le souffle à ses auditeurs : « Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles ce passage de l’Ecriture » (Lc 4, 21). La déclaration ne laisse place à aucun doute : Il est l’« Oint », Il est le « Consacré » ; c'est à Lui que le prophète Isaïe fait allusion. C'est en Lui que s'accomplit la promesse du Père.


2. Aujourd'hui, Jeudi saint, nous sommes rassemblés dans la Basilique Saint-Pierre pour méditer sur cet événement : comme les consacrés de l'Ancienne Alliance, nous aussi, nous tournons notre regard vers Celui que le Livre de l'Apocalypse appelle « le témoin fidèle, le premier-né d'entre les morts, le Prince des rois de la terre » (1, 5). Nous regardons vers Celui qu'ils ont transpercé (cf. Jn 19, 37). En donnant sa vie pour nous libérer du péché (cf. Jn 15, 13), Il nous a révélé son « grand amour » ; il s'est présenté comme le véritable et définitif Consacré par l'onction qui, dans la puissance de l'Esprit Saint, nous rachète au moyen de la Croix. C'est sur le Calvaire que s'accomplissent en plénitude les paroles suivantes : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l’onction » (Lc 4, 18).


Cette consécration et le sacrifice de la Croix constituent respectivement l'inauguration et l'accomplissement de la mission du Verbe incarné. De l'acte suprême d'amour consommé sur le Golgotha, le Jeudi saint commémore la manifestation sacramentelle instituée par Jésus au Cénacle, alors que le Vendredi saint en souligne l'aspect historique dramatique et cruel. Dans sa double dimension, ce sacrifice marque le début de la « nouvelle » onction de l'Esprit Saint et représente le gage de la descente du Paraclet sur les Apôtres et sur l'Eglise qui, dans un certain sens, célèbre donc aujourd'hui sa naissance.


3. Chers frères prêtres, nous sommes réunis ce matin autour de la table eucharistique le jour saint où nous faisons mémoire de la naissance de notre sacerdoce! Aujourd'hui, nous célébrons l’« onction » particulière qui, dans le Christ, est aussi devenue la nôtre. Lorsque, durant le rite de notre Ordination, nos mains ont été ointes par l'évêque avec le saint chrême, nous sommes devenus des ministres saints et des signes efficaces de la rédemption et participants de l'onction sacerdotale du Christ. A partir de ce moment, la puissance de l'Esprit Saint, qui s'est répandue sur nous, a transformé notre existence pour toujours. Cette puissance divine est toujours présente en nous et elle nous accompagnera jusqu'à la fin.


Alors que nous nous apprêtons à entrer dans les jours saints où nous commémorerons la mort et la résurrection du Seigneur, nous voulons renouveler notre action de grâce à l'Esprit Saint pour le don inestimable qui nous a été fait dans le sacerdoce. Comment ne pas nous sentir les débiteurs de Celui qui a voulu nous associer à cette admirable dignité ? Que ce sentiment nous pousse à rendre grâce au Seigneur pour les merveilles qu'il a accomplies au cours de notre existence ; qu'il nous aide à considérer avec une ferme espérance notre ministère, en demandant humblement pardon pour nos infidélités éventuelles.


Que Marie nous soutienne car, comme Elle, nous nous laissons conduire par l'Esprit pour suivre Jésus jusqu'au terme de notre mission terrestre. J'ai écrit dans la Lettre de cette année aux prêtres : « Accompagné par Marie, le prêtre saura renouveler chaque jour sa consécration, jusqu'à ce que, sous la conduite de l'Esprit lui-même, invoqué avec confiance sur la route humaine et sacerdotale, il pénètre dans l'océan de lumière de la Trinité » (n. 7).


Dans cette perspective et avec cette espérance, nous poursuivons avec confiance la route que le Seigneur ouvre devant nous jour après jour. Son Esprit divin nous soutient et nous aide.


Veni, Sancte Spiritus ! Amen.

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