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Vendredi, 10ème sem. du T. O. — Année paire

Une brise



Le prophète Élie

Anonyme (Bulgarie)

Tempera et or sur bois, 71 x 54,4 cm, vers 1700

Petit-Palais, Paris (France)


Lecture du premier livre des Rois (1 R 19, 9a-13a)

En ces jours-là, lorsque le prophète Élie fut arrivé à l’Horeb, la montagne de Dieu, il entra dans une caverne et y passa la nuit. Et voici que la parole du Seigneur lui fut adressée. Il lui dit : « Sors et tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur, car il va passer. » À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère. Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne.


Présentation

La scène centrale tend à désigner Élie à la fois comme ermite et comme prophète. Il tient sa tête inclinée sur son poing droit dans une attitude de méditation teintée de mélancolie. Il dirige son regard vers les deux corbeaux qui lui apportaient chaque jour du pain (tenu ici par le premier oiseau, posé sur la roche) et de la viande (tenue par le second, encore en vol), lors d’une retraite dans le désert près du Jourdain voulue par Dieu (1 Rois 17, 6). La grotte devant laquelle il se tient évoque la caverne du mont Horeb où Dieu se manifesta à lui. Le rouleau qu’il tient dans sa main gauche porte une citation de cet épisode (1 Rois 19,10). Deux moments distincts de la vie d’Élie sont ainsi réunis en une seule image, dans une abolition du temps chronologique typiquement byzantine. Les bandeaux supérieurs et inférieurs offrent des scènes spécifiquement narratives, fortement marquées par une influence italienne perceptible dans la perspective, l’architecture et les paysages. On reconnaît, en haut, de gauche à droite : Élie et la veuve (1 Rois 17, 8-6), Élie ranimant l’enfant de la veuve (1 Rois 17, 17-24), le sacrifice au mont Carmel (1 Rois 18, 20-40) ; et, en bas, de gauche à droite : un ange réconfortant Élie (1 Rois 19, 5-8), le partage et la traversée des eaux avec Élisée, disciple et prophète (2 Rois 2, 8), et, enfin, la célèbre scène de l’enlèvement d’Élie sur un char de feu (2 Rois 2, 11-14).


Méditation

Dieu se révèle, se dévoile, même si l’homme se voile devant lui, par peur. Pourtant notre Dieu n’est pas ce vengeur sanguinaire que souvent l’on nous présente. Non, il est le Dieu de l’amour, de la tendresse et de la douceur. Ni celui qui montrerait sa colère dans l’ouragan, ni celui qui ferait démonstration de sa force et de sa puissance dans le tremblement de terre, encore moins celui capable de détruire comme le feu. Non, il est le Dieu de la douceur d’une brise, de la fraîcheur d’un vent léger, de la tendresse du souffle de son Esprit. Bref le Dieu d’amour. Ne le cherchons pas là où il n’est pas, comme le dira l’ange aux femmes myrophores. Mais prenons de l’écart, retirons-nous dans notre Thébaïde, et là, il se montrera à nous dans cette douceur. Car Dieu ne veut pas nous impressionner, du moins pas comme nous l’entendons. Il veut seulement impressionner notre cœur, c’est-à-dire imprimer en notre cœur la marque de l’amour. Seuls ceux qui sauront l’écouter dans le silence de leur caverne pourront l’entendre et le laisser les rafraîchir de la brûlure de notre temps...

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