C’est la Pâque du Seigneur

Les Israélites mangent la Pâque
Gerard Hoet (Zaltbommel, 1648 - La Haye, 1733)
Gravure extraite du livre « Figures de la Bible » publié par P. de Hondt à La Haye en 1728
Lecture du livre de l’Exode (Ex 11, 10 à 12, 14)
En ces jours-là, Moïse et Aaron avaient accompli toutes sortes de prodiges devant Pharaon ; mais le Seigneur avait fait en sorte que Pharaon s’obstine ; et celui-ci ne laissa pas les fils d’Israël sortir de son pays. Dans le pays d’Égypte, le Seigneur dit à Moïse et à son frère Aaron : « Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois, il marquera pour vous le commencement de l’année. Parlez ainsi à toute la communauté d’Israël : le dix de ce mois, que l’on prenne un agneau par famille, un agneau par maison. Si la maisonnée est trop peu nombreuse pour un agneau, elle le prendra avec son voisin le plus proche, selon le nombre des personnes. Vous choisirez l’agneau d’après ce que chacun peut manger. Ce sera une bête sans défaut, un mâle, de l’année. Vous prendrez un agneau ou un chevreau. Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour du mois. Dans toute l’assemblée de la communauté d’Israël, on l’immolera au coucher du soleil. On prendra du sang, que l’on mettra sur les deux montants et sur le linteau des maisons où on le mangera. On mangera sa chair cette nuit-là, on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères. Vous n’en mangerez aucun morceau qui soit à moitié cuit ou qui soit bouilli ; tout sera rôti au feu, y compris la tête, les jarrets et les entrailles. Vous n’en garderez rien pour le lendemain ; ce qui resterait pour le lendemain, vous le détruirez en le brûlant. Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur. Je traverserai le pays d’Égypte, cette nuit-là ; je frapperai tout premier-né au pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’au bétail. Contre tous les dieux de l’Égypte j’exercerai mes jugements : Je suis le Seigneur. Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez. Je verrai le sang, et je passerai : vous ne serez pas atteints par le fléau dont je frapperai le pays d’Égypte. Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous la fêterez. »
Méditation
« Ce jour-là sera pour vous un mémorial ». Les Juifs ont tellement bien compris cette injonction divine qu’ils se rappellent, par la voix des enfants, cette nuit à chaque repas de Pâques :
Q : En quoi cette nuit diffère-t-elle des autres nuits ?
R : Car toutes les nuits, nous mangeons du pain levé ou azyme.
Q : Pourquoi ne mange-t-on cette nuit que des azymes ?
R : Car toutes les nuits, nous mangeons toutes sortes d’herbes;
Q : Pourquoi mange-t-on cette nuit des herbes amères ?
R : Car toutes les nuits, nous ne trempons pas même une fois.
Q : Pourquoi trempe-t-on cette nuit deux fois ?
R : Car toutes les nuits, nous mangeons assis ou accoudés.
Q : Pourquoi, cette nuit, sommes-nous tous accoudés ?
Et à partir de cette dernière question, le Père entreprend le récit de la nuit de l’Exode, faisant mémoire devant toute la famille de moment de salut pour le peuple. Nous chrétiens, même si nous ne pouvons nier nos racines juives, nous ne faisons pas mémoire de ce récit de l’Exode dans le même sens. Cette nuit est pour nous celle de la libération de l’esclavage du péché et de la mort. Nous aussi sommes poursuivis par nos égyptiens (qui s'appellent péchés) et ils sont noyés dans l'eau du baptême. Mais nous aussi, nous faisons mémoire lors de ce repas pascal que Jésus partagea avec ses apôtres lors de la dernière Cène : « Faites ceci en mémoire de moi ».
Je remets ici ce que j'avais déjà écrit sur ce mémorial eucharistique :
Faites ceci en mémoire de moi…
Il me semble important de lier la parole à l’acte. Cette parole peut se rapporter tant à l’acte présent, qu’à un acte passé, qu’à un acte à venir. Que désigne donc le « Ceci » ? À mon avis, ces trois aspects : passé, présent et futur.
Je pourrais ainsi déchiffrer l’impératif du Christ en ces termes :
Passé : « Faites ceci en mémoire de moi ». Faites comme moi : annoncer ma Parole, pardonner aux autres, prier votre Père, visiter les malades, etc. Bref, faites œuvres de miséricorde. Soyez le signe au milieu des hommes d’un Dieu qui aime chacun, d’un Dieu qui appelle chacun à trouver en lui cette eau qui apaise cette soif inextinguible d’absolu que vous vivez. Faites preuve de charité en mémoire de moi.
Présent : « Faites ceci en mémoire de moi ». Faites comme moi : partager le pain et le vin de la Vie. Lavez-vous les pieds les uns des autres. Offrez-vous en sacrifice. Faites de votre vie un don nourrissant pour les autres. Livrez-vous à l’Amour. Faites preuve de foi en mémoire de moi.
Futur : « Faites ceci en mémoire de moi ». Vous aussi, allez jusqu’au bout, ne vous arrêtez pas en chemin. Gravissez toute la colline. Prenez sur vous votre croix, mon joug. Vous verrez, le fardeau sera plus léger que vous ne pourriez le croire. Faites preuve d’espérance en mémoire de moi et vous recevrez la récompense de la résurrection.