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Vendredi, 17e semaine du T.O. — année impaire

Étonnés ou choqués ? -



Jésus dans la synagogue

James Tissot (Nantes, 1836 - Chenecey-Buillon, 1902)

Illustration pour « La vie du Christ », Gouache sur papier, 27,1 x 19,2 cm, 1886-1894

Brooklyn Museum of Art, Brooklyn New-York (U.S.A.).


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 13, 54-58)

En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement et disaient : « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-il pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? Alors, d’où lui vient tout cela ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet. Jésus leur dit : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa propre maison. » Et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là, à cause de leur manque de foi.


Méditation

Imaginez un peu la scène : Jésus arrive dans la synagogue. Comme le veut la tradition, il ouvre le livre d’Isaïe, lit un passage, le referme et fait un très court commentaire. Et il fait mouche par ses mots ! Il vient bousculer les convictions établies, remettre en cause, non en moralisateur, mais en « initiateur » de foi, en maïeute. Et là, ça ne plaît pas. Ils sont d’abord étonnés. Rappelons que ce mot, étymologiquement, veut dire « créer un coup de tonnerre ». Un coup de tonnerre par la profondeur et la force de son discours. Mais ça, ça dérange.


Un peu comme à la messe où une homélie peut laisser tout le monde tranquille, bien au chaud dans ses convictions, bref, une homélie insipide et doucereuse qui ne fait pas de vagues. Ou alors, une parole forte qui appelle à la conversion. Et là, ça ne plaît pas. Mais qui est-il pour venir nous donner des leçons ? Et les réactions immédiates sont similaires : refaire le CV de la personne pour évaluer son niveau de compétence à nous remettre en cause. Ainsi, à la télévision, si l’intervenant n’est pas paré d’un bandeau qui donne son titre, sa fonction et ses diplômes, sa parole risque de ne pas avoir de poids. Pourtant, les candides osent parfois dire des vérités que les savants se refusent à envisager… Jésus en louait son Père (Mt 11, 25-26) : « En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. »


Après avoir passé en revue son Curriculum Vitae, voici que n’y voyant aucun titre qui auréolerait ses paroles, ils en sont choqués. Pour eux, seuls les sages et les savants ont droit à la parole, sont capables de nous enseigner et de nous dire quoi penser. N’est-ce pas encore le cas ? Quand un pauvre homme lambda vient dire la vérité mais qu’elle ne correspond pas au discours ambiant et bien-pensant et qu’il ne peut justifier d’une quelconque autorité, on l’envoie dans les roses. Peut-être parce qu’ils confondent intelligence et connaissance ? Ou alors qu’ils ne distinguent pas pouvoir et autorité. Jésus n’a aucun pouvoir (en fait, il a le véritable pouvoir mais il n’en use pas comme il le confirmera à Pilate). Par contre, il a autorité (Mt 7, 28-29) : « Lorsque Jésus eut terminé ce discours, les foules restèrent frappées de son enseignement, car il les enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme leurs scribes. » Et ça, seuls les petits le comprennent, et mieux que les savants ou ceux qui se croient sages !


Car ces derniers n’attendent pas une parole prophétique. Ils veulent simplement une parole lisse, conforme à leur pensée, et même qui conforte leurs convictions à l’emporte-pièce. Comment pourraient-ils voir en Jésus un prophète ? C’est trop choquant pour eux de quitter leur confort et de prendre le chemin e la foi véritable. Il vaut mieux en rester à des idées simples mais non révolutionnaires !


Jésus n’a jamais voulu créer le scandale (Mc 9, 42), ni même être un révolutionnaire (comme beaucoup d’extrémistes le prétendent). Il veut simplement nous réveiller… nous sortir de notre torpeur adamique, nous faire nous lever (c’est le même mot que ressusciter en grec), nous tendre la main pour nous entraîner à sa suite. Et pour nous réveiller, il faut une parole qui créé un coup de tonnerre. Alors, serons-nous étonnés oui choqués ?

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