Chute...

La chute de Ninive
John Martin (Hayden Bridge, 1789 - Isle of Man, 1854)
Huile sur toile, 84 x 134 cm, 1829
Victoria & Albert Museum, Londres (Royaume Uni)
Lecture du livre du prophète Nahoum (Na 2, 1.3 et 3, 1-3.6-7)
Voici sur les montagnes les pas du messager qui annonce la paix. Célèbre tes fêtes, ô Juda, accomplis tes vœux, car le Mauvais ne recommencera plus à passer sur toi : il a été entièrement anéanti. Le Seigneur revient. Avec lui, la splendeur de Jacob comme celle d’Israël, alors que les pillards les avaient pillés et avaient ravagé leurs vignobles. Malheur à la ville sanguinaire toute de mensonge, pleine de rapines, et qui ne lâche jamais sa proie. Écoutez ! Claquements des fouets, fracas des roues, galop des chevaux, roulement des chars ! Cavaliers qui chargent, épées qui flamboient, lances qui étincellent ! Innombrables blessés, accumulation de morts, cadavres à perte de vue ! On bute sur les cadavres ! Je vais jeter sur toi des choses horribles, te déshonorer, te donner en spectacle. Tous ceux qui te verront s’enfuiront en disant : « Ninive est dévastée ! Qui la plaindra ? » Où donc te trouver des consolateurs ?
Méditation
Le livre de Nahum, un texte prophétique très court écrit vers le milieu du VIIème siècle avant J.C., rapporte des oracles contre la ville de Ninive, la fière capitale de l’Assyrie, bouleversée et occupée par la puissance émergente babylonienne. Dans cet événement, le prophète lit le juste jugement de Dieu sur l’un des ennemis les plus féroces qui a opprimé Israël. La défaite de l’ennemi historique constitue une occasion d’allégresse pour le royaume de Juda : « Célèbre tes fêtes, Judas, délie tes voeux, car le méchant ne passera plus sur toi : il est entièrement anéanti ».
Et ici le prophète prononce sa condamnation sur Ninive, « ville sanguinaire, pleine de mensonges, pleine de vols, qui ne cesse de piller ». Le prophète condamne le système de corruption qui s’instaure dans la ville et qui conduit non seulement à détruire la coexistence mais aussi à conditionner la possibilité même de reconstruire une vie sociale. En effet, la corruption n’est pas simplement la réalisation de quelque crime, mais la consolidation d’un système de violence et d’abus. Nous pourrions dire que la corruption est comme une armée qui met à feu et à sang la même ville : « Sifflement de fouet, fracas de roues... clignotement d’épées, étincelle de lances, blessés en quantité, tas de morts, cadavres sans fin, trébuche sur les cadavres ».
Nous savons combien le pape François s’élève contre la corruption parce qu’elle conduit à la destruction de toute coexistence. Et elle va jusqu’à dire qu’il n’y a pas de pardon pour celui qui la promeut. Il est indispensable de se convertir à Dieu. Le Seigneur, en effet, veut l’édification de son peuple, non l’enfer que comporte la corruption. Après avoir détruit l’adversaire, Dieu reconstruit l’avenir de son peuple : « Le Seigneur restaure la gloire de Jacob, il renouvelle la gloire d’Israël, même si les brigands les ont pillés et pillent leurs sarments ». Et il annonce : « Voici sur les montagnes les pas d’un messager qui annonce la paix». Le Seigneur - annonce le prophète - revient, libère son peuple de l’oppression de l’ennemi, et lui donne la paix. »