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Vendredi de la 2e semaine de l’Avent

À quoi vais-je comparer cette génération ? -


Dancing to the Flute,

Robert Frederick Blum (Cincinnati, 1857 - New-York, 1903),

Huile sur toile, 26 x 61 cm, 1881,

Collection privée


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 11, 16-19)

En ce temps-là, Jésus déclarait aux foules : « À qui vais-je comparer cette génération ? Elle ressemble à des gamins assis sur les places, qui en interpellent d’autres en disant : “Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.” Jean est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit : “C’est un possédé !” Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.” Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste à travers ce qu’elle fait. »


Méditation

On pourrait donner un autre titre à cette parole de Jésus : jamais content ! Car nous ne sommes jamais contents, nous sommes des éternels insatisfaits. Impossible de nous contenter, c’est-à-dire de nous rendre contents, heureux ! Est-ce le signe de notre culture française ? Peut-être, mais Jésus n’était pas français ! J’y verrai plutôt le témoignage de notre simple nature humaine, abimée par le péché. Une sorte de nostalgie du Paradis perdu, de cet univers où tout était à notre disposition — sauf les fruits d’un arbre — et dont nous n’avons pas su profiter. En fait, l’homme ne sait pas vivre avec son temps. Ou il est dans la nostalgie d’un passé qui ne reviendra pas, ou il est dans le rêve d’un futur imaginé qui sera bien différent. Et du coup, il en oublie le présent !


À quoi vais-je comparer cette génération : à des hommes qui ne savent pas profiter ! Ça peut paraître surprenant comme affirmation... Surtout dans un contexte de bienpensance catholique où profiter est synonyme de péché. Ainsi, en septembre 2020, je lisais sur internet (Site de France 24) :

«Le plaisir vient directement de Dieu. Ce n’est ni catholique ni chrétien ni rien d’autre; c’est tout simplement divin », aurait expliqué François. «Le plaisir de manger et le plaisir sexuel viennent de Dieu.» Par conséquent, aurait conclu le pape, il est parfaitement acceptable de profiter du sexe et de la nourriture; en effet, l’agenda passé de l’église sur ce point a poussé une «moralité trop zélée» qui a «causé d’énormes dommages, qui peuvent encore être fortement ressentis aujourd’hui», a-t-il dit, par Publier. «Le plaisir de manger est là pour vous garder en bonne santé en mangeant», a noté le pape, «tout comme le plaisir sexuel est là pour rendre l’amour plus beau et garantir la pérennité de l’espèce.

Savoir profiter, sans exagération et en bonne modération, c’est rendre grâce à Dieu de tout ce qu’il nous a offert. Danser quand la musique résonne, c’est aussi rendre grâce à Dieu. Jeûner quand c’est le moment, l’Avent ou le Carême par exemple, c’est encore rendre grâce à Dieu en découvrant le manque et le besoin, en apprenant à maîtriser notre corps.


Si bien que plutôt qu’être d’éternels insatisfaits, ne serait-il pas mieux de donner du poids au moment présent. Le mot gloire en hébreu (תִפאֶרֶת - Kabôd) veut aussi dire « poids, densité ». Donner du poids, de la densité à ce que nous vivons dans l’instant présent, c’est donc une façon de rendre gloire à Dieu. Je lisais ainsi sous la plume d’Yves Guillemette : « Il est intéressant de noter aussi que le foie se dit en hébreu kabed, le « lourd ». Ce nom provient sans doute de sa forme massive et de son poids supérieur à la plupart des autres organes, mais aussi en raison de l'importance qu'on lui attribue dans les sentiments et la santé ». Alors, profitons bien !

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