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Vendredi saint (A)

Serviteur ! -



Christ à la colonne,

George Desvallières (Paris, 1861 - Paris, 1950),

Huile sur toile, 161 x 149 cm, 1910,

Musée départemental Maurice Denis, Saint-Germain-en-Laye (France)


Lecture du livre du prophète Isaïe (Is 52, 13 – 53, 12)

Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme. Il étonnera de même une multitude de nations ; devant lui les rois resteront bouche bée, car ils verront ce que, jamais, on ne leur avait dit, ils découvriront ce dont ils n’avaient jamais entendu parler. Qui aurait cru ce que nous avons entendu ? Le bras puissant du Seigneur, à qui s’est-il révélé ? Devant lui, le serviteur a poussé comme une plante chétive, une racine dans une terre aride ; il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous. Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. Arrêté, puis jugé, il a été supprimé. Qui donc s’est inquiété de son sort ? Il a été retranché de la terre des vivants, frappé à mort pour les révoltes de son peuple. On a placé sa tombe avec les méchants, son tombeau avec les riches ; et pourtant il n’avait pas commis de violence, on ne trouvait pas de tromperie dans sa bouche. Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur. S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours : par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira. Par suite de ses tourments, il verra la lumière, la connaissance le comblera. Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes. C’est pourquoi, parmi les grands, je lui donnerai sa part, avec les puissants il partagera le butin, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs.


Psaume 30 (31), 2ab.6, 12, 13-14ad, 15-16, 17.25

En toi, Seigneur, j’ai mon refuge ;

garde-moi d’être humilié pour toujours.

En tes mains je remets mon esprit ;

tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité.


Je suis la risée de mes adversaires

et même de mes voisins ;

je fais peur à mes amis,

s’ils me voient dans la rue, ils me fuient.


On m’ignore comme un mort oublié,

comme une chose qu’on jette.

J’entends les calomnies de la foule :

ils s’accordent pour m’ôter la vie.

Moi, je suis sûr de toi, Seigneur,

je dis : « Tu es mon Dieu ! »

Mes jours sont dans ta main : délivre-moi

des mains hostiles qui s’acharnent.


Sur ton serviteur, que s’illumine ta face ;

sauve-moi par ton amour.

Soyez forts, prenez courage,

vous tous qui espérez le Seigneur !

Lecture de la lettre aux Hébreux (He 4, 14-16 ; 5, 7-9)

Frères, en Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux ; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi. En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. Le Christ, pendant les jours de sa vie dans la chair, offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de son grand respect. Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel.


Le peintre

Vers 1905, George Desvallières épaulé par Léon Bloy épaule dans une démarche mystérieuse qui le conduit progressivement à la foi. Il devient catholique et entre en 1906, dans la société de Saint-Jean. Il affirme sa foi dans des œuvres religieuses âpres et ferventes. En 1914, à l’âge de cinquante-trois ans, il s’engage immédiatement au front. Au cours de cette guerre, il perd son fils, alors âgé de 16 ans, tombé au champ d’honneur. Il fait alors le vœu de se vouer exclusivement à la glorification du catholicisme. Affirmant que le dogme chrétien est l’exaltation même de la vie. Desvallières se distingue par une peinture fiévreuse presque expressionniste. D’après lui, le but de l’art religieux est de toucher les cœurs et de convertir les âmes. Avec Maurice Denis, il fonde les Ateliers d’Art sacré. Soucieux d’apostolat, Desvallières préside également la section d’art religieux au Salon d’Automne. Jusqu’en 1943, il exécute de nombreuses décorations, ainsi que des vitraux, pour des église en France et à l’étranger.


Dans le Christ à la colonne présenté au Salon de 1910, le corps puissant et musculeux, marqué par les coups et les traces de sang, témoigne de son attachement à la peinture espagnole d’un Ribera (il rentre d’un voyage en Espagne) et à l’expressionnisme allemand d’un Grünewald.


Ce que je vois

Les ténèbres envahissent la toile. Seule la luminosité du corps du Christ et la colonne attirent notre regard. Au pied de cette colonne au fut blanc, au chapiteau et à la base dorée évoquant presque un temps égyptien, un fouet repose. C’est ce fouet qui a lacéré la chair du Sauveur : les traces sanglantes en marquent la peau. Presque nu, simplement couvert d’un perizonium arraché, Jésus est à genoux, dans une position inconfortable, sur la marche. Pieds et mains liés l’obligent à courber son corps et à relever la jambe gauche entravée. Sa tête est penchée, comme endormie par la souffrance, les cheveux en bataille et ruisselant de sueur après cette séance de torture. Comment ne pas penser à toutes ces femmes, ces hommes et ces enfants qui seront torturés quelques années plus tard lors de la Grande Guerre ? Et à ceux qui, aujourd’hui encore, subissent le fouet des méchants et des orgueilleux… Son auréole, telle une soucoupe volante (ce n’est pas du plus bel effet) flottent au-dessus de sa tête. Le bord droit de la toile ressemble à un voile lourd, épais, qui nous dévoile la scène de souffrance. Et c’est là que nous voyons le message (et la signature de l’artiste en-dessous) qui nous concerne tous : « Seigneur, ayez pitié de nous. »


Ayez pitié de nous qui sommes à bout de force comme le disait le psaume :


Je suis la risée de mes adversaires

et même de mes voisins ;

je fais peur à mes amis,

s’ils me voient dans la rue, ils me fuient.


On m’ignore comme un mort oublié,

comme une chose qu’on jette.

J’entends les calomnies de la foule :

ils s’accordent pour m’ôter la vie.


Ayez pitié de nous qui sommes souvent les bourreaux des autres, ou les méprisants, comme nous le rappelle Isaïe :

Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris.

Serviteur !

À l’époque du Grand Siècle, nul ne répondait aux remerciements, après avoir rendu un service, par un habituel : « Je vous en prie ». Bien différemment, la réponse était plus brève et simple : « Serviteur ! ». C’est-à-dire : je suis votre serviteur, à votre service. Et en aparté, il est bien dommage que nous ayons perdu ce réflexe, moi le premier.


Car ce mot « serviteur » qui traverse toute la première lecture a une superbe signification. Comme d’habitude, je me reporte à l’étymologie. En fait, le mot a un double sens :

  1. Vers 1050, servitor : « celui qui sert Dieu » ;

  2. Et le génitif, vers 1155, servitur : « celui qui est au service de quelqu’un ».

Le mot a donc vu sa signification s’inverser :

  • D’abord, celui qui a des devoirs, des obligations envers un souverain, un État, une collectivité, qui est à leur service ;

  • Puis, celui qui a voué sa vie au service de Dieu (prêtre, religieux, etc.).

Mais l’un n’empêche pas l’autre… Celui qui est au service de Dieu considère sa foi comme au service du Souverain des Cieux, et a donc des obligations envers Lui. Et quand ce souverain sera vu comme une émanation de la volonté divine (roi de droit divin), il devra donc avoir à son égard les mêmes obligations de service qu’envers son Dieu.


Malheureusement, les conceptions de langage évoluant, le mot « serviteur » a vite pris, à la Renaissance, la notion de servilité. Le serviteur devenait un esclave, un homme vivant dans la servitude. Il est vrai que le mot dérive du latin servus, esclave (mais à l’origine : gardien de troupeau), qui a donné le mot « serf » en français (le sergent, servietem, militaire sera celui qui va asservir ses subordonnés). Mais encore plus intéressant est de découvrir que sa racine indo-européenne est le mot « swer » qui signifie « faire attention ».


Pourquoi, me direz-vous, une telle digression sur ce mot ? Tout simplement parce qu’il nous montre exactement ce qu’était prophétiquement, chez Isaïe, ce serviteur souffrant dont le Christ sera la figure néo-testamentaire.

Il est :

  • Le servitor : celui qui sert Dieu.

  • Et servitur, exerçant son service auprès du Souverain céleste et du peuple qu’Il lui a confié.

  • Ce peuple pour lequel il « swer », il fait attention.

  • Il est encore le servus, de son Père et du troupeau dont il est le gardien.

  • Il accepte d’être le serf des méchants pour les sauver de leur méchanceté.

Ainsi, après avoir écouté ce texte de la Passion, ne devrions-nous pas prendre pour nous cette dimension de « serviteur » ? Et comme Lui, à sa suite (ce qu’on appelle la sequela Christi : à la suite du Christ sur le chemin du Calvaire), ne devons-nous pas :

  • asservir notre liberté humaine à la volonté de servir librement la volonté de Dieu ?

  • Et devenir ainsi servitor, celui qui sert Dieu ?

  • Sans refuser pour autant de servir le monde où nous sommes (Lc 16, 8 : « les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière ».)

  • Car nous devons être « swer », des hommes et des femmes qui font attention aux autres.

  • Mais encore un « servus », gardien du troupeau qui nous est confié, notre famille, notre communauté, notre Église.

  • En effet, le vrai chrétien est celui qui accepte d’être le serf de son Dieu, le serviteur par excellence.

Bien sûr, cette servitude non servile, fait souffrir. Rappelez-vous l’antique geste de la confirmation (rappel d’un geste romain lors de l’affranchissement des esclaves) lorsque l’évêque frappe la joue du confirmand. Le confirmé doit entendre résonner en lui cette parole : « Désormais, tu es chrétien et libre. Et tu vas le découvrir, comme cette gifle, suivre le Christ fait mal ! » Le Christ en a fait l’expérience, comme la rappelle l’Épître aux Hébreux :

Le Christ, pendant les jours de sa vie dans la chair, offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de son grand respect. Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel.

La célébration de la Croix, la sequela Christi, est le moment où le chrétien fait siennes les paroles entendues, où il accepte de devenir le serviteur de Dieu et de ses frères, de devenir pour le Christ « une humanité de surcroît » (Elisabeth de la Trinité), de ne pas simplement imiter le Christ, mais de nous identifier à Lui (La vie d’identification au Christ Jésus, Père Paul De Jaegher, 1927), quel qu’en soit le prix, car, comme l’a dit le psaume 30 :


On m’ignore comme un mort oublié,

comme une chose qu’on jette.

J’entends les calomnies de la foule :

ils s’accordent pour m’ôter la vie.


Moi, je suis sûr de toi, Seigneur,

je dis : « Tu es mon Dieu ! »

Mes jours sont dans ta main : délivre-moi

des mains hostiles qui s’acharnent.


Sur ton serviteur, que s’illumine ta face ;

sauve-moi par ton amour.

Soyez forts, prenez courage,

vous tous qui espérez le Seigneur !


Courage ! La route est longue jusqu’au Calvaire, mais bientôt la lumière luira dans les ténèbres. Pour l’instant :

Remettons notre vie en sacrifice de réparation, nous verrons une descendance, il prolongera nos jours : par nous, ce qui plaît au Seigneur réussira. Par suite de nos tourments, nous verrons la lumière, la connaissance nous comblera. Le juste, c’est-à-dire chacun de nous, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes. C’est pourquoi, parmi les grands, je lui donnerai sa part, avec les puissants il partagera le butin, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs.



La voix d’un martyr : notes spirituelles du Père José Ferrer.

La vie d’union avec Jésus-Christ est le mandat qu’il a imposé à tous les hommes. Pendant sa vie, il n’a cessé de lui inculquer cette idée, et au moment de sa mort, il ne nous a laissé plus de testament que ce désir qui semblait l’inquiéter dans cette dernière heure : « restez en moi comme moi en vous ». C’est tout : s’il est le berceau, Jésus-Christ ne peut plus désirer de moi ; si je ne me conforme pas, je n’ai pas utilisé une seule goutte du sang qu’il a versé pour moi.


Que signifient ces mots : « reste en moi comme je reste en toi » ? Qu’entend-on par vie d’union avec Jésus-Christ ?


Les mots « reste en moi comme moi en toi » sont synonymes de ces autres : « reste dans mon amour ». Et rester dans l’amour de Jésus-Christ signifie faire sa volonté, garder ses commandements : « si vous gardez mes commandements, vous resterez dans mon amour ».


Sur cette base solide, la véritable idée de la marche de l’union avec Jésus-Christ peut être soulevée. Si nous nous unissons à Jésus-Christ en agissant selon sa volonté, cette union sera d’autant plus étroite que la volonté de Jésus-Christ prendra part à nos œuvres, et moins la nôtre ; Notre vie deviendra une vie d’union avec Jésus-Christ, lorsque nos pensées et nos désirs seront confondus avec les pensées et les désirs de Jésus-Christ, lorsque nous en viendrons à regarder habituellement les choses avec les mêmes critères avec lesquels il les regardait, quand c’est son Esprit qui guide dans tous nos travaux; en un mot, quand vous l’imitez constamment, notre vie étant une reproduction de la vie de Jésus-Christ. « Celui qui dit qu’il reste en lui doit vivre comme il a vécu. »


En d’autres termes, la vie d’union avec Jésus-Christ doit comporter deux parties : les affections et les œuvres. Non seulement nous devons aimer Jésus-Christ, mais nous devons aussi l’imiter ; Vous n’avez pas seulement à faire ce qu’il a fait, mais faites-le avec le même amour qu’il l’a fait. Ce n’est pas tout en faisant les choses, mais en les faisant avec esprit, avec amour. La meilleure imitation de Jésus-Christ est de l’aimer de tout votre cœur.


Mon Dieu, tu as le cœur d’un père, et tu as dit par la bouche de ton apôtre que ceux qui sont conduits par ton Esprit, ce sont tes vrais enfants ; Accorde-moi la grâce de ton esprit divin, qui allume dans mon cœur le feu de l’amour pour Jésus-Christ, afin qu’en l’imitant dans toutes mes œuvres, ma conduite soit celle qui sied à un enfant à toi, en qui tu peux fixer ton regards de complaisance.


Donnez-moi une soif ardente de travailler et de souffrir à cause de votre amour, un grand désir d’être toujours uni à vous, une sainte impatience de me voir rempli de votre divin Esprit. Et donnez-moi aussi la grâce de travailler la souffrance, oubliée de tout le monde, sans que personne ne s’en aperçoive, ou ne prête attention à moi, mais seulement à vous. Donne-le-moi, mon Dieu ; bien que je n’en sois pas digne, et que je ne mérite pas la grâce de travailler et de souffrir pour vous ; mais je demande ceci pour votre sang le plus précieux, pour les douleurs de votre Mère la Vierge Marie, pour les mérites de mon Saint-Père José de Calasanz et les âmes d’enfants innocents.


Épître aux Romains 8, 9

Posséder l'Esprit, c'est appartenir au Christ : Celui qui n'a pas l'Esprit du Christ ne lui appartient pas.


Charles de Condren, théologien, Docteur en Sorbonne (1588-1641)

Nous devons désirer avec Dieu de tout perdre, afin qu’il ait tout ; de ne rien être en nous, afin qu’il soit ; d’y mourir toujours et à toutes choses, voire même à celles qu’il lui plaît de nous donner, afin que lui-même soit vivant en nous.


Benoît XVI, Homélie de la messe inaugurale de son pontificat, 24 avril 2005

N’avons-nous pas tous peur – si nous laissons entrer le Christ totalement en nous, si nous nous ouvrons totalement à lui – peur qu’il puisse nous déposséder d’une part de notre vie ? N’avons-nous pas peur de renoncer à quelque chose de grand, d’unique, qui rend la vie si belle ? Ne risquons-nous pas de nous trouver ensuite dans l’angoisse et privés de liberté ? Et encore une fois le Pape [Jean-Paul II] voulait dire : Non ! Celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien – absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non! Dans cette amitié seulement s’ouvrent tout grand les portes de la vie. Dans cette amitié seulement se dévoilent réellement les grandes potentialités de la condition humaine. Dans cette amitié seulement nous faisons l’expérience de ce qui est beau et de ce qui libère. Ainsi, aujourd’hui, je voudrais, avec une grande force et une grande conviction, à partir d’une longue expérience de vie personnelle, vous dire, à vous les jeunes : n’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie.


Épître aux Éphésiens 1, 3-6

Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis dans le Christ de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les cieux !


C'est en lui qu'il nous a choisis dès avant la création du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant, dans son amour, prédestinés à être ses fils adoptifs par Jésus-Christ, selon sa libre volonté, en faisant ainsi éclater la gloire de sa grâce, par laquelle il nous a rendus agréables à ses yeux en son (Fils) bien-aimé.


Paul De Jaegher, La vie d’identification au Christ Jésus (1927)

Que veut donc Jésus ? Il veut des cœurs qui se prêtent à lui, qui s’abandonnent à lui et le laissent libre de satisfaire en eux et par eux son infinie passion d’amour divin. A chacun de nous, ses membres, il demande tout notre être, notre corps et notre âme avec toutes ses puissances, pour se les assimiler, se les approprier et vivre en eux sa vie d’amour avec son Père très aimé. (...)


Il demande à chacun de nous une humanité de surcroît, selon la belle expression de Sœur Elisabeth de la Trinité. Il nous dit : Mon fils, donne-moi ton cœur pour que par lui et en lui, uni à ta vie, j’aime ou plutôt nous aimions ardemment le Père ; donne-moi ta bouche pour qu’ensemble nous chantions ses louanges ; donne-moi ton esprit, tes yeux, tes mains, tout ton être. Je veux en toi et par toi vivre comme une seconde vie, toute d’amour, qui soit comme le complément de ma vie de Nazareth et de Palestine.(...)


Le chrétien n’est pas seulement lui-même, n’est pas seulement homme ; il est aussi quelque chose de Jésus, il est Jésus, il est Dieu par son incorporation au Christ. Notre vie à chacun de nous n’est pas seulement notre petite vie personnelle avec son étroit horizon, elle a une signification bien plus haute. Elle est et doit être avant tout et surtout la vie du Christ en nous, la continuation de la vie de Jésus.


Saint François de Sales

Interrogez souvent votre cœur dans la journée pour voir si vous pouvez dire en vérité : « ce n’est pas moi qui vis, c’est Jésus-Christ qui vit en moi ».


Bossuet, Discours sur l’acte d’abandon à Dieu

Je m’abandonne à Vous, ô mon Dieu ; à votre unité pour être fait un avec Vous ; à votre infinité et à votre immensité incompréhensible, pour m’y perdre et m’y oublier moi-même ; à votre sagesse infinie, pour être gouverné selon vos desseins et non pas selon mes pensées ; à vos décrets éternels, connus et inconnus, pour m’y conformer, parce qu’ils sont tous également justes ; à votre éternité, pour en faire mon bonheur ; à votre toute-puissance, pour être toujours sous votre main ; à votre bonté paternelle, afin que dans le temps que Vous m’avez marqué, Vous receviez mon esprit entre vos bras.


Prière pour le jour de la mort du Christ

« Seigneur Jésus, la mort, toute mort, nous renvoie toujours à notre propre mort. C'est pour cela qu'elle fait peur. Mais la tienne, Seigneur, au-delà même de l'horreur de la croix, nous apprend qu'elle a un lendemain de lumière. Homme des douleurs, loué sois-tu ! »


Prière d’abandon au Christ en Croix (Marie Henrioud)

« J’ai tout remis entre tes mains Ce qui m’accable et qui me peine, Ce qui m’angoisse et qui me gêne, Et le souci du lendemain. J’ai tout remis entre tes mains.

J’ai tout remis entre tes mains Le lourd fardeau traîné naguère, Ce que je pleure, ce que j’espère, Et le pourquoi de mon destin. J’ai tout remis entre tes mains.

J’ai tout remis entre tes mains Que ce soit la joie, la tristesse, La pauvreté, la richesse, Et tout ce qu’à ce jour j’ai craint. J’ai tout remis entre tes mains.

J’ai tout remis entre tes mains Que ce soit la mort ou la vie, La santé ou la maladie, Le commencement ou la fin. J’ai tout remis entre Tes mains.»


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