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VIIe Dimanche du Temps Ordinaire (C)

La perfection de la Miséricorde -



La Vierge de Miséricorde,

Enguerrand QUARTON (Laon, 1411 ? - Avignon, 1466),

Huile sur bois transposée sur toile, 66 x 187 cm, 1453,

Musée Condé, Chantilly (France)


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 6, 27-38)

En ce temps-là, Jésus déclarait à ses disciples : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »

Présentation

Extrait du livre « Les tableaux de Chantilly, la collection du Duc d’Aumale » de Nicole Garnier-Pelle, Skira, Paris, 2009, Pages 122-123 :


Jusque-là attribué à l’école flamande, ce tableau fut identifié en 1904, année de l’exposition des Primitifs français au Louvre, avec La Vierge de Miséricorde commandée le 16 février 1452 à Enguerrand Quarton et Pierre Villate, peintres d’Avignon, par Pierre Cadard, Seigneur du Thor, en mémoire de ses parents, feu Jean Cadard (mort en 1449) et Jeanne des Moulins, pour La Chapelle Saint-Pierre de Luxembourg, élevée par son père dans l’église des Célestins à Avignon. Médecin d’origine picarde, Cadard enseigna la médecine à Paris de 1412 à 1415 et fut le médecin des enfants de Charles VI. Accusé d’avoir pris part à l’assassinat du Duc de Bourgogne, Jean sans Peur, au pont de Montereau, il dut quitter la cour en 1424 pour la Provence.


La Vierge de Miséricorde est un thème fréquent au XVe siècle : la Madone protège de son grand manteau à gauche les religieux - le Pape, le cardinal, l’évêque, les moines, les prêtres -, et à droite les laïcs - l’empereur, le roi, la reine, les bourgeois, le peuple, présentés en ordre hiérarchique du côté civil comme du côté religieux. Les parents du donateur figurent en orants de part et d’autre. Jean Cadard est présenté à la Vierge par saint Jean-Baptiste et sa femme Jeanne des Moulins par saint Jean Évangéliste.


Bien documentée, cette œuvre est un jalon essentiel dans l’étude de l’école d’Avignon au XVe siècle. Même si la commande mentionne deux artistes - Enguerrand Quarton, habitant d’Avignon, et Pierre Villate, du diocèse de Limoges -, le tableau de Chantilly est proche du Couronnement de la Vierge de l’hospice de Villeneuve-lès-Avignon, commandé à Quarton en 1453. Comme il est impossible de distinguer deux mains, on suppose donc que la participation de Villate, dont on ne connaît aucune œuvre, s’est limitée à l’exécution de la prédelle perdue.


Originaire de Picardie, Quarton se forma au contact des artistes flamands. Son art est inconcevable sans la connaissance de Van Eyck et de Rogier van der Weyden, la Picardie des années 1430-1440, qui se situait dans l’aire des États bourguignons, favorisant ces contacts. Outre les deux tableaux dont nous conservons les commandes, on donne à Quarton la Vierge à l’Enfant entre Saint-Jacques et saint-Agricol avec un couple de donateurs (Avignon, Petit Palais) et la Pietà de Villeneuve-lès-Avignon (Louvre).


Ce que je vois

Inutile de décrire le décor... hormis les deux prie-Dieu, il est inexistant ! Ce sont deux simples prédelles de pierre recouvertes d’un drap vert sur lequel repose un coussin rouge à pompons et un livre de prière dont on distingue les pages écrites. Sur chaque prédelle, les armoiries des donateurs, à gauche en écu pour un homme, à droite, en losange écartelé pour une épouse, « D'argent au chevron de gueule chargé de trois étoiles d'or et accompagné de trois merlettes de sable ». La peinture se situe en effet dans un fond or, symbolisant le Paradis réalisé. La commande prévoyait déjà l'usage du meilleur or pour le fond et de l'azur d'Acre.


Les deux donateurs sont à genoux, en prière. À gauche, Jean Cadard, coiffure au bol, est vêtu d’une tunique de tissu gris bordée de fourrure et porte un mantelet noir. Aux pieds, des poulaines noires. À droite, Jeanne des Moulins porte la traditionnelle coiffure de l’époque que l’on appelle une coiffe à cornes, sorte de hennin dont la partie supérieure, la huve, est tenue comme un auvent en hauteur par de longues épingles. Elle est habillée d’une longue robe noire seulement rehaussée d’un revers blanc au col et aux manches.


Derrière chacun des donateurs, un saint les présente à la Vierge. À gauche, saint Jean-Baptiste, pieds nus, tête échevelée, barbe hirsute, porte sa traditionnelle tunique en poils de chameau, recouvert d’un ample manteau violine bordé d’un ruban doré. Dans sa main gauche, il porte ses attributs distinctifs : l’Agneau de Dieu (qu’il désigna aux premiers apôtres) siégeant sur un livre clos, la Parole de Dieu. De la main droite, il montre le donateur à la Vierge. Un phylactère se déroule de sa main : « Ecce Agnus Dei », Voici l’Agneau de Dieu. À droite, saint Jean l’Évangéliste est représenté comme un jeune homme, presque adolescent, imberbe, de long cheveux auburn. Il porte une tunique noire, doublée de soie blanche, ainsi qu’un manteau à double face rouge et vert bordé d’un galon doré. De la main droite, il présente la donatrice à Marie, tandis que sa main gauche porte son attribut, un calice d’où sort un serpent (symbole rappelant une légende : il aurait échappé à un empoisonnement par le grand-prêtre d’Éphèse, récit popularisé par La Légende dorée de Jacques de Voragine). Les deux saints sont auréolés par un piquetage décoratif du fond doré.


Au centre, la Vierge Marie. Un beau visage de jeune fille, la tête légèrement penchée à gauche, fait contre point à son déhanchement, pose courante dans la peinture du XVe siècle, appelée le contrapposto. Ses longs cheveux blonds débordent et retombent sur sa poitrine. Elle est habillée d’une robe de soie damasquinée aux tons vert et or, serrée en haute taille sous la poitrine. Sur la tête et les épaules repose un grand manteau noir doublé de taffetas blanc et bordé d’un galon doré. De son ample manteau, elle couvre et protège à sa droite les religieux et à sa gauche les laïcs. Ce vêtement protecteur est aussi à l’origine de la chasuble, le prêtre devant protéger ses ouailles, comme Marie protège son Église.


Dans le groupe des religieux, tous regardent la Vierge, sauf un, coiffé de bleu qui semble nous observer. Le Pape, au premier plan, l’air sévère, serait peut-être Nicolas V qui mit fin au schisme (mais légalisa aussi l’esclavage par les Portugais...). Coiffé de sa tiare, couvert d’une chape rouge, bordée d’une étole dorée représentant des saints et fermé d’une fibule où trône le Christ, il tient de sa main le second phylactère où est inscrit : « Sub tua protectione confugimus », nous nous mettons sous ta protection.


De l’autre côté se trouve le groupe « civil ». Tous aussi regardent vers la Vierge. Seul le regard du bourgeois coiffé d’une toque violacée est équivoque. Juste aux côtés de Marie, un Empereur. Est-ce Frédéric III du Saint-Empire Romain Germanique ? Un troisième phylactère s’enroule autour de son poignet : « parce misereris », « épargne-nous, pitié ou Sois miséricordieuse ». Derrière lui, un coupe, une reine et un roi. Sont-ce Charles VIII et Anne de Bretagne ?


Sois miséricordieuse

Il semble que le noeud de cet évangile soit le verset 36 : « Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux ». Comme si cette miséricorde expliquait tout ce qui précède, tant nos attitudes que nos pensées les plus profondes. Ne pas simplement avoir des actes de miséricorde, mais avoir un cœur miséricordieux. Et cette miséricorde semble être bien plus qu’un simple amour humain. Comme s’il était l’apanage de Marie. Mais, en fait, que veut donc dire ce mot ?


Un peu d’étymologie

Le Dictionnaire historique de la langue française (Le Robert, Paris, 2000) nous précise que le mot est emprunté (vers 1120) au latin misericordia « compassion », « pitié », dérivé de misericors « qui a le cœur sensible au malheur », de miseria (misère) et cors (cœur). Le miséricordieux a donc du cœur ! « Un autre que mon père l’éprouverait sur l’heure » !!! Peut-être parce que seule une mère peut vraiment faire preuve de miséricorde... J’ai plaisir à rappeler ce témoignage entendu un jour à la radio. On interrogeait les parents de l’antépénultième condamné à mort de France. Le père refusait de se souvenir de son fils meurtrier. Il le reniait au point de vouloir l’oublier, d’effacer son existence. La mère, elle, reconnaissait le péché de son fils et condamnait ses actes. Mais, à la fin de son témoignage, elle ajoutait : « Mais, c’est mon gamin ! » Elle ne pouvait oublier la chair de sa chair. Même si elle condamnait le péché, elle continuait d’aimer le pécheur. Là est la miséricorde, la même que Jésus partageait face à la femme adultère, au larron ou à tant d’autres misérables. Il ne les condamne pas, car il les aime, car il nous aime comme ses enfants.


Entrailles

Beaucoup de mots de notre vocabulaire ont été détournés de leur sens premier. J’en veux pour preuve le mot « sympathie ». Quelqu’un de sympathique est aujourd’hui quelqu’un d’agréable, de plaisant, d’aimable. Alors que le sens étymologique du mot est « souffrir avec ». Ce qui donnera dans sa racine latine, compassion. L’homme sympathique est celui qui souffre avec moi, qui m’accompagne dans mes souffrances. Et s’il les partage, s’il les ressent au plus profond de lui-même et les porte à ma place, il fera preuve d’empathie. Mais le plus profond de nous-mêmes, qu’est-ce d’autre que nos entrailles ? Nos tripes pour le dire plus trivialement. Et ce qui est curieux, c’est que la Bible va utiliser un mot relativement similaire : rah'amim (רחמים), que nous pourrions traduire par « entrailles de mère, sein maternel, utérus ». Comme si la miséricorde était une question d’entrailles maternelles. Comme si seule un mère, qui éprouve la chair de sa chair, pouvait faire preuve de miséricorde. N’est-ce pas pour cela que Marie est Mère de Miséricorde ? N’est-ce pas la raison de son titre d’avocate pour les hommes ? Même si elle sait notre péché - et pourtant elle ne le connaît pas puisque conçue sans péché (Bernanos dira qu’elle était stupéfaite devant le péché) - nous sommes ces enfants, sa chair et elle ne peut donc nous condamner. Elle est en cela l’intercesseur par excellence auprès de Dieu. Mais lui aussi a ce cœur miséricordieux. Lui aussi a des entrailles de mère ! Isaïe nous l’a révélé (Isaïe 49, 14-15) :

« Jérusalem disait : « Le Seigneur m’a abandonnée, mon Seigneur m’a oubliée. » Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas. »

Ainsi, Jérémie (31, 20) :

« Éphraïm n’est-il pas pour moi un fils précieux, n’est-il pas un enfant de délices, puisque son souvenir ne me quitte plus chaque fois que j’ai parlé de lui ? Voilà pourquoi, à cause de lui, mes entrailles frémissent ; oui, je lui ferai miséricorde – oracle du Seigneur. »

Cet amour est vraiment viscéral, et notre vocabulaire de compassion, miséricorde ou pitié ne rend pas toute l’émotion profonde du terme hébreu. Seule l’expérience peut lui donner toute sa richesse.


Dans le Nouveau Testament

Le mot « splanchna » (σπλάχνα) dans le Nouveau Testament évoque le mot « entrailles ». Mais il fut le plus souvent traduit par l’idée d’une grande émotion, comme lorsqu’on est pris aux entrailles. Ainsi, en Matthieu (14, 14) : « En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de compassion envers eux et guérit leurs malades. » Saint Paul reprendra de semblables termes dans l’épître aux Colossiens (3, 12) : « Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. » Mais il faut bien reconnaître que nos traductions liturgiques ne rendent pas toute la force « viscérale » de la miséricorde.


En reprenant l’évangile

C’est parce que nous reconnaissons en nous cette capacité d’émotion, parce que nous savons que Dieu nous a donné cette possibilité de vivre nos sentiments altruistes avec des entrailles de mère, parce que nous acceptons que cette faiblesse « sentimentale » devienne notre force chrétienne, qu’alors nous pouvons aimer nos ennemis, tolérer de nous faire abuser, dépouiller, que nous voulons aller plus loin qu’une simple justice humaine pour vivre de la justesse de Dieu, celle de l’amour sans mesure. Rappelons-nous cette prière de Saint Augustin d’Hippone (354-430) :

« Ce court précepte t'est donné une fois pour toutes : Aime et fais ce que tu veux. Si tu te tais, tais-toi par Amour, si tu parles, parle par Amour, si tu corriges, corrige par Amour, si tu pardonnes, pardonne par Amour. Aie au fond du cœur la racine de l'Amour : de cette racine, rien ne peut sortir de mauvais. Voici ce qu’est l’Amour ! Voici comment s’est manifesté l’Amour de Dieu pour nous : il a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par Lui. Voici ce qu’est l’Amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est Lui qui nous a aimés le premier » (1 Jn 4, 9-10). Ce n’est pas nous qui L’avons aimé les premiers, mais Il nous a aimés, afin que nous L’aimions. Ainsi soit-il. »

La clé finale

Mais lisons jusqu’au bout cette périscope évangélique : « Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux » (verset 36). Ce qui est surprenant est de regarder une synopse (dans cet ouvrage, les évangiles de Marc, Matthieu et Luc sont mis en parallèle pour qu’on les voit ensemble, c’est le sens du mot synopse). À côté du texte de Luc, on trouve celui de Matthieu qu’on peut lire dans le Sermon sur la montagne (Matthieu chapitres 5 à 7). Et au verset 36 de Luc qu’on vient de lire se trouve son équivalent chez Matthieu (Mt 5, 48) : « Vous donc, soyez parfaits, comme votre Père des cieux est parfait ». Donc la perfection de Dieu est sa miséricorde.


L’appel que Jésus nous lance n’est pas celui d’une perfection telle que nous l’entendons dans l’acception habituelle du terme (qui est sans défaut). Mais une perfection qui est celle de l’amour, et pas de n’importe quel amour : un amour d’entrailles de mère. Un amour miséricordieux. Voilà la perfection à laquelle nous sommes appelés : devenir des mères ! Et si nous sommes des hommes, incapables d’engendrer et de ressentir cette chair en notre chair, nous pouvons au moins faire grandir en nos entrailles la perfection de l’amour du pardon. Nous laisser saisir de compassion envers mon prochain, celui qui est proche ; et puisque j’ai été choisi par Dieu, sanctifié, qu’Il m’aime, alors je dois me revêtir de tendresse, de compassion (dans le sens fort du terme), de bonté, d’humilité, de douceur et de patience.


Puisse Marie, Mère de Miséricorde, nous venir en aide et nous prendre sous son manteau !


Le regard de la Vierge est le seul regard vraiment enfantin, le seul vrai regard d’enfant qui se soit jamais levé sur notre honte et notre malheur.

Journal d’un curé de campagne (1936), Georges BERNANOS



Homélie de saint Augustin (+ 430) sur le psaume 60, Homélies sur les psaumes, Ps 60, 9; CCL 39, 771.

Toutes les voies du Seigneur sont amour et vérité pour qui veille à son alliance et à ses lois (Ps 24,10). Ce que le psaume dit de l'amour et de la vérité est de première importance. <> Il parle de l'amour, car Dieu ne regarde pas nos mérites mais sa bonté, en vue de nous pardonner nos péchés et de nous promettre la vie éternelle. Il parle aussi de la vérité, parce que Dieu ne manque jamais de tenir ses promesses.


Conformons-nous donc à ce divin modèle et imitons Dieu qui nous a manifesté son amour et sa vérité : son amour en nous remettant nos péchés, sa vérité en réalisant ses promesses. Comme lui, accomplissons en ce monde des oeuvres pleines d'amour et de vérité. Soyons bons envers les malades, les pauvres et même envers nos ennemis.


Vivons dans la vérité en évitant de faire le mal. Ne multiplions pas les péchés, car celui qui présume de la bonté de Dieu, laisse s'introduire en lui la volonté de rendre Dieu injuste. Il se figure que, même s'il s'obstine dans ses péchés et refuse de s'en repentir, Dieu viendra quand même lui donner une place parmi ses fidèles serviteurs.

Mais serait-il juste que Dieu te mette à la même place que ceux qui ont renoncé à leurs péchés, alors que tu persévères dans les tiens ? Veux-tu être injuste au point de rendre Dieu injuste ? Pourquoi donc veux-tu le plier à ta volonté ? Soumets-toi plutôt à la sienne.


Qui donc met en pratique ce que je viens de dire, sinon un petit nombre d'hommes, dont il est dit : Celui qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé (Mt 24,13) ? Le psalmiste dit justement à ce propos : Qui recherchera l'amour et la vérité du Seigneur pour sa gloire (Ps 60,8 latin) ? Que signifie : pour sa gloire ! Il suffisait de dire : Qui recherchera l'amour et la vérité du Seigneur ! Pourquoi ajoute-t-il : pour sa gloire ! En voici la raison. Beaucoup cherchent à s'instruire de l'amour du Seigneur et de sa vérité dans les Livres saints. Mais une fois qu'ils y sont parvenus, ils vivent pour eux, non pour lui. Ils recherchent leurs propres intérêts, non ceux de Jésus Christ. Ils prêchent l'amour et la vérité et ne les pratiquent pas. Ils les connaissent pourtant, puisqu'ils les prêchent ; ils ne pourraient d'ailleurs pas les enseigner sans les connaître.


Quant à celui qui aime Dieu et le Christ, lorsqu'il prêche la vérité et l'amour divins, il les recherche pour Dieu et non dans son propre intérêt. Il ne prêche pas pour en retirer des avantages matériels, mais pour le bien des membres du Christ, c'est-à-dire de ceux qui mettent leur foi en lui. Il leur dispense ses connaissances en esprit de vérité, de sorte que le vivant n'ait plus sa vie centrée sur lui-même, mais sur celui qui est mort pour tous (cf. 2Co 5,15).


Prière

Seigneur notre Père, quand nous étions tes ennemis, tu as envoyé ton Fils pour réconcilier avec toi toute l'humanité. Accorde-nous, à son exemple, d'aimer ceux qui ne nous aiment pas, de faire du bien à ceux qui nous font du tort et d'être miséricordieux comme tu l'es toi-même. Par Jésus Christ.

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