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VIIIe Dimanche du Temps Ordinaire (C)

Paille ou poutre, voire charpente... -



La parabole de la paille et la poutre,

Gerhard DE JODE (Nimègue, 1509 - Anvers, 1591),

Gravure sur papier, coloré à la main, 1585, 21 x 27,8 cm,

Imprimé par Jan Collaert I puis Ambrosius Francken,

Extrait de la série du « Thesaurus Novi Testamenti elegantissimis iconibus expressus continens historias atque miracula do[mi] ni nostri Iesu Christi »,

British Museum, Londres (Angleterre)


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 6, 39-45)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples en parabole : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître. Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère :‘Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil’, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. »


L’artiste

Les biographes le faisaient naître à Anvers ; de plus récentes recherches fixent Nimègue comme son lieu de naissance. Gerhard de Jode est le fondateur d’une grande famille artistique. À la fois artiste et marchand d’estampes, il paraît avoir amassé une certaine fortune. Il grava dans la manière de Cornelis Cort des sujets religieux et des portraits (1565-1585). On cite notamment à cette dernière date une série de vingt-neuf portraits de papes. Inscrit dans la guilde en 1547.


L’œuvre

Cette gravure fait partie d’un corpus de 290 gravures illustrant l’Ancien et le Nouveau Testament par de grands artistes comme Gerardus De Jode, Maarten De Vos, Herman Jansz. Muller, Antonius Wierix, Gerhard Paludanus van Groningen, etc. Chaque gravure était colorée à la main et accompagnée d’un verset de la Bible. Une partie du Corpus se trouve au British Museum de Londres.


Ce que je vois

Dans un paysage valloné de verdure et de forêts apparaît au fond à gauche une ville aux nombreux clochers. À droite, une ferme devant laquelle « s’ébattent » des porcs surveillés par deux hommes. Au centre, deux personnages se font face. Ils sont nu-pieds. À gauche, le plus jeune, imberbe et cheveux blonds bouclés cache ses bras dans son manteau parme. Il porte en dessous des braies jaunes. De son œil droit semble sortir une plume. À droite, un homme plus âgé, front dégarni et barbe broussailleuse, il porte une tunique bleue serrée par une ceinture de soie jaune, surmontée d’une vaste cape rouge. Il tend sa main droite vers le jeune homme comme pour saisir cette plume dans l’œil. Sa main gauche dessine un geste de stupeur. Mais de son propre œil sort une énorme poutre de bois. C’est l’illustration même de la parabole. Au bas, un verset en latin extrait de l’évangile : « Ipse trabem festucam carpis amici pectoris o quantum est ulcera nosse ». C’est en fait le distique de l’alléluia (mal copié) du IVe Dimanche : « Ipse trabem ignorans festucam carpis amici, Pectoris o quantum est ulcera nosse tui. »


Hypocrite

La question qui nous est aujourd’hui posée est celle du jugement : ai-je le droit de juger ? Un terme nous en donne la mesure : hypocrite. Hypocrite, car il serait temps pour toi de te poser les vraies questions plutôt que de les éluder et de les reporter sur ton frère. Car l’hypocrite a conscience de son péché, il sait ce qu’il a fait de mal. Mais il refuse d’ouvrir les yeux sur lui-même, comme un déni sur sa propre réalité... Un aveuglement volontaire... Est-ce cela l’hypocrisie ? Le Robert historique de la langue française nous apporte quelques précisions :

Nom emprunté au bas latin hypocrita « mime » (le verbe signifie jouer un rôle, mimer, feindre), du grec hypokritês « celui qui interprète un songe, une vision », puis « acteur » et, tardivement, « fourbe ». L’hypocrisie, elle, est signe d’artifice, de fausse apparence sur le plan moral et désigne le caractère d’une personne qui déguise ses pensées, ses opinions, et spécialement l’attitude qui consiste à affecter des sentiments religieux, illustrée par Molière dans le personnage du faux dévot Tartuffe.

L’hypocrite serait donc un Tartuffe, un mauvais acteur, un fourbe ? Ainsi, la moindre remarque faite à l’autre, le plus petit propos qui semble juger, et même la plus insignifiante correction fraternelle seraient tartufferies ? Non, ne confondons pas tout, évitons les approximations toujours dangereuses !


Correction fraternelle

Jésus n’exclut nullement la correction fraternelle (Mt 7, 1-5), elle est même conseillée en Matthieu (18, 15) :

Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère.

Il nous avertit simplement de la condition primordiale : aimer celui qu’on doit reprendre, comme fait Dieu avec nous-même. Saint Augustin en a donné une explication claire (S. Domini in Monte, II, 19) :

Par exemple, quelqu’un a péché par colère, et toi tu le reprends haineusement. Il y a autant de différence entre la colère et la haine qu’entre la paille et la poutre. Car la haine, c’est la colère invétérée : avec le temps, elle a pris tant de force qu’on peut l’appeler une poutre. Si tu t’irriter seulement, tu peux avoir bonne volonté de corriger le coupable ; mais si tu le hais, tu ne peux pas vouloir son amendement. Jette loin de toi ta haine : et alors, cet homme que désormais tu aimes, tu pourras le corriger.

Augustin nous donne ici la vraie clé de ce qui transforme notre correction fraternelle en péché : la haine.


La haine

Mais pour quoi haïr ? D’où vient donc cette haine ? Une colère invétérée nous dit le docteur de la grâce. Invétéré : sentiment qui s’est ancré en nous par l’habitude et semble indéracinable... Oui, la haine s’ancre en nous petit à petit. Comme l’orgueil. Et il est vrai que des trois péchés les plus condamnés dans la Bible (l’impiété, l’orgueil et la méchanceté), mai haine n’est que le dernier maillon de la chaîne. Parce que je manque de foi, parce que je n’ai pas le regard de Dieu, alors je me sens supérieur et sombre doucement dans un orgueil démesuré. Et cet orgueil m’entraîne à la haine de l’autre et à la méchanceté. Oui, cette poutre est peut-être simplement née d’un copeau qui s’est transformée en poutre de haine au fil du temps.


Comment pourrait-on alors parler de correction fraternelle ? Il n’y a pas d’amour du prochain. Il n’y a aucune volonté de le corriger, de l’aider à s’amender et à grandir. Il n’y a que le désir de l’écraser, de le broyer. Et cette poutre devient charpente qui assomme l’autre...


Péché et pécheur

Et pourtant, depuis les origines, et surtout par les paroles du Pape saint Calixte (155-222) qui est certainement le pape du pardon et de la miséricorde, l’Église nous appelle à distinguer le péché du pécheur. Même si nous devons condamner le péché, jamais nous ne devons condamner le pécheur. L’homme est plus grand que ces actes ! Dans son Traité de la pudeur, Tertullien écrivait :

Dieu aime à pardonner. Il faut donc que les enfants de Dieu soient, eux aussi, pacifiques et miséricordieux , qu'ils se pardonnent réciproquement comme le Christ nous a pardonnés et nous ne jugions pas de peur d'être jugés

L’impie ne peut avoir ce regard ; l’orgueilleux le nie ; le méchant ne l’imagine même plus... Et ce, pour une simple raison : ils ont oublié la vérité !


La vérité

Jésus s’est lui même défini ainsi : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6). On ne peut vivre en dehors de la vérité. Elle nous rend libre (Jn 8, 32), elle nous construit et nous élève. La refuser, souvent par orgueil, car il si difficile d’accepter humblement d’être sous la main d’un autre - encore plus quand c’est le Tout Autre - c’est s’enfermer en soi-même et laisser croître le péché et le poison de la haine. Dostoïevski, qui fut certainement un des fins connaisseurs de la psychologie humaine (à l’instar de Georges Bernanos, encore plus axé sur la psychologie spirituelle), écrivait dans Les Frères Karamazov (VI, 3) :

Souviens-toi que tu ne peux être le juge de personne. Car avant de juger un criminel, le juge doit savoir qu’il est lui-même aussi criminel que l’accusé, et peut-être plus que tous coupable de son crime. Quand il l’aura compris, il peut être juge. Si absurde que cela semble, c’est la vérité. Car si j’étais moi-même un juste, peut-être n’y aurait-il pas de criminel devant moi. Si tu peux te charger du crime de l’accusé que tu juges dans ton cœur, fais-le immédiatement et souffre à sa place ; quant à lui, laisse-le aller sans reproche. Et même si la loi t’a institué son juge, autant qu’il est possible, rends la justice aussi dans cet esprit, car une fois parti il se condamnera encore plus sévèrement que ton tribunal. S’il s’en va insensible à tes bons traitements et en se moquant de toi, n’en sois pas impressionné ; c’est que son heure n’est pas encore venue, mais elle viendra, et dans le cas contraire, un autre à sa place comprendra, souffrira, se condamnera, s’accusera lui-même, et la vérité sera accomplie. Crois fermement à cela, c’est là-dessus que reposent l’espérance et la foi des saints. (...)
Si tu es indigné et navré de la scélératesse des hommes, jusqu’à vouloir en tirer vengeance, redoute par-dessus tout ce sentiment ; impose-toi la même peine que si tu étais toi-même coupable de leur crime. Accepte cette peine et endure-la, ton cœur s’apaisera, tu comprendras que toi aussi, tu es coupable, car tu aurais pu éclairer les scélérats même en qualité de seul juste, et tu ne l’as pas fait. En les éclairant, tu leur aurais montré une autre voie, et l’auteur du crime ne l’eût peut-être pas commis, grâce à la lumière. Si même les hommes restent insensibles à cette lumière malgré tes efforts, et qu’ils négligent leur salut, demeure ferme et ne doute pas de la puissance de la lumière céleste ; sois persuadé que s’ils n’ont pas été sauvés maintenant, ils le seront plus tard. Sinon, leurs fils seront sauvés à leur place, car ta lumière ne périra pas, même si tu étais mort. Le juste disparaît, mais sa lumière reste. C’est après la mort du sauveur que l’on se sauve. Le genre humain repousse ses prophètes, il les massacre, mais les hommes aiment leurs martyrs et vénèrent ceux qu’ils ont fait périr. C’est pour la collectivité que tu travailles, pour l’avenir que tu agis. Ne cherche jamais de récompense, car tu en as déjà une grande sur cette terre : ta joie spirituelle, que seul le juste a en partage.
Ne crains ni les grands ni les puissants, mais sois sage et toujours digne. Observe la mesure, connais les termes, instruis-toi à ce sujet. Retiré dans la solitude, prie. Prosterne-toi avec amour et baise la terre. Aime inlassablement, insatiablement, tous et tout, recherche cette extase et cette exaltation. Arrose la terre de larmes d’allégresse, aime ces larmes. Ne rougis pas de cette extase, chéris-la, car c’est un grand don de Dieu, accordé seulement aux élus. »

Oui, ne pas juger n’est pas seulement une affaire de prudence afin d’éviter sa propre condamnation, c’est surtout une question de vérité ! Et seule l’humilité, seule la connaissance et la reconnaissance de notre péché peut nous éviter de sombrer dans cette haine qui dévore. Seul celui qui se met sous le regard du Christ, qui comprend que, comme pour la femme adultère (Jn 8, 1-11), Jésus ne condamne pas, même s’il nous invite à pointer nos fautes, mais veut nous libérer ; seul celui-là prend le chemin de la dignité de sa vocation de fils de Dieu.


De la poutre à la charpente...

Mais celui qui se laisse prendre par sa haine, qui ne veut pas voir son péché, ou qui s’en accommode, celui-là devient rongé, dévoré, puis pourri. Pensez à ce champignon nocif qui envahit nos charpentes : le mérule. Subrepticement, dans un coin discret, il s’installe. Puis lentement, il progresse, ronge une à une les poutres. Et quand on s’en rend compte, il est souvent trop tard. Tout est pourri et bon à jeter au feu. Alors, avant que notre paille ne devienne poutre, que notre poutre devienne charpente, et que cette charpente sois dévorée par le champignon de la haine, laissons le Christ nous regarder avec amour, et non pas avec jugement, ni condamnation. Laissons-le nous montrer notre richesse, notre valeur, mais aussi notre faiblesse. Et plutôt que de vouloir d’abord corriger la faiblesse des autres, prenons conscience que la nôtre est une force. Saint Paul (2 Co 12, 1-10) nous l’avait dit :

Faut-il se vanter ? Ce n’est pas utile. J’en viendrai pourtant aux visions et aux révélations reçues du Seigneur. Je sais qu’un fidèle du Christ, voici quatorze ans, a été emporté jusqu’au troisième ciel – est-ce dans son corps ? je ne sais pas ; est-ce hors de son corps ? je ne sais pas ; Dieu le sait – ; mais je sais que cet homme dans cet état-là – est-ce dans son corps, est-ce sans son corps ? je ne sais pas, Dieu le sait – cet homme-là a été emporté au paradis et il a entendu des paroles ineffables, qu’un homme ne doit pas redire. D’un tel homme, je peux me vanter, mais pour moi-même, je ne me vanterai que de mes faiblesses. En fait, si je voulais me vanter, ce ne serait pas folie, car je ne dirais que la vérité. Mais j’évite de le faire, pour qu’on n’ait pas de moi une idée plus favorable qu’en me voyant ou en m’écoutant. Et ces révélations dont il s’agit sont tellement extraordinaires que, pour m’empêcher de me surestimer, j’ai reçu dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler, pour empêcher que je me surestime. Par trois fois, j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi. Mais il m’a déclaré : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure. C’est pourquoi j’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.

La haine est le langage du Diable, celui qui nous divise. Alors, pour reprendre le titre d’un livre paru après les attentats terroristes, disons au Diable : Non, tu n’auras pas ma haine ! Et à Jésus : Ta grâce me suffit !



Homélie de saint Cyrille d'Alexandrie (+ 444), Commentaire sur l'évangile de Luc, 6; PG 72, 601-604

Les bienheureux disciples étaient destinés à devenir les guides et les maîtres spirituels de la terre entière. Ils devaient donc faire preuve, plus que les autres, d'une éminente piété, être familiarisés avec la manière de vivre évangélique et entraînés à pratiquer toute oeuvre bonne. Ils auraient à transmettre à ceux qu'ils instruiraient la doctrine exacte, salutaire et strictement conforme à la vérité, après l'avoir d'abord contemplée eux-mêmes, et avoir laissé la lumière divine éclairer leur intelligence.


Sans quoi, ils seraient des aveugles conduisant d'autres aveugles. Car ceux qui sont plongés dans les ténèbres de l'ignorance ne peuvent pas conduire à la connaissance de la vérité les hommes souffrant de cette même ignorance. Le voudraient-ils d'ailleurs, qu'ils rouleraient tous ensemble dans l'abîme de leurs passions.


Aussi le Seigneur a-t-il voulu éteindre la passion ostentatoire de la vantardise que l'on trouve chez tant de gens, et les dissuader de rivaliser avec leurs maîtres pour les dépasser en estime. Il leur a dit : Le disciple n'est pas au-dessus de son maître (Lc 6,39). Même s'il arrive à certains d'atteindre un degré de vertu égal à celui de leurs maîtres, ils se conformeront à la modestie dont ceux-ci font preuve, et ils les imiteront. Paul, à son tour, nous en donne la certitude quand il dit : Montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ (1 Co 11,1).


Eh bien, pourquoi juges-tu, alors que le Maître ne juge pas encore ? Car il n'est pas venu juger le monde, mais lui faire grâce. Entendue dans le sens que je viens précisément d'indiquer, la parole du Christ devient : "Si je ne juge pas, ne juge pas non plus, toi qui es mon disciple. Il se peut que tu sois coupable de fautes plus graves que celui que tu juges. Quelle ne sera pas ta honte quand tu en prendras conscience ! "


Le Seigneur nous donne le même enseignement dans une autre parabole où il dit : Qu'as-tu à regarder la paille dans l'oeil de ton frère (Lc 6,41) ? Il nous convainc par des arguments irréfutables de ne pas vouloir juger les autres, et de scruter plutôt nos coeurs. Ensuite il nous demande de chercher à nous libérer des passions qui y sont installées, en demandant cette grâce à Dieu. C'est lui, en effet, qui guérit ceux qui ont le coeur brisé et nous délivre de nos maladies spirituelles. Car si les péchés qui t'accablent sont plus grands et plus graves que ceux des autres, pourquoi leur fais-tu des reproches sans te soucier des tiens ?


Tous ceux qui veulent vivre avec piété, et surtout ceux qui ont charge d'instruire les autres, tireront donc nécessairement profit de ce précepte. S'ils sont vertueux et tempérants, donnant précisément par leurs actions l'exemple de la vie évangélique, ils reprendront avec douceur ceux qui ne se sont pas résolus à agir de même, leur remontrant qu'ils ne prennent pas pour modèles les manières de vivre conformes à la vertu des maîtres.


Prière

Aide-nous, Seigneur, à découvrir la poutre qui est dans notre oeil. Alors, lucides envers nous-mêmes, nous pourrons guider nos frères sur le chemin qui mène jusqu'à toi. Par Jésus Christ.

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