Douze ans...

Sarcophage chrétien dit « de l’orante »
Anonyme
Marbre blanc taillé, h = 53,5 ; l = 208 ; pr = 76, IVe siècle
Provenance : Rome, Italie
Cathédrale Notre-Dame, Clermont-Ferrand (France)
Évangile de Jésus-Christ selon Saint Marc (Mc 5, 21-43)
En ce temps-là, Jésus regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla autour de lui. Il était au bord de la mer. Arrive un des chefs de synagogue, nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment : « Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait. Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans… – elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré – … cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement. Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. » À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait : « Qui a touché mes vêtements ? » Ses disciples lui répondirent : « Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : “Qui m’a touché ?” » Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela. Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. » Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ? » Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. » Il ne laissa personne l’accompagner, sauf Pierre, Jacques, et Jean, le frère de Jacques. Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l’agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris. Il entre et leur dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort. » Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui étaient avec lui ; puis il pénètre là où reposait l’enfant. Il saisit la main de l’enfant, et lui dit : « Talitha koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi! » Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher – elle avait en effet douze ans. Ils furent frappés d’une grande stupeur. Et Jésus leur ordonna fermement de ne le faire savoir à personne ; puis il leur dit de la faire manger.
Le sarcophage


La cuve est sculptée sur trois faces, les deux faces latérales présentant un relief moindre. Nous allons détailler la face principale, en commençant par les personnages centraux.

Au centre se trouve une Orante , figure de l’Église en prière. L’Orante est entourée de deux apôtres barbus, tenant les rouleaux des Écritures saintes. Le personnage à gauche pourrait être saint Pierre, et à droite saint Paul, au front plus dégarni.

Les scènes se déroulent de gauche à droite, la première figurant un homme barbu faisant jaillir l’eau d’un rocher, suivi par deux soldats. La première interprétation de l’épisode est Moïse frappant le rocher dans le désert, et faisant jaillir l’eau pour désaltérer les hébreux. Mais la scène représente également saint Pierre faisant jaillir l’eau du baptême pour le peuple chrétien.
Sur les autres scènes, on retrouve le même éphèbe aux cheveux bouclés, à la stature majestueuse : le Christ, qui est le personnage majeur des trois épisodes suivants.

– Un apôtre barbu présente au Christ un petit personnage qui s’appuyait sur un bâton, maintenant disparu : c’est l’aveugle-né de l’Évangile, que le Christ va guérir.

– Une femme se jette aux pieds du Christ pour toucher les franges de son manteau. Ainsi, elle sera guérie des pertes de sang qui la rendaient infirme.

– Le Christ, suivi par Marie-Madeleine, se rend au tombeau de Lazare. Ici figuré de trois-quart dos, il touche son ami mort, et le rend à la vie.


LE CHRIST ET LA SAMARITAINE
Les deux scènes latérales figurent, la première le dialogue entre le Christ et la Samaritaine, quand le Christ lui demande de l’eau, et la deuxième l’entrée du Christ à Jérusalem (fêtée par l’Église catholique le dimanche des Rameaux)


L’ENTRÉE DU CHRIST À JÉRUSALEM
Ce sarcophage du IVe siècle provient de Rome, au moment où le culte de saint Pierre prend de plus en plus d’importance. Nous l’avons à gauche, faisant jaillir l’eau du baptême pour les soldats romains. Ne pourrait-on pas le retrouver dans le personnage barbu présentant au Christ l’aveugle, ou introduisant la femme hémorroïsse ? Dans ce cas, le sarcophage appartiendrait à la série des sarcophages dits « pétriniens ».
Ce que je vois
Pour bien comprendre la représentation des diverses scènes imbriquées sur la face avant de ce sarcophage, il est important de connaître l’évolution de l’iconographie au cours des siècles, et ses bases scripturaires, souvent apocryphes.
Il est vrai que cette femme hémoroïsse n’apparaît qu’une fois dans l’évangile. Mais la légende supplée à ce silence. Les Actes de Pilate l’identifient avec la Véronique qui essuya sur le Golgotha la sueur du Christ portant La Croix.
Eusèbe de Césarée (263-339) raconte dans son Histoire ecclésiastique (VII, 18) que, pour manifester sa gratitude, l’hémoroïsse érigea en ex-voto dans la ville d’eaux de Panéas (Césarée de Philippe), située aux sources du Jourdain, une statue du Christ aux pieds duquel on la voyait prosternée. On a supposé, avec plus de vraisemblance, que e groupe en bronze représentait le dieu guérisseur Asklépios avec sa fille Panakeia (Panacée). On retrouve cette attitude de la femme sur notre sarcophage. D’après les commentateurs du Moyen-âge, l’hémoroïsse symbolise les Gentils convertis à l’évangile (Mulier sanguinaria populum gentilem significat).
Mais en iconographie, on a souvent rapproché cette femme impure de la femme adultère. Par suite d’une confusion avec la résurrection de Lazare, on la voit (par exemple sur un tissu copte) saisir le bord du vêtement du Christ au moment où il va ressusciter Lazare. On comprend mieux le rapprochement que nous avons ici sur notre sarcophage.
Ce qui est aussi intéressant à noter est cette orante au centre de la scène. Est-elle l’image de la femme inhumée dans le sarcophage ? Ou a-t-elle une plus large signification symbolique : la fille de Jaïre ? Ou le signe que seule la prière peut guérir ?
Notons enfin le début et la fin du sarcophage, comme un reflet de toute vie qui démarre au baptême et se termine par la résurrection. Au centre, au milieu des événements heureux et malheureux de notre vie, la prière qui nous fait rester droit et tenir debout, à condition que nous suivions le Christ sur ce chemin...
Structure littéraire
La première chose qui surprend est la structure du texte en récits enchâssés : au milieu du chemin que fait le Christ pour aller guérir la fille de Jaïre se glisse la guérison de la femme hémoroïsse. Mais la structure se complique par un chiasme (Un chiasme est une figure de construction qui consiste à disposer les termes de manière croisée suivant la structure AB / BA). Et ici, les termes croisés s’articulent autour du chiffre 12 : une petite fille de douze ans, une femme malade depuis douze ans. Et cette structure complexe n’est certainement pas due à une inattention du rédacteur : elle doit avoir un sens...
Les acteurs
Dans ce jeu théâtral, car on a vraiment affaire à une scène avec ses didascalies, plusieurs acteurs interviennent. Certains sont clairement désignés : Jésus, Jaïre le chef de la synagogue, la foule, la femme hémoroïsse, les disciples, les serviteurs de Jaïre, Pierre, Jacques et Jean, la mère de la petite fille, et l’enfant de douze ans. Chacun va jouer sa scène. Mais il y a un autre acteur, invisible. Et pourtant il est l’acteur majeur : le sang !
Résumons
Résumons cette double histoire :
Jaïre vient chercher Jésus pour lui demander de guérir sa fille.
Il se jette à ses pieds et implore.
Jésus part, encadré de la foule.
Une femme malade depuis douze ans s’approche.
Elle veut toucher le manteau de Jésus.
Une force sort de Jésus.
Il se demande qui l’a touché.
Elle se jette à ses pieds et implore.
Les serviteurs de Jaïre viennent dire à Jésus qu’il est trop tard.
Jésus implore Jaïre de croire.
Il rentre avec Pierre, Jacques, Jean, le père et la mère dans la maison.
Il s’approche de la petite fille de douze ans.
Il lui touche la main
La force de Jésus guérit la petite fille.
Une petite fille, une vieille femme
Les deux personnages clés sont bien cette petite fille et cette vieille femme, car un chiffre les réunit : douze ans. L’une vit depuis douze ans et va mourir. L’autre ne peux plus donner la vie depuis douze ans. Comme si l’une était le miroir de l’autre... ou un négatif photographique. Miroir ou négatif... le texte n’est-il pas structuré ainsi, en miroir ?
Quatre mystères
Rappelons-nous aussi le principe de substitution si bien mis en scène par Georges Bernanos dans le Dialogue des Carmélites. Un article (en annexe) sur la représentation dernièrement à New-York de la pièce est très éclairant. Il met en exergue les quatre mystères de cette pièce bernanossienne qui semblent expliquer notre évangile :
Le mystère de la substitution : comme entre cette petite fille de douze ans et cette femme malade depuis douze ans. L’une perd son flux de sang, signe de vie. L’autre perd sa vie. À l’une va s’arrêter le faux de sang pour qu’à l’autre soit donnée la vie
Le mystère de contribution : la prière implorante de cette femme malade va infléchir le Christ et va extraire de lui cette force, sa substantifique moelle dirait François de Sales. Elle va ainsi contribuer, elle qui prie la robe de Jésus, à ce que le Christ prenne la main de la petite fille et lui rende vie.
Le mystère de communauté : ces deux « guérisons » ne se font pas en catimini. La femme est guérie au milieu de la foule, à tel point qu’elle ne fait plus qu’un avec elle. Serait-ce le signe d’une communion des saints ? Quant à la jeune fille, c’est avec ses parents, Jésus et trois apôtres que va se vivre sa guérison. Ces trois apôtres qui furent toujours présents lors des grands moments de révélation de Jésus : à la transfiguration, au jardin des oliviers, etc. Ils sont l’Église qui prie le Christ pour cette enfant.
Le mystère de maternité : c’est peut-être ici le plus beau. L’une n’est plus capable de donner naissance, l’autre, à l’âge où elle va pouvoir enfanter retrouve la vie. Comme si elles se passaient l’une à l’autre cette maternité. Jésus participe aussi à cette maternité, puisqu’il est ému, il est touché aux entrailles. Et je rappelle que ce mot, entrailles de mère, se traduit de l’hébreu par le terme de miséricorde...
Une clé absolue
Mais il est une clé absolue au milieu de ce texte, une clé qui libère la porte des quatre mystères : celle de la foi. La femme malade fait preuve d’une foi du charbonnier. Une foi simple mais si belle. À l’instar de celle vécue par tous ceux qui se rendent sur des lieux de pèlerinage, à Lourdes, à Lisieux, à Fatima. Ou de ceux qui s’agenouillent devant la statue de la Vierge Marie ou d’un saint qui processionne au milieu d’eux lors des fêtes religieuses. Une fois que certains qualifient de bête parce qu’elle ne fait pas appel au raisonnement, à une théologie didactique. Mais une foi vraie, simple et pure que récompense Jésus pourtant. Croyons au miracle, c’est la seule façon de les faire advenir !
Et puis la foi un peu chancelante des parents de l’enfant. Elle, petite fille à l’agonie, voire morte (même si jésus dit qu’elle est endormie, endormie dans la mort ?) ne peut pas l’exprimer. Alors, la communion des saints doit s’y substituer : la foi des parents. Je ne doute pas qu’il rêve de voir leur fille vivante. Mais, devant l’annonce des serviteurs, ils commencent à douter... Et c’est là que Jésus fait appel à leur âme avec force. Il leur demande d’avoir la même attitude que la femme hémoroïsse : croire envers et contre tout ! Croire avec force, avec cœur, avec l’âme ! C’est la clé.
Si nous-mêmes voulons guérir, retrouver vie, nous remettre debout, il nous faut plonger aux tréfonds de notre âme, là où notre foi ancestrale réside et dire, à la demande de Jésus « Ne crains pas, crois seulement », et dire comme la femme hémoroïsse : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. » Et Jésus nous répondra : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »
Le Succès étonnant du « Dialogue des Carmélites » sur la scène New-Yorkaise — un article de Cécile Fourmeaux du 1er juin 2019
La pièce illustre en effet des thèmes bien chers à la vie chrétienne, suffisamment puissants pour susciter tout à coup des standing ovations inattendues.
Il y a d’abord le mystère de la substitution. L’histoire du Dialogue n’est pas seulement celle du long chemin de seize Carmélites de Compiègne vers leur acceptation du martyr sous la Terreur en 1794. Elle n’est pas non plus seulement celle de Blanche de la Force, qui maladivement faible et craintive, parvient finalement à monter à l’échafaud. Elle est aussi celle de la Mère Supérieure, femme de fer toute sa vie, que l’on voit mourir misérablement au début, prise de doutes et d’angoisses insurmontables. Pourquoi une telle mort ? « On dirait qu’au moment de la lui donner, le bon Dieu s’est trompé de mort, comme au vestiaire on vous donne un habit pour un autre. Oui, ça devait être la mort d’une autre, une mort pas à la mesure de notre Prieure, une mort trop petite pour elle, elle ne pouvait pas seulement réussir à enfiler les manches… » répond Sœur Constance. En d’autres termes « Ça veut dire que cette autre, lorsque viendra l’heure de la mort, s’étonnera d’y entrer si facilement, et de s’y sentir confortable… Peut-être même qu’elle en tirera gloire : « Voyez comme je suis à l’aise dedans, comme ce vêtement fait de beaux plis … » . L’on comprend alors que le vrai combat est finalement mené par la Mère Prieure, et que ses sœurs ne feront qu’en bénéficier.
Il y a ensuite le mystère de la contribution : le fait que chacun ne vit que pour les autres, et pour servir un dessein plus grand, que nous ne sommes pas notre propre fin. Ainsi, la pauvre Mère Marie, sous-prieure, qui en l’absence de la Prieure, pousse ses sœurs à prononcer le vœu du martyr, échappe à celui-ci. Les circonstances la privent de la gloire de l’échafaud… qu’elle espérait tant. Rappel que la sanctification personnelle n’est jamais qu’une conséquence d’une décision pour d’autres, jamais une fin en soi.
Vient aussi le mystère de la communauté. Ce ne sont pas des séances multipliées de psychothérapie ou des efforts redoublés de volonté qui donnent à Blanche le courage de la mort, mais c’est la prise en charge de sa vie par l’ensemble de sa communauté – ou encore : c’est son appartenance à l’ordre qui redimensionne sa vie.
Enfin, il y a le mystère de la maternité, et de la génération en Dieu, qui permet à la Mère Prieure de rassurer ses filles à quelques minutes de la mort. Qu’elles n’aient pas crainte de leur salut. Si accepter le martyr était une mauvaise décision, c’est elle, leur Mère, qui en est responsable. Être mère n’est pas seulement gouverner mais générer au Salut.
Comme beaucoup de villes occidentales, mais peut-être plus encore du fait de son cosmopolitisme extraordinaire et du « rêve américain », New York semble souvent bien loin de ces quatre thèmes.
Que signifie la substitution, lorsque tout vous invite à l’épanouissement pour soi-même et par soi-même ? Quel attrait peut bien avoir l’idée de simple « contribution », lorsque le critère est le succès et non le service ? Quelle place est possible pour la communauté, lorsqu’il est requis d’être fort et non faible ? Peut-on espérer, enfin, l’expérience d’une vraie maternité ou génération quand toute la responsabilité ultimement repose sur vos propres épaules.
Homélie de saint Pierre Chrysologue (+ 450), Sermon 34, 1.5; CCL 24, 193.197-199.
S. Pierre Chrysologue commente le passage parallèle de l'évangile de Matthieu
Toute lecture d'évangile nous est d'un grand profit aussi bien pour la vie présente que pour la vie future. Mais plus encore l'évangile de ce jour, car il contient la totalité de notre espérance et bannit tout motif de désespoir. <>
Mais venons-en au chef de la synagogue qui conduisit le Christ auprès de sa fille, et donna en même temps l'occasion à une femme (qui souffrait d'hémorragie) de venir trouver Jésus. Ainsi commence la lecture de ce jour : Voici qu'un chef s'approcha. Il se prosternait devant Jésus en disant : "Ma fille est morte à l'instant, mais viens lui imposer la main, et elle vivra" (Mt 9,18).
Le Christ connaissait l'avenir et n'ignorait pas que cette femme viendrait à sa rencontre. C'est elle qui ferait comprendre au chef des Juifs que Dieu n'a pas besoin de se déplacer, qu'il n'est pas nécessaire de lui montrer le chemin ni de solliciter sa présence physique. Il faut croire, au contraire, que Dieu est présent partout, qu'il y est avec tout son être et pour toujours. Qu'il peut tout faire sans peine en donnant un ordre, qu'il envoie sa puissance sans la transporter ; qu'il met la mort en fuite par un commandement sans bouger la main ; qu'il rend la vie en le décidant, sans recourir à la médecine.
Ma fille est morte à l'instant, mais viens. Ce qui signifie : "Son corps conserve encore la chaleur de la vie et des traces visibles de son âme ; son esprit ne l'a pas encore quittée ; la famille garde encore son enfant ; le royaume des morts ne la reconnaît pas encore pour sienne. Viens donc vite retenir son âme prête à partir."
L'insensé ! Il ne croyait pas que le Christ pourrait ressusciter une morte, mais seulement la retenir. Aussi, dès que le Christ arriva à la maison et vit que les gens pleuraient la jeune fille comme une morte, il voulut amener à la foi leurs coeurs incrédules. Comme eux pensaient qu'on ne pouvait pas ressusciter d'entre les morts plus facilement que sortir du sommeil, le Christ déclara que la fille du chef (de la synagogue) était endormie et non pas morte. La jeune fille n'est pas morte, dit-il, elle dort (Mt 9,23).
Et vraiment, pour Dieu, la mort est un sommeil. Car Dieu fait revenir un mort à la vie en moins de temps qu'un homme ne tire un dormeur de son sommeil. Et Dieu rend la chaleur aux membres refroidis par la mort plus vite qu'un homme ne peut rendre vigueur aux corps plongés dans le sommeil.
Écoute ce que dit l'Apôtre : Instantanément, en un clin d'oeil, <> les morts ressusciteront (1 Co 15,52). Sachant qu'il lui était impossible de signifier par des mots l'immédiateté de la résurrection, le bienheureux Apôtre l'a évoquée par des images. D'ailleurs, comment aurait-il pu condenser dans des mots la rapidité d'un événement dans lequel la puissance divine dépasse la rapidité même ? Ou bien, comment le temps pourrait-il intervenir dans le don d'une réalité éternelle, non soumise au temps ? Parce qu'il n'y a pas de temps sans flux qui s'écoule, l'éternité exclut le temps.
Prière
"Talitha koum". Daigne, Seigneur Dieu, prononcer sur nous cette parole de résurrection, comme ton Fils, jadis, la prononça sur l'enfant qui était morte. Toi qui n'as pas fait la mort, donne-nous de partager la vie qui jaillit de ton Fils, Jésus Christ, notre Seigneur. Lui qui règne.